SEPTEMBRE,  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Suifenhe, le passage d’or du commerce sino-russe

Yu Jie et Wang Nan

Les « chercheurs d’or » ne sont plus une espèce disparue. Dans cette ville, ils affluent pour conclure de bonnes affaires, ce qui permet à la Chine et à la Russie de tirer mutuellement parti de leurs avantages.

La voie ferrée réservée spécialement au chargement des marchandises à transporter à Suifenhe.

La ville de Suifenhe se trouve dans le sud-est de la province du Heilongjiang. À l’est, elle voisine la région littorale frontalière la plus riche de l’Extrême-Orient russe, avec une frontière de 27 km. Cette ville chinoise abrite 120 000 habitants, dont 50 % sont des immigrés. On voit partout des Russes aux cheveux blonds et aux yeux bleus.

Les gens de Suifenhe ont la réputation d’être bien occupés : occupés à gagner de l’argent, occupés à compter leur argent et occupés à accueillir les hommes d’affaires. Quand on arrive dans cette ville, on remarque immédiatement le faible nombre de vélos. Une chanson populaire illustre bien ce qui s’y passe : «Bien que son appellation provienne de la rivière Suifen, il n’y a aucun cours d’eau dans la ville; pour y marcher, il faut monter ou descendre; dans les rues, il n’y a que des voitures et pas de vélos.

Une localisation et des services de premier choix

La ville est un port de commerce international depuis une centaine d’années. À partir de Suifenhe, on peut prendre le train ou la voiture et on est en Russie en une dizaine de minutes seulement : Pogranichnoye, un port de Russie, est à 26 km, et Vladivostok, à 230 km, est le plus grand port de l’Extrême-Orient russe. C’est le passage d’or du commerce sino-russe. Maintenant, c’est la saison des affaires commerciales et les visiteurs affluent. Les enseignes commerciales sont bilingues, en chinois et en russe, et partout sur le marché on entend parler en russe, la langue utilisée pour les négociations commerciales entre hommes d’affaires. C’est ainsi que la ville de Suifenhe a un surnom : « capitale du commerce frontalier ».

L’amélioration des relations sino-russes a insufflé un vif essor au commerce frontalier de cette ville. Ici, le port douanier fonctionne 24 h sur 24, ce qui facilite et accélère les formalités de passage. La loyauté et la fidélité sont l’âme du marché. Le gouvernement local affirme donc que le développement du commerce avec la Russie doit attacher de l’importance à ces deux valeurs. Pour bien protéger l’intérêt des hommes d’affaires russes, Suifenhe a établi spécialement le commissariat de police du port douanier et elle fournit un interprète en cas de besoin lors d’un procès.

Suifenhe est le plus grand port commercial du Heilongjiang vers la Russie. En profitant pleinement de la supériorité de la localisation de la ville, le gouvernement local, à partir de l’exploitation du marché de l’Extrême-Orient, étend cette exploitation vers l’intérieur de la Russie, pour entrer en Biélorussie et dans les pays Baltes et finalement dans les marchés de l’Asie centrale. À Suifenhe, on trouve sept secteurs, dont ceux des vêtements, des chaussures, des chapeaux, des objets d’usage courant et autres. Le chiffre d’affaires de l’import-export a dépassé un milliard de dollars US en 2001, 1,5 milliard en 2002 et, en 2003, 200 millions se sont ajoutés, ce qui permet à Suifenhe d’être un partenaire commercial important pour la Russie.

Nous avons rencontré quelques Russes qui nous ont confirmé s’y rendre deux ou trois fois par mois. Les objets de consommation chinois sont moins chers qu’en Russie. Les légumes, les fruits et la viande le sont trois fois moins, les matériaux de construction, de trois à cinq fois, et les meubles, de huit à dix fois. D’après ce qu’on dit, chaque jour, il y a des milliers de Russes qui viennent à Suifenhe pour y faire des achats. En sens inverse, le bois de bonne qualité attire les acheteurs chinois, de sorte que, quotidiennement, une grande quantité de bois de l’Extrême-Orient russe est transportée au port de Suifenhe. On y voit très souvent une longue file de camions, chargés de fruits, de légumes et d’objets d’usage courant chinois, et des commerçants russes que les locaux appellent « Daobao » en train de négocier.

Le plan de la ville publié en 2000 est déjà périmé en raison de la vitesse du développement urbain, et on s’affaire à en élaborer un autre qui illustrera bien l’agrandissement de cette ville. Les « chercheurs d’or » sont de plus en plus nombreux à Suifenhe. « Aider l’investisseur à réussir et encourager le développement de Suifenhe » est le principe des habitants de la ville. Considérée comme une fenêtre importante du commerce extérieur du Nord-Est, Suifenhe est en train de devenir le plus grand centre de distribution des marchandises à la frontière chinoise. Les flots de voyageurs, ainsi que les commerçants chargés de marchandises qui repartent, donnent à la ville l’aspect d’une capitale du commerce international. Une toute nouvelle Suifenhe apparaît sur le vaste territoire de la Chine du Nord-Est, comme un passage reliant la Chine et la Russie et faisant communiquer le Sud et le Nord.