La
loi a ses raisons…
GUO
LI
Une
femme insensée
Le
mari de Guihua était un paysan brave et laborieux mais têtu comme
un Breton. Guihua était heureuse d’avoir pu l’épouser et d’avoir
donné naissance à deux enfants. Leur vie s’était améliorée au
fur et à mesure du développement économique rural. Le couple avait
construit une maison en brique et élevait quelques moutons et
quelques porcs. On ne sait pas pourquoi le mari avait commencé
à devenir nerveux, à injurier et à battre Guihua, mais les querelles
anodines se produisaient de plus en plus fréquemment. Chaque fois,
Guihua restait calme et tentait le maximum pour apaiser son époux.
La violence conjugale constitue
une infraction aux règles de la morale et de la loi. Guihua aurait
pu accuser son mari et se défendre contre lui avec l’aide juridique.
Mais l’ignorance et la timidité l’ont placée dans une situation
encore plus lamentable.
Un jour, après le dîner, le
mari fut soudain frappé d’un mal de ventre douloureux. On le transporta
immédiatement à l’hôpital. Guihua
était livide et ses mains tremblaient. Elle savait quelle
était la cause de ce mal… Après examen, l’hôpital annonça que
le mari avait été empoisonné par la mort aux rats. À ces mots,
Guihua éclata en sanglots. Elle ne put s’empêcher de se mettre
à crier comme une forcenée, sachant bien la condamnation qui l’attendait.
Elle se dénonça à la police en faisant la déposition suivante :
« Au dîner, j’ai offert un bouillon de canard bien appétissant
à mon mari, et pour me venger de lui, j’y ai versé de la mort
aux rats.» « Pourquoi vouliez-vous vous venger de votre mari ?»,
l’interrogea par la suite le jury. À cette question, elle répondit
qu’elle ne pouvait plus supporter la violence de son mari. Puis
elle ajouta : « Je suis maintenant libérée de ma souffrance.
Je me suis vengée. Je suis coupable, j’accepte la sentence. »
Le tribunal la condamna à une
peine de trois ans d’emprisonnement. Comme elle a deux enfants,
le tribunal lui permit cependant de les voir aussi souvent qu’elle
le désirera.
Morte
la bête, mort le venin, dit le proverbe!
Une
mère et ses neuf enfants
Dans
une ville côtière de la Chine du Nord, une vieille dame de 92
ans, mère de neuf enfants −4 fils et 5 filles− semblait
n’avoir rien d’extraordinaire, car les personnes de cet âge ont
souvent des idées bien ancrées telles : « avoir des enfants
pour s’assurer un soutien à la fin de sa vie » ou « plus il y
a d’enfants, plus il y a de bonheur ».
Elle vivait dans un logement qu’elle partageait avec sa
fille aînée et grâce à une pension que lui versaient ses enfants.
En effet, à part les 150 yuans de la Sécurité sociale, elle recevait
chaque mois 450 yuans de ses enfants, soit 50 yuans de chacun.
Un jour, elle demanda à ses
enfants de lui verser 150 yuans chacun car elle voulait embaucher
une femme de ménage et que 600 yuans ne suffisaient pas à couvrir
ses dépenses. Elle se heurta tout de suite à leur vive opposition.
La vieille dame eut donc recours à la justice et elle accusa ses
enfants de compromettre ses intérêts.
Lors de la médiation qui suivit,
son fils aîné, 70 ans, déclara au jury : « Je suis retraité
et je touche une pension mensuelle qui me permet à peine de couvrir
mes dépenses, je ne peux augmenter ma contribution. » Son frère
cadet, un handicapé, n’avait pas de ressources financières, puisqu’il
ne travaillait pas et ne subsistait que grâce aux quelques centaines
de yuans fournies par l’Association des handicapés. Pour lui,
il était tout aussi évident qu’il ne pouvait pas contribuer plus.
Les deux autres frères et les
cinq filles entendaient bien garder leur contribution à 50 yuans
par mois, en d’autres mots, ils ne voulaient pas payer 100 yuans
par mois de plus comme le demandait leur mère.
Comment
s’est donc conclu ce litige?
Selon les calculs, les recettes
de la vieille dame dépassaient le revenu minimun d’insertion.
Toutefois, à envisager son état actuel et son âge, elle avait
vraiment besoin de l’aide et des soins de quelqu’un. Si on la
laissait dans cette situation, elle risquait de tomber malade
ou d’avoir un accident, faute de soutien.
De ce fait, le jury proposa
de placer la dame dans un centre pour personnes âgées, dans un
appartement aménagé pour recevoir les vieillards sans soutien;
là, elle bénéficierait de tout le confort voulu et des services
nécessaires. Elle s’y opposa vivement en disant « préférer mourir
dans son logement actuel» qui lui rappelait ses souvenirs. Elle
tint fermement à la majoration de 100 yuans demandée. Ses enfants
en restèrent stupéfaits.
Finalement, la médiation parvint
à convaincre la dame d’aller vivre dans le centre pour personnes
âgées, vu que certains de ses enfants étaient âgés, que la vie
pesait lourdement sur eux et qu’elle ne pouvait leur faire payer
davantage.
Comme le dit le dicton :
Où la chèvre est attachée, il faut qu’elle
broute.