AOÛT  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

 

Les Lisu

Jeune fille lisu.

On compte quelque 574 000 Lisu et ceux-ci se concentrent surtout dans les districts de Bijiang, Fugong, Gongshan et Lushui de la préfecture autonome lisu de Nujiang, province du Yunnan. Les autres membres de cette ethnie sont disséminés dans les préfectures et districts de Lijiang, Baoshan, Diqing, Dehong, Dali et Chuxiong du Yunnan, de même que de Xichang et de Yanbian au Sichuan.

La langue des Lisu appartient à la famille des langues sino-tibétaines. En 1957, une nouvelle écriture a été créée.

L’habitat des Lisu est une région montagneuse sillonnée de cours d’eau. Elle est flanquée par les monts Gaoligong à l’ouest et le mont Biluo à l’est. Les fleuves Lancang et Nu y coulent, formant deux grandes vallées. La température annuelle y varie de 17 à 26°C, et les précipitations annuelles atteignent en moyenne 2 500 mm. Les cultures principales sont le maïs, le riz, le blé, le sarrasin, le sorgho, les fèves et la canne à sucre. Les forêts abondent en herbes médicinales, et l’ensemble de la région possède d’abondantes ressources minérales et hydrauliques.

Histoire

Selon les registres historiques et les légendes, les ancêtres des Lisu vivaient sur les rives du fleuve Jinsha et étaient sous la férule de deux tribus puissantes : les Wudeng et les Lianglin. Après le XIIe siècle, les Lisu relevèrent de l’administration préfectorale de Lijiang de la dynastie des Yuan (1279-1368), et durant les Ming (1368-1644), du magistrat de Lijiang appelé Mu. Vers les années 1820, le gouvernement des Qing (1644-1911) envoya des officiels à Lijiang, Yongsheng et Huaping, régions où vivaient des Lisu en communautés compactes, pour remplacer les chefs héréditaires naxi et bai. Cette mesure accéléra la transformation de l’économie féodale vers une économie seigneuriale et renforça la règle des Qing. Au début du XXe siècle, bon nombre de Han, de Bai et de Naxi se déplacèrent dans les vallées du fleuve Nu, et ils y apportèrent les outils de ferme et des techniques de production avancées, ce qui donna un essor à la production locale. Toutefois, les Lisu furent longtemps soumis aux officiels, chefs et seigneurs usuriers, de sorte que l’esclavage, le troc et des marchés primitifs étaient la règle. Le clan et le village jouaient aussi un rôle important dans la vie courante. Le « ka » ou village signifiait un lieu où un groupe de parents proches vivaient ensemble. Certains villages étaient composés de familles de différents clans. Chaque village avait un chef, habituellement un ancien influent. Sa tâche consistait à régler les différends au sein du clan, à diriger la production, à présider les cérémonies sacrificielles, à signer des alliances ou à déclarer la guerre avec d’autres clans, à collecter les tributs pour la cour impériale et à organiser la corvée. Sous le Guomindang, le chef de village a été nommé chef de district, de communes ou de bao (10 ménages). Les membres du clan ont toujours manifesté beaucoup d’entraide et de partage : partage de la nourriture, de la dot d’une jeune mariée, des dettes. Ces droits et obligations ont fait que les relations claniques ont perduré.

En 1954, après la Libération, le district autonome lisu de Nujiang a été fondé. Il est devenu une préfecture autonome en janvier 1957. Aujourd’hui, en plus de la production agricole, la région des Lisu possède des industries locales touchant les outils de ferme, les métaux rares, les produits pharmaceutiques, les matériaux de construction, la réparation de voitures, le raffinage du sucre et du sel.

Us et coutumes

Religion. Autrefois, les Lisu vénéraient de nombreux dieux, la nature et une foule d’autres objets. Leur religion ressemblait à du totémisme. Certaines personnes se spécialisaient dans l’offrande de sacrifices aux esprits et dans la divination. On abattait des animaux durant les activités religieuses et on dépensait de fortes sommes. Au milieu du XIXe siècle, la chrétienté se répandit grâce aux missionnaires occidentaux.

Mariage. La monogamie est la base de la société lisu. Les fils laissent leurs parents et fondent leur propre famille après leur mariage. Le cadet ou le seul fils demeure avec les parents pour en prendre soin et il hérite de leur propriété. La fille n’a aucun droit d’héritage, mais elle peut amener son mari dans la maison de ses parents. Les mariages étaient arrangés par les parents et les dots étaient substantielles.

Funérailles. Les morts étaient enterrés. Règle générale, le village ou le clan possédait son propre cimetière. On enterrait avec le mort les couteaux, les arcs et les carquois dont il s’était servi. Dans le cas d’une femme, on enterrait les instruments utilisés pour tisser, ses sacs en lin et ses ustensiles de cuisson. Lorsqu’un homme ou une femme âgé décédait, tout le village cessait de travailler pendant deux ou trois jours. Les gens offraient leurs condoléances à la famille éprouvée et lui apportaient du vin et de la viande. Règle générale, le tertre était constitué un an après l’enterrement, et les respects aux morts étaient offerts trois ans après, ce qui mettait fin aux offrandes.

Habillement. Dans la plupart des régions, les Lisu portent des vêtements en lin tissés à la maison. Les femmes portent des chemisiers courts et des jupes longues. Elles décorent leur tête de billes en verre rouge ou blanc, leur poitrine, de colliers de billes multicolores. Les hommes portent une chemise courte et un pantalon au genou. Certains portent un turban noir. Un couteau pend à leur ceinture, du côté gauche, et un carquois, du côté droit.

Alimentation. Le maïs et le sarrasin constituent la nourriture de base. La chasse fournit la viande en abondance. Durant les principales fêtes, on abat des bœufs et des porcs. Les hommes et les femmes aiment boire.

Habitation. Les Lisu habitent dans deux types de maisons. L’une a une structure en bois, les quatre côtés étant formés de pièces de bois de 12 pieds par dessus desquelles on pose des planches. Ces maisons ressemblent à une boîte en bois. L’autre type a une structure en bambou, soutenue par 20 à 30 piliers et entourée de clôtures en bambou avec un toit en bois ou en chaume. Dans le centre de la maison, on trouve un gros foyer.

Des jeunes lisu participent à une fête traditionnelle de cette ethnie.

Fêtes. Beaucoup de fêtes des Lisu sont les mêmes que celles célébrées par les Han. Au début de l’année du calendrier lunaire, la première chose que font les Lisu est de donner du sel à leur bétail pour exprimer le respect envers son travail accompli. Les Lisu célèbrent également la fête des Flambeaux, au sixième mois, et la fête de la Mi-Automne, au huitième mois. Les Lisu de la région du fleuve Nu et de Weixi célèbrent la fête de la Récolte au dixième mois; au cours de cette fête, on échange des cadeaux, du vin et du porc. On chante et on danse jusqu’à l’aube.