Les
Lisu
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Jeune fille lisu. |
On compte quelque 574 000
Lisu et ceux-ci se concentrent surtout dans les districts de Bijiang,
Fugong, Gongshan et Lushui de la préfecture autonome lisu de Nujiang,
province du Yunnan. Les autres membres de cette ethnie sont disséminés
dans les préfectures et districts de Lijiang, Baoshan, Diqing,
Dehong, Dali et Chuxiong du Yunnan, de même que de Xichang et
de Yanbian au Sichuan.
La langue des Lisu appartient
à la famille des langues sino-tibétaines. En 1957, une nouvelle
écriture a été créée.
L’habitat des Lisu est une région
montagneuse sillonnée de cours d’eau. Elle est flanquée par les
monts Gaoligong à l’ouest et le mont Biluo à l’est. Les fleuves
Lancang et Nu y coulent, formant deux grandes vallées. La température
annuelle y varie de 17 à 26°C, et les précipitations annuelles
atteignent en moyenne 2 500 mm. Les cultures principales
sont le maïs, le riz, le blé, le sarrasin, le sorgho, les fèves
et la canne à sucre. Les forêts abondent en herbes médicinales,
et l’ensemble de la région possède d’abondantes ressources minérales
et hydrauliques.
Histoire
Selon les registres historiques
et les légendes, les ancêtres des Lisu vivaient sur les rives
du fleuve Jinsha et étaient sous la férule de deux tribus puissantes :
les Wudeng et les Lianglin. Après le XIIe siècle, les
Lisu relevèrent de l’administration préfectorale de Lijiang de
la dynastie des Yuan (1279-1368), et durant les Ming (1368-1644),
du magistrat de Lijiang appelé Mu. Vers les années 1820, le gouvernement
des Qing (1644-1911) envoya des officiels à Lijiang, Yongsheng
et Huaping, régions où vivaient des Lisu en communautés compactes,
pour remplacer les chefs héréditaires naxi et bai. Cette mesure
accéléra la transformation de l’économie féodale vers une économie
seigneuriale et renforça la règle des Qing. Au début du XXe
siècle, bon nombre de Han, de Bai et de Naxi se déplacèrent dans
les vallées du fleuve Nu, et ils y apportèrent les outils de ferme
et des techniques de production avancées, ce qui donna un essor
à la production locale. Toutefois, les Lisu furent longtemps soumis
aux officiels, chefs et seigneurs usuriers, de sorte que l’esclavage,
le troc et des marchés primitifs étaient la règle. Le clan et
le village jouaient aussi un rôle important dans la vie courante.
Le « ka » ou village signifiait un lieu où un groupe de parents proches
vivaient ensemble. Certains villages étaient composés de familles
de différents clans. Chaque village avait un chef, habituellement
un ancien influent. Sa tâche consistait à régler les différends
au sein du clan, à diriger la production, à présider les cérémonies
sacrificielles, à signer des alliances ou à déclarer la guerre
avec d’autres clans, à collecter les tributs pour la cour impériale
et à organiser la corvée. Sous le Guomindang, le chef de village
a été nommé chef de district, de communes ou de bao (10 ménages). Les membres du clan ont toujours manifesté beaucoup
d’entraide et de partage : partage de la nourriture, de la
dot d’une jeune mariée, des dettes. Ces droits et obligations
ont fait que les relations claniques ont perduré.
En 1954, après la Libération,
le district autonome lisu de Nujiang a été fondé. Il est devenu
une préfecture autonome en janvier 1957. Aujourd’hui, en plus
de la production agricole, la région des Lisu possède des industries
locales touchant les outils de ferme, les métaux rares, les produits
pharmaceutiques, les matériaux de construction, la réparation
de voitures, le raffinage du sucre et du sel.
Us et
coutumes
Religion. Autrefois, les Lisu vénéraient de nombreux dieux, la nature et une
foule d’autres objets. Leur religion ressemblait à du totémisme.
Certaines personnes se spécialisaient dans l’offrande de sacrifices
aux esprits et dans la divination. On abattait des animaux durant
les activités religieuses et on dépensait de fortes sommes. Au
milieu du XIXe siècle, la chrétienté se répandit grâce
aux missionnaires occidentaux.
Mariage. La monogamie est la base de la société lisu. Les fils laissent leurs
parents et fondent leur propre famille après leur mariage. Le
cadet ou le seul fils demeure avec les parents pour en prendre
soin et il hérite de leur propriété. La fille n’a aucun droit
d’héritage, mais elle peut amener son mari dans la maison de ses
parents. Les mariages étaient arrangés par les parents et les
dots étaient substantielles.
Funérailles. Les morts étaient enterrés. Règle générale, le village ou le clan
possédait son propre cimetière. On enterrait avec le mort les
couteaux, les arcs et les carquois dont il s’était servi. Dans
le cas d’une femme, on enterrait les instruments utilisés pour
tisser, ses sacs en lin et ses ustensiles de cuisson. Lorsqu’un
homme ou une femme âgé décédait, tout le village cessait de travailler
pendant deux ou trois jours. Les gens offraient leurs condoléances
à la famille éprouvée et lui apportaient du vin et de la viande.
Règle générale, le tertre était constitué un an après l’enterrement,
et les respects aux morts étaient offerts trois ans après, ce
qui mettait fin aux offrandes.
Habillement. Dans la plupart des régions, les Lisu portent des vêtements en lin
tissés à la maison. Les femmes portent des chemisiers courts et
des jupes longues. Elles décorent leur tête de billes en verre
rouge ou blanc, leur poitrine, de colliers de billes multicolores.
Les hommes portent une chemise courte et un pantalon au genou.
Certains portent un turban noir. Un couteau pend à leur ceinture,
du côté gauche, et un carquois, du côté droit.
Alimentation. Le maïs et le sarrasin constituent la nourriture de base. La chasse
fournit la viande en abondance. Durant les principales fêtes,
on abat des bœufs et des porcs. Les hommes et les femmes aiment
boire.
Habitation. Les Lisu habitent dans deux types de maisons. L’une a une structure
en bois, les quatre côtés étant formés de pièces de bois de 12
pieds par dessus desquelles on pose des planches. Ces maisons
ressemblent à une boîte en bois. L’autre type a une structure
en bambou, soutenue par 20 à 30 piliers et entourée de clôtures
en bambou avec un toit en bois ou en chaume. Dans le centre de
la maison, on trouve un gros foyer.
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Des jeunes lisu
participent à une fête traditionnelle de cette ethnie. |
Fêtes. Beaucoup de fêtes des Lisu sont les mêmes que celles célébrées par
les Han. Au début de l’année du calendrier lunaire, la première
chose que font les Lisu est de donner du sel à leur bétail pour
exprimer le respect envers son travail accompli. Les Lisu célèbrent
également la fête des Flambeaux, au sixième mois, et la fête de
la Mi-Automne, au huitième mois. Les Lisu de la région du fleuve
Nu et de Weixi célèbrent la fête de la Récolte au dixième mois;
au cours de cette fête, on échange des cadeaux, du vin et du porc.
On chante et on danse jusqu’à l’aube.