AOÛT  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Le SRAS, calamité ou opportunité économique?

LI WUZHOU

Profiter d’une randonnée en plein air.

Huang An, un amateur de voyage, a finalement réalisé à la fin de juin son rêve de se rendre à l’île de Hainan. Ainsi, son objectif d’avoir voyagé partout en Chine a pu se concrétiser. Habituellement, la fête du 1er-Mai représente une semaine de congé pour les travailleurs chinois. Toutefois cette année-ci, le voyage de luxe par avion de Beijing à l’île de Hainan, d’une durée de cinq jours, avait été annulé en raison de l’éclatement soudain de l’épidémie de SRAS, et le congé d’une semaine avait été diminué à cinq jours. Beijing était une ville sinistrée, et on se tenait à distance de ses habitants. Pour répondre à l’appel du gouvernement municipal de Beijing voulant que « pendant la fête du 1er-Mai, valait mieux rester à Beijing et ne pas voyager » pour réduire les risques de contagion et arrêter la propagation de cette maladie épidémique, Xiao Huang a pris trois jours de repos et visionner des VCD pendant deux jours.

Halte! aux activités

En réalité, Xiao Huang n’est qu’une des nombreuses personnes qui ont fait de même à Beijing; pendant cette période, les activités touristiques, voire même le trafic routier, maritime et aérien ont enregistré une forte baisse. Depuis mars, le nombre de touristes à Beijing a diminué de 80 % environ. On compte que 13 des 15 pays qui envoient souvent des touristes en Chine ont donné l’« ordre de dissuader les voyages en Chine ».

D’après les dires de M. Wang Xiangcai, secrétaire général de l’Association du tourisme de Shanghai : « À la fin de mars, avant les ravages du SRAS à Shanghai, on comptait que plus de 20 000 personnes avaient annulé ou reporté leur réservation d’hôtel. » Sous l’influence du SRAS, le taux d’occupation des hôtels n’atteignait que 30 %.

Le SRAS est considéré comme une « guerre sans fumée » menaçante. D’après les dires d’un travailleur du secteur touristique, les revenus touristiques de la «semaine d’or» du 1er-Mai représentent généralement plus de 40 % du total des revenus de l’année. Cependant, cette année, les revenus ont disparu comme des bulles de savon.

D’après M. Wei Xiao’an, chef du département de la planification de l’Administration du tourisme de la R.P.C., le marché touristique aura besoin d’un an pour vraiment se redresser.

Par ailleurs, la CAAC (l’Administration nationale de l’aviation civile) a aussi subi de fortes pertes. La journée du 1er-Mai, le nombre de ses voyageurs dans l’ensemble du pays n’a pas atteint la moitié de celui d’une journée normale à l’aéroport de la Capitale. Au début de juin, bien que la situation du SRAS ait été efficacement contenue, le chiffre d’affaires de la CAAC n’atteignait que 50 millions de yuans, soit le sixième de son chiffre d’affaires normal.

Dans le cas du chemin de fer, son concurrent de toujours, le chiffre d’affaires a diminué de plus de 100 millions de yuans par rapport à ses prévisions annuelles.

Mme Zhang Qinghong, qui travaille dans une organisation gouvernementale, aime visiter les grands magasins. Durant le congé du 1er-Mai, elle avait non seulement peur du SRAS, mais aussi se sentait effrayée par l’ambiance morbide et vide des grands magasins, car les consommateurs limitaient leurs achats aux articles d’usage courant ou de sport.

La «semaine d’or» du 1er-Mai signifie la meilleure période de l’année, et règle générale, en profitant de cette occasion, les magasins et les agences de tourisme gagnent beaucoup d’argent. Sous le spectre du SRAS, leurs espérances ont été déçues.

À Beijing, le chiffre d’affaires des restaurants a connu, pour la première fois, une forte baisse depuis trois ans. Les habitants ont réduit leurs échanges de visites amicales et ont pris leur repas en famille. D’après les enquêtes, le taux de fermeture des restaurants a atteint 70 %, et leur chiffre d’affaires au mois de mai ne représente que le tiers de la période correspondante de 2002

Une opportunité?

L’animation du marché automobile.

Le SRAS a semé la peur parmi les habitants de Beijing : au lieu d’afficher un sourire, les sourcils froncés, ils achetaient précipitamment des céréales, des médicaments et des masques, et ils désinfectaient sans répit leur appartement.

Toutefois, dans ce contexte, les téléphones, les téléphones portables et les télécoms ont joué un rôle important dans la transmission des informations. L’augmentation de la demande des services de télécommunications a promu le développement de ce secteur. Le vidéophone a été largement utilisé pour effectuer des activités commerciales, tenir des conférences, entrer en contact avec des parents ou des amis.

L’usage des médicaments traditionnels chinois s’est également confirmé dans la prophylaxie et le traitement du SRAS. Bien que leur prix ait augmenté de beaucoup, ils sont encore très demandés. On dit que le marché des médicaments bruts Anguo pouvait former quelques millionnaires en un jour.

Beijing dispose de près de mille pharmacies, mais beaucoup d’entre elles n’avaient plus de médicaments traditionnels chinois à vendre. L’ancienne enseigne Tongrentang est une pharmacie renommée. Pendant la lutte contre le SRAS, cette pharmacie a vendu 160 000 bouteilles de potion spéciale par jour. Dans son usine de produits pharmaceutiques, ses cinq marmites étaient en service jour et nuit pour préparer des décoctions.

On dit que certains pays cherchent des secrets pour guérir cette maladie épidémique. Sans aucun doute, c’est aussi une bonne occasion commerciale pour l’exécution de ces ordonnances.

Une fois que les gens eurent appris que des produits riches en vitamines pouvaient immuniser contre cette maladie épidémique, rapidement, ces produits s’envolaient comme des petits pains chauds. Beaucoup de sociétés pharmaceutiques ont donc profité de cette occasion. Les Xiongxian Tai (thymine T), Mianyi Qiudanbai (immunochimie), Ganrao Su (interféron) et Bingzhong Qiudanbai (gamma-globulines), les médicaments immunitaires, les vêtements, lunettes et articles de protection sont rapidement devenus des marchandises très demandées. Dans ce contexte, les usines de production ne pouvaient plus satisfaire les demandes des clients et ont été obligées de s’appuyer sur la coordination gouvernementale. 

Cette situation a stimulé le développement des entreprises de produits pharmaceutiques. Sur le marché des titres, la production des médicaments traditionnels chinois a attiré de plus en plus d’actionnaires. D’après des enquêtes concernées, sur le marché, la demande des produits d’hygiène et beauté, des médicaments chinois tout prêts et des médicaments sous ordonnance augmentaient de jour en jour. Certains experts prévoient que, cette année, l’exportation des médicaments traditionnels chinois devrait enregistrer une belle augmentation de 10 %.

De janvier à avril, la Chine a produit 560 000 petites voitures. En doublant sa production, le chiffre d’affaires a augmenté de 88 % par rapport à la période correspondante de 2002. D’après les statistiques, à la dernière décade d’avril, les affaires avaient quadruplé. Pendant trois jours, les ventes quotidiennes de voitures neuves ont dépassé les mille unités. D’après les analyses des experts, cette augmentation de la production et des ventes durant les quatre premiers mois de l’année est la suite de la vogue des petites voitures qui a débuté l’année dernière. 

Le SRAS a aussi accéléré le démarrage d’un mode commercial de type nouveau. Les intérêts économiques réalistes ont permis aux entrepreneurs de réaliser l’importance du commerce électronique. Ainsi, ceux-ci ont redoublé d’ardeur pour installer un site Web leur permettant de développer leurs affaires en ligne et de réaliser des affaires en annonçant leur entreprise. 

Dorénavant, les entreprises chinoises cherchent davantage d’occasions commerciales par Internet.

Un avertissement pour l’économie chinoise

Avec les ravages du SRAS, certains patrons de sociétés étrangères ont évité de venir en Chine, y compris M. Chris Galvin, PDG de Motorola et M. Phil Condit, PDG de Boeing. Des projets à capitaux étrangers en cours de construction ont été ralentis, et des négociations sur des capitaux internationaux et des crédits de gouvernements étrangers ont été interrompues.

Se faire une joie de communiquer avec le portable.

Chaque année, le volume des transactions de la foire de Guangzhou représente 10 % du volume total de l’exportation du pays. Étant donné le SRAS, beaucoup d’hommes d’affaires étrangers n’ont pas voulu participer à la foire, et le volume des transactions de cette année n’a représenté que 20 % de celui de 2002.

Certains experts prévoient que le SRAS sera catastrophique pour la Chine, que l’économie de Chine ressemblant à un château de carte, une fois en récession, il est difficile d’imaginer ce qu’il adviendra de cette économie. Ainsi, certaines gens prévoient que les investissements étrangers qui assurent la croissance de l’économie chinoise se déplaceront vers d’autres pays.

D’après les statistiques de la douane de Beijing, de janvier à avril, la valeur globale de l’import-export du port de Beijing a atteint 6,6 milliards de dollars US, soit une augmentation de 38 % par rapport à la période correspondante de 2002. En avril, il y a eu inscription de 31 nouvelles entreprises à capitaux étrangers.

Grâce au contrôle efficace de l’épidémie de SRAS, les touristes et les hommes d’affaires étrangers vont peu à peu revenir en Chine. Des informations publiées par le Global Sources montrent que des hommes d’affaires de 85 pays et territoires ont repris leurs affaires en Chine en juin. Le grand marché potentiel, la stabilité sociale, les bonnes infrastructures, les techniciens chevronnés et les ingénieurs à bon marché intéressent toujours les hommes d’affaires étrangers. D’après des économistes, le SRAS peut créer une crise économique en Chine, mais il ne pourra stopper son développement.

M. Zhang Liqun, chercheur au Centre de développement économique du Conseil des affaires d’État, estime que la demande intérieure joue un rôle prédominant dans l’économie chinoise. Les facteurs extérieurs ne peuvent pas l’ébranler. 

M. Hu Angang, célèbre économiste chinois, estime pour sa part que les registres historiques et internationaux montrent la bonne situation macro-économique en Chine actuelle. Son taux de croissance au premier trimestre a atteint 9,9 %, et les revenus financiers de cette période, 520 milliards de yuans.

En s’appuyant sur le gouvernement et la population, la Chine va vaincre le SARS. Cette crise ressemble à un « avertissement» qui signale les erreurs que nous sommes susceptibles de commettre dans la voie du développement économique.