JUILLET  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Les Drung

 

Jeune homme drung.

Les Drung rassemblent près de 6 000 personnes qui vivent surtout dans la vallée de la rivière Dulong du district autonome drung et nu de Gongshan, dans le nord-ouest de la province du Yunnan. Leur langue appartient au groupe tibéto-birman de la famille des langues sino-tibétaines. Cette langue, qui est semblable à celle des Nu, leurs voisins, n’a pas de forme écrite; historiquement, on tenait les registres et transmettait des messages en faisant des entailles dans le bois et en faisant des nœuds.

Histoire et habitat

La région où habitent les Drung est flanquée à l’est par le mont Gaoligong et à l’ouest par le mont Dandanglika. En raison de l’influence de la  mousson, cette région est abondamment arrosée et les précipations annuelles atteignent 2 500 mm. Les forêts vierges couvrent les versants montagneux; les herbes médicinales, les animaux sauvages et les minéraux abondent. Les cultures traditionnelles comprenaient le maïs, le sarrasin et les fèves, mais le riz, la pomme de terre et les herbes médicinales ont maintenant fait leur apparition comme cultures commerciales. On élève aussi du bétail, des chèvres et des porcs, et on transforme la peau des animaux.

Durant la dynastie des Tang (618-907), l’habitat des Drung relevait des principautés de Nanzhao et de Dali. À partir de la dynastie des Yuan (1271-1368) jusqu’à la fin des Qing (1644-1911), les Drung furent dirigés par des chefs Naxi nommés par la cour. Aux temps modernes, cette ethnie s’est distinguée en repoussant une expédition militaire britannique en 1913. En 1956, le district autonome drung et nu de Gongshan fut établi, et le magistrat est un Drung.

Us et coutumes

On lave encore à la rivière.

La société drung a longtemps maintenu des traces du système primitif. Il y avait 15 clans patriarcaux nommés « nile ». Chaque « nile » comprenait plusieurs communes familiales et chaque commune occupait un territoire distinct bien délimité par des cours d’eau ou des versants montagneux. Le clan se subdivisait en « ke’eng » ou villages dans lesquels les habitants vivaient dans de longues maisons communes.   Le ke’eng était l’organisation de base de la société drung. Ses membres se considéraient comme les descendants d’un même ancêtre. Le prénom d’un Drung était précédé du nom de la famille et du prénom de son père.  Dans le cas d’une femme, le nom de la mère était ajouté.

Chaque ke’eng était dirigé par un « kashan » dont les fonctions étaient autant administratives que cérémoniales. Il dirigeait la guerre et intervenait dans les différends. Les ke’eng étaient des unités politiques distinctes qui forgeaient des alliances en cas de danger provenant de communautés extérieures. Dans ces villages, les membres cultivaient, pêchaient et chassaient en commun. Peu à peu, ce système a fait place à la propriété des moyens de production par des familles unies par les liens du sang. Toutefois, sont apparues des familles riches qui ont imposé de lourdes taxes et ont eu recours à des travailleurs saisonniers.

Les Drung fabriquent un artisanat primitif, dont des articles en bambou et en rotin, et ils tissent le lin. Toutefois, l’absence de négociants et de villes a longtemps fait du troc le seul moyen d’échanges. Aujourd’hui toutefois, la vallée montagneuse est plus accessible, car des routes et des ponts ont été construits. Tous les villages drung ont maintenant l’électricité.

Mariage. Le mariage à l’intérieur du même clan était interdit, et la monogamie est maintenant la règle. Toutefois, des traces de la tradition primitive du mariage de groupe perdurent; par exemple, des sœurs peuvent épouser le même homme. La polygamie n’était pas un phénomène inconnu non plus.

Funérailles. Les morts étaient enterrés dans des troncs creux, sauf ceux qui étaient morts des suites d’une maladie contagieuse; dans ce cas, la dépouille était incinérée ou jetée dans une rivière. Tous les parents assistaient aux funérailles et ils y apportaient des offrandes sacrificielles sous forme de nourriture.

Habillement. Les hommes et les femmes drung portent les cheveux aux épaules à l’arrière et jusqu’aux sourcils en avant. Les deux drapent un tissu en lin rayé sur leur corps, et attachent ce tissu avec des cordons de paille ou des épingles en bambou. Les filles portent des tatous au visage, dès leur puberté, et le motif varie selon le clan.

Habitation. La longue maison ke’eng traditionnelle, construite avec des rondins dans le nord et du bambou, plus au sud, est constituée d’une grande salle oblongue qui sert de quartiers généraux. Deux rangées de petites chambres sont situées à l’arrière. Chaque petite chambre possède un foyer au centre et est la pièce d’une famille individuelle. Autrefois, chaque ke’eng avait un grenier commun, mais les greniers appartiennent maintenant à des petits groupes de familles.

Religion. Les Drung sont animistes et offrent des sacrifices pour apaiser les dieux. Les chamans, et parfois le kashan, s’occupaient de ces rituels. La nouvelle année des Drung tombe en décembre du calendrier lunaire. La date n’est pas fixe ni la durée des célébrations qui peuvent se continuer jusqu’à ce qu’il y ait de la nourriture. On abat alors du bétail en offrande au Ciel et les Drung dansent autour de la carcasse.