Les
Drung
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Jeune
homme drung. |
Les Drung rassemblent près de 6 000 personnes
qui vivent surtout dans la vallée de la rivière Dulong du district
autonome drung et nu de Gongshan, dans le nord-ouest de la province
du Yunnan. Leur langue appartient au groupe tibéto-birman de la
famille des langues sino-tibétaines. Cette langue, qui est semblable
à celle des Nu, leurs voisins, n’a pas de forme écrite; historiquement,
on tenait les registres et transmettait des messages en faisant
des entailles dans le bois et en faisant des nœuds.
Histoire et habitat
La région où habitent les Drung est flanquée à l’est par le mont
Gaoligong et à l’ouest par le mont Dandanglika. En raison de l’influence
de la mousson, cette région est abondamment arrosée et les précipations
annuelles atteignent 2 500 mm. Les forêts vierges couvrent
les versants montagneux; les herbes médicinales, les animaux sauvages
et les minéraux abondent. Les cultures traditionnelles comprenaient
le maïs, le sarrasin et les fèves, mais le riz, la pomme de terre
et les herbes médicinales ont maintenant fait leur apparition comme
cultures commerciales. On élève aussi du bétail, des chèvres et
des porcs, et on transforme la peau des animaux.
Durant la dynastie des Tang (618-907), l’habitat
des Drung relevait des principautés de Nanzhao et de Dali. À partir
de la dynastie des Yuan (1271-1368) jusqu’à la fin des Qing (1644-1911),
les Drung furent dirigés par des chefs Naxi nommés par la cour.
Aux temps modernes, cette ethnie s’est distinguée en repoussant
une expédition militaire britannique en 1913. En 1956, le district
autonome drung et nu de Gongshan fut établi, et le magistrat est
un Drung.
Us et coutumes
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On
lave encore à la rivière. |
La société drung a longtemps maintenu des traces du système primitif.
Il y avait 15 clans patriarcaux nommés « nile ». Chaque «
nile » comprenait plusieurs communes familiales et chaque
commune occupait un territoire distinct bien délimité par des cours
d’eau ou des versants montagneux. Le clan se subdivisait en « ke’eng
» ou villages dans lesquels les habitants vivaient dans de longues
maisons communes. Le ke’eng était l’organisation de base
de la société drung. Ses membres se considéraient comme les descendants
d’un même ancêtre. Le prénom d’un Drung était précédé du nom de
la famille et du prénom de son père. Dans le cas d’une femme, le
nom de la mère était ajouté.
Chaque ke’eng était dirigé par un « kashan
» dont les fonctions étaient autant administratives que cérémoniales.
Il dirigeait la guerre et intervenait dans les différends. Les ke’eng
étaient des unités politiques distinctes qui forgeaient des
alliances en cas de danger provenant de communautés extérieures.
Dans ces villages, les membres cultivaient, pêchaient et chassaient
en commun. Peu à peu, ce système a fait place à la propriété des
moyens de production par des familles unies par les liens du sang.
Toutefois, sont apparues des familles riches qui ont imposé de lourdes
taxes et ont eu recours à des travailleurs saisonniers.
Les Drung fabriquent un artisanat primitif, dont
des articles en bambou et en rotin, et ils tissent le lin. Toutefois,
l’absence de négociants et de villes a longtemps fait du troc le
seul moyen d’échanges. Aujourd’hui toutefois, la vallée montagneuse
est plus accessible, car des routes et des ponts ont été construits.
Tous les villages drung ont maintenant l’électricité.
Mariage. Le mariage à l’intérieur du même clan était interdit, et la monogamie
est maintenant la règle. Toutefois, des traces de la tradition primitive
du mariage de groupe perdurent; par exemple, des sœurs peuvent épouser
le même homme. La polygamie n’était pas un phénomène inconnu non
plus.
Funérailles. Les morts étaient enterrés dans des troncs creux, sauf ceux qui étaient
morts des suites d’une maladie contagieuse; dans ce cas, la dépouille
était incinérée ou jetée dans une rivière. Tous les parents assistaient
aux funérailles et ils y apportaient des offrandes sacrificielles
sous forme de nourriture.
Habillement. Les hommes et les femmes drung portent les cheveux aux épaules à
l’arrière et jusqu’aux sourcils en avant. Les deux drapent un tissu
en lin rayé sur leur corps, et attachent ce tissu avec des cordons
de paille ou des épingles en bambou. Les filles portent des tatous
au visage, dès leur puberté, et le motif varie selon le clan.
Habitation. La longue maison ke’eng traditionnelle, construite avec des
rondins dans le nord et du bambou, plus au sud, est constituée d’une
grande salle oblongue qui sert de quartiers généraux. Deux rangées
de petites chambres sont situées à l’arrière. Chaque petite chambre
possède un foyer au centre et est la pièce d’une famille individuelle.
Autrefois, chaque ke’eng avait un grenier commun, mais les
greniers appartiennent maintenant à des petits groupes de familles.
Religion. Les Drung sont animistes et offrent des sacrifices pour apaiser les
dieux. Les chamans, et parfois le kashan, s’occupaient de
ces rituels. La nouvelle année des Drung tombe en décembre du calendrier
lunaire. La date n’est pas fixe ni la durée des célébrations qui
peuvent se continuer jusqu’à ce qu’il y ait de la nourriture. On
abat alors du bétail en offrande au Ciel et les Drung dansent autour
de la carcasse.
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