JUILLET  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Malédiction ou bénédiction?

DANS l’histoire, les grandes calamités ont souvent marqué un tournant. Cette fois-ci, bien qu’il soit encore trop tôt pour évaluer l’impact global du SRAS, il est clair que celui-ci a contribué à bouleverser les habitudes de la société chinoise. Non seulement le personnel médical a dû déployer des efforts surhumains pour guérir les nombreux patients et sauver des vies, mais chaque Chinois a dû repenser sa façon de vivre et de faire dans un contexte nouveau. C’est une période d’introspection qui permet de mieux passer à l’action.

C’est précisément sur cet aspect que s’attarde l’article Comment le SRAS change furtivement la Chine. Vous y découvrirez que même le gouvernement a dû réajuster ses méthodes de travail et s’orienter vers la transparence qu’exigeait l’opinion publique. Grâce aux mesures actives qui ont été prises, des enquêtes ont par la suite révélé que 70 % des personnes interrogées se montraient relativement satisfaites du travail du gouvernement. En dépit du besoin évident de faire tourner la machine économique, les élites du pays ont clairement réaffirmé que l’intérêt public devait passer avant l’économie.

Toute la société chinoise semble aussi réajuster sa vie : on accorde dorénavant une plus grande place aux activités sportives pour fortifier sa santé et les activités familiales ont la faveur. Les relations humaines et la qualité de vie reprennent le haut du pavé, alors qu’il y a peu la course à l’argent semblait être l’activité de prédilection.

On nettoie, on prend des habitudes d’hygiène qu’on avait perdues ou on en découvre de nouvelles, on aère, on se questionne sur sa façon de manger et sur l’intérêt séculaire qu’on portait à consommer de la viande provenant d’animaux sauvages. On prévoit même un intérêt accru pour l’écologie. Et dans tout ce branle-bas, les secteurs liés à Internet semblent avoir été ceux qui ont à la fois profité le plus de la situation, mais aussi  ceux qui ont permis aux gens de rester étroitement en contact au lieu d’être isolés.

Toujours dans cette atmosphère de remise en question salutaire, un tibétologue vous offre ce mois-ci sa réflexion inédite dans  La conception idéalisée des Occidentaux sur le Tibet. Ce Tibet, décrit comme un Shangri-la sur terre par James Hilton, et dont George Orwell disait qu’il n’y avait pas de meilleur endroit pour les voyageurs et des explorateurs, correspond-il exactement aux qualificatifs qu’on lui attribue? L’engouement pour le bouddhisme tibétain qu’éprouvent les Occidentaux joue-t-il un rôle dans l’intérêt qu’ils portent aussi à la région? La mondialisation a-t-elle eu une influence dans l’internationalisation de la question tibétaine? La période est sans aucun doute propice pour réfléchir aussi à toutes ces questions.

Et puisque le bonheur se cache souvent dans le malheur, nous apprend ce mois-ci notre chronique Art de vivre, les Chinois ne se laissent pas abattre et préparent activement l’Année de la culture de Chine en France qui se tiendra à partir d’octobre prochain. L’article Les peintres chinois du XXe siècle seront au rendez-vous lève un peu le voile sur l’une des expositions qui s’y tiendront. Bonne lecture!

Hu Chunhua

Directeur de la section française