Les
Jing
Les
quelque 19 000 habitants de l’ethnie jing vivent dans des communautés
compactes situées surtout dans les trois îles de Wanwei, Wutou
et Shanxin du district autonome multinational de Fangcheng de
la région autonome zhuang du Guangxi, à proximité de la frontière
sino-vietnamienne. Près du quart des ces personnes vivent parmi
les gens de nationalité han et zhuang dans les districts et les
villes situés tout près.
Les
Jing avaient leur propre écriture qui était appelée Zinan.
Créée sur la base de l’écriture des Han vers la fin du XIIIe siècle,
l’écriture Zinan a été découverte dans de vieux livres
de chants et dans des écritures religieuses. La plupart des Jing
lisent et utilisent les mêmes caractères que les Han parce qu’ils
vivent parmi eux depuis longtemps. Ils parlent le dialecte cantonais.
Histoire
économique
Les
ancêtres des Jing auraient émigré du Vietnam au début du XVIe
siècle et se seraient d’abord établis dans les trois îles inhabitées,
puisque les environs étaient peuplés par les Han et les Zhuang.
Ils ont développé les régions côtières et ont toujours entretenu
des relations étroites avec ces deux nationalités au cours des
siècles.
Autrefois,
les Jing gagnaient leur vie en pêchant; la culture constituait
leur occupation secondaire. Toutefois,
le rendement de la pêche et de la culture était relativement bas.
Pour subvenir entièrement à leurs besoins, les Jing devaient troquer
du poisson contre des céréales et d’autres nécessités courantes
comme les articles en bambou. En outre, la plupart des richesses
étaient aux mains des seigneurs, de sorte que les Jing avaient
du mal à s’acquitter de leurs taxes et devaient même parfois vendre
leurs enfants pour survivre.
En
1952, on réduisit les frais de fermage et on redistribua les terres
qui avaient été retirées des mains des despotes. Une réforme démocratique
eut lieu ensuite parmi les pêcheurs. Le district autonome fut
fondé en 1958. Des ouvrages de construction importants furent
entrepris, dont la construction de onze digues pour récupérer
des terres de la mer et relier les îles au continent. On créa
ainsi plus de 400 hectares de terres, soit quatre fois la superficie
des terres cultivées auparavant. On améliora également les conditions
de la pêche en ajoutant des agrès pour la pêche en eau profonde.
La culture des perles est devenue une industrie florissante. On
planta des arbres fruitiers et des arbres pour protéger les terres
des vents de sable.
Les
Jing vivent dans une région subtropicale ayant des précipitations
abondantes et des ressources minérales en quantité. Le golfe de
Beibu, situé au sud, est un lieu de pêche idéal. Parmi les 700
espèces de poisson qu’on y trouve, plus de 200 ont une grande
valeur économique. Les perles, les hippocampes et les loutres
de mer sont appréciés pour leur valeur médicinale. De même, les
eaux salées du golfe sont propices à la production de sel. Les
principales cultures qu’on trouve dans cette région comprennent
le riz, les patates, les arachides, les taros et le millet, les
papayes, les bananes et les longanes. Les grandes sections de
palétuviers qui poussent dans les terres marécageuses le long
de la côte sont une riche source de tannin, matière première essentielle
pour l’industrie.
Us
et coutumes
 |
Danse des Lanternes en forme de fleurs,
une danse folklorique des Jing. |
Les
Jing aiment les rengaines mélodieuses et lyriques de même que
la danse. Leurs instruments traditionnels incluent le violon à
deux cordes, la flûte, le tambour, le gong et un violon à une
corde typique de cette ethnie. Celui-ci est fabriqué en séparant un gros bambou
de près d’un mètre en deux sections. Sa tonalité est claire et
ressemble à une mélopée. Cet instrument est tellement apprécié
des Jing qu’il fait partie intégrante de leur vie.
Les
histoires folkloriques et les légendes abondent. Les danses favorites
présentent des lanternes, des bâtons colorés de fantaisie, des
broderies et des dragons. La fête Hajie est une fête traditionnelle
des Jing. « Ha » est la translittération d’un
mot en langue jing signifiant chansons ou inviter les dieux à
chanter. Dans chaque village jing, il y a un Hating (pavillon
de chant) où se passe la grande partie de la fête du chant. Ces
activités durent trois jours, et les chants et les danses se déroulent
jour et nuit. Il y a trois chanteurs principaux : Hage, un
chanteur qui joue l’accompagnement des chants et deux Hamei, deux
chanteuses qui tiennent un paire de bâtonnets en bambou qu’elles
frappent en chantant.
Habitation.
Comme les Jing vivent sur des îles, leurs maisons étaient
autrefois entièrement construites en bambou et en bois. Les murs
étaient fabriqués de panneaux de bambou recouverts de boue ou
incrustés dans des pierres. On se sert également du bambou et
du bois pour faire le plancher, et on étend des tapis en bambou
comme couvre-plancher. Les gens enlèvent habituellement leurs chaussures en entrant
dans la maison, et ils s’assoient, dorment et mangent sur les
tapis en bambou. Aujourd’hui,
les maisons ont habituellement deux ou trois étages, sont construites
en bois ou en brique.
Habillement. Les vêtements des Jing sont simples
et pratiques. Traditionnellement, les femmes portent un chemisier
court, ajusté, sans col et boutonné à l’avant, plus un tablier
dont le haut épouse la forme d’un diamant et un pantalon large
noir ou brun. Lorsqu’elles sortent, les femmes portent
une robe de couleur claire à manches étroites. Elles aiment
également les boucles d’oreilles. Les hommes portent des vestons
longs jusqu’aux genoux et des ceintures. Aujourd’hui, ce type
de vêtement est de moins en moins porté, sauf par les personnes
plus âgées. Certaines jeunes femmes enroulent leurs cheveux et
teignent leurs dents en noir.
Religion. Beaucoup de Jing croient au bouddhisme
ou au taoïsme, quelques-uns au catholicisme. Ils suivent également
de nombreuses fêtes des Han.
Alimentation. La sauce au poisson ou Nianzhi
est un condiment fort apprécié des Jing, et ils l’utilisent beaucoup
dans la cuisson; cette sauce rouge et très parfumée est préparée
en marinant du poisson de mer dans de grandes vasques de terre
cuite pendant plusieurs mois. Elle est rouge et très parfumée.
Ils préparent également un gâteau au riz glutineux, mêlé avec
du sésame, considéré comme
un vrai délice.
Coutumes
particulières.
Les Jing ont certains tabous : sauter par-dessus un filet
de pêche déposé sur la plage, s’asseoir sur un nouveau radeau
avant son inauguration. Les Jing trouvent habituellement leurs
amoureux ou amoureuses par une sorte de chants à répondre. Durant
chacune des Fêtes du chant, à la pleine lune, les jeunes hommes
et les jeunes femmes expriment leur amour, tout en marquant la
cadence avec leurs pieds.