La route
de la Soie et les Tang
HUO
JIANYING
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Des commerçants de Rome
se dirigent vers la capitale de la dynastie des Tang. |
Au moment où la Chine travaille
à son édification et à son renouveau, cette ancienne voie commerciale
et la dynastie qui en a assuré la prospérité sont toujours une
source d’inspiration de la nation chinoise.
En février dernier, au moment où le peuple chinois célébrait la fête du Printemps,
la chorégraphie Pluie sur la route de la Soie a été présentée
de nouveau sur scène, après 24 ans d’absence. Ses danses, qui
tirent leur origine des arts de Dunhuang, et son décor, du style
de la dynastie des Tang (618-907), ont fait sensation parmi les
spectateurs de Beijing.
Cette chorégraphie, appréciée des
Chinois et des étrangers, fut composée en 1979 et raconte l’histoire
connue de la Route de la soie. Les danses font l’éloge de l’amour
pur et innocent, de la morale irréprochable, de l’amitié sincère
et de l’ouverture de l’époque des Tang.
Spectacle à succès, Pluie sur
la route de la Soie a été considérée comme un « chef-d’œuvre
du XXe siècle ». Depuis lors, une école sur les
danses inspirées des arts de Dunhuang s’est formée de sorte que
la vogue de la danse a augmenté durant la réforme.
La
civilisation splendide de la dynastie des Tang a influencé non
seulement la danse, mais aussi l’art. En cinq ans, une centaine
d'artistes renommés ont réalisé un grand rouleau de peinture incrustée
de jade. Récemment, ce grand ouvrage a été présenté au public
à Taizhou, dans la province du Zhejiang. Ce rouleau de peinture
de 60 m ´ 2 m incarne à la fois des techniques traditionnelles
et des idées nouvelles, et il fait revivre l’époque de paix et
de prospérité de la dynastie des Tang. Ce tableau de peinture
ressemble à un condensé d’un ancien passage qui reliait les grands
continents eurasiatiques sur plus de 7 000 km.
De Chang’an, capitale des Tang,
à Rome, la route de la Soie a enregistré non seulement l’économie
et la civilisation eurasiatiques, mais encore incarnait la prospérité
sociale et les mœurs de cette époque. Le tableau est donc divisé
en douze parties : l’époque de prospérité de la dynastie
des Tang, les rites, la ville de Chang’an, la terre fertile
du bassin Guanzhong (Shaanxi), la caravane sur la route de la
Soie, les impressions sur les contrées de l’Ouest, les rites de
prosternation à Dunhuang, les salutations de départ à Yangguan,
la Cité brûlante de Gaochang, l’idylle aux pieds du mont Tianshan,
le son agréable de la Méditerranée et le style de Rome.
Ce tableau incrusté est une œuvre
d’art particulière qui fait revivre des scènes de la route de
la Soie. Sa réalisation rassemble presque tous les types de jade,
sélectionnés parmi plus de 30 tonnes de cette pierre, ainsi que
des matières premières précieuses ( perles, agates, jadéites et
diamants).
La route de
la Soie
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Voyageurs joyeux sur
la route de la Soie. |
Depuis plus de mille ans, on laisse
toujours vagabonder son imagination sur les mystères de la route
de la Soie. Bien qu’il soit difficile de trouver des signalisations
de cette route, il est bien connu que celle-ci reliait l’Orient
et l’Occident.
Selon Lu Xun, écrivain renommé
de Chine, à l’origine, il n’existait pas de route sur notre planète,
mais à force de passer à un endroit, les traces formaient une
route. La route de la Soie a enregistré les sueurs et les traces
des nationalités des différents pays eurasiatiques.
En 1877, le géographe allemand
Ferdinand von Richthofen donna le beau nom de « route de la Soie »
à ce passage commercial eurasiatique. Cependant, les anciens commerçants
durent y déployer des efforts pénibles.
En 399, Faxian, 65 ans, moine de
la dynastie des Jin de l’Est (317-420), fit un pèlerinage en Inde.
À plusieurs reprises, il sombra dans le désespoir en traversant
le désert et la campagne déserte. Parmi ses collègues, certains
étaient morts dans le désert et d’autres étaient retournés à leur
point de départ. À la fin, il ne restait que lui seul. À 70 ans,
il s’est perdu pendant 35 jours dans le grand désert Taklimakan.
Il a eu finalement la vie sauve et est arrivé à destination. À
80 ans, il a pris un bateau de retour et a enduré un trajet pénible
de plus de 30 jours.
Faxian a écrit un livre intitulé Chronique
au pays bouddhique. Comme il considérait que son passé était
trop douloureux pour qu’il le remue, il n’en a pas soufflé mot
dans son livre.
Cette route millénaire était vraiment
une voie pathétique ou un long trajet pénible, et le roman
classique Le Pèlerinage vers l’Ouest la décrit
bien. Pourtant, cette route a apporté une contribution inestimable
au progrès de la civilisation humaine.
Un
rôle de pont
À l’époque des Tang, la route de
la Soie était considérée comme une voie qui assurait la prospérité
et la puissance du pays. Li Shimin, empereur Taizong des Tang,
n’a ménagé aucun effort pour ouvrir cette voie commerciale après
avoir établi son pouvoir. En s’appuyant sur ses ressources financières,
matérielles et humaines, en vingt ans, il a écarté tous les obstacles
qui s’y dressaient. Depuis lors, ce passage libre a permis aux
Tang de réaliser une ouverture sur l’extérieur, de sorte que les
soieries ont pu jouir d’une grande réputation en Occident. Les
échanges des Tang avec l’extérieur ont promu la compréhension
entre les empereurs de cette dynastie et ceux des autres pays.
Aujourd’hui, à l’étranger,
des Chinois sont encore surnommés « gens des Tang ».
Sous la dynastie des Tang, le corridor
Hexi (dans l’ouest de la Chine) était alors un des passages importants
de la route de la Soie et la
région la plus riche. Wuwei, Zhangye et Jiuquan étaient
des villes importantes et des villes de commerce international.
Quelque 100 000 habitants vivaient à Wuwei. L’animation du commerce
international régnait dans cette ville, les bistrots et les salles
de danse étaient ouverts toute la nuit.
Un écrivain arabe avait visité
cette région et il considérait la grande ville de Shandan comme
la capitale de la dynastie des Tang.
En fait, Shandan était alors une
ville ordinaire. Elle était moins grande que la capitale Chang'an.
Celle-ci était une grande ville internationale d’un million d’habitants
(y compris plus de 100 000 étrangers, dont une centaine de hauts
fonctionnaires, de diverses nationalités). Son boulevard principal,
Zhuque, avait une largeur de 155 m. Aujourd’hui, Xi’an n’est que
le huitième de l’ancienne ville de Chang’an.
Dans l’histoire de Chine, la dynastie
des Tang représente une longue période de paix et de prospérité.
Sa culture brillante, ses danses ethniques, sa gastronomie et
ses mœurs folkloriques font partie de notre patrimoine national.
Le style
des Tang
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Jouer du pipa
(instrument de musique à cordes) renversé, peinture murale
des grottes de Dunhuang. |
Dans une boutique, un brocanteur
vient de prendre des sapèques Kaiyuan Tongbao que vient
de lui tendre un petit enfant. Il rend alors une pièce d’un yuan
à l’enfant. Ce dernier va alors acheter de la gomme à éclater.
Cette scène illustre bien la circulation actuelle des sapèques
millénaires.
Sur un podium, des mannequins défilent
en costume des Tang et avec des vêtements du XXIe siècle.
Leur démarche a fière allure. Cette scène évoque les jolies femmes
des Tang, dignes représentantes de la civilisation matérielle
et spirituelle de l’époque.
Du VIIe au VIIIe
siècle, la dynastie des Tang a connu un âge d’or qui a duré plus
de cent ans. C’était la période sous le règne de l’empereur Li
Shimin. Depuis plus d’un millénaire, on s’inspire toujours de
ses expériences de règne fructueuses.
En 1086, le Tangjian (Miroir
des Tang) a été rédigé par Fan Zuyu, un historien de la dynastie
des Song (960-1279). Ce livre a enregistré et analysé les gestes
et les paroles des empereurs des Tang. Depuis la dynastie des
Song, ce livre a aidé à gouverner et est devenu un chef-d’œuvre
du règne des empereurs. Zhu Yuanzhang (1328-1398), fondateur de
la dynastie des Ming (1368-1644), a dit : « Je choisirais plutôt le livre historique
Tangjian que de belles concubines. »
Après les Song, les autres dynasties
ont aussi attaché une grande attention à ce livre. Leur système
fiscal et leurs lois y faisaient référence.
À l’exception du livre historique
Tangjian, les 50 000 poèmes de la dynastie des Tang
ont aussi connu une grande réputation. Le niveau littéraire de
ces poèmes en fait la quintessence des poèmes dynastiques. Depuis
plus de mille ans, on a conservé des copies manuscrites et des
xylographies des 300 poèmes de la dynastie des Tang. Beaucoup
de familles font réciter ces poèmes à leur enfant. À l’école secondaire,
des poèmes des Tang sont inclus au manuel de chinois.
La société féodale chinoise a une
histoire de plus de deux millénaires. Parmi les dynasties de Chine,
la dynastie des Tang est l’une de celles qui ont exercé une influence
profonde. Nous vivons dans une nouvelle période historique où
le pays travaille à son renouveau. La dynastie des Tang, symbole
de paix et de prospérité, est toujours un encouragement qui fait
la fierté de toute la nation.