JUIN  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

La route de la Soie et les Tang

HUO JIANYING

Des commerçants de Rome se dirigent vers la capitale de la dynastie des Tang.

Au moment où la Chine travaille à son édification et à son renouveau, cette ancienne voie commerciale et la dynastie qui en a assuré la prospérité sont toujours une source d’inspiration de la nation chinoise.

En février dernier, au moment  où le peuple chinois célébrait la fête du Printemps, la chorégraphie Pluie sur la route de la Soie a été présentée de nouveau sur scène, après 24 ans d’absence. Ses danses, qui tirent leur origine des arts de Dunhuang, et son décor, du style de la dynastie des Tang (618-907), ont fait sensation parmi les spectateurs de Beijing.

Cette chorégraphie, appréciée des Chinois et des étrangers, fut composée en 1979 et raconte l’histoire connue de la Route de la soie. Les danses font l’éloge de l’amour pur et innocent, de la morale irréprochable, de l’amitié sincère et de l’ouverture de l’époque des Tang.

Spectacle à succès, Pluie sur la route de la Soie a été considérée comme un « chef-d’œuvre du XXe siècle ». Depuis lors, une école sur les danses inspirées des arts de Dunhuang s’est formée de sorte que la vogue de la danse a augmenté durant la réforme.

La civilisation splendide de la dynastie des Tang a influencé non seulement la danse, mais aussi l’art. En cinq ans, une centaine d'artistes renommés ont réalisé un grand rouleau de peinture incrustée de jade. Récemment, ce grand ouvrage a été présenté au public à Taizhou, dans la province du Zhejiang. Ce rouleau de peinture de 60 m ´ 2 m incarne à la fois des techniques traditionnelles et des idées nouvelles, et il fait revivre l’époque de paix et de prospérité de la dynastie des Tang. Ce tableau de peinture ressemble à un condensé d’un ancien passage qui reliait les grands continents eurasiatiques sur plus de 7 000 km.

De Chang’an, capitale des Tang, à Rome, la route de la Soie a enregistré non seulement l’économie et la civilisation eurasiatiques, mais encore incarnait la prospérité sociale et les mœurs de cette époque. Le tableau est donc divisé en douze parties : l’époque de prospérité de la dynastie des Tang, les rites, la ville de Chang’an, la terre fertile du bassin Guanzhong (Shaanxi), la caravane sur la route de la Soie, les impressions sur les contrées de l’Ouest, les rites de prosternation à Dunhuang, les salutations de départ à Yangguan, la Cité brûlante de Gaochang, l’idylle aux pieds du mont Tianshan, le son agréable de la Méditerranée et le style de Rome.

Ce tableau incrusté est une œuvre d’art particulière qui fait revivre des scènes de la route de la Soie. Sa réalisation rassemble presque tous les types de jade, sélectionnés parmi plus de 30 tonnes de cette pierre, ainsi que des matières premières précieuses ( perles, agates, jadéites et diamants).

La route de la Soie

Voyageurs joyeux sur la route de la Soie.

Depuis plus de mille ans, on laisse toujours vagabonder son imagination sur les mystères de la route de la Soie. Bien qu’il soit difficile de trouver des signalisations de cette route, il est bien connu que celle-ci reliait l’Orient et l’Occident. 

Selon Lu Xun, écrivain renommé de Chine, à l’origine, il n’existait pas de route sur notre planète, mais à force de passer à un endroit, les traces formaient une route. La route de la Soie a enregistré les sueurs et les traces des nationalités des différents pays eurasiatiques.

En 1877, le géographe allemand Ferdinand von Richthofen donna le beau nom de « route de la Soie » à ce passage commercial eurasiatique. Cependant, les anciens commerçants durent y déployer des efforts pénibles.

En 399, Faxian, 65 ans, moine de la dynastie des Jin de l’Est (317-420), fit un pèlerinage en Inde. À plusieurs reprises, il sombra dans le désespoir en traversant le désert et la campagne déserte. Parmi ses collègues, certains étaient morts dans le désert et d’autres étaient retournés à leur point de départ. À la fin, il ne restait que lui seul. À 70 ans, il s’est perdu pendant 35 jours dans le grand désert Taklimakan. Il a eu finalement la vie sauve et est arrivé à destination. À 80 ans, il a pris un bateau de retour et a enduré un trajet pénible de plus de 30 jours.

Faxian a écrit un livre intitulé Chronique au pays bouddhique. Comme il considérait que son passé était trop douloureux pour qu’il le remue, il n’en a pas soufflé mot dans son livre.

Cette route millénaire était vraiment une voie pathétique ou un long trajet pénible, et le roman classique Le Pèlerinage vers l’Ouest la décrit bien. Pourtant, cette route a apporté une contribution inestimable au progrès de la civilisation humaine.

Un rôle de pont 

À l’époque des Tang, la route de la Soie était considérée comme une voie qui assurait la prospérité et la puissance du pays. Li Shimin, empereur Taizong des Tang, n’a ménagé aucun effort pour ouvrir cette voie commerciale après avoir établi son pouvoir. En s’appuyant sur ses ressources financières, matérielles et humaines, en vingt ans, il a écarté tous les obstacles qui s’y dressaient. Depuis lors, ce passage libre a permis aux Tang de réaliser une ouverture sur l’extérieur, de sorte que les soieries ont pu jouir d’une grande réputation en Occident. Les échanges des Tang avec l’extérieur ont promu la compréhension entre les empereurs de cette dynastie et ceux des autres pays. Aujourd’hui,  à l’étranger, des Chinois sont encore surnommés « gens des Tang ».

Sous la dynastie des Tang, le corridor Hexi (dans l’ouest de la Chine) était alors un des passages importants de la route de la Soie et la  région la plus riche. Wuwei, Zhangye et Jiuquan étaient des villes importantes et des villes de commerce international. Quelque 100 000 habitants vivaient à Wuwei. L’animation du commerce international régnait dans cette ville, les bistrots et les salles de danse étaient ouverts toute la nuit.

Un écrivain arabe avait visité cette région et il considérait la grande ville de Shandan comme la capitale de la dynastie des Tang.

En fait, Shandan était alors une ville ordinaire. Elle était moins grande que la capitale Chang'an. Celle-ci était une grande ville internationale d’un million d’habitants (y compris plus de 100 000 étrangers, dont une centaine de hauts fonctionnaires, de diverses nationalités). Son boulevard principal, Zhuque, avait une largeur de 155 m. Aujourd’hui, Xi’an n’est que le huitième de l’ancienne ville de Chang’an.

Dans l’histoire de Chine, la dynastie des Tang représente une longue période de paix et de prospérité. Sa culture brillante, ses danses ethniques, sa gastronomie et ses mœurs folkloriques font partie de notre patrimoine national.

Le style des Tang

Jouer du pipa (instrument de musique à cordes) renversé, peinture murale des grottes de Dunhuang.

Dans une boutique, un brocanteur vient de prendre des sapèques Kaiyuan Tongbao que vient de lui tendre un petit enfant. Il rend alors une pièce d’un yuan à l’enfant. Ce dernier va alors acheter de la gomme à éclater. Cette scène illustre bien la circulation actuelle des sapèques millénaires.

Sur un podium, des mannequins défilent en costume des Tang et avec des vêtements du XXIe siècle. Leur démarche a fière allure. Cette scène évoque les jolies femmes des Tang, dignes représentantes de la civilisation matérielle et spirituelle de l’époque.

Du VIIe au VIIIe siècle, la dynastie des Tang a connu un âge d’or qui a duré plus de cent ans. C’était la période sous le règne de l’empereur Li Shimin. Depuis plus d’un millénaire, on s’inspire toujours de ses expériences de règne fructueuses.

En 1086, le Tangjian (Miroir des Tang) a été rédigé par Fan Zuyu, un historien de la dynastie des Song (960-1279). Ce livre a enregistré et analysé les gestes et les paroles des empereurs des Tang. Depuis la dynastie des Song, ce livre a aidé à gouverner et est devenu un chef-d’œuvre du règne des empereurs. Zhu Yuanzhang (1328-1398), fondateur de la dynastie des Ming (1368-1644), a dit :  « Je choisirais plutôt le livre historique Tangjian que de belles concubines. »

Après les Song, les autres dynasties ont aussi attaché une grande attention à ce livre. Leur système fiscal et leurs lois y faisaient référence.

À l’exception du livre historique Tangjian, les 50 000 poèmes de la dynastie des Tang  ont aussi connu une grande réputation. Le niveau littéraire de ces poèmes en fait la quintessence des poèmes dynastiques. Depuis plus de mille ans, on a conservé des copies manuscrites et des xylographies des 300 poèmes de la dynastie des Tang. Beaucoup de familles font réciter ces poèmes à leur enfant. À l’école secondaire, des poèmes des Tang sont inclus au manuel de chinois.

La société féodale chinoise a une histoire de plus de deux millénaires. Parmi les dynasties de Chine, la dynastie des Tang est l’une de celles qui ont exercé une influence profonde. Nous vivons dans une nouvelle période historique où le pays travaille à son renouveau. La dynastie des Tang, symbole de paix et de prospérité, est toujours un encouragement qui fait la fierté de toute la nation.