AVRIL  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Les Xibe

Jeune fille xibe.

L’ethnie xibe compte une population de 172 900 habitants qui est surtout répartie en Chine du Nord, de Ili, dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, à l’ouest, jusqu’aux régions du Nord-Est. La langue xibe appartient à la branche mandchoue-tungu de la famille des langues altaïques. On dit que l’ethnie xibe aurait eu jadis une écriture mais qu’elle l’aurait perdue après la dynastie des Qing (1644-1911). Un grand nombre de Xibe auraient alors appris la langue des Mandchous et celle des Han. Toutefois, au Xinjiang, certains Xibe connaissent la langue ouïgoure et kazakhe. Autour de 1947, certains intellectuels xibe auraient réformé la langue mandchoue qu’ils utilisaient, en laissant tomber certains symboles phonétiques et en y ajoutant de nouvelles lettres de la langue xibe. L’écriture xibe était utilisée comme langue officielle par les organes du pouvoir de la région autonome.

Histoire

Les Xibe croient qu’ils sont les descendants des anciens Xianbei, et il existe de nombreuses versions de leurs origines. Les Xianbei formaient une branche de l’ancienne ethnie donghu de la Chine du Nord, et ceux-ci vivaient en nomades dans les vastes régions situées entre les versants orientaux des Grands Hinggan en Chine du Nord-Est. En 89, les Xiongnu du Nord, défaits par le général Dou Xian de la dynastie des Han, se sont déplacés vers l’ouest et ont abandonné leurs terres aux Xianbei. De 158 à 167, les Xianbei ont formé une alliance tribale puissante sous l’ordre du chef Tan Shihuai. Du troisième au sixième siècle, les Murong, Tuoba, Yuwen et autres tribus puissantes des Xianbei ont établi des régimes politiques dans le bassin du fleuve Jaune où ils se sont mêlés aux Han. Toutefois, quelques Xianbei ne se sont jamais éloignés de la terre natale, le long des fleuves Chuo’er, Nenjiang et Songhua. Ils sont probablement les ancêtres des Xibe.

Avant la dynastie des Ming (1368-1644), les Xibe vivaient dans la vaste région située à proximité du district de Fuyu, dans la province du Jilin, région qui s’étendait aussi loin que la ville de Jilin dans l’est, Hulunbuir dans l’ouest, le fleuve Nenjiang dans le nord et le fleuve Liaohe dans le sud. À la fin du XVIe siècle, les nobles mandchous se sont soulevés pour prendre le pouvoir. Afin d’agrandir leur territoire et de renforcer leur régime, les dirigeants mandchous ont essayé à maintes reprises de conquérir les tribus voisines en leur offrant de l’argent, des postes élevés et des liens matrimoniaux, et le plus souvent, ils ont tenté de le faire par la force armée. Les unes après les autres, les tribus xibe se sont soumises aux dirigeants mandchous. À la fin du XVIIe siècle, toutes les tribus xibe des différentes régions étaient  incluses aux Huit Bannières mongoles et mandchoues. Selon le système des Huit Bannières, les soldats des bannières travaillaient la terre durant  les périodes de paix et livraient bataille durant les périodes de guerres. En moins de 150 ans après la fondation de la dynastie des Qing (1644-1911), les Xibe furent chassés de leurs terres dans la Chine du Nord-Est et ils durent se déplacer aussi loin que le Xinjiang et le Yunnan. La cour des Qing accorda un traitement différent aux diverses tribus xibe, selon l’époque et leur niveau de soumission, afin de témoigner de degrés différents de faveurs et de les classer de manière différente.

Au milieu du XVIIIe siècle, le gouvernement des Qing réprima la rébellion à Junggar et dans d’autres endroits du Xinjiang. Pendant soixante ans, des officiers et des soldats xibe furent affectés, avec leurs familles, dans les régions frontalières du Nord-Ouest. Ils y affrontèrent bien des difficultés et leur population connut une nette diminution. Voilà pourquoi les Xibe en vinrent à vivre séparés, certains dans le Nord-Est et d’autres dans le Nord-Ouest. Les anciens Xibe vivaient de la chasse et de la pêche. Dès le milieu du XVIe siècle, l’organisation sociale de cette ethnie est passée d’une relation de sang à une relation géographique. Les liens des groupes à filiation paternelle devinrent moins serrés. Dans chaque village xibe, il y avait des membres portant différents noms. Toutefois, les membres du village ont conservé des liens relativement étroits en production, et pour l’essentiel, ils respectaient le principe de travail en commun et de distribution égale. Le système des Huit Bannières a également apporté des changements draconiens dans la structure économique et sociale.  En dépit des difficultés, les Xibe étaient déterminés à demeurer autosuffisants, et au XIXe siècle, ils construisirent un canal d’irrigation de 200 km pour amener l’eau du fleuve Ili, ce qui incita beaucoup de familles à s’y installer. En 1911, les Xibe du Xinjiang appuyèrent la révolution, peu après l’éclatement de celle-ci. Ceux du Nord-Est se joignirent aux Han et aux Mandchous en 1931 pour lutter contre les Japonais qui occupaient cette région du pays. En 1944, les Xibe du Xinjiang luttèrent contre le Guomindang dans les régions de Ili et de Tacheng. Ils formèrent leur propre force armée. Après la Libération, le district autonome Qapqal xibe fut établi en 1954 sur le site du district de Ningxi du Xinjiang où les Xibe vivaient en communautés compactes. Encore aujourd’hui, les Xibe s’adonnent à la culture et à l’élevage, mais le rendement de leur production a augmenté beaucoup. De petites entreprises industrielles ont aussi vu le jour : charbon, machinerie de ferme, fourrure, transformation alimentaire.

Us et coutumes

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En raison de l’histoire, les Xibe du Nord-Ouest et du Nord-Est ont développé des caractéristiques différentes qui leur sont propres. La langue et l’alimentation, l’habillement et les habitudes de vie des Xibe du Nord-Est ressemblent à ceux des Han et des Manchous. Ceux du Xinjiang, vivent en communautés plus compactes et ont préservé davantage de caractéristiques de leur écriture et de leurs habitudes de vie.

Religion. Les Xibe du Xinjiang étaient autrefois polythéistes. En plus des dieux des insectes, du dragon, de la terre, les Xibe vénéraient les dieux protecteurs du foyer et des animaux. En outre, certains autres croyaient au chamanisme et au bouddhisme. Les Xibe vénèrent pieusement les ancêtres à qui ils offrent du poisson au troisième mois lunaire et du melon au septième mois lunaire.

Habillement. Les femmes xibe du Xinjiang aiment les longues tuniques bien ajustées qui touchent pratiquement le sol. Le bas de la jupe et des manches est garni de dentelles. Les hommes portent une veste courte, boutonnée à l’avant, et un pantalon resserré autour de la cheville. Ils portent une grande tunique en hiver. Dans le Nord-Est, l’habillement des Xibe est le même que celui des Han.

Alimentation. Le riz et la farine forment l’alimentation de base. Les Xibe du Xinjiang qui élèvent du bétail et des moutons aiment le thé au lait, le beurre, la crème, le fromage et les autres produits laitiers. Le dix-huitième jour du calendrier lunaire marque la fête des Xibe. Pour l’occasion, ceux-ci feront de la farine ou de la sauce aux fèves pour souligner la fin de la migration de leurs ancêtres vers l’ouest. À l’automne, ils marinent du chou, du poireau, des carottes, du céleri et du piment rouge. Les Xibe aiment chasser et pêcher durant la saison morte. Ils marinent également le poisson pour le manger durant l’hiver.

Habitation. Il y a habituellement cent à deux cents ménages dans chaque village xibe, lequel est entouré d’un mur de deux ou trois kilomètres. Une maison xibe comprend habituellement trois à cinq pièces et possède une cour dans laquelle on plante des fleurs et des arbres fruitiers. Les portes des maisons font face au sud. Les femmes xibe sont habiles à découper le papier, de sorte que les fenêtres sont souvent décorées de leurs œuvres. Autrefois, un ménage xibe comprenait trois générations, parfois quatre ou cinq. Dans la plupart des cas, les mariages étaient arrangés par les parents. Les femmes bénéficiaient d’un statut peu élevé et n’avaient pas le droit d’hériter. La famille était dirigée par le membre le plus vieux qui jouissait d’une forte autorité. Les fils n’avaient pas le droit de quitter la famille pour vivre ailleurs, tant que le père était vivant. Au sein de la famille, les vieux et les jeunes avaient une position qui obéissait à un ordre strict d’importance, et on portait beaucoup d’attention à l’étiquette. Le Hala, un conseil formé des chefs masculins du clan, réglait les questions importantes et appliquait la loi.