Mes
premières expériences avec les banques françaises
HUANG CAI
 |
Le
guichet automatique, un service qui a aussi son prix. |
À
l’heure actuelle, quel que soit l’endroit où l’on vit, on ne peut
plus se passer de la banque. En Chine, pour la plupart des gens,
le salaire est versé directement au compte bancaire, de sorte
qu’ils y déposent leurs économies et payent tous leurs frais de
vie courante (téléphone, électricité, eau, etc.). Bien que la
modernisation des banques chinoises soient de plus en plus évidente,
les clients se plaignent constamment. Dans les files d’attente
aux guichets, il n’est pas rare d’entendre des chuchotements où
l’on dit que, dans les pays occidentaux, les services bancaires
doivent sûrement être meilleurs.
Un
jour que mon chèque avait été refusé pour la troisième fois par
une banque chinoise en raison d’une prétendue mauvaise écriture,
(pourtant, Dieu sait que j’avais écrit correctement les chiffres
et tous les caractères chinois, mais la banque trouvait que le
petit tiret d’un caractère n’était pas totalement droit), je m’étais
dit, moi aussi, que j’en avais assez des banques chinoises. À
ce moment-là, une collègue française m’avait fait remarquer que
cela ne se produirait jamais en France. Selon ses dires, là-bas,
un coup de téléphone suffit pour que des agents de la banque s’empressent
d’offrir leurs services, et si un client n’est pas totalement
satisfait, la petite phrase : « Je vais changer de banque »
suffit pour que le directeur vienne en personne s’excuser et prie
le client de rester.
C’est avec ces idées en tête que j’ai donc « abordé » les banques
françaises.
Le gazon est toujours plus vert ailleurs
Je dois avouer que l’affaire avait bien débuté.
 |
Choix des
banques et choix des services. |
Quand je me suis rendue à une succursale d’une grande banque pour ouvrir un
compte, je me suis sentie comme une reine ; oh ! que
c’était beau, le plafond haut, le plancher poli comme une glace,
les lumières douces, les ordinateurs ultramodernes, d’autant plus
que l’employée à l’accueil était tout à fait charmante. Je lui
expliquai que je voulais ouvrir un compte, et avec un gentil sourire,
elle m’a proposé d’aller rencontrer une conseillère qui était
chargée spécialement des services aux étudiants, mais… mais, il
fallait d’abord prendre un rendez-vous, et puisque la conseillère
était occupée, je devais rentrer à l’hôtel et lui téléphoner plus
tard pour fixer ce rendez-vous.
Tout cela me semblait bien raisonnable. Je rentrai donc à l’hôtel et essayai
de joindre la conseillère, ce qui se fit sans problème. Je me
rendis donc pour la deuxième fois à la banque, cette fois, sur
rendez-vous, ce qui permettait de rencontrer la conseillère en
question. Tout était parfait, non ? Elle m’invita à m’asseoir
devant elle, et me demanda avec beaucoup de gentillesse quelles
étaient mes intentions et mes exigences. Encore un témoignage
d’un système bien rodé, me disais-je.
Mais c’est à ce moment-là que les problèmes ont commencé. « La première
chose que je veux faire c’est ouvrir un compte », lui dis-je.
« Il faut une adresse pour ouvrir un compte », m’expliqua
la conseillère. Mais comme j’étais arrivée en France seulement
depuis trois jours, je logeais encore à l’hôtel. « Une chambre
d’hôtel n’est pas une adresse valable pour la banque », me
dit la conseillère. « Je comprends, Madame, mais j’ai déjà contacté
quelques agences de location et j’ai même trouvé un studio convenable ;
mais, vous savez, pour signer le contrat de location, j’ai besoin
d’argent afin de verser trois mois de loyer en garantie. Sans
compte bancaire, comment puis-je transférer de l’argent en France ?
» « Malheureusement, dans ce cas-là, je ne peux rien pour
vous, il vous faut absolument une adresse permanente », me répondit
la conseillère, en gardant toujours son sourire, alors qu’elle
savait fort bien que j’étais dans une impasse : sans adresse,
je ne pouvais pas ouvrir de compte, sans compte bancaire, je n’aurais
pas d’argent, sans argent, je n’aurais pas de logement, sans logement,
je n’aurais pas d’adresse…. Comment
pouvais-je m’en sortir ?
Finalement, je demandai l’aide d’un ami qui me prêta de l’argent, ce qui me
permit de sortir de mon fâcheux pétrin. Mais ce n’était que le
prélude de mon aventure avec les banques françaises.
Une mésaventure en attire une autre...
Grâce
aux brochures de présentation, je pus me faire peu à peu une idée
des services que m’offrait la banque. C’était vraiment pratique,
je pouvais consulter le solde par téléphone, accéder aux services
bancaires et gérer mon compte par Internet, au lieu d’utiliser
le fameux carnet de banque toujours en utilisation dans les banques
chinoises. À tous les quinze jours, je pouvais recevoir un relevé
de mon compte où seraient clairement indiqués les transactions
des derniers jours. Pour les frais courants, je pouvais m’en occuper
par titre interbancaire de paiement, signer et envoyer le TIP
aux prestataires. Ce que je trouvais super, c’était l’existence
de la conseillère. Comme étrangère, au début, je n’avais aucune
idée du fonctionnement du système bancaire français. Chaque fois
que j’avais une question sur le compte ou les services, je pouvais
lui téléphoner pour un renseignement ; si parfois elle ne
pouvait pas régler le problème, elle pouvait toujours me conseiller,
sa présence me rassurait beaucoup parce qu’elle me connaissait,
connaissait aussi la situation de mon compte, elle était un peu
comme une amie à la banque. En Chine, il existe aussi un service
d’information téléphonique, mais ce service est universel, si
je peux dire, le répondeur ne connaît pas personnellement le client,
il ne peut que donner des réponses générales. Le lien personnalisé
entre la banque et les clients existe moins.
Mais pour moi, il y a un hic à ces services. Je dois payer chaque mois une
somme d’argent à la banque. Le montant d’environ 100 yuans par
mois peut sembler minime pour les Français, mais il est assez
significatif pour les Chinois. En plus, bien des services gratuits
en Chine ne le sont pas ici : par exemple, tirer de l’argent
d’un montant inférieur à 150 euros au guichet, au lieu du guichet
automatique, exige le paiement de frais de service. Et si un justificatif
du solde du compte est nécessaire en plus du relevé courant, il
faut aussi payer et attendre 24h après la dernière transaction
bancaire. En somme, j’ai réalisé que tout service a un prix !