AVRIL  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Mes premières expériences avec les banques françaises

HUANG CAI

Le guichet automatique, un service qui a aussi son prix.

À l’heure actuelle, quel que soit l’endroit où l’on vit, on ne peut plus se passer de la banque. En Chine, pour la plupart des gens, le salaire est versé directement au compte bancaire, de sorte qu’ils y déposent leurs économies et payent tous leurs frais de vie courante (téléphone, électricité, eau, etc.). Bien que la modernisation des banques chinoises soient de plus en plus évidente, les clients se plaignent constamment. Dans les files d’attente aux guichets, il n’est pas rare d’entendre des chuchotements où l’on dit que, dans les pays occidentaux, les services bancaires doivent sûrement être meilleurs.

Un jour que mon chèque avait été refusé pour la troisième fois par une banque chinoise en raison d’une prétendue mauvaise écriture, (pourtant, Dieu sait que j’avais écrit correctement les chiffres et tous les caractères chinois, mais la banque trouvait que le petit tiret d’un caractère n’était pas totalement droit), je m’étais dit, moi aussi, que j’en avais assez des banques chinoises. À ce moment-là, une collègue française m’avait fait remarquer que cela ne se produirait jamais en France. Selon ses dires, là-bas, un coup de téléphone suffit pour que des agents de la banque s’empressent d’offrir leurs services, et si un client n’est pas totalement satisfait, la petite phrase : « Je vais changer de banque » suffit pour que le directeur vienne en personne s’excuser et prie le client de rester.

C’est avec ces idées en tête que j’ai donc « abordé » les banques françaises.

Le gazon est toujours plus vert ailleurs

Je dois avouer que l’affaire avait bien débuté.

Choix des banques et choix des services.

Quand je me suis rendue à une succursale d’une grande banque pour ouvrir un compte, je me suis sentie comme une reine ; oh ! que c’était beau, le plafond haut, le plancher poli comme une glace, les lumières douces, les ordinateurs ultramodernes, d’autant plus que l’employée à l’accueil était tout à fait charmante. Je lui expliquai que je voulais ouvrir un compte, et avec un gentil sourire, elle m’a proposé d’aller rencontrer une conseillère qui était chargée spécialement des services aux étudiants, mais… mais, il fallait d’abord prendre un rendez-vous, et puisque la conseillère était occupée, je devais rentrer à l’hôtel et lui téléphoner plus tard pour fixer ce rendez-vous.

Tout cela me semblait bien raisonnable. Je rentrai donc à l’hôtel et essayai de joindre la conseillère, ce qui se fit sans problème. Je me rendis donc pour la deuxième fois à la banque, cette fois, sur rendez-vous, ce qui permettait de rencontrer la conseillère en question. Tout était parfait, non ? Elle m’invita à m’asseoir devant elle, et me demanda avec beaucoup de gentillesse quelles étaient mes intentions et mes exigences. Encore un témoignage d’un système bien rodé, me disais-je.

Mais c’est à ce moment-là que les problèmes ont commencé. « La première chose que je veux faire c’est ouvrir un compte », lui dis-je. « Il faut une adresse pour ouvrir un compte », m’expliqua la conseillère. Mais comme j’étais arrivée en France seulement depuis trois jours, je logeais encore à l’hôtel. « Une chambre d’hôtel n’est pas une adresse valable pour la banque », me dit la conseillère.  «  Je comprends, Madame, mais j’ai déjà contacté quelques agences de location et j’ai même trouvé un studio convenable ; mais, vous savez, pour signer le contrat de location, j’ai besoin d’argent afin de verser trois mois de loyer en garantie. Sans compte bancaire, comment puis-je transférer de l’argent en France ? » « Malheureusement, dans ce cas-là, je ne peux rien pour vous, il vous faut absolument une adresse permanente », me répondit la conseillère, en gardant toujours son sourire, alors qu’elle savait fort bien que j’étais dans une impasse : sans adresse, je ne pouvais pas ouvrir de compte, sans compte bancaire, je n’aurais pas d’argent, sans argent, je n’aurais pas de logement, sans logement, je n’aurais pas d’adresse….  Comment pouvais-je m’en sortir ?

Finalement, je demandai l’aide d’un ami qui me prêta de l’argent, ce qui me permit de sortir de mon fâcheux pétrin. Mais ce n’était que le prélude de mon aventure avec les banques françaises.

Une mésaventure en attire une autre...

Grâce aux brochures de présentation, je pus me faire peu à peu une idée des services que m’offrait la banque. C’était vraiment pratique, je pouvais consulter le solde par téléphone, accéder aux services bancaires et gérer mon compte par Internet, au lieu d’utiliser le fameux carnet de banque toujours en utilisation dans les banques chinoises. À tous les quinze jours, je pouvais recevoir un relevé de mon compte où seraient clairement indiqués les transactions des derniers jours. Pour les frais courants, je pouvais m’en occuper par titre interbancaire de paiement, signer et envoyer le TIP aux prestataires. Ce que je trouvais super, c’était l’existence de la conseillère. Comme étrangère, au début, je n’avais aucune idée du fonctionnement du système bancaire français. Chaque fois que j’avais une question sur le compte ou les services, je pouvais lui téléphoner pour un renseignement ; si parfois elle ne pouvait pas régler le problème, elle pouvait toujours me conseiller, sa présence me rassurait beaucoup parce qu’elle me connaissait, connaissait aussi la situation de mon compte, elle était un peu comme une amie à la banque. En Chine, il existe aussi un service d’information téléphonique, mais ce service est universel, si je peux dire, le répondeur ne connaît pas personnellement le client, il ne peut que donner des réponses générales. Le lien personnalisé entre la banque et les clients existe moins.

Mais pour moi, il y a un hic à ces services. Je dois payer chaque mois une somme d’argent à la banque. Le montant d’environ 100 yuans par mois peut sembler minime pour les Français, mais il est assez significatif pour les Chinois. En plus, bien des services gratuits en Chine ne le sont pas ici : par exemple, tirer de l’argent d’un montant inférieur à 150 euros au guichet, au lieu du guichet automatique, exige le paiement de frais de service. Et si un justificatif du solde du compte est nécessaire en plus du relevé courant, il faut aussi payer et attendre 24h après la dernière transaction bancaire. En somme, j’ai réalisé que tout service a un prix !