Jingzhou, des temps anciens
aux temps modernes
YI FAN
Située dans la province du Hubei, Jingzhou est une ancienne ville culturelle renommée
et était jadis une position disputée par les stratèges. Le grand
poète Qu Yuan composa, dans ce berceau de la culture du pays de
Chu, son célèbre poème exprimant ses sentiments sur le sort de
la nation et du peuple».
Jingzhou
se trouve sur le cours moyen du fleuve Yangtsé, et au centre de
la plaine Jianghan. Elle est un important nœud de communication
tous azimuts de la Chine, et un centre de distribution. Son nom
viendrait du mont Jingshan. Cette ville, qui dispose de 483 km
de ligne riveraine, s’étend sur une superficie de 14 000 km².
Sa population atteint 6,3 millions d’habitants.
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Lors
de la Fête du dragon (le 5 du 5e mois du calendrier
lunaire), des hôtes distingués chinois et étrangers se réunissent.
M. Liu Keyi (1er à g.), secrétaire du comité
municipal du Parti de Jingzhou, est présent. |
Jingzhou est une ville historique. Le pays de Chu y
a établi sa capitale en 411 av. J.-C. et vingt rois de Chu s’y
sont succédé. La culture du pays de Chu s’harmonisait bien avec
celle du fleuve Jaune et pouvait alors tenir la comparaison avec
la culture grecque de la même époque. Représentant de l’ancienne
civilisation du bassin du Yangtsé, Qu Yuan, l'un des quatre lettrés
bien connus dans le monde, y a écrit son célèbre poème exprimant
ses sentiments sur le sort de la nation et du peuple
et Lisao (Tristesse de l’éloignement), première
pièce du recueil des Élégies de Chu.
Depuis
l’Antiquité, Jingzhou est une position importante disputée par
les stratèges. D’après le Roman des Trois Royaumes (220-280),
des histoires ( « Liu Bei du royaume de Shu emprunta intelligemment
Jingzhou au royaume de Wu » et « Guan Yu,
général de Shu, perdit Jingzhou ») faisant l’objet de
l’admiration générale ont permis à Jingzhou d'acquérir une grande
renommée, tant en Chine qu’à l’étranger. Ressources touristiques,
vestiges, sites pittoresques et végétation en abondance ont fait
de Jingzhou une véritable ville touristique.
Étant
l'une des vingt-quatre villes culturelles renommées à faire partie
lors de la première publication des villes touristiques du pays,
Jingzhou abrite: cinq ruines de l’ancien rempart du pays de Chu;
plus de 800 grands tombeaux; les anciens temples taoïstes Xuanmiao,
Kaiyuan et Taihui de la dynastie des Tang (618-907); le temple
bouddhique Zhanghua de la dynastie des Yuan (1206-1368); le grand
musée où sont conservés plus de 100 000 objets précieux de Jingzhou;
une ancienne dépouille de la dynastie des Han (206 av. J.-C.-220
apr. J.-C.); de la soie de la période des Royaumes combattants
(475-222 av. J.-C.); et l’épée royale du pays de Yue. Avec le
développement du tourisme, le gouvernement municipal a récemment
mis en valeur le site pittoresque Songziguang Weishui, et celui
de Honghu et Xinshendong, formant ainsi deux itinéraires touristiques,
au même titre que les
Trois gorges du Yangtsé et l’histoire
des Trois Royaumes.
La
nouvelle Jingzhou
Réputée
pour sa grande richesse de produits, Jingzhou a été nommée cette
année à la fois comme base de produits agricoles et base de l’industrie
chimique, ville d’essai de la réforme d’ensemble et « Point
clé de l’ordre du jour du XXIe siècle ». Ainsi,
cette ville ancienne a pris un nouvel aspect, en formant une structure
industrielle basée sur les industries textile, chimique, mécanique,
alimentaire et des électroménagers.
Ces
dernières années, la puissance d’ensemble de son économie
régionale s’est nettement fortifiée. En 2002, le PIB de Jingzhou
a atteint 3,6 milliards de yuans; chaque année, le taux
moyen de croissance de sa production industrielle oscille
de 15 à 19 %. Depuis le nouveau siècle, l’économie de Jingzhou
enregistre une croissance continue. La proportion des trois secteurs
(industrie, agriculture et services) dans sa structure industrielle
tend à se rationaliser. Le commerce extérieur s’anime de plus
en plus. En 2002, la création de revenus en devises, tirés de
son exportation, a dépassé 100 millions de dollars US. On y compte
411 entreprises à capitaux mixtes, à capitaux étrangers ou avec
création de société commune.
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Le
pavillon Binyang, surmontant la porte est de Jingzhou. |
Le
développement économique de Jingzhou a stimulé son urbanisation
et sa physionomie connaît de grands changements de jour en jour.
Les ponts et les routes ont joué un rôle important dans son urbanisation.
Un grand pont routier de plus de 4 km y a été mis en service
récemment et il enjambe magnifiquement le Yangtsé, ce qui en fait
le « pont de l’enrichissement » des habitants des deux
plaines (Jianghan et Dongtinghu). Après avoir construit la place
Shalongda, le parc Gucheng, le Centre olympique et le grand théâtre,
le gouvernement municipal a investi dans la construction du grand
boulevard Jingsha, du nouveau quartier au sud du Yangtsé, et de
la galerie riveraine de peintures qui s’étire sur cinq km. Ces
infrastructures ont non seulement perfectionné les fonctions
de Jingzhou, mais encore accéléré le rythme d’édification d’une « ville
d’eau et de végétation ».
Le
long congé de la fête du 1er-Mai et la fête
des régates de barques-dragons ont captivé l’attention de plus
de 400 000 touristes chinois et étrangers. Les cultures du pays
de Chu et des Trois Royaumes, ainsi que l’écotourisme ont
nettement aidé le secteur touristique de Jingzhou à réaliser son
industrialisation. L’ancienne ville s’est bien métamorphosée.
Selon
les dires du secrétaire du comité municipal du Parti de
Jingzhou : « En profitant
de la bonne occasion offerte par le Xe Plan
quinquennal, nous nous efforçons d’édifier Jingzhou en un grand
marché pour nos deux plaines, en un centre d’informations, en
un nœud de communication sur le cours moyen du Yangtsé et en une
ville vedette combinant le développement des trois secteurs.
Le
secret de son dynamisme
Seule
une réforme résolue peut engendrer la prospérité de l’économie
urbaine. Le dynamisme des entreprises constitue la force motrice
du développement régional. S’appuyant sur sa supériorité sur le
plan des ressources naturelles, Jingzhou a non seulement
créé une nouvelle voie d’industrialisation de l’agriculture, caractérisée
par l’agriculture de la plaine Jianghan, mais encore établi un
grand nombre d’entreprises pilotes réalisant une valeur de production
annuelle de plus de 100 millions de yuans. Le groupe Tianfa en
est un bon exemple.
Par
ailleurs, Jingzhou a donné une impulsion à la réforme des entreprises,
en suivant le principe général selon lequel les entreprises importantes
doivent former des groupes, et les entreprises grandes ou moyennes,
être cédées à l’exploitation du secteur privé. À Jingzhou, la
SARL de l’industrie textile Aoda (à l’origine, l’usine textile
Jingsha) en est un bon exemple. Elle a fondé sa croissance
sur la base d’une entreprise privée.
Innover
et progresser
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M.
He Mingcai, PDG de la SARL Aoda, fait une inspection dans
un atelier. |
En
1988, la SARL industrielle Tianfa a été fondée par un regroupement
d’entreprises. Actuellement, sous la conduite de M. Gong Jialong, PDG et ingénieur supérieur de ce groupe d’entreprises modernes,
tous les employés se consacrent au développement de produits finis
du pétrole et du gaz de pétrole liquéfié, à la transformation
poussée des produits agricoles et subsidiaires, à la papeterie,
à la réalisation de produits chimiques d’usage courant, etc. Sous
sa direction, la SARL industrielle Tianfa, la SARL de sciences
et techniques Tianyi (deux sociétés cotées), la SARL d’agriculture
moderne Tianrong, la SARL papetière Shuailun et la SARL d’industrie
chimique d’objets d’usage courant Huoli 28 (trois sociétés non
cotées) ont des avoirs de plus de sept milliards de yuans.
Actuellement,
les stations d’essence installées par la SARL de l’industrie pétrochimique
de Chine et la SARL de l’industrie pétrolière de Chine se dispersent
dans toutes les villes du pays. La SARL industrielle Tianfa tentent
de les égaler.
La
SARL industrielle Tianfa a construit une centaine de postes d’essence
dans les provinces du Hunan, de l’Anhui, du Jiangsu et dans une
dizaine d’autres provinces et municipalités de même que trois
dépôts d’essence de la classe des 30 000 tonnes à Sanxia, Yangluo
et Nanchang. Elle a établi en outre une coopération avec la Norvège,
en créant la plus grande flotte de transport de gaz de pétrole
liquéfié sur le Yangtsé. L’intégration de ses filiales accroît
sans cesse la valeur ajoutée de ses actifs industriels. La
SARL industrielle Tianfa est la troisième grande marque
d’essence du pays.
La
SARL de sciences et techniques Tianyi possède trois usines modernes
dans la région de Jingzhou; ces usines peuvent transformer 200
000 tonnes de colza. Son huile a été désignée « aliment organique »
par le Centre de développement des aliments organiques de Chine.
Parallèlement,
cette SARL exploite la biopharmacie. Pour créer un nouveau pôle
de croissance économique, son parc industriel de nouvelles biotechnologies
de pointe du Hubei a mis l’accent sur l’étude et l’exploitation
des produits pharmaceutiques.
La
SARL d’agriculture moderne Tianrong travaille à la transformation
raffinée des produits agricoles et subsidiaires. Elle a introduit
des équipements avancés des Pays-Bas, du Japon et de l’Italie.
Elle a aussi construit trois usines ayant les capacités annuelles
suivantes: l'une peut préparer 80 000 tonnes de fourrages et les
deux autres peuvent traiter respectivement 100 000 tonnes de riz
et 100 000 tonnes de blé. Ses produits de riz, de marque Tianfa
Tianrun, ont obtenu la certification « aliment organique »,
délivrée par l’État.
Par
ailleurs, la SARL papetière Shuailun peut produire annuellement
300 000 tonnes de papier. Ses produits kraft (papier d’emballage)
de classe B ont obtenu la médaille d'argent des « Conquêtes
scientifiques de Chine », et son papier kraft min, une médaille
d’or, lors de la première foire de l’industrie légère de
Chine. La SARL d’industrie chimique d’objets d’usage courant Huoli
28 a mis au point une série de produits de marque Po’er qui
sont vendus en gros sur les marchés d’une vingtaine de provinces,
dont le Hubei, Beijing, le Hunan, le Guangdong.
Actuellement,
cette dernière société coopère avec l’université Qinghua et l’Académie
des sciences de Chine dans la création d’un institut de recherche
sur l’industrie chimique, avec l’objectif d’exploiter de nouveaux
produits d’avant-garde d’usage courant, au niveau international.
En
2001, le groupe industriel Tianfa s’est classé dans la
liste des 500 entreprises les plus puissantes du pays.
Ses succès tiennent au fait que le groupe encourage fortement
l’industrialisation de l’agriculture, regroupe les grandes entreprises
et applique une stratégie de production à grande échelle. M. Gong
Jialong dirige résolument tous les membres de son groupe de direction
dans l’exploitation des produits et des forces potentielles de
marché.
Surmonter
les difficultés pour remporter la victoire
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Vue
d’une section de l'atelier de la SARL Aoda. |
M.
He Mingcai, directeur général de la SARL d’industrie textile Aoda,
a conduit tous les employés de l’ancienne usine textile Jingsha
à surmonter les difficultés, en transformant l’ancienne usine
en la SARL de l’industrie textile Aoda.
En
mars 1999, le printemps renaissait dans la plaine Jianghan. Toutefois,
le déficit de l’usine textile Jingsha, accumulé depuis trois ans
et huit mois, atteignait alors 120 millions de yuans. Le taux
de passif était de 113 %. C’est dans ce contexte difficile que
M. He entra en fonctions.
Souffrant
d’une pénurie d’actifs, de matières premières et de produits,
l’entreprise ne savait plus ce qu’elle pourrait fabriquer et M.
He était fort conscient de la gravité du problème. Ne reculant
devant rien, il se rendit à la banque, dès le deuxième
jour, pour demander un emprunt. Heureusement, il réussit à obtenir
un crédit de 1,5 million de yuans et à rassembler 500 tonnes
de coton et 200 tonnes de fibres synthétiques. Ces mesures permirent
aux employés de voir enfin la lumière au bout du tunnel.
M.
He décida également d’établir un service de réforme, un service
d’exploitation des produits et un service d’enquêtes de marché.
C’est ainsi qu’il trouva finalement un produit dont le marché
avait besoin. Puis, il organisa des ouvriers pour procéder à des
essais. Un essai qui devait durer trois jours fut réussi en deux
jours et demi. Fou de joie, M. He apporta lui-même des échantillons
pour les vendre à Guangzhou et à Shenzhen. Les clients de Guangzhou
purent constater par eux-mêmes que ces échantillons dépassaient
les standards d’État. Après son retour de Guangzhou, M. He organisa
ses techniciens pour réaliser une dizaine de nouveaux produits.
La qualité et la fiabilité de ces produits permirent à sa société
de réaliser des bénéfices de 280 000 yuans le mois suivant. Toute
la société était en ébullition.
En
pensant au développement de son entreprise, M. He savait fort
bien que la réforme était vraiment la force motrice du progrès.
Avec le service de réforme, il étudia maintes et maintes fois
le projet de réforme. En appliquant un mode de gestion collective,
il a simplifié l’appareil administratif et réduit les frais et
le personnel. Trois mois plus tard, la société produisait à plein
régime. En 2000, la valeur globale de son entreprise avait atteint
227 millions de yuans, et le revenu des ventes, 266 millions de
yuans.