MARS  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Jingzhou, des temps anciens aux temps modernes

YI FAN

Située dans la province du Hubei, Jingzhou est une ancienne ville culturelle renommée et était jadis une position disputée par les stratèges. Le grand poète Qu Yuan composa, dans ce berceau de la culture du pays de Chu, son célèbre poème exprimant ses sentiments sur le sort de la nation et du peuple».

Jingzhou se trouve sur le cours moyen du fleuve Yangtsé, et au centre de la plaine Jianghan. Elle est un important nœud de communication tous azimuts de la Chine, et un centre de distribution. Son nom viendrait du mont Jingshan. Cette ville, qui dispose de 483 km de ligne riveraine, s’étend sur une superficie de 14 000 km². Sa population atteint 6,3 millions d’habitants.

Lors de la Fête du dragon (le 5 du 5e mois du calendrier lunaire), des hôtes distingués chinois et étrangers se réunissent. M. Liu Keyi (1er à g.), secrétaire du comité municipal du Parti de Jingzhou, est présent.

Jingzhou  est une ville historique. Le pays de Chu y a établi sa capitale en 411 av. J.-C. et vingt rois de Chu s’y sont succédé. La culture du pays de Chu s’harmonisait bien avec celle du fleuve Jaune et pouvait alors tenir la comparaison avec la culture grecque de la même époque. Représentant de l’ancienne civilisation du bassin du Yangtsé, Qu Yuan, l'un des quatre lettrés bien connus dans le monde, y a écrit son célèbre poème exprimant ses sentiments sur le sort de la nation et du peuple et Lisao (Tristesse de l’éloignement), première pièce du recueil des Élégies de Chu.

Depuis l’Antiquité, Jingzhou est une position importante disputée par les stratèges. D’après le Roman des Trois Royaumes (220-280), des histoires ( « Liu Bei du royaume de Shu emprunta intelligemment Jingzhou au royaume de Wu » et « Guan Yu, général de Shu, perdit Jingzhou ») faisant l’objet de l’admiration générale ont permis à Jingzhou d'acquérir une grande renommée, tant en Chine qu’à l’étranger. Ressources touristiques, vestiges, sites pittoresques et végétation en abondance ont fait de Jingzhou une véritable ville touristique.

Étant l'une des vingt-quatre villes culturelles renommées à faire partie lors de la première publication des villes touristiques du pays, Jingzhou abrite: cinq ruines de l’ancien rempart du pays de Chu; plus de 800 grands tombeaux; les anciens temples taoïstes Xuanmiao, Kaiyuan et Taihui de la dynastie des Tang (618-907); le temple bouddhique Zhanghua de la dynastie des Yuan (1206-1368); le grand musée où sont conservés plus de 100 000 objets précieux de Jingzhou; une ancienne dépouille de la dynastie des Han (206 av. J.-C.-220 apr. J.-C.); de la soie de la période des Royaumes combattants (475-222 av. J.-C.); et l’épée royale du pays de Yue. Avec le développement du tourisme, le gouvernement municipal a récemment mis en valeur le site pittoresque Songziguang Weishui, et celui de Honghu et Xinshendong, formant ainsi deux itinéraires touristiques, au même titre que  les Trois gorges du Yangtsé et  l’histoire des Trois Royaumes.

La nouvelle Jingzhou

Réputée pour sa grande richesse de produits, Jingzhou a été nommée cette année à la fois comme base de produits agricoles et base de l’industrie chimique, ville d’essai de la réforme d’ensemble et « Point clé de l’ordre du jour du XXIe siècle ». Ainsi, cette ville ancienne a pris un nouvel aspect, en formant une structure industrielle basée sur les industries textile, chimique, mécanique, alimentaire et des électroménagers.

Ces dernières années, la puissance d’ensemble de son économie régionale s’est nettement fortifiée. En 2002, le PIB de Jingzhou a atteint 3,6 milliards de yuans; chaque année, le taux  moyen de croissance de sa production industrielle oscille de 15 à 19 %. Depuis le nouveau siècle, l’économie de Jingzhou enregistre une croissance continue. La proportion des trois secteurs (industrie, agriculture et services) dans sa structure industrielle tend à se rationaliser. Le commerce extérieur s’anime de plus en plus. En 2002, la création de revenus en devises, tirés de son exportation, a dépassé 100 millions de dollars US. On y compte 411 entreprises à capitaux mixtes, à capitaux étrangers ou avec création de société commune.

Le pavillon Binyang, surmontant la porte est de Jingzhou.

Le développement économique de Jingzhou a stimulé son urbanisation et sa physionomie connaît de grands changements de jour en jour. Les ponts et les routes ont joué un rôle important dans son urbanisation. Un grand pont routier de plus de 4 km y a été mis en service récemment et il enjambe magnifiquement le Yangtsé, ce qui en fait le « pont de l’enrichissement » des habitants des deux plaines (Jianghan et Dongtinghu). Après avoir construit la place Shalongda, le parc Gucheng, le Centre olympique et le grand théâtre, le gouvernement municipal a investi dans la construction du grand boulevard Jingsha, du nouveau quartier au sud du Yangtsé, et de la galerie riveraine de peintures qui s’étire sur cinq km. Ces infrastructures ont non seulement perfectionné les fonctions de Jingzhou, mais encore accéléré le rythme d’édification d’une « ville d’eau et de végétation ».

Le long congé de la fête du 1er-Mai  et la fête des régates de barques-dragons ont captivé l’attention de plus de 400 000 touristes chinois et étrangers. Les cultures du pays de Chu et des Trois Royaumes, ainsi que l’écotourisme ont nettement aidé le secteur touristique de Jingzhou à réaliser son industrialisation. L’ancienne ville s’est bien métamorphosée.

Selon les dires du secrétaire du comité municipal du Parti de Jingzhou : « En profitant  de la bonne occasion offerte par le Xe Plan quinquennal, nous nous efforçons d’édifier Jingzhou en un grand marché pour nos deux plaines, en un centre d’informations, en un nœud de communication sur le cours moyen du Yangtsé et en une ville vedette combinant le développement des trois secteurs.

Le secret de son dynamisme

Seule une réforme résolue peut engendrer la prospérité de l’économie urbaine. Le dynamisme des entreprises constitue la force motrice du développement régional. S’appuyant sur sa supériorité sur le plan des ressources naturelles, Jingzhou a non seulement créé une nouvelle voie d’industrialisation de l’agriculture, caractérisée par l’agriculture de la plaine Jianghan, mais encore établi un grand nombre d’entreprises pilotes réalisant une valeur de production annuelle de plus de 100 millions de yuans. Le groupe Tianfa en est un bon exemple.

Par ailleurs, Jingzhou a donné une impulsion à la réforme des entreprises, en suivant le principe général selon lequel les entreprises importantes doivent former des groupes, et les entreprises grandes ou moyennes, être cédées à l’exploitation du secteur privé. À Jingzhou, la SARL de l’industrie textile Aoda (à l’origine, l’usine textile Jingsha) en est un bon exemple. Elle a fondé sa croissance sur la base d’une entreprise privée.

Innover et progresser

M. He Mingcai, PDG de la SARL Aoda, fait une inspection dans un atelier.

En 1988, la SARL industrielle Tianfa a été fondée par un regroupement d’entreprises. Actuellement, sous la conduite de M. Gong Jialong,  PDG et ingénieur supérieur de ce groupe d’entreprises modernes, tous les employés se consacrent au développement de produits finis du pétrole et du gaz de pétrole liquéfié, à la transformation poussée des produits agricoles et subsidiaires, à la papeterie, à la réalisation de produits chimiques d’usage courant, etc. Sous sa direction, la SARL industrielle Tianfa, la SARL de sciences et techniques Tianyi (deux sociétés cotées), la SARL d’agriculture moderne Tianrong, la SARL papetière Shuailun et la SARL d’industrie chimique d’objets d’usage courant Huoli 28 (trois sociétés non cotées) ont des avoirs de plus de sept milliards de yuans.

Actuellement, les stations d’essence installées par la SARL de l’industrie pétrochimique de Chine et la SARL de l’industrie pétrolière de Chine se dispersent dans toutes les villes du pays. La SARL industrielle Tianfa tentent de les égaler.

La SARL industrielle Tianfa a construit une centaine de postes d’essence dans les provinces du Hunan, de l’Anhui, du Jiangsu et dans une dizaine d’autres provinces et municipalités de même que trois dépôts d’essence de la classe des 30 000 tonnes à Sanxia, Yangluo et Nanchang. Elle a établi en outre une coopération avec la Norvège, en créant la plus grande flotte de transport de gaz de pétrole liquéfié sur le Yangtsé. L’intégration de ses filiales accroît sans cesse la valeur ajoutée de ses actifs industriels. La SARL industrielle Tianfa est la troisième grande marque d’essence du pays.

La SARL de sciences et techniques Tianyi possède trois usines modernes dans la région de Jingzhou; ces usines peuvent transformer 200 000 tonnes de colza. Son huile a été désignée « aliment organique » par le Centre de développement des aliments organiques de Chine.

Parallèlement, cette SARL exploite la biopharmacie. Pour créer un nouveau pôle de croissance économique, son parc industriel de nouvelles biotechnologies de pointe du Hubei a mis l’accent sur l’étude et l’exploitation des produits pharmaceutiques.

La SARL d’agriculture moderne Tianrong travaille à la transformation raffinée des produits agricoles et subsidiaires. Elle a introduit des équipements avancés des Pays-Bas, du Japon et de l’Italie. Elle a aussi construit trois usines ayant les capacités annuelles suivantes: l'une peut préparer 80 000 tonnes de fourrages et les deux autres peuvent traiter respectivement 100 000 tonnes de riz et 100 000 tonnes de blé. Ses produits de riz, de marque Tianfa Tianrun, ont obtenu la certification « aliment organique », délivrée par l’État.

Par ailleurs, la SARL papetière Shuailun peut produire annuellement 300 000 tonnes de papier. Ses produits kraft (papier d’emballage) de classe B ont obtenu la médaille d'argent des « Conquêtes scientifiques de Chine », et son papier kraft min, une médaille d’or, lors de la première foire de l’industrie légère de Chine. La SARL d’industrie chimique d’objets d’usage courant Huoli 28 a mis au point une série de produits de marque Po’er qui sont vendus en gros sur les marchés d’une vingtaine de provinces, dont le Hubei, Beijing, le Hunan, le Guangdong.

Actuellement, cette dernière société coopère avec l’université Qinghua et l’Académie des sciences de Chine dans la création d’un institut de recherche sur l’industrie chimique, avec l’objectif d’exploiter de nouveaux produits d’avant-garde d’usage courant, au niveau international.

En 2001, le groupe industriel Tianfa s’est classé dans la liste des 500 entreprises les plus puissantes du pays. Ses succès tiennent au fait que le groupe encourage fortement l’industrialisation de l’agriculture, regroupe les grandes entreprises et applique une stratégie de production à grande échelle. M. Gong Jialong dirige résolument tous les membres de son groupe de direction dans l’exploitation des produits et des forces potentielles de marché. 

Surmonter les difficultés pour remporter la victoire

Vue d’une section de l'atelier de la SARL Aoda.

M. He Mingcai, directeur général de la SARL d’industrie textile Aoda, a conduit tous les employés de l’ancienne usine textile Jingsha à surmonter les difficultés, en transformant l’ancienne usine en la SARL de l’industrie textile Aoda.

En mars 1999, le printemps renaissait dans la plaine Jianghan. Toutefois, le déficit de l’usine textile Jingsha, accumulé depuis trois ans et huit mois, atteignait alors 120 millions de yuans. Le taux de passif était de 113 %. C’est dans ce contexte difficile que M. He entra en fonctions.

Souffrant d’une pénurie d’actifs, de matières premières et de produits, l’entreprise ne savait plus ce qu’elle pourrait fabriquer et M. He était fort conscient de la gravité du problème. Ne reculant devant rien, il se rendit à la banque, dès le deuxième jour, pour demander un emprunt. Heureusement, il réussit à obtenir un crédit de 1,5 million de yuans et à rassembler 500 tonnes de coton et 200 tonnes de fibres synthétiques. Ces mesures permirent aux employés de voir enfin la lumière au bout du tunnel.

M. He décida également d’établir un service de réforme, un service d’exploitation des produits et un service d’enquêtes de marché. C’est ainsi qu’il trouva finalement un produit dont le marché avait besoin. Puis, il organisa des ouvriers pour procéder à des essais. Un essai qui devait durer trois jours fut réussi en deux jours et demi. Fou de joie, M. He apporta lui-même des échantillons pour les vendre à Guangzhou et à Shenzhen. Les clients de Guangzhou purent constater par eux-mêmes que ces échantillons dépassaient les standards d’État. Après son retour de Guangzhou, M. He organisa ses techniciens pour réaliser une dizaine de nouveaux produits. La qualité et la fiabilité de ces produits permirent à sa société de réaliser des bénéfices de 280 000 yuans le mois suivant. Toute la société était en ébullition.

En pensant au développement de son entreprise, M. He savait fort bien que la réforme était vraiment la force motrice du progrès. Avec le service de réforme, il étudia maintes et maintes fois le projet de réforme. En appliquant un mode de gestion collective, il a simplifié l’appareil administratif et réduit les frais et le personnel. Trois mois plus tard, la société produisait à plein régime. En 2000, la valeur globale de son entreprise avait atteint 227 millions de yuans, et le revenu des ventes, 266 millions de yuans.