MARS  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

La loi a des raisons….

GUO LI

Un homme apprécié

Un homme était accroupi au bord d’un sentier, le regard vers les arbres qui avaient été rasés par un incendie qu’il avait lui-même causé.

« Ils sont tous foutus ! Cinq ans d’efforts envolés en fumée ! », soupira-t-il, l’air triste. Il s’attendait à une peine sévère.

Dans le village, on l’appelle Li Po. Il est très connu, parce qu’il avait loué du gouvernement local une parcelle de terre de plus de 30 hectares, s’étendant sur les deux collines, pour planter des arbres. Il avait répondu à l’appel du Conseil des affaires d’État, au cours de la campagne de reboisement.

Il y a quelques années, la région était pratiquement dénudée d’arbres. Les conséquences en étaient désastreuses : une inondation terrible en 1998, puis une suite de tempêtes de sable, de sécheresses, de fléaux causés par les insectes, sans compter l’affaissement de la nappe phréatique. On assistait également à la diminution de la biodiversité, à l’érosion et à l’appauvrissement du sol. Face à cette situation qui menaçait l’existence des hommes, cette même personne s’était accroupie, avec les mêmes profonds soupirs et avait murmuré  entre ses dents : « On ne peut plus vivre ici, les terres sont maigres, l’eau nous manque, il n’y a pas de bois pour se chauffer ni d’argent… L’existence était vraiment menacée. C’est à ce moment que Li Po s’était senti déterminé à reboiser les collines et à inciter les villageois à lutter contre les calamités naturelles.

L’incendie lui a causé de lourdes pertes économiques ; ce qui est encore pire, c’est qu’il doit endosser la responsabilité pénale.

Il est accusé d’avoir mis feu à la forêt. Normalement, en vertu de la loi, il aurait dû être condamné à une peine allant de trois à sept ans d’emprisonnement, en plus de devoir payer une amende de 410 000 yuans. Mais on a  tenu compte de sa plaidoirie et on s’est basé sur le fait que l’incendie a eu lieu par négligence et que les moyens pour l’éteindre manquaient, c’est-à-dire que l’acte avait été occasionné par des causes imprévisibles et inévitables et n’avait pas été commis intentionnellement.

En conformité avec la loi, les sympathisants du village ont donc formulé une demande au tribunal, sollicitant de supprimer la responsabilité pénale de Li Po.

Finalement, le tribunal décida de commuer la peine d’emprisonnement en sanction disciplinaire. Li Po a été condamné à replanter 310 000 arbres sur cinq ans, soit de 2002 à 2007, et ce, à ses propres frais.

Une femme désespérée

La femme de ménage Liu et le retraité Wang cohabitaient depuis sept ans. C’était un secret de polichinelle pour leurs amis, ainsi que pour leurs enfants. Les enfants de Wang connaissaient bien Liu, et ils la considéraient comme un membre de la famille.

Un jour, sans prévenir, Wang donna à Liu une liasse de billets et  lui dit: « Voici de l’argent pour que tu puisses vivre ailleurs. Ce montant est suffisant pour couvrir tes dépenses pendant les années qui restent. »

Puis, il reprit après un court moment : «  Cela n’a pas été facile pour nous de vivre ensemble si longtemps. »  Cette fin honteuse éclata comme un coup de tonnerre.

Terrifiée, Liu se rendit consulter un avocat. Elle fut reçue par Maître Ma, qui écouta avec patience les récits de sa cliente.

« Il m’avait promis de m’épouser, lorsque j’étais sa femme de ménage. Un an après, il m’a proposé de cohabiter avec lui. Je n’ai pas accepté. Je lui ai demandé de signer un certificat de mariage avant tout. Il a dit qu’il fallait laisser aux enfants le temps nécessaire pour comprendre », dit-elle.

Dans ce contexte, elle avait accepté la cohabitation. Depuis lors, Wang la présentait à ses amis comme « sa femme » et les enfants de cette dernière considéraient Wang comme leur « beau- père ». Tous les deux étaient contents de cohabiter. À leurs yeux, le certificat de mariage n’était qu’un papier inutile.

Il n’y a pas de roses sans épines. Depuis que Wang avait appris que son ancienne amie, plutôt son ancienne subalterne, était encore célibataire, il avait commencé à lui téléphoner et à l’inviter à sortir, délaissant Liu.

Celle-ci croit que Wang l’a trompée, que son acte constitue une trahison et qu’il devrait être condamné par la loi.

L’avocat Ma lui répondit sans détour : « Madame, la cohabitation n’est pas protégée par la loi. Vous devrez endurer toutes les conséquences qui en découlent ».

Il proposa cependant une médiation pour ménager la chèvre et le chou.

Selon une enquête effectuée à Tianjin par le chercheur Hao, 50 % des veufs et des veuves préfèrent cohabiter durant leurs dernières années. Quelle en est la cause ? Il faut dire que les Chinois ont une conception traditionnelle bien ancrée dans ce domaine…