La
loi a des raisons….
GUO
LI
Un
homme apprécié
Un
homme était accroupi au bord d’un sentier, le regard vers les
arbres qui avaient été rasés par un incendie qu’il avait lui-même
causé.
« Ils sont tous foutus !
Cinq ans d’efforts envolés en fumée ! », soupira-t-il,
l’air triste. Il s’attendait à une peine sévère.
Dans le village, on l’appelle Li
Po. Il est très connu, parce qu’il avait loué du gouvernement
local une parcelle de terre de plus de 30 hectares, s’étendant
sur les deux collines, pour planter des arbres. Il avait répondu
à l’appel du Conseil des affaires d’État, au cours de la campagne
de reboisement.
Il y a quelques années, la région
était pratiquement dénudée d’arbres. Les conséquences en étaient
désastreuses : une inondation terrible en 1998, puis une
suite de tempêtes de sable, de sécheresses, de fléaux causés par
les insectes, sans compter l’affaissement de la nappe phréatique.
On assistait également à la diminution de la biodiversité, à l’érosion
et à l’appauvrissement du sol. Face à cette situation qui menaçait
l’existence des hommes, cette même personne s’était accroupie,
avec les mêmes profonds soupirs et avait murmuré entre ses
dents : « On ne peut plus vivre ici, les terres sont
maigres, l’eau nous manque, il n’y a pas de bois pour se chauffer
ni d’argent… L’existence était vraiment menacée. C’est à ce moment
que Li Po s’était senti déterminé à reboiser les collines et à
inciter les villageois à lutter contre les calamités naturelles.
L’incendie lui a causé de lourdes
pertes économiques ; ce qui est encore pire, c’est qu’il
doit endosser la responsabilité pénale.
Il est accusé d’avoir mis feu à
la forêt. Normalement, en vertu de la loi, il aurait dû être condamné
à une peine allant de trois à sept ans d’emprisonnement, en plus
de devoir payer une amende de 410 000 yuans. Mais on a
tenu compte de sa plaidoirie et on s’est basé sur le fait
que l’incendie a eu lieu par négligence et que les moyens
pour l’éteindre manquaient, c’est-à-dire que l’acte avait été
occasionné par des causes imprévisibles et inévitables et n’avait
pas été commis intentionnellement.
En conformité avec la loi, les
sympathisants du village ont donc formulé une demande au tribunal,
sollicitant de supprimer la responsabilité pénale de Li Po.
Finalement, le tribunal décida
de commuer la peine d’emprisonnement en sanction disciplinaire.
Li Po a été condamné à replanter 310 000 arbres sur cinq ans,
soit de 2002 à 2007, et ce, à ses propres frais.
Une femme désespérée
La
femme de ménage Liu et le retraité Wang cohabitaient depuis sept
ans. C’était un secret de polichinelle pour leurs amis, ainsi
que pour leurs enfants. Les enfants de Wang connaissaient bien
Liu, et ils la considéraient comme un membre de la famille.
Un jour, sans prévenir, Wang donna
à Liu une liasse de billets et
lui dit: « Voici de l’argent pour que tu puisses vivre
ailleurs. Ce montant est suffisant pour couvrir tes dépenses pendant
les années qui restent. »
Puis, il reprit après un court
moment : « Cela n’a pas été facile pour nous de vivre
ensemble si longtemps. » Cette fin honteuse éclata comme
un coup de tonnerre.
Terrifiée, Liu se rendit consulter un avocat. Elle fut reçue par Maître
Ma, qui écouta avec patience les récits de sa cliente.
« Il m’avait promis de m’épouser,
lorsque j’étais sa femme de ménage. Un an après, il m’a proposé
de cohabiter avec lui. Je n’ai pas accepté. Je lui ai demandé
de signer un certificat de mariage avant tout. Il a dit qu’il
fallait laisser aux enfants le temps nécessaire pour comprendre »,
dit-elle.
Dans ce contexte, elle avait accepté
la cohabitation. Depuis lors, Wang la présentait à ses amis comme
« sa femme » et les enfants de cette dernière considéraient
Wang comme leur « beau- père ». Tous les deux étaient
contents de cohabiter. À leurs yeux, le certificat de mariage
n’était qu’un papier inutile.
Il n’y a pas de roses sans épines.
Depuis que Wang avait appris que son ancienne amie, plutôt son
ancienne subalterne, était encore célibataire, il avait commencé
à lui téléphoner et à l’inviter à sortir, délaissant Liu.
Celle-ci croit que Wang l’a trompée,
que son acte constitue une trahison et qu’il devrait être condamné
par la loi.
L’avocat Ma lui répondit sans détour :
« Madame, la cohabitation n’est pas protégée par la loi.
Vous devrez endurer toutes les conséquences qui en découlent ».
Il proposa cependant une médiation
pour ménager la chèvre et le chou.
Selon une enquête effectuée à Tianjin
par le chercheur Hao, 50 % des veufs et des veuves préfèrent cohabiter
durant leurs dernières années. Quelle en est la cause ? Il
faut dire que les Chinois ont une conception traditionnelle bien
ancrée dans ce domaine…