Les
déléguées aux assemblées populaires,
de l’élégance
et bien plus
ZHANG
XIWEN
On suit toujours de près la participation des femmes
à l’administration gouvernementale et politique. La Révolution
française de 1789 est considérée comme la première expression
de la volonté des femmes à participer à la vie politique,
mais en Chine, celle-ci s’est manifestée plus tôt.
Il y a plus de 2 000 ans, l’impératrice Lüruo gouvernait déjà la cour.
L’impératrice Wu Zetian participa non seulement à l’administration,
mais encore prit elle-même le pouvoir à l’époque des Tang. Durant
la dynastie des Qing (1644-1911), Cixi était une
douairière qui a aussi assumé le pouvoir. La réussite de la
participation de ces femmes à la vie politique tenait à leur statut
impérial.
Pour
participer vraiment à l’administration gouvernementale et politique,
les Chinoises ont dû attendre
l’avènement de la Chine nouvelle, en 1949. Pour encourager la
participation des femmes, le gouvernement chinois fixe non seulement
le pourcentage minimum de postes à pourvoir par les femmes à
tous les échelons de l’administration, mais réserve aussi
un nombre de places pour les déléguées dans les organes suprêmes
de Chine. D’après des statistiques établies à la fin 2000, il
y avait près de 14,9 millions de femmes cadres, soit 36,2 %. On
comptait 77 300 femmes cadres, soit 15,1 % du total des cadres
dans les organismes à l’échelon supérieur au district. Dans les
trente et une provinces, régions autonomes et municipalités
relevant directement de l’autorité centrale, une femme au moins
fait partie du groupe dirigeant; dans quinze provinces et régions
autonomes, il y en a deux. La proportion des déléguées de l’APN s’élève d’année
en année: cette année, elle atteint 25 %.
La participation des femmes à la vie politique change
doucement ce monde d’hommes. Toutefois, les femmes subissent toujours
la pression du régime patriarcal. Si on dit que l’homme considère
la politique comme son métier, pour la plupart des femmes, c’est
seulement un cumul de fonctions.
Zhu Lilan, une femme audacieuse
|
Zhu
Lilan (à g.) assiste
à la cérémonie de baptême
d’une petite planète, tenue à Hongkong. |
Zhu Lilan, ancienne directrice de l’Institut de chimie
de l’Académie des sciences de Chine, vice-directrice de la Commission
d’État des sciences et ministre des Sciences et Techniques, a
été élue comme déléguée à la IXe
APN. À cause de sa forte personnalité, c’est une directrice controversée
dans les milieux gouvernementaux.
Âgée de 67 ans, Zhu a l’esprit subtil et attache
de l’importance au concret. Face
au faible revenu des intellectuels chinois, elle a proposé que
la connaissance soit un facteur important pour établir la répartition
selon le travail. Le salaire des enseignants est aujourd’hui cinq
fois plus élevé qu’autrefois. Elle a été la première à proposer
un changement de la mentalité traditionnelle qui n'attachait
de l’importance qu'à la recherche, au détriment de l’exploitation.
La majorité des professeurs alors présents s’y opposaient. Pourtant,
cette proposition a engendré l’essor de l’établissement des sociétés
de technologie de pointe dans les écoles supérieures. Après qu’elle
ait critiqué les aspirants à la maîtrise ou au doctorat qui assistaient
avec un interprète aux conférences données en langues autres que
le chinois, la connaissance des langues étrangères est devenue
un critère pour mesurer la qualité des études et évaluer un étudiant.
Lors d’une causerie sur la mise en valeur de l’Ouest,
des gens tentaient d’éviter la question du nouveau coup de barre
à donner à la campagne
de l’Ouest ; pour sa part, Zhu est
allée droit au cœur du problème en disant : « Quand
on compare l’Est et l’Ouest, la différence se présente
sous divers aspects, dont d’abord dans la mentalité sur l’ouverture
et la réforme. La mise
en valeur de l’Ouest ne dépend pas d’une certaine somme d’investissement,
mais plutôt du niveau d’émancipation personnelle » Ces paroles
lui ont gagné le soutien des spécialistes, mais elles
ont suscité de l’embarras chez les fonctionnaires de l’Ouest.
Zhu a reçu
le prix du meilleur service de l’Association des ingénieurs
chinois d’Amérique, pour
la réalisation du fameux « projet 863 » (Programme
de développement technique et de recherche en
technologie de pointe). Cette femme doit sa réussité à son assiduité
et au déploiement d’efforts continus pour étudier davantage et
perfectionner sa spécialité. Elle reste souvent jusqu’à minuit
à son bureau pour étudier. Ses cahiers de notes se comptent par
centaines.
Xie Xin’ai
Son objectif : enrichir les paysans
LI WUZHOU
|
La
famille de Xie Xin’ai (1re à dr.). |
Une tribune temporaire a été érigée devant une rangée
de maisons du village Xujia. Une jeune femme de 21 ans s'y présente pour se porter condidate à l’élection des
délégués de l’Assemblée populaire du canton Bamaoxi du district
Sangzhi dans le Hunan. Ce canton relève de Zhangjiajie,
une ville connue, tant
à l’intérieur qu'à l’extérieur du pays, pour le paysage pittoresque
de sa région. Cette jeune femme
s’appelle Xie Xin’ai. Très émue, elle voit les paysans défiler
les uns après les autres et déposer leur bulletin de vote dans
l’urne. Elle est élue avec une majorité absolue de voix. Cette élection lui permet de réaliser un rêve caressé depuis son enfance: être fonctionnaire
et servir le peuple.
Cette scène se passait il y a dix-huit ans. Xie est maintenant déléguée municipale.
En Chine rurale, quels sont les premiers problèmes
à régler ? D’après Xie, c’est la manière d’enrichir les paysans.
Elle croit que la pauvreté empêche le développement de la campagne
chinoise, que la résolution des problèmes des paysans
repose vraiment sur le développement économique.
« Le district Sangzhi est d’accès difficile.
C’est une région qui tire de l’arrière sur le plan économique.
Les paysans peuvent manger à leur faim, mais manquent d’argent. »
En tant que déléguée à l’assemblée populaire, elle a présenté
activement des propositions de construction routière, d’installation
de lignes de télécommunication et d’aménagement de cours d’eau:
en somme, elle a trouvé des moyens pour améliorer la vie du peuple.
Elle s’est renseignée,
a établi des stages
et invité des spécialistes à donner des informations
sur le commerce mondial.
Durant ces dix-huit années, Xie Xin’ai a présenté une centaine de propositions, dont
70 sont déjà réalisées. L'une de
celles-ci la rend fière:
celle sur l’aménagement du bassin de la rivière Chenjia, présentée
au moment où elle était déléguée de district.
Autrefois, au bourg Chenjiahe, les riverains cultivaient
des champs arides sur les coteaux. La végétation était dégradée
et faisait risquer des années sans récolte durant les périodes
de sécheresse. Après un mois d’enquête, Xi a présenté
un rapport proposant : de laisser les paysans retransformer
en forêt des champs cultivés ; de planter des orangers sur
les coteaux, parce que les oranges étaient fort demandées sur
le marché mondial ; et, au pied des collines, de creuser
des rigoles pour aménager l’irrigation. Sa proposition a changé
complètement les versants désertiques . Les arbres se dressent
bien droits et gardent l’eau; chaque famille paysanne a un verger.
La rentabilité s’est multipliée. Aujourd’hui, la moitié des familles
du bourg Chenjiahe ont emménagé dans une nouvelle habitation,
équipée du téléphone
et de l’ordinateur.
Zhang Fengxian
Élaborer des lois pour protéger les faibles
TANG MUBAI
|
Zhang
Fengxian (à g.) rend visite à une ouvrière. |
Dans les yeux des voisins, c’est une femme âgée de
petite taille, toujours souriante et en bonne santé. Dans les
yeux de son petit-fils, c’est une grand-mère aimable et bienveillante,
car chaque fois qu'elle revient de mission, elle n’a pas oublié
de lui acheter des jouets.
Cependant, quand elle reçoit des gens du commun pour
écouter leurs opinions, on trouve qu’elle se fait stricte et que
son style de travail est empressé.
« Êtes-vous la déléguée Zhang ?, lui demande par téléphone
une ouvrière, le patron étranger nous oblige à faire des heures
supplémentaires; nous ne pouvons plus endurer cette situation.
Vous êtes notre déléguée; vous devez nous aider à déposer une
plainte. »
En posant le téléphone, Zhang Fengxian se dépêche
de se rendre sur place. Dans une usine de confection, elle découvre
alors une situation stupéfiante : des
ouvrières n’ont pas de temps spécialement, alloué pour manger;
elles mangent tout en travaillant sur une machine à coudre. D’ailleurs,
selon les règlements de l’usine, les ouvrières ne peuvent s’absenter
que deux fois par pour aller aux WC. Pas mal d’ouvrières sont
tombées malades à cause de cela.
Touchée au cœur, Zhang Fengxian a fait des démarches
auprès du directeur. Le problème a été résolu temporairement, mais il y a encore beaucoup de gens qui lui
confient divers problèmes : par exemple, que la sécurité
de travail n’est pas garantie, que l’environnement de travail
est mauvais, que des ouvriers sont maltraités dans certaines entreprises.
Il y a dix ans, la Chine n’avait pas d’expérience dans la
gestion des entreprises à capitaux étrangers, encore moins
des lois sur le sujet.
Au cours des sessions de l’APN, Zhang Fengxian a
proposé d’élaborer des lois sur les droits des employés des entreprises
à capitaux mixtes, à capitaux étrangers ou avec création de société
commune. Peu de temps après, le Conseil des affaires d’État a
appliqué une série de règlements concernant la garantie des employés.
« Si j'ai été élue déléguée pendant trois sessions
successives, c’est que, dans les masses populaires, j’ai une certaine réputation et que j’ose parler. En 1987, c’était la première
fois que j’étais élue déléguée. Au cours de la session, je n’osais
pas exprimer mes sentiments, partager mes opinions. » En
se rappelant la scène d’alors, Zhang Fengxian sourit.
Avec une sympathie particulière pour les femmes,
parce qu’elle-même a été ouvrière, elle s’intéresse surtout à
la garantie des intérêts des ouvriers, des paysans et
des faibles. En 1989, elle a proposé d’établir la Loi sur les prix en vue de normaliser les
prix du marché. Trois ans plus tard, cette loi était mise en vigueur.
En 1993, elle a proposé d’établir des règles pour garantir le
seuil de vie minimum des employés. Très rapidement, les dispositions
légales sur ce plan ont été mises en application. Elle a encore
proposé d’établir d’autres lois, dont la Loi
sur le travail.
Pendant les
cinq ans de la VIIe
APN, elle a présenté deux motions ; durant son
mandat de la VIIIe APN, elle a présenté neuf motions,
telles que la Loi sur le salaire, la
Loi sur l’assurance sociale, la Loi
sur l’assurance-chômage, etc. En 2000, Zhang Fengxian a proposé
d’établir une loi sur la sécurité de la production ; cette dernière a été acceptée
par la commission spéciale de l’APN.