MARS  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

 Les déléguées aux assemblées populaires,

de l’élégance et bien plus

ZHANG XIWEN

On suit toujours de près la participation des femmes à l’administration gouvernementale et politique. La Révolution française de 1789 est considérée comme la première expression de la volonté des femmes à participer à la vie politique, mais en Chine, celle-ci s’est manifestée plus tôt.  Il  y a plus de 2 000 ans, l’impératrice Lüruo gouvernait déjà la cour. L’impératrice Wu Zetian participa non seulement à l’administration, mais encore prit elle-même le pouvoir à l’époque des Tang. Durant la dynastie des Qing (1644-1911), Cixi était une douairière qui a aussi assumé le pouvoir. La réussite de la participation de ces femmes à la vie politique tenait à leur statut impérial.

Pour participer vraiment à l’administration gouvernementale et politique, les Chinoises ont dû attendre l’avènement de la Chine nouvelle, en 1949. Pour encourager la participation des femmes, le gouvernement chinois fixe non seulement le pourcentage minimum de postes à pourvoir par les femmes à tous les échelons de l’administration, mais réserve aussi un nombre de places pour les déléguées dans les organes suprêmes de Chine. D’après des statistiques établies à la fin 2000, il y avait près de 14,9 millions de femmes cadres, soit 36,2 %. On comptait 77 300 femmes cadres, soit 15,1 % du total des cadres dans les organismes à l’échelon supérieur au district. Dans les trente et une provinces, régions autonomes et municipalités relevant directement de l’autorité centrale, une femme au moins fait partie du groupe dirigeant; dans quinze provinces et régions autonomes, il  y en a deux.  La proportion des déléguées de l’APN s’élève d’année en année: cette année, elle atteint 25 %.

La participation des femmes à la vie politique change doucement ce monde d’hommes. Toutefois, les femmes subissent toujours la pression du régime patriarcal. Si on dit que l’homme considère la politique comme son métier, pour la plupart des femmes, c’est seulement un cumul de fonctions.

Zhu Lilan, une femme audacieuse

Zhu Lilan (à g.) assiste à la cérémonie de baptême d’une petite planète, tenue à Hongkong.

Zhu Lilan, ancienne directrice de l’Institut de chimie de l’Académie des sciences de Chine, vice-directrice de la Commission d’État des sciences et ministre des Sciences et Techniques, a été élue comme déléguée à la IXe APN. À cause de sa forte personnalité, c’est une directrice controversée dans les milieux gouvernementaux.

Âgée de 67 ans, Zhu a l’esprit subtil et attache de l’importance au concret.  Face au faible revenu des intellectuels chinois, elle a proposé que la connaissance soit un facteur important pour établir la répartition selon le travail. Le salaire des enseignants est aujourd’hui cinq fois plus élevé qu’autrefois. Elle a été la première à proposer un changement de la mentalité traditionnelle qui n'attachait de l’importance qu'à la recherche, au détriment de l’exploitation. La majorité des professeurs alors présents s’y opposaient. Pourtant, cette proposition a engendré l’essor de l’établissement des sociétés de technologie de pointe dans les écoles supérieures. Après qu’elle ait critiqué les aspirants à la maîtrise ou au doctorat qui assistaient avec un interprète aux conférences données en langues autres que le chinois, la connaissance des langues étrangères est devenue un critère pour mesurer la qualité des études et évaluer un étudiant.

Lors d’une causerie sur la mise en valeur de l’Ouest, des gens tentaient d’éviter la question du nouveau coup de barre à donner à la campagne de l’Ouest ; pour sa part, Zhu est allée droit au cœur du problème en disant : « Quand on compare l’Est et l’Ouest, la différence se présente sous divers aspects, dont d’abord dans la mentalité sur l’ouverture et la réforme.  La mise en valeur de l’Ouest ne dépend pas d’une certaine somme d’investissement, mais plutôt du niveau d’émancipation personnelle » Ces paroles lui ont gagné le soutien des spécialistes, mais elles ont suscité de l’embarras chez les fonctionnaires de l’Ouest.

Zhu a reçu le prix du meilleur service de l’Association des ingénieurs chinois d’Amérique, pour la réalisation du fameux « projet 863 » (Programme de développement technique et de recherche en technologie de pointe). Cette femme doit sa réussité à son assiduité et au déploiement d’efforts continus pour étudier davantage et perfectionner sa spécialité. Elle reste souvent jusqu’à minuit à son bureau pour étudier. Ses cahiers de notes se comptent par centaines.

Xie Xin’ai

Son objectif : enrichir les paysans

LI WUZHOU

La famille de Xie Xin’ai (1re à dr.).

Une tribune temporaire a été érigée devant une rangée de maisons du village Xujia. Une jeune femme de 21 ans s'y présente pour se porter condidate à l’élection des délégués de l’Assemblée populaire du canton Bamaoxi du district Sangzhi dans le Hunan. Ce canton relève de Zhangjiajie, une ville connue, tant à l’intérieur qu'à l’extérieur du pays, pour le paysage pittoresque de sa région. Cette jeune femme s’appelle Xie Xin’ai. Très émue, elle voit les paysans défiler les uns après les autres et déposer leur bulletin de vote dans l’urne. Elle est élue avec une majorité absolue de voix. Cette élection lui permet de réaliser un rêve caressé depuis son enfance: être fonctionnaire et servir le peuple.

Cette scène se passait il y a dix-huit ans. Xie est maintenant déléguée municipale.

En Chine rurale, quels sont les premiers problèmes à régler ? D’après Xie, c’est la manière d’enrichir les paysans. Elle croit que la pauvreté empêche le développement de la campagne chinoise, que la résolution des problèmes des paysans repose vraiment sur le développement économique.

« Le district Sangzhi est d’accès difficile. C’est une région qui tire de l’arrière sur le plan économique. Les paysans peuvent manger à leur faim, mais manquent d’argent. » En tant que déléguée à l’assemblée populaire, elle a présenté activement des propositions de construction routière, d’installation de lignes de télécommunication et d’aménagement de cours d’eau: en somme, elle a trouvé des moyens pour améliorer la vie du peuple. Elle s’est renseignée, a établi des stages et invité des spécialistes à donner des informations sur le commerce mondial.

Durant ces dix-huit années, Xie Xin’ai a présenté une centaine de propositions, dont 70 sont déjà réalisées. L'une de celles-ci la rend fière: celle sur l’aménagement du bassin de la rivière Chenjia, présentée au moment où elle était déléguée de district.

Autrefois, au bourg Chenjiahe, les riverains cultivaient des champs arides sur les coteaux. La végétation était dégradée et faisait risquer des années sans récolte durant les périodes de sécheresse. Après un mois d’enquête, Xi a présenté un rapport proposant : de laisser les paysans retransformer en forêt des champs cultivés ; de planter des orangers sur les coteaux, parce que les oranges étaient fort demandées sur le marché mondial ; et, au pied des collines, de creuser des rigoles pour aménager l’irrigation. Sa proposition a changé complètement les versants désertiques . Les arbres se dressent bien droits et gardent l’eau; chaque famille paysanne a un verger. La rentabilité s’est multipliée. Aujourd’hui, la moitié des familles du bourg Chenjiahe ont emménagé dans une nouvelle habitation, équipée du téléphone et de l’ordinateur.

Zhang Fengxian

Élaborer des lois pour protéger les faibles

TANG MUBAI

Zhang Fengxian (à g.) rend visite à une ouvrière.

Dans les yeux des voisins, c’est une femme âgée de petite taille, toujours souriante et en bonne santé. Dans les yeux de son petit-fils, c’est une grand-mère aimable et bienveillante, car chaque fois qu'elle revient de mission, elle n’a pas oublié de lui acheter des jouets.

Cependant, quand elle reçoit des gens du commun pour écouter leurs opinions, on trouve qu’elle se fait stricte et que son style de travail est empressé.

 « Êtes-vous la déléguée Zhang ?, lui demande par téléphone une ouvrière, le patron étranger nous oblige à faire des heures supplémentaires; nous ne pouvons plus endurer cette situation. Vous êtes notre déléguée; vous devez nous aider à déposer une plainte. »

En posant le téléphone, Zhang Fengxian se dépêche de se rendre sur place. Dans une usine de confection, elle découvre alors une situation stupéfiante : des ouvrières n’ont pas de temps spécialement, alloué pour manger; elles mangent tout en travaillant sur une machine à coudre. D’ailleurs, selon les règlements de l’usine, les ouvrières ne peuvent s’absenter que deux fois par pour aller aux WC. Pas mal d’ouvrières sont tombées malades à cause de cela.

Touchée au cœur, Zhang Fengxian a fait des démarches auprès du directeur. Le problème a été résolu temporairement, mais il y a encore beaucoup de gens qui lui confient divers problèmes : par exemple, que la sécurité de travail n’est pas garantie, que l’environnement de travail est mauvais, que des ouvriers sont maltraités dans certaines entreprises. Il y a dix ans, la Chine n’avait pas d’expérience dans la gestion des entreprises à capitaux étrangers, encore moins des lois sur le sujet.

Au cours des sessions de l’APN, Zhang Fengxian a proposé d’élaborer des lois sur les droits des employés des entreprises à capitaux mixtes, à capitaux étrangers ou avec création de société commune. Peu de temps après, le Conseil des affaires d’État a appliqué une série de règlements concernant la garantie des employés.

« Si j'ai été élue déléguée pendant trois sessions successives, c’est que, dans les masses populaires, j’ai une certaine réputation  et que j’ose parler. En 1987, c’était la première fois que j’étais élue déléguée. Au cours de la session, je n’osais pas exprimer mes sentiments, partager mes opinions. » En se rappelant la scène d’alors, Zhang Fengxian sourit.

Avec une sympathie particulière pour les femmes, parce qu’elle-même a été ouvrière, elle s’intéresse surtout à la garantie des intérêts des ouvriers, des paysans et     des faibles. En 1989, elle a proposé d’établir la Loi sur les prix en vue de normaliser les prix du marché. Trois ans plus tard, cette loi était mise en vigueur. En 1993, elle a proposé d’établir des règles pour garantir le seuil de vie minimum des employés. Très rapidement, les dispositions légales sur ce plan ont été mises en application. Elle a encore proposé d’établir d’autres lois, dont la Loi sur le travail.

Pendant les cinq ans de la VIIe APN, elle a présenté deux motions ; durant son mandat de la VIIIe APN, elle a présenté neuf motions, telles que la Loi sur le salaire, la Loi sur l’assurance sociale, la Loi sur l’assurance-chômage, etc. En 2000, Zhang Fengxian a proposé d’établir une loi sur la sécurité de la production ;  cette dernière a été acceptée par la commission spéciale de l’APN.