FÉVRIER  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Jinxiu, centre névralgique de la médecine yao

QI JUAN

Jinxiu, une ville entourée de montagnes.

Le mois dernier, nous vous avons commencé  à vous présenter la médecine yao et l’histoire de M. Qin Xunyuan, un médecin yao. Ce mois-ci, nous poursuivons la présentation de  ses brillants exploits…―NDLR

À 200 km de Guilin (région autonome zhuang du Guangxi), dans le district autonome yao de Jinxiu vivent cinq branches de l’ethnie yao (les Chashan, Pan, Hualan, Shanzi et Ao).  Le sociologue chinois Fei Xiaotong y a réalisé cinq enquêtes, et selon ses dires : « Ce district est le centre des études sur les Yao. »

Toutes les personnes qui se sont rendues à Jinxiu connaissent bien le mauvais état des routes d’accès, mais pour visiter le pays de la médecine yao, j’ai quand même décidé de prendre la voiture pour m’y rendre.

Sis au flanc du mont Dayao, le district autonome Jinxiu est situé à une altitude de quelque 800 m. Pour l’atteindre, on doit passer un tronçon de route ayant 500 courbes sur 50 km. Heureusement, les paysages pittoresques aident souvent les passagers à oublier les difficultés et le danger inhérents à ce trajet. Les cimes s’enchevêtrent et la brume qui les couvre semble monter en longues volutes.

Le jour de l’interview, le district de Jinxiu marquait justement le cinquantenaire de sa fondation, et j’ai pu constater qu’il est vraiment le pays des plantes médicinales yao. Des deux côtés d’une rue animée, on y voyait non seulement des étalages d’articles d’usage courant et des plantes médicinales, mais encore des vendeuses vêtues de costumes ethniques.

Les Jiaogulancao (une espèce d’herbes médicinales), vendues en botte, mesurent quelque soixante centimètres. À Beijing, ces herbes, minuscules, sont vendues dans un petit sachet de plastique. Selon une vendeuse : « Les herbes médicinales poussent partout dans la montagne. On y compte plus de 400 espèces. » Et selon une travailleuse de la Société des plantes médicinales : « Il y a 104 espèces de plantes médicinales inscrites. Le district de Jinxiu en exporte annuellement plus de 50 000 kg. » 

M. Qin est venu spécialement de Beijing pour participer au cinquantenaire de la fondation de son district natal. Je l’ai rencontré par hasard à la fin des représentations artistiques solennelles, et les histoires sur la médecine yao qu’il a racontées ont suscité mon intérêt. 

Histoires sur la médecine yao

Après être entrée dans une ruelle pavée, j’ai constaté que les familles yao semblaient beaucoup plus anciennes et calmes qu’ailleurs. Je me suis entretenue avec le vieux Wang, devant sa maison adossée à la montagne. « Par le passé, nos ancêtres n’étaient pas des sédentaires et ils manquaient de médicaments tout prêts, dit-il. Pour se soigner, ils devaient chercher des herbes médicinales au fond de la montagne. De génération en génération, ils ont formé leur propre médecine, teintée d’une couleur ethnique. »

Photo de M. Qin et de l’auteur prise à la place des Célébrations du district.

Selon les dires des anciens, la médecine de la famille Qin a une longue histoire. Sa tradition remonterait à plus de 300 ans. Peu après la Libération, Qin Dekun est devenu le seul étudiant de la première génération des Yao. Il est sorti des monts Dayao et a commencé à exercer la médecine dans les environs de son village. Son fils, Qin Xunyun, a su bien combiner la médecine yao et les techniques scientifiques modernes en créant son  propre hôpital. Le mont Dayao est l’endroit idéal pour cueillir des herbes médicinales, bien que l’on doive gravir des pentes abruptes et pénétrer au creux de la montagne. Pour effectuer leur travail de guérison, M. Qin et son père ont donc dû surmonter beaucoup de difficultés.

M Qin a dit : « Examen, vérification de l’ouïe et de l’odorat, questionnement, palpation du pouls sont quatre modes de diagnostic, mais la médecine yao attache encore de l’importance aux symptômes décelés dans les yeux, muzhen, les ongles,  jiazhen et les paumes, zhangzhen. » Bien que ce diagnostic soit complexe, il est faisable et efficace.

Jeune cueilleur

Le district de Jinxiu est entouré de montagnes. Une végétation luxuriante règne en toute saison. Le pic Shengtang, avec ses 1 979 m, est le plus renommé dans cette région. En dépit de la pluie et des sentiers très glissants, j’ai décidé d’escalader la montagne en m’aidant des branches pendantes des deux côtés du sentier, afin de tenter d’apercevoir des cueilleurs d’herbes médicinales. Au début, je croyais pouvoir les rencontrer facilement, mais, bien vite, j’ai réalisé que je ne pourrais pas en rencontrer avant le crépuscule. Dans ces conditions, j’étais résignée à rebrousser chemin, lorsqu’un jeune est apparu devant moi. Au dos, il portait un grand sac de jute et son couteau.

« Eh, jeune homme, vas-tu cueillir des herbes médicinales ? » lui demandai-je,  en oubliant ma fatigue. « Oui, avec mon couteau, je veux cueillir toutes les herbes médicinales que j’apercevrai », répondit-il avec sa voix aiguë qui n’avait pas encore muée. « De génération en génération, nous habitons dans cette montagne et nous nous adonnons à la médecine et à la cueillette des herbes médicinales. Depuis mon enfance,  je foule le sol de cette montagne avec mon père. Chaque fois, nous apportons de la nourriture et nous y passons deux ou trois jours. Tous les Yao connaissent la manière de cueillir et de préparer des herbes médicinales, mais chacun comprend aussi qu’il faut protéger ces ressources. Ainsi, nous portons toujours une grande attention à  protéger les racines des plantes médicinales du mont Dayao. 

La cueillette doit s’appuyer sur l’expérience : au printemps, on cueille des tiges et des feuilles nouvelles, en hiver, des racines juteuses. »

Bien que la médecine yao manque de la rigueur qu’apporte la théorie, elle a été transmise de génération en génération. Il est certain que les herbes médicinales yao ne sont pas une panacée contre la maladie, mais elles ont une efficacité prouvée contre certains maux. La médecine yao n’est pas très répandue, mais elle a joué et joue encore un rôle important dans la vie et la reproduction de notre ethnie.

Deux fillettes s’amusent sur le pas de la porte.

M. Qin a déclaré : « Les succès que j’ai obtenus sont basés sur la médecine yao, transmise de génération en génération, et ses herbes médicinales. »

Actuellement, avec la publication de thèses sur la médecine yao, un grand contingent d’experts, dont M. Qin, s’animent sur la scène internationale. Une étude internationale sur la médecine yao s’élabore tout doucement.

Adresse du Centre de médecine yao à Daqing : Bâtiment 701, Dongfengxincun, Daqing, Heilongjiang, Chine

Téléphone:  86-10- 459-6381588 4688598 6386888 6386838 6386848 6386266

Fax : 86-10- 459-6383282

Site Web : http://www.dekun.com

Mél :qinxy@dekun.dq.hl.cninfo.net

Adresse de l’hôpital Dekun de médecine yao de Beijing :  5, Xinqiao Dajie Mentougouqu, Beijing, Chine

Téléphone : 86-10-69863600 69863601