FÉVRIER  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

 

Les Nu

Les Nu, qui regroupent quelque 27 000 personnes, vivent principalement dans les districts de Bijiang, Fugong, Gongshan et Lanping, préfecture autonome Nujiang Lisu, province du Yunnan. D’autres vivent dans le district de Weixi, préfecture autonome tibétaine Diqing de la même province.

Jeune fille nu

Les Nu parlent une langue qui appartient au groupe tibéto-birman  de la famille des langues sino-tibétaines. Elle n’a pas de forme écrite, et comme d’autres voisins ethniques, les Nu avaient l’habitude de conserver des registres en faisant des entailles sur des bâtons; aujourd’hui, les Nu, plus éduqués, parlent le chinois courant.

La région qu’habitent les Nu est une région de hautes montagnes et de ravins profonds traversée par les fleuves Lancang, Dulong et Nujiang. On y trouve des forêts vierges de pins et de sapins qui sont l’habitat des tigres, des panthères, des ours, des cerfs, des aigles et des faisans. La région est également riche en gisements et en herbes médicinales. De plus, le climat chaud et l’abondance des précipitations lui assurent un grand potentiel hydroélectrique.

Origine et histoire

Au VIIIe siècle, la région des Nu fut placée sous la juridiction des principautés de Dali et de Nanzhao qui payaient tribut à la cour des Tang (618-907). Durant les dynasties des Yuan et des Ming (1279-1644) elle fut placée sous le contrôle d’un chef naxi de Lijiang. Par la suite, des chefs tibétains ou bai la contrôlèrent. À cette époque, les Nu servirent souvent d’esclaves. Vers 1850, les colonisateurs britanniques, qui avaient conquis la Birmanie, avancèrent vers  la vallée du Nujiang, suivis par les Américains, les Français et les Allemands, ce qui causa beaucoup de frictions interethniques. Puis, en 1907, eut lieu un grand soulèvement contre les empiètements faits par les missionnaires français.

Avant la libération, le développement était très inégal entre les diverses communautés nu. Dans les districts de Lanping et de Weixi, les méthodes de production et le niveau de vie ressemblaient à ceux des Han, des Bai et des Naxi. Il y avait des vestiges de vie communautaire primitive dans les communautés nu de Bijiang, Fugong et Gongshan, où la propriété privée et la division des classes venaient à peine de commencer. Les outils de ferme en bambou et en bois formaient les principaux moyens de production, et les cultures principales étaient le maïs, le sarrasin, l’orge, l’orge tibétain, les pommes de terre, les ignames et les fèves. Les rendements étaient faibles, et pour manger à leur faim, les Nu devaient pêcher et chasser avec des arcs et des flèches empoisonnées. L’industrie, de type familiale, ne produisait que des produits artisanaux : lin, articles en bambou ou en bois, outils en fer et alcool. On troquait cet artisanat dans les marchés contre des produits de nécessité courante. La propriété de la terre adoptait trois formes : commune de forme primitive, privée ou collective. Les plus anciens villages nu des districts de Bijiang et de Fugong conservaient des vestiges de l’ancien système de clan patriarcal. Il y avait dix communes de clans situées dans dix villages différents qui possédaient chacun un terre communale. Selon une enquête effectuée en 1933, une économie seigneuriale existait dans le district de Bijiang et on procédait à un grand nombre de prêts, de locations ou de ventes de terres. Dans certains endroits, des riches paysans exploitaient leurs voisins plus pauvres par un système appelé washua en vertu duquel les paysans labouraient dans des conditions de quasi servage. L’esclavage se pratiquait en adoptant frauduleusement un fils.

La région des Nu a été libérée en 1950. En 1954, fut fondée la préfecture autonome nujiang et lisu, et en octobre 1956 le district autonome drung et nu de Gongshan fut établi. Le rythme des réformes sociales a différé selon les endroits, mais les premières coopératives ont vu le jour en 1956. En 1958, toutes les régions nu étaient organisées en coopératives. L’industrie légère et les mines ont depuis lors fait des progrès.

Us et coutumes

Un peu d’alcool pour le chanteur.

Mariage. La monogamie a toujours été la pratique, bien que certains seigneurs riches et chefs de communes avaient parfois plus d’une femme. Après le mariage, l’homme quittait sa famille et déménageait dans une nouvelle demeure en emportant certains des biens de la famille. Toutefois, la famille conservait une relation de coopération avec la famille et l’ensemble du clan. Le fils cadet vivait avec ses parents et héritait de la propriété familiale. Historiquement, les femmes avaient un statut social relativement bas et n’avaient aucun droit économique. Elles se bornaient à accomplir les tâches ménagères et les travaux des champs.

Funérailles.  La forme traditionnelle d’enterrement exige que les hommes soient enterrés face en haut et que leurs membres soient bien droits, alors que les femmes doivent reposer sur le côté et leurs membres doivent être repliés. Dans le cas d’un couple, la femme doit reposer  sur le côté, en face de l’homme, avec ses membres repliés, ce qui symbolise la soumission de la femme à l’homme. Lors du décès d’un adulte, tout le clan observe trois jours de deuil.

Habitation. Les Nu vivent dans des maisons en bois ou en bambou qui ont habituellement deux pièces. La pièce extérieure est réservée aux invités et sert également de cuisine. Au centre, on trouve le foyer avec un trépied en fer ou en pierre pour suspendre les casseroles. La pièce intérieure sert de chambre à coucher et d’entrepôt de céréales, et les visiteurs n’y ont pas accès. Les maisons sont bâtis grâce aux efforts communs de tous les villageois, et un jour suffit habituellement pour les ériger.

Habillement. Avant la libération, les hommes et les femmes portaient des vêtements en lin. Après la puberté, les filles portaient de longues jupes et des vestes boutonnées à droite. Les femmes nu de Gongshan se drapent dans deux pièces de lin et insèrent des tubes de bambou très travaillés dans leurs lobes d’oreilles percés. À Bijiang et à Fugong, les femmes mariées parent leur chevelure et leur poitrine de coraux, d’agates, de coquillages et de bijoux en argent. Comme boucles d’oreilles, elles portent souvent des anneaux en cuivre qui descendent jusqu’aux épaules. Elles aiment également les bracelets et les ceintures en rotin. Les hommes portent des tuniques en lin et portent des haches, des arcs et des flèches.

Alimentation. Le maïs et le sarrasin forment les aliments de base des Nu. Ils cultivent rarement des légumes. Autrefois, avant la récolte d’été, les Nu devaient se fier aux plantes sauvages pour survivre. Les hommes et les femmes aiment les alcools forts.

Religion. Historiquement, les Nu étaient animistes et les objets de culte comprenaient le soleil, la lune, les étoiles, les montagnes, les rivières, les arbres et les rochers. Les chamans étaient souvent les chefs des clans ou des communes  et ils pratiquaient la divination. À part ces tâches, ils pratiquaient la médecine et assuraient la transmission du folklore de la tribu. Le moindre incident donnait lieu à des rites. Certains Nu croyaient aussi au lamaïsme et au christianisme.

Chants et danses Les Nu pratiquent une sorte de chant improvisé sous l’accompagnement du luth, de la flûte et de l’orgue à bouche. Leurs danses sont osées et énergiques, et elles imitent surtout les mouvements des animaux.