Les
Nu
Les
Nu, qui regroupent quelque 27 000 personnes, vivent principalement
dans les districts de Bijiang, Fugong, Gongshan et Lanping, préfecture
autonome Nujiang Lisu, province du Yunnan. D’autres vivent dans
le district de Weixi, préfecture autonome tibétaine Diqing de
la même province.
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Jeune
fille nu |
Les
Nu parlent une langue qui appartient au groupe tibéto-birman de la famille des langues sino-tibétaines.
Elle n’a pas de forme écrite, et comme d’autres voisins ethniques,
les Nu avaient l’habitude de conserver des registres en faisant
des entailles sur des bâtons; aujourd’hui, les Nu, plus éduqués,
parlent le chinois courant.
La
région qu’habitent les Nu est une région de hautes montagnes et
de ravins profonds traversée par les fleuves Lancang, Dulong et
Nujiang. On y trouve des forêts vierges de pins et de sapins qui
sont l’habitat des tigres, des panthères, des ours, des cerfs,
des aigles et des faisans. La région est également riche en gisements
et en herbes médicinales. De plus, le climat chaud et l’abondance
des précipitations lui assurent un grand potentiel hydroélectrique.
Origine
et histoire
Au
VIIIe siècle, la région des Nu fut placée sous la juridiction
des principautés de Dali et de Nanzhao qui payaient tribut à la
cour des Tang (618-907). Durant les dynasties des Yuan et des
Ming (1279-1644) elle fut placée sous le contrôle d’un chef naxi
de Lijiang. Par la suite, des chefs tibétains ou bai la contrôlèrent.
À cette époque, les Nu servirent souvent d’esclaves. Vers 1850,
les colonisateurs britanniques, qui avaient conquis la Birmanie,
avancèrent vers la vallée
du Nujiang, suivis par les Américains, les Français et les Allemands,
ce qui causa beaucoup de frictions interethniques. Puis, en 1907,
eut lieu un grand soulèvement contre les empiètements faits par
les missionnaires français.
Avant
la libération, le développement était très inégal entre les diverses
communautés nu. Dans les districts de Lanping et de Weixi, les
méthodes de production et le niveau de vie ressemblaient à ceux
des Han, des Bai et des Naxi. Il y avait des vestiges de vie communautaire
primitive dans les communautés nu de Bijiang, Fugong et Gongshan,
où la propriété privée et la division des classes venaient à peine
de commencer. Les outils de ferme en bambou et en bois formaient
les principaux moyens de production, et les cultures principales
étaient le maïs, le sarrasin, l’orge, l’orge tibétain, les pommes
de terre, les ignames et les fèves. Les rendements étaient faibles,
et pour manger à leur faim, les Nu devaient pêcher et chasser
avec des arcs et des flèches empoisonnées. L’industrie, de type
familiale, ne produisait que des produits artisanaux : lin,
articles en bambou ou en bois, outils en fer et alcool. On troquait
cet artisanat dans les marchés contre des produits de nécessité
courante. La propriété de la terre adoptait trois formes :
commune de forme primitive, privée ou collective. Les plus anciens
villages nu des districts de Bijiang et de Fugong conservaient
des vestiges de l’ancien système de clan patriarcal. Il y avait
dix communes de clans situées dans dix villages différents qui
possédaient chacun un terre communale. Selon une enquête effectuée
en 1933, une économie seigneuriale existait dans le district de
Bijiang et on procédait à un grand nombre de prêts, de locations
ou de ventes de terres. Dans certains endroits, des riches paysans
exploitaient leurs voisins plus pauvres par un système appelé
washua en vertu duquel les paysans labouraient dans des conditions
de quasi servage. L’esclavage se pratiquait en adoptant frauduleusement
un fils.
La
région des Nu a été libérée en 1950. En 1954, fut fondée la préfecture
autonome nujiang et lisu, et en octobre 1956 le district autonome
drung et nu de Gongshan fut établi. Le rythme des réformes sociales
a différé selon les endroits, mais les premières coopératives
ont vu le jour en 1956. En 1958, toutes les régions nu étaient
organisées en coopératives. L’industrie légère et les mines ont
depuis lors fait des progrès.
Us
et coutumes
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Un
peu d’alcool pour le chanteur. |
Mariage. La monogamie a toujours été la pratique,
bien que certains seigneurs riches et chefs de communes avaient
parfois plus d’une femme. Après le mariage, l’homme quittait sa
famille et déménageait dans une nouvelle demeure en emportant
certains des biens de la famille. Toutefois, la famille conservait
une relation de coopération avec la famille et l’ensemble du clan.
Le fils cadet vivait avec ses parents et héritait de la propriété
familiale. Historiquement, les femmes avaient un statut social
relativement bas et n’avaient aucun droit économique. Elles se
bornaient à accomplir les tâches ménagères et les travaux des
champs.
Funérailles.
La forme traditionnelle d’enterrement exige que les hommes
soient enterrés face en haut et que leurs membres soient bien
droits, alors que les femmes doivent reposer sur le côté et leurs
membres doivent être repliés. Dans le cas d’un couple, la femme
doit reposer sur le côté,
en face de l’homme, avec ses membres repliés, ce qui symbolise
la soumission de la femme à l’homme. Lors du décès d’un adulte,
tout le clan observe trois jours de deuil.
Habitation. Les Nu vivent dans des maisons en
bois ou en bambou qui ont habituellement deux pièces. La pièce
extérieure est réservée aux invités et sert également de cuisine.
Au centre, on trouve le foyer avec un trépied en fer ou en pierre
pour suspendre les casseroles. La pièce intérieure sert de chambre
à coucher et d’entrepôt de céréales, et les visiteurs n’y ont
pas accès. Les maisons sont bâtis grâce aux efforts communs de
tous les villageois, et un jour suffit habituellement pour les
ériger.
Habillement. Avant la libération, les hommes et
les femmes portaient des vêtements en lin. Après la puberté, les
filles portaient de longues jupes et des vestes boutonnées à droite.
Les femmes nu de Gongshan se drapent dans deux pièces de lin et
insèrent des tubes de bambou très travaillés dans leurs lobes
d’oreilles percés. À Bijiang et à Fugong, les femmes mariées parent
leur chevelure et leur poitrine de coraux, d’agates, de coquillages
et de bijoux en argent. Comme boucles d’oreilles, elles portent
souvent des anneaux en cuivre qui descendent jusqu’aux épaules.
Elles aiment également les bracelets et les ceintures en rotin.
Les hommes portent des tuniques en lin et portent des haches,
des arcs et des flèches.
Alimentation. Le maïs et le sarrasin forment les
aliments de base des Nu. Ils cultivent rarement des légumes. Autrefois,
avant la récolte d’été, les Nu devaient se fier aux plantes sauvages
pour survivre. Les hommes et les femmes aiment les alcools forts.
Religion. Historiquement, les Nu étaient animistes
et les objets de culte comprenaient le soleil, la lune, les étoiles,
les montagnes, les rivières, les arbres et les rochers. Les chamans
étaient souvent les chefs des clans ou des communes
et ils pratiquaient la divination. À part ces tâches, ils
pratiquaient la médecine et assuraient la transmission du folklore
de la tribu. Le moindre incident donnait lieu à des rites. Certains
Nu croyaient aussi au lamaïsme et au christianisme.
Chants
et danses
Les Nu pratiquent une sorte de chant improvisé sous l’accompagnement
du luth, de la flûte et de l’orgue à bouche. Leurs danses sont
osées et énergiques, et elles imitent surtout les mouvements des
animaux.