FÉVRIER  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

L’enrouement, elle en fait son affaire

-Jiang Peizhen, présidente et secrétaire du comité du Parti de la SARL Jinsangzi de la région autonome zhuang du Guangxi

XIAO DONG

Jiang Peizhen, présidente et secrétaire du comité du Parti de la SARL Jinsangzi du Guangxi.

La région autonome zhuang du Guangxi est un pays de chants. Tous, hommes et femmes, jeunes et vieux, peuvent chanter à l’improviste. Une voix d’or semble être devenue synonyme de cet endroit.

Durant la dernière décennie, Jinsangzi, une entreprise de fabrication de pastilles pour la gorge, est entrée en scène dans la région autonome. Son produit a peu à peu occupé le marché chinois et est devenu un remède efficace dans le traitement des maux de gorge.

Derrière Jinsangzi, il y a une femme passionnée et au tempérament de feu. En une quarantaine d’années de vicissitudes, elle a transformé une usine rudimentaire de quartier en une entreprise scientifique et technique, dont la valeur de production annuelle atteint 500 millions de yuans. C’est Jiang Peizhen, présidente et secrétaire du comité du Parti de la SARL Jinsangzi de la région autonome zhuang du Guangxi.

La période d’incubation de Jinsangzi

En 1959, Jiang Peizhen fut embauchée comme ouvrière de l’Usine N° 2 de bonbons de Liuzhou (région autonome zhuang du Guangxi), laquelle allait devenir plus tard Jinsangzi. Après cinq années de travail et par voie démocratique, elle fut élue directrice adjointe de l’usine, poste qu’elle occupa pendant 14 ans.

Au début des années 80, la Chine traversait une période de transition de l’économie planifiée. Sous la férule de Jiang, l’Usine N° 2 de bonbons prit l’initiative d’ouvrir, par ses propres moyens, un réseau de vente. Pendant un an, les vendeurs parcoururent plus de 8 000 km et vendirent plus de 8 000 tonnes de bonbons.

De 1985 à 1989, cette usine fabriqua le premier bonbon fourré de confiture et le premier chocolat aux arachides de Chine, et depuis lors, chaque année, elle mit en marché une vingtaine de nouvelles sortes de produits.

En 1992, le secteur des bonbons chinois amorça un creux de vague et les ventes annuelles de l’usine commencèrent à diminuer. Alors que les ventes annuelles de l’usine occupaient le premier rang du domaine en Chine, les bénéfices annuels passèrent progressivement de dix millions de yuans à 78 000 yuans. Les perspectives étaient peu reluisantes.

Finie la période d’enrouement !

Le 7 janvier 1993, Zhu Rongji, alors vice-premier ministre, se rendit en inspection à Liuzhou, et durant celle-ci, il prononça une allocution à l’intention des entrepreneurs de l’endroit, dont Jiang Peizhen. Devant le vice-premier ministre, Jiang ne mâcha pas ses mots : « L’État doit accorder une attention particulière à la lutte contre la contrefaçon. La diminution des bénéfices de notre usine est liée au changement de mode de consommation des gens et est aussi influencée par les produits de contrefaçon. J’espère que l’État pourra renforcer la protection du brevet sur les plans administratif et législatif. »

Après l’avoir écoutée, Zhu Rongji fut le premier à applaudir et dit : « Votre opinion est importante. Les départements intéressés sont en train d’effectuer des recherches sur les projets d’application. Je vous soutiens et je soutiens l’attaque généralisée contre la contrefaçon. » Par la suite, Zhu déclara que les entreprises devaient avancer vers la haute technologie et ériger des barrières, de leur propre chef et de manière efficace, à travers des moyens comme le dépôt de brevet, afin de protéger leurs propres droits et intérêts.

Pour Jiang, ces paroles furent comme un éclair de génie et pavèrent la voie de la recherche et de l’exploitation de Jinsangzi.

En juillet de la même année, après avoir surmonté de multiples complications, Jiang trouva la nouvelle formule permettant de traiter l’angine chronique, au moyen de la biotechnologie, développée pendant des années par Wang Yaofa, professeur de l’École normale de l’Est de Chine de Shanghai et biologiste célèbre. Après la lecture du rapport de recherches et de fabrication de près de dix mille caractères de ce professeur, Jiang était tellement enthousiaste qu’elle décida de faire l’essai de cette formule et de la mettre en exploitation. Dès ce moment-là, le laboratoire de l’usine resta éclairé jour et nuit, le professeur Wang, Jiang Peizhen et d’autres surmontèrent de nombreuses difficultés techniques. En septembre, la fabrication expérimentale des premiers spécimens de pastilles fut mise au point.

La pénurie de fonds fut une autre difficulté qu’affronta Jiang. Les sept millions de yuans qui étaient nécessaires au fonds de démarrage représentaient une somme astronomique pour une usine en période de reflux. À l’époque, quelle banque oserait prêter de l’argent à une entreprise qui distribuait ses salaires en comptant sur un prêt ?

Jiang décida donc de rassembler des fonds personnels. Elle fut la première à hypothéquer toute sa fortune familiale. Les ouvriers avaient confiance en elle, cette chef d’usine qu’ils avaient eux-mêmes choisie. En moins d’un mois, ils réunirent les 7,8 millions de yuans nécessaires, gagnés à la sueur de leur front, et tous mirent leur espoir en Jiang.

En novembre 1993, la fabrication des pastilles pour la gorge Jinsangzi débuta officiellement. Dans les trois années suivantes, les impôts et les bénéfices de ce produit augmentèrent chaque année à un rythme de 26 %, 28 % et 30 %.

En 1999, en tant que marque chinoise célèbre, ce produit occupait 28 % du marché parmi plus de 300 produits similaires, taux qui lui gagna la première place. Pendant cinq ans, ce produit réalisa une valeur de production de 1,1 milliard de yuans, des impôts et bénéfices de 160 millions de yuans. En 2000, la valeur de sa production avait atteint 310 millions de yuans.

Une des passions de sa vie

Le parc scientifique et technique Jinsangzi de la région autonome zhuang du Guangxi.

Jiang Peizhen adore le football et en est une adepte connue dans le pays. Le football sied bien à son caractère.

Si cela n’avait pas été le cas, le 8 mars 1996, CCTV ne l’aurait pas invitée à parler du football dans une émission en direct. Sa joute oratoire gagna alors les applaudissements de toute la salle.

De plus, Jiang n’aurait pas investi huit millions de yuans pour créer l’« École de football Jinsangzi ». « En tant que passionnée du football, je ferai tout mon possible pour contribuer à la cause du football chinois », dit-elle, non sans émotion.

Son enthousiasme ne se dément jamais. Le carrefour du 1er-Mai de Liuzhou est le tronçon le plus occupé de la ville. En voyant les enfants se rendre à l’école et les vieillards faire leurs exercices matinaux au milieu du va-et-vient des véhicules, elle a investi un million de yuans pour construire un échangeur piétonnier.

Et la liste de telles histoires s’allonge…..