FÉVRIER  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Shenzhen : l’avant-garde de l’économie chinoise

LI WUZHOU

I—Miser sur la technologie de pointe

Le Wal-Mart de Shenzhen.

En Chine, il y a Jindie dans le sud et Yongyou dans le nord, deux grandes sociétés de logiciels de comptabilité. Xu Shaochun, directeur général de la société Jindie, a développé son entreprise privée à Shenzhen.

C’est il y a dix ans que Xu est arrivé à Shenzhen. Dans la gare de cette ville, il a vu deux panneaux contigus: une flèche indiquait Shenzhen et l’autre, Hongkong. À partir de ce jour-là, il a commencé à sentir vraiment que Shenzhen était l’avant-garde de l’économie de marché de la Chine.

Xu a fondé la société de logiciels Jindie en 1991. Ce fut la première entreprise privée à s’enregistrer auprès des autorités de Shenzhen. Conformément au principe : « Ne pas s’ingérer dans le marché », le gouvernement municipal  lui a accordé, pendant huit ans, le traitement préférentiel offert aux entreprises de technologie de pointe. « Ici, on n’a pas besoin d’avoir des relations spéciales, dit Xu Shaochun, d’une manière bien sentie, à l’époque, lorsque nous avons présenté nos produits, nous ne connaissions personne. En faisant une démonstration, nous avons dit aux usagers que nos logiciels pourraient fortement diminuer leur coût d’exploitation. Il faut dire qu’il y a longtemps que Shenzhen est entrée à l’OMC. »

L’histoire de la société  « Jindie » n’est pas une légende à Shenzhen. C’est l’une des innombrables entreprises de technologie de pointe qui s’y sont développées.

Un pôle mondial

Le directeur général adjoint de la société IBM (Asie) a fait une comparaison juste: s’il y avait un embouteillage sur l’autoroute Dongguan-Shenzhen, 70 % des produits informatiques seraient à court dans le monde. »

Ses paroles ne sont pas une exagération. La plupart des 1 500 fournisseurs de pièces d’IBM en Chine sont concentrés à Shenzhen ou dans la région environnante; la valeur d’approvisionnement a dépassé 2 milliards de dollars US.

Shenzhen possède des industries de technologie de pointe et les environs de la ville se spécialisent dans la production d'accessoires pour ces industries. Ce sont des bases de production de pièces d’ordinateur, d’équipement de télécommunication et de produits audiovisuels.

Prenons l’ordinateur par exemple :  à Shenzhen et dans la région environnante, on compte actuellement 1 500 usines de pièces d’ordinateur, pour une capacité de production annuelle de 40 millions d’ordinateurs complets. Shenzhen peut approvisionner 99 % des pièces d’ordinateurs et l’on peut monter un ordinateur en utilisant des pièces provenant d’usines situées dans un rayon de 1,5 km. Shenzhen peut aussi produire 90 % des accessoires d’imprimantes et 69 % des accessoires de photocopieur.

D’après les dires du directeur général de Fuji Xerox (Shenzhen), dans la région, il peut trouver 95 % des pièces dont sa société a besoin pour ses produits, de sorte qu’elle peut économiser sur les coûts de revient.

À proximité des sociétés de technologie de pointe de Shenzhen, on trouve 3 500 entreprises d'accessoires. La société Foxconn (Taiwan) est un exemple type. Lorsque ces sociétés de technologie de pointe réalisent la mise au point d’un nouveau produit, dès le lendemain, Foxconn peut fabriquer les accessoires nécessaires et les fournir le troisième jour. Grâce à sa réaction rapide, Foxconn, une petite entreprise, est devenue l’une des cent sociétés les plus puissantes dans le secteur mondial des technologies de l’information.

La Shenzhen d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a 20 ans. À cette époque, la ville n’occupait que 3 km2, avec une population de 30 000 habitants. La Shenzhen d’aujourd’hui n’est pas celle d’il y a dix ans non plus, alors que des usines à forte densité de main-d’œuvre s’y concentraient ; cette ville est maintenant une région où se rassemblent le plus grand nombre d’entreprises de technologie de pointe en Chine. En 2001, sa valeur de production des produits de cette catégorie représentait 45 % de la valeur de la production industrielle totale et, en 2002, cette valeur de production  a atteint 47 %. C’est la proportion la plus élevée parmi les grandes villes chinoises.

Un pas de géant...en suivant les conseils d’un professeur

Le Parc de technologie de pointe.

La IVe Foire des produits de technologie de pointe s’est tenue en octobre dernier à Shenzhen, et des exposants et des investisseurs de quarante pays et territoires y ont participé. Ils ont signé 1 581 contrats ou accords, pour un montant total de 12,16 milliards de dollar US.

La foire des produits de technologie de pointe, dont la portée est exceptionnelle pour beaucoup de scientifiques et de producteurs d’élite, remplace la fête du Litchi, une fête sur la récolte qu’on trouve partout en Chine.

Il y a quatre ans, Pan Aihua, directeur général de Kexing Biotech Co. Ltd. et professeur de l’université de Beijing, a dit au maire de Shenzhen : « Pouvons-nous changer le  contenu de la fête du Litchi ? Cette fête ne correspond plus au statut de Shenzhen. » Il faut dire que, dès avant 1997, la valeur de production des produits de technologie de pointe avait déjà atteint 47,4 milliards de yuans: c’était une augmentation de 36,6 % par rapport à la valeur enregistrée en 1996, et son taux de croissance atteignait le double de celui de l’ensemble de l’industrie de Shenzhen durant la même période. La valeur de production de l’industrie de technologie de pointe représentait déjà 35 % de la valeur de production totale de l’industrie. L’année suivante, le gouvernement municipal a remplacé la fête du Litchi, qu’on avait organisée pendant quatorze ans, par la Foire de technologie de pointe. Une conversation en apparence banale, entre un scientifique et un fonctionnaire, a fait franchir un grand pas à l’industrie de technologie de pointe de Shenzhen.

Shenzhen vit au rythme des compétences

En consultant la carte de la Chine, on observe que cet endroit est une embouchure vers laquelle convergent les compétences de toute la Chine.

Shenzhen possède actuellement 600 000 techniciens et experts et 1 600 titulaires de  maîtrise et de doctorat. Chaque année, plus de 10 000 diplômés d’université  y affluent à la recherche d’un emploi.

Chen Jiansheng est arrivé à Shenzhen dans les années 80, alors qu’il avait 22 ans. Il est patron d’une société valant 100 millions de yuans. Influencé par l’essor du secteur de la technologie de pointe, il a investi de grosses sommes dans ce domaine. Il est devenu patron d’une société de technologies de l’information. Shenzhen lui a donné la possibilité de réaliser son rêve, en lui fournissant un large champ d’action.

Cérémonie d’inauguration de la société Lufthansa Technik Shenzhen Co. Ltd.

Guo Wanda a été à tour de rôle professeur d’université, fonctionnaire et employé d’une société. Aujourd’hui, il s’occupe de recherche scientifique. « Mon expérience prouve que Shenzhen est vraiment l’endroit idéal pour la mobilité du personnel qualifié », dit-il. « Shenzhen a un bon environnement concurrentiel, son marché est le plus mûr et c’est l’endroit où la protection des droits intellectuels est la mieux appliquée en Chine. Tout cela favorise le développement des entreprises de technologie de pointe », explique Ding Xueguo, directeur général adjoint de Kexing Biotech Co. Ltd.

Il cite l’exemple de son entreprise pour montrer pourquoi la technologie de pointe peut se développer rapidement. La société où il travaille n’occupait qu’un petit terrain et n’employait que 200 personnes. Mais Shenzhen lui a fourni un espace de développement et l’a fait se transformer rapidement en une base de production de biotechnologie, spécialisée en ingénierie génétique. Son chiffre d’affaires a atteint 200 millions de yuans pendant quelques années. En 2001, vu la  bonne conjoncture de développement, cette société a investi 700 millions de yuans dans la construction de la vallée biotechnologique de l’université de Beijing à Shenzhen.

« Il est possible que l’implantation de notre seule société ne veuille pas dire grand-chose, mais comment expliqueriez-vous alors que des entreprises célèbres de Chine, comme Legend, Zhongxing, Huawei, Jindie, soient toutes venues s’installer dans le parc de technologie de pointe ? Et que parmi les cent entreprises les plus puissantes dans le domaine des technologies de l’information, neuf soient à Shenzhen et que les première et deuxième places soient occupées par des entreprises de Shenzhen ? » poursuit Ding Xueguo, en montrant de nombreux bâtiments par la fenêtre.

II- À Shenzhen, ça bouge

Le centre d’approvisionnement de Wal-Mart se trouve au 1er étage du bâtiment Jiali, dans l’arrondissement  Luohu de Shenzhen. La salle de moins de 100 m2 grouille de monde sans arrêt: ce sont des fournisseurs venus de toutes les provinces et villes de Chine. Chaque année, on y vend pour 10 milliards de dollars US de marchandises.

Wal-Mart s’est implanté à Shenzhen il y a six ans et a commencé à réaliser des bénéfices en 2001. À la fin de 2002, cette société avait vingt-deux  magasins dans neuf villes chinoises, dont sept à Shenzhen.

James Lee, un Malais, qui est directeur adjoint de Wal-Mart China Co. Ltd., a déclaré à la presse chinoise et internationale, à propos du choix de Shenzhen : « L’implantation de Wal-Mart en Chine a montré que sa décision d’entrer en Chine via Shenzhen était judicieuse. Shenzhen est la région la plus ouverte de Chine. C’est une région dynamique où les occasions commerciales abondent. Son économie se développe rapidement. Son gouvernement est hautement efficace. Shenzhen et la région environnante sont déjà une base importante de l’industrie mondiale de transformation. Un grand nombre de bonnes marchandises et de bons fournisseurs y sont présents. Shenzhen est une ville d’adoption où se rassemblent des compétences venues de partout en Chine, ce qui est favorable à la formation du personnel qualifié nécessaire au développement de Wal-Mart. » En 1996, parmi de nombreuses villes de Chine, Wal-Mart a sélectionné Shenzhen comme voie d’entrée au pays, et la ville est aussi un chaînon important dans sa stratégie globale.

D’après James Lee, le facteur prépondérant dans la décision a été le développement très rapide de Shenzhen. Wal-Mart y a donc déménagé son centre d’approvisionnement de Hongkong. Quelques départements importants de Wal-Mart en Asie y sont déjà en service.

Située dans le delta de la rivière des Perles, base de l’industrie de transformation, Shenzhen est aussi un grand producteur mondial de lunettes et de produits d’horlogerie. La technologie de pointe mise à part, on y fabrique aussi, dans un rayon de 300 km, 60 % des marques de vêtements du monde. La production des téléviseurs couleurs, celle des réfrigérateurs et celle des machines à laver représentent respectivement la demie, le tiers et le septième de la production totale du pays. La production des bijoux représente aussi 70 % du marché chinois.

Vu la grande capacité de production de Shenzhen et de sa région environnante, non seulement Wal-Mart, mais aussi Carrefour et IBM y sont implantés. Seulement parmi les marchandises vendues par Wal-Mart (China), 95 % sont fabriquées à Shenzhen.

Shenzhen n’est pas seulement une base de production de marchandises, mais aussi une ville de transit et l’un des ports principaux entre la partie continentale de la Chine et le monde, entre le marché chinois et le marché extérieur. Shenzhen a établi des relations commerciales avec plus de 120 pays et territoires; son volume d’exportation représente environ le septième de celui de toute la Chine.

La foire de technologie de pointe de Shenzhen.

L’aéroport de Shenzhen est l’un des quatre grands aéroports du pays. En 2001, Shenzhen a aussi joint les rangs des huit grands ports du monde, avec une capacité de chargement et de déchargement de 5,08 millions de conteneurs standards. Des réseaux routiers et ferroviaires relient Shenzhen avec d’autres villes chinoises. Les lignes ferroviaires Beijing-Guangzhou et Beijing-Kowloon se croisent à Shenzhen. Les autoroutes Guangzhou-Shenzhen et Hongkong-Shenzhen relient bien ces trois villes. Les 800 km de routes de la ville et le métro, dont les travaux de construction ont débuté en 1999, font de Shenzhen un endroit où le personnel et les marchandises circulent rapidement.

Côté géographique, Shenzhen possède des conditions favorables au développement du secteur de la distribution des marchandises. Le 24 septembre 2002, cinq sociétés de Hongkong y ont signé un accord relatif à un investissement commun de 2,5 milliards de yuans pour la construction de la Cité des matières premières industrielles Huanan. C’est l’amorce du développement dans ce domaine.

Une belle ville-jardin internationale

En 1999, Shenzhen a reçu le premier prix de conception urbaine en Asie, décerné par l’Association d’architecture internationale. En décembre 2000, elle a été élue ville-jardin, parmi les villes de plus d’un million d’habitants. C’est la première ville-jardin internationale en Asie.

« Non seulement Shenzhen possède les caractéristiques types d’une ville côtière, mais elle est aussi une ville modèle en protection de l’environnement », dit Hu Haohua, directeur adjoint de la partie chinoise de Shenzhen Samsung Sdi Co. Ltd, qui,  auparavant, travaillait au ministère des Finances. Maintenant, toute sa famille a déménagé de Beijing à Shenzhen. Pour les mêmes raisons, le directeur général et le directeur général adjoint de la partie étrangère continueront de vivre à Shenzhen, même après leur retraite. Ils ont fondé leur propre société de commerce avec la Chine.

Deux ans après son ouverture, la SARL Parc des entreprises de technologie de pointe des Chinois d’outre-mer de Shenzhen est devenue le plus grand parc pour étudiants chinois rentrés de l’étranger. Zhang Binlong, son directeur général, est parti pour les États-Unis en 1986 ; il y a obtenu le titre de docteur en mathématiques de l’université Columbia. Selon lui, la vie est belle à Shenzhen. Chaque jour, il se rend au travail en voiture et il habite dans une grande maison. Pour lui, la différence entre vivre à Shenzhen et vivre aux États-Unis tient au fait qu’à Shenzhen, davantage de compatriotes l’entourent, c’est tout. En Chine, le prix des marchandises est moins élevé et la qualité de vie est meilleure, dans une certaine mesure. Dans le marasme mondial que traverse le secteur des technologies de l’information, il semble que Shenzhen soit plus attrayante pour lui que les pays étrangers.

En parlant de sa vie à Shenzhen, Jan L.S King, directeur général de Lufthansa Technik Shenzhen Co. Ltd., dit avec une grande satisfaction: « À Shenzhen, les transports et les communications sont déjà de niveau international; il en est de même pour les télécommunications. Disposant de beaucoup de verdure, l’environnement de Shenzhen est bien protégé. On y trouve aussi une dizaine de terrains de golf ». D’après lui, il n’y a pas de différence entre vivre à Shenzhen, en Allemagne ou aux États-Unis.

Le centre commercial de Luohu.

Mais il a aussi fait quelques remarques quant à la vie qu’on y mène. Les conditions de scolarisation des enfants des employés étrangers ne sont pas très satisfaisantes. Ces derniers souhaitent que leurs enfants utilisent les manuels scolaires de leur propre pays, mais cela est difficile, pour le moment. Actuellement, il n’y a pas non plus assez d’hôpitaux hauts de gamme pour étrangers. Par ailleurs, la présence policière dans la rue semble un peu insuffisante, ce qui ne donne pas un sentiment de sécurité. D’après nos informations, ces problèmes seraient déjà à l’étude.

La « vitesse Shenzhen »  s’explique aussi par l’efficacité du gouvernement

Il y a quelques années, la « vitesse Shenzhen », dont on parlait assez souvent à ce moment-là, signifiait construire un étage en un jour. Au XXIe siècle, il est plus convenable d’expliquer cette « vitesse Shenzhen » par la haute efficacité du gouvernement municipal.

Certaines personnes seraient portées à croire que le rôle du gouvernement municipal est bien diminué dans cette ville où le marché est déjà mûr. En fait, d’après Ding Xueguo, directeur adjoint de Kexing Biotech Co., Ltd., ce n’est pas le cas. « Ici, les décisions administratives du gouvernement municipal sont appliquées sans obstacle. La raison profonde, c’est que le gouvernement sonde toujours le pouls du marché. Le gouvernement et les entrepreneurs sont toujours sur la même longueur d’onde ». Quelques interviews nous l'ont prouvé.

Chen Zhangliang, directeur général de Kexing, est aussi le vice-recteur de l’université de Beijing. Un jour, en montrant sa carte de séjour provisoire, il a dit au maire de Shenzhen : « Je suis à Shenzhen depuis des années, mais je n’en suis pas encore citoyen. » Le professeur Chen ne pensait pas que sa plaisanterie aurait tant touché son interlocuteur. C’est vrai que les travailleurs considèrent déjà Shenzhen comme leur propre famille. Un mois plus tard, la carte de séjour provisoire de la zone économique spéciale du personnel qualifié, qui n’avait pas été inscrite dans les registres de l’état civil, était remplacée par la carte de séjour permanent de la ville de Shenzhen.

Shenzhen Samsung Sdi Co. Ltd. est une usine à capitaux mixtes établie en juin 1996 par Samsung et la Société d’investissement de Shenzhen. Cette entreprise réalise des bénéfices depuis des années d’affilée. « Confiante dans l’avenir, notre société se prépare à investir dans l’installation de la cinquième chaîne de production », a ajouté Hu Haohua.

On utilise la technologie de fine pointe.

Dans presque toutes les entreprises, les gens ne tarissent pas d’éloges sur le travail du gouvernement municipal de Shenzhen. Wal-Mart est une multinationale. Ses employés vont souvent à l’étranger mais, selon la règle qui est en vigueur en Chine, il faut deux mois pour obtenir un visa d’entrée-sortie du pays.

Le bureau de la sécurité publique de la ville de Shenzhen a mis en place un « passage vert » pour les grandes entreprises chinoises et étrangères. Maintenant, un jour suffit pour remplir les formalités d’entrée à Hongkong et trois jours pour celles à l’étranger.

Afin de relever le défi qu’apporte l’entrée de la Chine à l’OMC, le gouvernement municipal de Shenzhen a rajusté ses politiques pour s’adapter à la nouvelle situation. À partir du deuxième semestre de 2001, la municipalité de Shenzhen a révisé les règlements qu’elle avait promulgués. En juin dernier, on avait déjà achevé ce travail. Pour les règlements qui sont toujours en vigueur, on les a publiés au journal officiel dans le site Internet municipal. Quant aux règlements non publiés, ils ont été abrogés.

Zhang Jinsheng, directeur adjoint du Bureau du commerce extérieur et de la coopération économique avec l’étranger de Shenzhen, nous a dit: « Il y a peu, Shenzhen a procédé à la réforme du système d’examen et de ratification. Une vingtaine de départements chargés d’examiner les dossiers ont délégué des représentants pour travailler ensemble dans notre bureau. Pour les nouveaux projets d’investissement, deux jours ouvrables suffisent si ces projets se conforment aux règles. Pour les projets plus complexes, il faut compter cinq jours ouvrables. »

Toujours une mentalité de pionnier

Dynamique, Shenzhen est en train d’élaborer son objectif de développement : elle s’efforcera de réaliser sa modernisation d’ici à 2005, d’atteindre le niveau des pays moyennement développés en 2010, et celui des pays développés en 2030. Est-ce possible ?

Shenzhen recèle un fort potentiel de développement. En tant que jeune ville pleine de créativité, Shenzhen a vraiment créé beaucoup de miracles économiques; elle est le paradis des investisseurs.

De 1997 à septembre 2002, un total de 10 208 projets de 67 pays y ont été réalisés, pour un montant total d’investissement de 16,969 milliards de dollars US. Presque cent des cinq cents entreprises les plus puissantes du monde y ont investi. Quarante pour cent de ce montant total sont des investissements supplémentaires.

Shenzhen a occupé la tête du peloton de l’économie chinoise et a obtenu beaucoup de succès depuis plus de vingt ans. Malgré tout, de nombreuses personnes doutent de sa capacité à jouer encore ce rôle, car, depuis l’entrée de la Chine à l’OMC, la zone économique spéciale de Shenzhen ne peut plus bénéficier des politiques préférentielles. Maintenant, elle se trouve à la même ligne de départ que d’autres villes chinoises. Quels seront alors ses atouts pour diriger l’économie chinoise ?

Yu Youjun, maire de Shenzhen, ne partage pas l’avis des sceptiques. D’après lui, l’attrait et les avantages concurrentiels de Shenzhen ne sont pas disparus depuis l’entrée de la Chine à l’OMC. En plus de son secteur de technologie de pointe, de son contingent de compétences et de son gouvernement efficace, Shenzhen possède encore d'autres atouts qui lui sont propres.

Maintenant, il est quasiment impossible pour Shenzhen de bénéficier des politiques préférentielles accordées par le gouvernement central. Mais elle a obtenu de lui le droit d’être une ville-test ; en d’autres mots, elle pourra introduire la banque à capitaux mixtes avant les autres. En 2002, une banque de ce genre y a déjà été ouverte, et une compagnie d’assurances à capitaux mixtes a aussi obtenu la permission d’y entrer.

Le port de Shenzhen.

Jusqu’à maintenant, en dehors du cadre de l’OMC et selon la politique chinoise, en général, les centres d’approvisionnement de pays étrangers n’avaient pas le droit d’ouvrir une exploitation à capitaux exclusivement étrangers en Chine, mais ils pouvaient le faire à Shenzhen. Récemment, Wal-Mart a déménagé ses centres d’approvisionnement de Singapour et de Hongkong à Shenzhen. Des pourparlers se déroulent actuellement entre Shenzhen et une dizaine de grandes multinationales qui souhaitent faire la même chose.

Il n’y a pas longtemps, les services publics ont coopéré avec des sociétés étrangères ; par exemple, les sociétés des eaux et du transport public ont lancé des appels d’offre. Les capitaux étrangers peuvent détenir des actions dans ces entreprises, une première en Chine. Tous ces projets ont obtenu le soutien des différents ministères du Conseil des affaires d’État.

Depuis plus de vingt ans, la zone économique spéciale de Shenzhen a toujours été le moteur de l’économie chinoise. Pendant un certain temps encore, elle devrait rester la pionnière de l’économie chinoise.