Shenzhen : l’avant-garde de l’économie chinoise
LI
WUZHOU
I—Miser
sur la technologie de pointe
 |
Le
Wal-Mart de Shenzhen. |
En
Chine, il y a Jindie dans le sud et Yongyou dans le nord, deux
grandes sociétés de logiciels de comptabilité. Xu Shaochun, directeur
général de la société Jindie, a développé son entreprise privée
à Shenzhen.
C’est
il y a dix ans que Xu est arrivé à Shenzhen. Dans la gare de cette
ville, il a vu deux panneaux contigus: une flèche indiquait Shenzhen
et l’autre, Hongkong. À partir de ce jour-là, il a commencé à
sentir vraiment que Shenzhen était l’avant-garde de l’économie
de marché de la Chine.
Xu
a fondé la société de logiciels Jindie en 1991. Ce fut la première
entreprise privée à s’enregistrer auprès des autorités de Shenzhen.
Conformément au principe : « Ne pas s’ingérer dans le
marché », le gouvernement municipal lui a accordé, pendant huit ans, le traitement
préférentiel offert aux entreprises de technologie de pointe.
« Ici, on n’a pas besoin d’avoir des relations spéciales,
dit Xu Shaochun, d’une manière bien sentie, à l’époque, lorsque
nous avons présenté nos produits, nous ne connaissions personne.
En faisant une démonstration, nous avons dit aux usagers que nos
logiciels pourraient fortement diminuer leur coût d’exploitation.
Il faut dire qu’il y a longtemps que Shenzhen est entrée à l’OMC. »
L’histoire
de la société « Jindie »
n’est pas une légende à Shenzhen. C’est l’une des innombrables
entreprises de technologie de pointe qui s’y sont développées.
Un
pôle mondial
Le
directeur général adjoint de la société IBM (Asie) a fait une
comparaison juste: s’il y avait un embouteillage sur l’autoroute
Dongguan-Shenzhen, 70 % des produits informatiques seraient à
court dans le monde. »
Ses
paroles ne sont pas une exagération. La plupart des 1 500 fournisseurs
de pièces d’IBM en Chine sont concentrés à Shenzhen ou dans la
région environnante; la valeur d’approvisionnement a dépassé 2
milliards de dollars US.
Shenzhen
possède des industries de technologie de pointe et les environs
de la ville se spécialisent dans la production d'accessoires pour
ces industries. Ce sont des bases de production de pièces d’ordinateur,
d’équipement de télécommunication et de produits audiovisuels.
Prenons
l’ordinateur par exemple :
à Shenzhen et dans la région environnante, on compte actuellement
1 500 usines de pièces d’ordinateur, pour une capacité de production
annuelle de 40 millions d’ordinateurs complets. Shenzhen peut
approvisionner 99 % des pièces d’ordinateurs et l’on peut monter
un ordinateur en utilisant des pièces provenant d’usines situées
dans un rayon de 1,5 km. Shenzhen peut aussi produire 90 % des
accessoires d’imprimantes et 69 % des accessoires de photocopieur.
D’après
les dires du directeur général de Fuji Xerox (Shenzhen), dans
la région, il peut trouver 95 % des pièces dont sa société a besoin
pour ses produits, de sorte qu’elle peut économiser sur les coûts
de revient.
À proximité
des sociétés de technologie de pointe de Shenzhen, on trouve 3
500 entreprises d'accessoires. La société Foxconn (Taiwan) est
un exemple type. Lorsque ces sociétés de technologie de pointe
réalisent la mise au point d’un nouveau produit, dès le lendemain,
Foxconn peut fabriquer les accessoires nécessaires et les fournir
le troisième jour. Grâce à sa réaction rapide, Foxconn, une petite
entreprise, est devenue l’une des cent sociétés les plus puissantes
dans le secteur mondial des technologies de l’information.
La
Shenzhen d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a 20 ans. À cette
époque, la ville n’occupait que 3 km2, avec une population
de 30 000 habitants. La Shenzhen d’aujourd’hui n’est pas
celle d’il y a dix ans non plus, alors que des usines à forte
densité de main-d’œuvre s’y concentraient ; cette ville est
maintenant une région où se rassemblent le plus grand nombre d’entreprises
de technologie de pointe en Chine. En 2001, sa valeur de production
des produits de cette catégorie représentait 45 % de la valeur
de la production industrielle totale et, en 2002, cette valeur
de production a atteint 47 %. C’est la proportion la plus
élevée parmi les grandes villes chinoises.
Un
pas de géant...en suivant les conseils d’un professeur
 |
Le
Parc de technologie de pointe. |
La
IVe Foire des produits de technologie de pointe s’est
tenue en octobre dernier à Shenzhen, et des exposants et des investisseurs
de quarante pays et territoires y ont participé. Ils ont signé
1 581 contrats ou accords, pour un montant total de 12,16 milliards
de dollar US.
La
foire des produits de technologie de pointe, dont la portée est
exceptionnelle pour beaucoup de scientifiques et de producteurs
d’élite, remplace la fête du Litchi, une fête sur la récolte qu’on
trouve partout en Chine.
Il
y a quatre ans, Pan Aihua, directeur général de Kexing Biotech
Co. Ltd. et professeur de l’université de Beijing, a dit au maire
de Shenzhen : « Pouvons-nous changer le
contenu de la fête du Litchi ? Cette fête ne correspond
plus au statut de Shenzhen. » Il faut dire que, dès avant
1997, la valeur de production des produits de technologie de pointe
avait déjà atteint 47,4 milliards de yuans: c’était une augmentation
de 36,6 % par rapport à la valeur enregistrée en 1996, et son
taux de croissance atteignait le double de celui de l’ensemble
de l’industrie de Shenzhen durant la même période. La valeur de
production de l’industrie de technologie de pointe représentait
déjà 35 % de la valeur de production totale de l’industrie. L’année
suivante, le gouvernement municipal a remplacé la fête du Litchi,
qu’on avait organisée pendant quatorze ans, par la Foire de technologie
de pointe. Une conversation en apparence banale, entre un scientifique
et un fonctionnaire, a fait franchir un grand pas à l’industrie
de technologie de pointe de Shenzhen.
Shenzhen
vit au rythme des compétences
En
consultant la carte de la Chine, on observe que cet endroit est
une embouchure vers laquelle convergent les compétences de toute
la Chine.
Shenzhen
possède actuellement 600 000 techniciens et experts et 1 600 titulaires
de maîtrise et de doctorat. Chaque année, plus
de 10 000 diplômés d’université
y affluent à la recherche d’un emploi.
Chen
Jiansheng est arrivé à Shenzhen dans les années 80, alors qu’il
avait 22 ans. Il est patron d’une société valant 100 millions
de yuans. Influencé par l’essor du secteur de la technologie de
pointe, il a investi de grosses sommes dans ce domaine. Il est
devenu patron d’une société de technologies de l’information.
Shenzhen lui a donné la possibilité de réaliser son rêve, en lui
fournissant un large champ d’action.
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Cérémonie
d’inauguration de la société Lufthansa Technik Shenzhen Co.
Ltd. |
Guo
Wanda a été à tour de rôle professeur d’université, fonctionnaire
et employé d’une société. Aujourd’hui, il s’occupe de recherche
scientifique. « Mon expérience prouve que Shenzhen est vraiment
l’endroit idéal pour la mobilité du personnel qualifié »,
dit-il. « Shenzhen a un bon environnement concurrentiel,
son marché est le plus mûr et c’est l’endroit où la protection
des droits intellectuels est la mieux appliquée en Chine. Tout
cela favorise le développement des entreprises de technologie
de pointe », explique Ding Xueguo, directeur général adjoint
de Kexing Biotech Co. Ltd.
Il
cite l’exemple de son entreprise pour montrer pourquoi la technologie
de pointe peut se développer rapidement. La société où il travaille
n’occupait qu’un petit terrain et n’employait que 200 personnes.
Mais Shenzhen lui a fourni un espace de développement et l’a fait
se transformer rapidement en une base de production de biotechnologie,
spécialisée en ingénierie génétique. Son chiffre d’affaires a
atteint 200 millions de yuans pendant quelques années. En 2001,
vu la bonne conjoncture
de développement, cette société a investi 700 millions de yuans
dans la construction de la vallée biotechnologique de l’université de Beijing à Shenzhen.
« Il
est possible que l’implantation de notre seule société ne veuille
pas dire grand-chose, mais comment expliqueriez-vous alors que
des entreprises célèbres de Chine, comme Legend, Zhongxing, Huawei,
Jindie, soient toutes venues s’installer dans le parc de technologie
de pointe ? Et que parmi les cent entreprises les plus
puissantes dans le domaine des technologies de l’information,
neuf soient à Shenzhen et que les première et deuxième places
soient occupées par des entreprises de Shenzhen ? »
poursuit Ding Xueguo, en montrant de nombreux bâtiments par la
fenêtre.
II-
À Shenzhen, ça bouge
Le
centre d’approvisionnement de Wal-Mart se trouve au 1er
étage du bâtiment Jiali, dans l’arrondissement
Luohu de Shenzhen. La salle de moins de 100 m2
grouille de monde sans arrêt: ce sont des fournisseurs venus de
toutes les provinces et villes de Chine. Chaque année, on y vend
pour 10 milliards de dollars US de marchandises.
Wal-Mart
s’est implanté à Shenzhen il y a six ans et a commencé à réaliser
des bénéfices en 2001. À la fin de 2002, cette société avait vingt-deux magasins dans neuf villes chinoises, dont sept
à Shenzhen.
James
Lee, un Malais, qui est directeur adjoint de Wal-Mart China Co.
Ltd., a déclaré à la presse chinoise et internationale, à propos
du choix de Shenzhen : « L’implantation de Wal-Mart en Chine
a montré que sa décision d’entrer en Chine via Shenzhen était
judicieuse. Shenzhen est la région la plus ouverte de Chine. C’est
une région dynamique où les occasions commerciales abondent. Son
économie se développe rapidement. Son gouvernement est hautement
efficace. Shenzhen et la région environnante sont déjà une base
importante de l’industrie mondiale de transformation. Un grand
nombre de bonnes marchandises et de bons fournisseurs y sont présents.
Shenzhen est une ville d’adoption où se rassemblent des compétences
venues de partout en Chine, ce qui est favorable à la formation
du personnel qualifié nécessaire au développement de Wal-Mart. »
En 1996, parmi de nombreuses villes de Chine, Wal-Mart a sélectionné
Shenzhen comme voie d’entrée au pays, et la ville est aussi un
chaînon important dans sa stratégie globale.
D’après
James Lee, le facteur prépondérant dans la décision a été le développement
très rapide de Shenzhen. Wal-Mart y a donc déménagé son centre
d’approvisionnement de Hongkong. Quelques départements importants
de Wal-Mart en Asie y sont déjà en service.
Située
dans le delta de la rivière des Perles, base de l’industrie de
transformation, Shenzhen est aussi un grand producteur mondial
de lunettes et de produits d’horlogerie. La technologie de pointe
mise à part, on y fabrique aussi, dans un rayon de 300 km, 60
% des marques de vêtements du monde. La production des téléviseurs
couleurs, celle des réfrigérateurs et celle des machines à laver
représentent respectivement la demie, le tiers et le septième
de la production totale du pays. La production des bijoux représente
aussi 70 % du marché chinois.
Vu
la grande capacité de production de Shenzhen et de sa région environnante,
non seulement Wal-Mart, mais aussi Carrefour et IBM y sont implantés.
Seulement parmi les marchandises vendues par Wal-Mart (China),
95 % sont fabriquées à Shenzhen.
Shenzhen
n’est pas seulement une base de production de marchandises, mais
aussi une ville de transit et l’un des ports principaux entre
la partie continentale de la Chine et le monde, entre le marché
chinois et le marché extérieur. Shenzhen a établi des relations
commerciales avec plus de 120 pays et territoires; son volume
d’exportation représente environ le septième de celui de toute
la Chine.
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La
foire de technologie de pointe de Shenzhen. |
L’aéroport
de Shenzhen est l’un des quatre grands aéroports du pays. En 2001,
Shenzhen a aussi joint les rangs des huit grands ports du monde,
avec une capacité de chargement et de déchargement de 5,08 millions
de conteneurs standards. Des réseaux routiers et ferroviaires
relient Shenzhen avec d’autres villes chinoises. Les lignes ferroviaires
Beijing-Guangzhou et Beijing-Kowloon se croisent à Shenzhen. Les
autoroutes Guangzhou-Shenzhen et Hongkong-Shenzhen relient bien
ces trois villes. Les 800
km de routes de la ville
et le métro, dont les travaux de construction ont débuté en
1999, font de Shenzhen un endroit où le personnel et les marchandises
circulent rapidement.
Côté
géographique, Shenzhen possède des conditions favorables au développement
du secteur de la distribution des marchandises. Le 24 septembre
2002, cinq sociétés de Hongkong y ont signé un accord relatif
à un investissement commun de 2,5 milliards de yuans pour la construction
de la Cité des matières premières industrielles Huanan. C’est
l’amorce du développement dans ce domaine.
Une
belle ville-jardin internationale
En 1999, Shenzhen a reçu le premier prix de conception urbaine en Asie,
décerné par l’Association d’architecture internationale. En décembre
2000, elle a été élue ville-jardin, parmi les villes de plus d’un
million d’habitants. C’est la première ville-jardin internationale
en Asie.
« Non
seulement Shenzhen possède les caractéristiques types d’une ville
côtière, mais elle est aussi une ville modèle en protection de
l’environnement », dit Hu Haohua, directeur adjoint de la
partie chinoise de Shenzhen Samsung Sdi Co. Ltd, qui,
auparavant, travaillait au ministère des Finances. Maintenant,
toute sa famille a déménagé de Beijing à Shenzhen. Pour les mêmes
raisons, le directeur
général et le directeur général adjoint de la partie étrangère
continueront de vivre à Shenzhen, même après leur retraite. Ils
ont fondé leur propre société de commerce avec la Chine.
Deux ans après son ouverture, la SARL Parc des entreprises de technologie
de pointe des Chinois d’outre-mer de Shenzhen est devenue le plus
grand parc pour étudiants chinois rentrés de l’étranger. Zhang
Binlong, son directeur général, est parti pour les États-Unis
en 1986 ; il y a obtenu le titre de docteur en mathématiques
de l’université Columbia. Selon lui, la vie est belle à Shenzhen.
Chaque jour, il se rend au travail en voiture et il habite dans
une grande maison. Pour lui, la différence entre vivre à Shenzhen
et vivre aux États-Unis tient au fait qu’à Shenzhen, davantage
de compatriotes l’entourent, c’est tout. En Chine, le prix des
marchandises est moins élevé et la qualité de vie est meilleure,
dans une certaine mesure. Dans le marasme mondial que traverse
le secteur des technologies de l’information, il semble que Shenzhen
soit plus attrayante pour lui que les pays étrangers.
En
parlant de sa vie à Shenzhen, Jan L.S King, directeur général
de Lufthansa Technik Shenzhen Co. Ltd., dit avec une grande satisfaction:
« À Shenzhen, les transports et les communications sont déjà
de niveau international; il en est de même pour les télécommunications.
Disposant de beaucoup de verdure, l’environnement de Shenzhen
est bien protégé. On y trouve aussi une dizaine de terrains de
golf ». D’après lui, il n’y a pas de différence entre vivre
à Shenzhen, en Allemagne ou aux États-Unis.
 |
Le
centre commercial de Luohu. |
Mais
il a aussi fait quelques remarques quant à la vie qu’on y mène.
Les conditions de scolarisation des enfants des employés étrangers
ne sont pas très satisfaisantes. Ces derniers souhaitent que leurs
enfants utilisent les manuels scolaires de leur propre pays, mais
cela est difficile, pour le moment. Actuellement, il n’y a pas
non plus assez d’hôpitaux hauts de gamme pour étrangers. Par ailleurs,
la présence policière dans la rue semble un peu insuffisante,
ce qui ne donne pas un sentiment de sécurité. D’après nos informations,
ces problèmes seraient déjà à l’étude.
La
« vitesse Shenzhen » s’explique aussi par l’efficacité du
gouvernement
Il
y a quelques années, la « vitesse Shenzhen », dont on parlait
assez souvent à ce moment-là, signifiait construire un étage en
un jour. Au XXIe siècle, il est plus convenable d’expliquer
cette « vitesse Shenzhen » par la haute efficacité du gouvernement
municipal.
Certaines
personnes seraient portées à croire que le rôle du gouvernement
municipal est bien diminué dans cette ville où le marché est déjà
mûr. En fait, d’après Ding Xueguo, directeur adjoint de Kexing
Biotech Co., Ltd., ce n’est pas le cas. « Ici, les décisions
administratives du gouvernement municipal sont appliquées sans
obstacle. La raison profonde, c’est que le gouvernement sonde
toujours le pouls du marché. Le gouvernement et les entrepreneurs
sont toujours sur la même longueur d’onde ». Quelques interviews
nous l'ont prouvé.
Chen Zhangliang, directeur général de Kexing, est aussi le vice-recteur
de l’université de Beijing. Un jour, en montrant sa carte de séjour
provisoire, il a dit au maire de Shenzhen : « Je suis à Shenzhen
depuis des années, mais je n’en suis pas encore citoyen. »
Le professeur Chen ne pensait pas que sa plaisanterie aurait tant
touché son interlocuteur. C’est vrai que les travailleurs considèrent
déjà Shenzhen comme leur propre famille. Un mois plus tard, la
carte de séjour provisoire de la zone économique spéciale du personnel
qualifié, qui n’avait pas été inscrite dans les registres de l’état
civil, était remplacée par la carte de séjour permanent de la
ville de Shenzhen.
Shenzhen
Samsung Sdi Co. Ltd. est une usine à capitaux mixtes établie en
juin 1996 par Samsung et la Société d’investissement de Shenzhen.
Cette entreprise réalise des bénéfices depuis des années d’affilée.
« Confiante dans l’avenir, notre société se prépare à investir
dans l’installation de la cinquième chaîne de production »,
a ajouté Hu Haohua.
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On
utilise la technologie de fine pointe. |
Dans presque toutes les entreprises, les gens ne tarissent pas d’éloges
sur le travail du gouvernement municipal de Shenzhen. Wal-Mart
est une multinationale. Ses employés vont souvent à l’étranger
mais, selon la règle qui est en vigueur en Chine, il faut deux
mois pour obtenir un visa d’entrée-sortie du pays.
Le bureau de la sécurité publique de la ville de Shenzhen a mis en place
un « passage vert » pour les grandes entreprises chinoises
et étrangères. Maintenant, un jour suffit pour remplir les formalités
d’entrée à Hongkong et trois jours pour celles à l’étranger.
Afin de relever le défi qu’apporte l’entrée de la Chine à l’OMC, le gouvernement
municipal de Shenzhen a rajusté ses politiques pour s’adapter
à la nouvelle situation. À partir du deuxième semestre de 2001,
la municipalité de Shenzhen a révisé les règlements qu’elle avait
promulgués. En juin dernier, on avait déjà achevé ce travail.
Pour les règlements qui sont toujours en vigueur, on les a publiés
au journal officiel dans le site Internet municipal. Quant aux
règlements non publiés, ils ont été abrogés.
Zhang
Jinsheng, directeur adjoint du Bureau du commerce extérieur et
de la coopération économique avec l’étranger de Shenzhen, nous
a dit: « Il y a peu, Shenzhen a procédé à la réforme du système
d’examen et de ratification. Une vingtaine de départements chargés
d’examiner les dossiers ont délégué des représentants pour travailler
ensemble dans notre bureau. Pour les nouveaux projets d’investissement,
deux jours ouvrables suffisent si ces projets se conforment aux
règles. Pour les projets plus complexes, il faut compter cinq
jours ouvrables. »
Toujours une mentalité de pionnier
Dynamique, Shenzhen est en train d’élaborer son objectif de développement :
elle s’efforcera de réaliser sa modernisation d’ici à 2005, d’atteindre
le niveau des pays moyennement développés en 2010, et celui des
pays développés en 2030. Est-ce possible ?
Shenzhen recèle un fort potentiel de développement. En tant que jeune
ville pleine de créativité, Shenzhen a vraiment créé beaucoup
de miracles économiques; elle est le paradis des investisseurs.
De 1997 à septembre 2002, un total de 10 208 projets de 67 pays y ont
été réalisés, pour un montant total d’investissement de 16,969
milliards de dollars US. Presque cent des cinq cents entreprises
les plus puissantes du monde y ont investi. Quarante pour cent
de ce montant total sont des investissements supplémentaires.
Shenzhen a occupé la tête du peloton de l’économie chinoise et a obtenu
beaucoup de succès depuis plus de vingt ans. Malgré tout, de nombreuses
personnes doutent de sa capacité à jouer encore ce rôle, car,
depuis l’entrée de la Chine à l’OMC, la zone économique spéciale
de Shenzhen ne peut plus bénéficier des politiques préférentielles.
Maintenant, elle se trouve à la même ligne de départ que d’autres
villes chinoises. Quels seront alors ses atouts pour diriger l’économie
chinoise ?
Yu Youjun, maire de Shenzhen, ne partage pas l’avis des sceptiques. D’après
lui, l’attrait et les avantages concurrentiels de Shenzhen ne
sont pas disparus depuis l’entrée de la Chine à l’OMC. En plus
de son secteur de technologie de pointe, de son contingent de
compétences et de son gouvernement efficace, Shenzhen possède
encore d'autres atouts qui lui sont propres.
Maintenant, il est quasiment impossible pour Shenzhen de bénéficier des
politiques préférentielles accordées par le gouvernement central.
Mais elle a obtenu de lui le droit d’être une ville-test ;
en d’autres mots, elle pourra introduire la banque à capitaux
mixtes avant les autres. En 2002, une banque de ce genre y a déjà
été ouverte, et une compagnie d’assurances à capitaux mixtes a
aussi obtenu la permission d’y entrer.
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Le
port de Shenzhen. |
Jusqu’à maintenant, en dehors du cadre
de l’OMC et selon la politique chinoise, en général, les centres d’approvisionnement de pays étrangers n’avaient
pas le droit d’ouvrir une exploitation à capitaux exclusivement
étrangers en Chine, mais ils
pouvaient le faire à Shenzhen. Récemment, Wal-Mart a déménagé ses centres d’approvisionnement de Singapour
et de Hongkong à Shenzhen. Des pourparlers se déroulent actuellement
entre Shenzhen et une dizaine de grandes multinationales qui souhaitent
faire la même chose.
Il n’y a pas longtemps, les services publics ont coopéré avec des sociétés
étrangères ; par exemple, les sociétés des eaux et du transport
public ont lancé des appels d’offre. Les capitaux étrangers peuvent
détenir des actions dans ces entreprises,
une première en Chine. Tous ces projets ont obtenu le soutien
des différents ministères du Conseil des affaires d’État.
Depuis plus de vingt ans, la zone économique spéciale de Shenzhen a toujours
été le moteur de l’économie chinoise. Pendant un certain temps
encore, elle devrait rester la pionnière de l’économie chinoise.