Novembre/Décembre 2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Les Achang

Plus de 90 % des quelque 27 000 Achang vivent dans les districts de Longchuan, Lianghe et Luxi de la préfecture autonome dai-jingpo de Dehong, province du Yunnan. Les autres habitent dans le district voisin de Longlin, préfecture de Baoshan. Ces régions sont situées à l’extrémité méridionale des monts Gaoligong et le climat y est chaud, la terre, fertile et bien sillonnée par des rivières. Les vallées de rivières incluent de nombreuses plaines, et les forêts denses abritent des cerfs et des ours. Les réserves de charbon, de fer, de cuivre, de plomb et de graphite abondent.

Les Achang parlent une langue appartenant à la famille des langues sino-tibétaines. La plupart d’entre eux parlent aussi le chinois et la langue des Dai. Ils utilisent les caractères chinois pour écrire.

Histoire socio-économique

Les ancêtres des Achang vivaient dans les vallées des fleuves Jinsha, Lancang et Nu, dans le nord-ouest du Yunnan. Certains se sont déplacés à l’ouest du fleuve Nu et, de chasseurs, ils sont peu à peu devenus fermiers. Selon les légendes, les Achang de cette époque vivaient dans une société matriarcale au sein de laquelle les femmes avaient un rôle dominant. Durant les dynasties des Tang et des Song (618-1279), la région des Achang était contrôlée par les principautés de Nanzhao et de Dali. Pendant les Ming et les Qing (1368-1911), les Achang étaient dirigés par des chefs héréditaires nommés par la cour impériale à laquelle ils étaient soumis. Après la révolution de 1911, les seigneurs de la guerre établirent un bureau d’administration dans la région des Achang, y mettant en place le système Bao-Jia (un système administratif organisé sur la base des ménages, chaque Jia étant composé de 10 ménages et chaque Bao de 10 Jia, et par ce système, le seigneur de guerre appliquait sa règle à l’échelon de base).

Avant la Libération, les Achang de la région de Lianghe vivaient dans une organisation familiale appelée « Jiahui » (rencontre familiale). Semblable au système du clan patriarcal, la Jiahui avait des règles familiales écrites et choisissait ses patriarches pour maintenir l’ordre. Les femmes étaient inférieures aux hommes et avaient peu de droits. Elles n’avaient pas le droit d’hériter. Le féodalisme dominait aussi le système économique. La culture se faisait sous le mode seigneurial : les Dai étaient les chefs seigneuriaux, mais les seigneurs étaient des Han. Il y avait peu de seigneurs achang. Sous la férule de ces chefs, la structure sociale des Achang fut démantelée. On organisa les Achang en « gang » (commune) et « zuo » (district) par lesquels les chefs dirigeaient et imposaient des taxes de tout genre.

Après la Libération, le district autonome de Longchuan fut établi. Trois autres le furent en 1953 et en 1954. Puis en 1955, on procéda à la réforme agraire, et la propriété féodale de la terre fut abolie, tout comme les taxes et les privilèges féodaux. En 1958, on organisa des coopératives pour les fermiers.

Aujourd’hui, les Achang sont reconnus pour la culture du riz. Ils ont bâti des systèmes d’irrigation et des centrales hydroélectriques et mécanisé la culture. Les industries locales ont été bâties à partir de zéro. Elles sont centrées sur Lianghe. On y trouve la ferronnerie, le pressage de l’huile, la teinturerie, la machinerie agricole, la production de savon et de colophane.

Us et coutumes

Habillement. Les hommes aiment porter des vestes bleues, blanches ou noires, boutonnées sur le devant, bien qu’à certains endroits, ils les portent boutonnées du côté gauche. Les femmes adorent les bijoux en argent.  Leur habillement varie selon l’endroit où elles demeurent, mais règle générale, les femmes mariées portent une jupe et une veste à manches ajustées, et elles portent un turban noir ou bleu qui peut être relativement haut. Les célibataires portent le pantalon et attachent leur cheveu en queue de cheval sur le dessus de la tête. Les jeunes aiment mâcher de la noix de bétel, ce qui noircit les dents, mais cette coutume tend à disparaître.

Alimentation. Les Achang mangent du riz comme alimentation de base, et ils préfèrent des mets légèrement aigres.

Habitation. Les maisons sont en brique ou en pierre avec poutres en bois, et elles ont toutes une cour. Les villages des Achang sont reliés par des sentiers en terre ou des chemins pavés de pierres.

Mariage. L’unité de base de la société achang est la famille patriarcale monogame. Les jeunes sont libres de choisir leur conjoint à leur gré, alors qu’autrefois, les mariages étaient arrangés par les parents. Cependant, durant les fréquentations, les rituels sont relativement stricts. Au crépuscule, le jeune homme se rend dans le bosquet de bambous situé près de la demeure de la jeune fille qu’il désire, et il joue du sheng pour gagner ses faveurs. Dans certains endroits, des groupes de jeunes hommes et de jeunes filles se rassemblent près d’un feu de camp où les couples se font la cour en chantant. Ceci peut se poursuivre jusqu’à l’aube. Chez les Achang, l’inceste est tabou et cela va jusqu’à interdire les mariages entre personnes portant le même nom de famille. Les mariages avec les Han et les Dai sont toutefois permis.

Religion et funérailles. Sous l’influence des Han, les Achang vénèrent les ancêtres. Les Achang qui demeurent dans la plaine de Fusa pratiquent le Hinayana, une branche du bouddhisme. Règle générale, les Achang enterrent leurs morts, et dans les régions où se pratique le bouddhisme, les funérailles ont lieu lors des jours saints et sont suivies par la récitation des écritures par des moines. Un moine dirige la procession funéraire. En marchant, il tient un long tissu blanc attaché au cercueil, comme s’il guidait le mort vers le « royaume céleste ». Le cercueil doit être porté au-dessus de la tête des parents proches, ce qui symboliquement fournit à la personne décédée un « pont » vers l’au-delà. Les morts sont enterrés sans ornements de métal; même les fausses dents en or doivent être enlevées afin de s’assurer que rien ne vient empêcher la réincarnation. Ceux qui meurent d’une maladie contagieuse ou en bas âge sont incinérés.

Loisirs.Les Achang chérissent leur culture orale composée de ballades, d’histoires et de contes. Les chants alternés constituent un loisir populaire chez les jeunes. Les instruments de musique utilisés comprennent le qin en bambou (un instrument à cordes), la flûte en bambou, le sheng en forme de calebasse (un instrument à vent), le sanxian ( un instrument à trois cordes), le tambour en patte d’éléphant et le gong. La danse du Tambour et la danse du Singe sont les plus populaires. L’artisanat comprend la broderie, la laque, la teinture, le tissage, la gravure et la fabrication d’objets en argent, et cet artisanat est reconnu pour ses motifs élaborés. La gravure des Achang est particulièrement remarquable, et on peut l’admirer sur les meubles, les bâtiments et les temples bouddhiques.