Les
beautés chinoises de l’Antiquité
À chaque époque ses standards, dit-on. En matière
de beauté, certains atouts féminins ont été déclassés au fil du
temps, mais la vraie beauté est éternelle…
HUO JIANYING
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Statuette
funéraire polychrome de la dynastie des Han (206 av. J.-C. -220
apr. J.-C), illustrant la sveltesse d’une suivante de la cour
impériale. |
Fresque
d’une suivante de la dynastie des Wei du Nord (386-543) :
taille svelte, belle coiffure, sourcils noirs et bien arqués.
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œuvre de
Tang Beh; ce peintre était connu pour ses dessins de
beautés. |
Statuettes
de suivantes de la dynastie des Song (960-1279). |
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La
peinture des beautés de la dynastie des Tang du Sud (937-975)
a connu un peu plus de changements que celle des Tang.
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Belles
femmes dues à la plume de Chen Hongsui, peintre renommé ayant
vécu de la fin des Ming (1368-1644) au début des Qing (1644-1911).
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Xin Zhui, belle marquise
d’il y a 2 000 ans, découverte à Mawandui de Changsha. |
AU cours
du dernier millénaire, la Chine a vu naître successivement quatre
belles femmes renommées dans l'histoire : Xi Shi, Wang Zhaojun,
Diao Chan et Yang Yuhuan. En dépit de la vague déferlante des belles
femmes modernes, ces quatre beautés ont encore une grande réputation
dans tout le pays. Depuis plusieurs années, elles occupent
non seulement une place importante dans le monde féminin, mais sont
aussi des célébrités connues de tous. Elles ont joué un rôle
important dans l’histoire. On s’attarde non seulement devant leur
belle apparence, mais on admire aussi leur intelligence,
leur esprit vif et leur conduite cavalière.
Le charme et la beauté
Connues
de génération en génération, ces quatre beautés chinoises de l’Antiquité
ont surpassé les autres femmes non seulement par leur joli minois
mais aussi par leur haute moralité. En réalité, on ne tarit pas
d’éloges sur leur sincérité, leur dignité et leur noble caractère.
Xi Shi,
beauté du royaume de Yue, séduisit par son apparence le roi de Wu
pour tuer son maréchal Wu Zixu, et elle causa la perte de son royaume
(au Ve siècle av. J.-C.).
Diao
Chan, femme du général Lü Bu (époque des Trois Royaumes), contribua
au stratagème qui consista à utiliser la séduction d’une belle femme
et à tuer le flagorneur Dong Zhuo.
Pour
la paix frontalière et l’harmonie ethnique, l’empereur Yuandi des
Han (206 av. J.-C. -220) offrit la concubine impériale Wang Zhaojun
au khan des Xiongnu qui la fit reine.
Pour
tenir compte de la situation dans son ensemble, Yang Yuhuan se sacrifia
à la mutinerie de soldats.
Ayant
le même statut et le même naturel que ces quatre beautés antiques,
Da Ji, concubine favorite de Zhou, dernier souverain des Shang (1765-1122),
et Bao Si, concubine favorite du roi You de Zhou, étaient considérées
comme des séductrices qui conduisirent l’État et le peuple au désastre.
Dans la conception traditionnelle de la nation chinoise, la moralité
est plus importante que les apparences de la beauté.
En parlant d’une beauté, la combinaison
de la moralité et de la belle apparence semble être la condition
principale et la plus ancienne. Le Shi Jing, livre des Odes
ou classique de la poésie, est un recueil de 305 hymnes religieux,
classés en quatre parties, qui auraient été choisis par Confucius
il y a sept cents ou huit cents ans. Guan Ju est un poème
d’amour qui affirme qu’une beauté qui s’unit à un gentleman constitue
un mariage heureux. Le charme fait référence à l’apparence et la
beauté, à la moralité. Aujourd’hui, on cite encore ce poème d’amour
pour expliquer l’importance de la combinaison du charme et de la
beauté.
Beautés de l’Antiquité décrites dans des livres historiques
Lorsqu’on
parlait des beautés de l’Antiquité, on aimait mettre sur le même
plan des beautés de nature différente. « Yan Shou Huan Fei
» signifie que la beauté Zhao Feiyan est svelte et que Yang Yuhuan
est grosse. Zhao Feiyan était la concubine favorite de l’empereur
Cheng des Han et Yang Yuhuan, celle de l’empereur Xuanzong des Tang
(618-907). Ces deux belles femmes savaient très bien chanter et
danser.
Zhao
Feiyan avait une silhouette mince et légère. On disait qu’elle pouvait
danser dans la paume (aujourd’hui, un mouvement de danse soutenu
par les mains d’un danseur). Pour sa part, Yang Yuhuan avait une
silhouette costaude et bien découpée. Lorsqu’elle dansait, ses tournoiements
étaient rapides et gracieux.
Bien
que différentes, ces deux belles de l’Antiquité avaient une même
réputation bien méritée. Il est difficile de dire qui était la première.
Il y
a quelques centaines d’années, durant la dynastie des Han, la sveltesse
était considérée comme le symbole de la beauté et d’une femme à
la mode. La littérature de l’époque décrit non seulement l’apparence
de ces beautés mais encore leur sveltesse. La « taille souple
en forme de branche de saule » et la « taille souple en
forme de soie attachée » sont des descriptions vivantes d’une
beauté de ce temps.
Durant
la dynastie des Tang, le pays est à l’apogée de sa puissance. Les
habitants vivaient dans l’aisance et dans une société entièrement
ouverte. C’est une époque d’harmonie durant laquelle la Chine effectue
des échanges culturels avec l’étranger. Dans ce contexte, la conception
esthétique de la population connaît de grands changements en harmonie
avec celle de cette dynastie. Les habitants apprécient alors le
front large, le visage rond et la taille bien découpée.
Avoir
un port distingué et jouir d’une excellente santé est le standard
dominant des belles femmes de cette époque. Le corps robuste et
les gestes gracieux sont aussi un type de beauté féminine. Xiao
Man Yao était un surnom pour une beauté costaude ayant une taille
bien découpée. Zhao Feiyan et Yang Yuhuan sont deux représentantes
de ces deux conceptions esthétiques.
Quelle
était l’apparence des belles de l’Antiquité?
Il n’y
a que très peu de documents et d’œuvres littéraires enregistrant
les vantardises des auteurs. Canmei Fengmu (avoir des
sourcils épais et de grands yeux) et Liuyemei, Xinheyan
et Yingtaoxiaokou Yidiandian (avoir des sourcils bien arqués
en forme de feuille de saule, des yeux en forme de noyau d’abricot
et une petite bouche en forme de cerise) étaient une ligne et une
chanson populaires très répandues à cette époque.
Dans le Hanzashi Mixin (Mélanges
sous la dynastie des Han), écrit en 147, on se contente de faire
un récit sur le choix des concubines pour l’empereur Huandi des
Han. Ce livre décrit déjà bien le langage, les manières, la voix,
l’apparence, la taille, la couleur de la peau, la couleur et la
longueur des cheveux et les organes génitaux des concubines choisies.
Il est toutefois difficile de lire un récit qui ne décrit une belle
femme qu’en termes très concrets : une taille de 1,64 m,
de larges épaules de 37 cm, un postérieur de 30 cm, de
longs bras de 62 cm, un long majeur de 9,2 cm, de longues
jambes de 74 cm (côté interne) et de longs pieds de 18 cm.
Dommage que l’on ne puisse admirer les mesures tridimensionnelles
de leur corps!
Les
gens de l’Antiquité soulignaient la taille d’une beauté et négligeaient
les tours de poitrine et de postérieur. Dans la société féodale,
la femme séduisante a été souvent associée à une femme galante.
Dans l’histoire, par ignorance, certaines femmes chinoises ont bandé
leur poitrine. Jusqu’aujourd’hui, certains ont considéré le sex-appeal
comme un terme péjoratif ou comme le fait d’une femme galante qui
cherchait à les provoquer.
Le choix des concubines
L’expérience
acquise au fil de l’histoire mérite l’attention, surtout que la
Chine a une histoire plusieurs fois millénaire. Cependant, le nombre
de ses beautés reconnues peut se compter sur les doigts de la main.
En effet, pendant longtemps, les Chinoises ont eu un statut social
très bas sous le joug des rites féodaux. À l’exception des
Tang, les autres dynasties reléguèrent la femme dans sa chambre,
dès sa tendre jeunesse, de sorte qu’elle fut incapable de participer
aux activités sociales.
Dans la Chine antique, le choix des belles
femmes existait bien évidemment. Ces activités appartenaient
à deux types : populaire et impérial. Au début, le choix des
belles femmes était effectué dans les maisons de tolérance. Pendant
les années de règne de l’empereur Xining des Song (1068-1077), dans
sa capitale Bianjing, on pouvait voir la liste des prostituées appréciées. Ces
activités se poursuivirent sous les Ming (1368-1644) et les Qing
(1644-1911). Cependant, bien que les candidates eussent bien maîtrisé
des instruments de musique, le jeu de Go, la calligraphie et la
peinture, la poésie, les odes et la poésie en prose rimée, leur
statut social les empêchait de se classer au rang de beauté. Sous
le titre de Hua Kui (prostituée renommée), une femme gagnait
parfois la sympathie et les éloges des lettrés. Plus tard, des femmes
de différents échelons ont aussi participé aux choix des beautés.
Malheureusement, on ne leur jetait qu’un coup d’œil dédaigneux.
Les prostituées renommées choisies pouvaient difficilement entrer
dans une salle officielle. Avec le progrès de la société, ces activités
historiques sont heureusement choses du passé.
À la cour impériale, le
choix des beautés consistait à sélectionner de belles concubines
et de belles suivantes. Ces activités étaient plus solennelles que
le choix des beautés modernes. En 1621, l’empereur Xizong des Ming
allait tenir sa cérémonie de mariage. Il envoya donc des eunuques
pour effectuer une première sélection parmi les jeunes filles de
treize à seize ans. Après en avoir choisi 5 000, les eunuques
les emmenèrent dans la capitale. Une fois là, des eunuques procédèrent
à une deuxième sélection. Toutes les jeunes filles furent mises
en rang d’après leur taille et leur grandeur, et les eunuques en
choisirent alors 4 000. Le lendemain, ces eunuques vérifièrent soigneusement
les oreilles, les yeux, le nez, les cheveux, la peau, les reins,
le cou et le dos de ces filles. Celles qui avaient un organe ne
correspondant pas au standard exigé étaient exclues. Par la suite,
les jeunes filles devaient se présenter. D’après leur langage, leur
allure, le ton de leur voix, 2 000 furent rayées de la liste. Le
troisième jour, les eunuques mesurèrent à la règle les mains et
les pieds des filles et leur demandèrent de marcher quelques dizaines
de pas pour observer leur allure et leur manière. Ils en exclurent
encore 1 000 autres.
Une
fois à la cour impériale, Wenpo (gynécologue de la cour)
effectua des examens gynécologiques et vénériens. Après ces examens,
il ne resta que 300 candidates. Après un séjour d’un mois à la cour
impériale, les jeunes filles devaient encore recevoir la vérification
de l’empereur à propos de leur talent, leur intelligence, leurs
habiletés, leur caractère et leur moralité. Finalement, les 50 dernières
se voyaient conférer le titre de concubine d’honneur.
La concubine
impériale examinait ensuite les connaissances des 50 jeunes filles
sur la littérature, les mathématiques, la poésie, la calligraphie
et la peinture. Finalement, on conférait un titre de dignité aux
trois meilleures. Il faut dire qu’une minorité de jeunes filles
choisies par la cour impériale devenaient une concubine favorite,
et une grande majorité de jeunes filles, vivant une peine indicible,
passaient leur temps à ne rien faire. Fort heureusement, cette tragédie
de la beauté fait maintenant partie de l’histoire.
Document
:
Dix
secrets des beautés
Chaque
période a eu son standard de beauté. Pour ce qui est de l’apparence,
on avait conclu dix règles générales :
1. Wufa Chanbin : cheveux noirs
et brillants, tempes en forme d’ailes de cigale.
2. Yunzhong Wuhuan : chignon en
forme de nuage comme la coiffure de Zhao Feiyan.
3. Emei Qingdai : sourcils épais et bien arqués.
4. Mingmou Liupan : grands yeux
brillants et bonne vue.
5. Zhuchun Haochi : lèvres rouges
et belles dents blanches.
6. Yuzhi Subi : mains fines et
longs doigts fins et souples, bras blancs et pleins.
7. Xiyao Xuefu : taille svelte
comme les branches d’un saule et peau fine, lisse et blanche.
8. Lianbu Xiaowa : petits pieds et démarche légère et gracieuse.
9. Hongzhuang Fenshi : maquillage
approprié avec soins de beauté convenables.
10. Zhiti Touxiang : peau exhalant
un doux parfum.
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