Le
problème du stationnement et le développement de l’automobile
 
FENG JIANHUA
À l’heure actuelle, les habitants des grandes villes de Chine voient souvent
leur rêve de voiture s’estomper au profit du cauchemar du stationnement.
Est-ce une situation irrémédiable?
M. HAN ZHENDONG est un salarié
ordinaire de Beijing. Il y a trois ans, il a acheté une
voiture. Celle-ci lui apporte non seulement des commodités,
mais aussi des difficultés. À l’heure actuelle, le nombre d'automobiles
a dépassé les deux millions à Beijing, mais il n’y a que 600 000
places de stationnement. Pendant plusieurs mois, M. Han a garé sa
voiture sans respecter les règles et a écopé de contraventions.
S’il atteint douze points de démérite, son permis de conduire sera
retiré.
Ce monsieur habite un petit
quartier aménagé dans les années 1980. À cette époque, la voiture
ne faisait pas partie de la vie du quartier et le gouvernement local
n'a pas élaboré de plan de stationnement local. Ces deux dernières
années, les places publiques de ce petit quartier sont bondées de
voitures. Comme la place pour circuler est très limitée, les places
de stationnement causent souvent des mésententes entre voisins.
À l'heure de pointe, des voitures stationnées barrent souvent le
passage, et on doit faire venir leur propriétaire pour laisser passer
d’autres voitures. Ces différends ont non seulement gaspillé bien
du temps, mais encore exercé une influence sur la coopération entre
voisins », dit M. Han. Ce type de petit quartier constitue
la majorité des lieux d’habitation à Beijing. « J'ai entendu
dire que des habitants mécontents avaient même cassé des voitures
qui encombraient leur quartier », continue M. Han avec inquiétude.
Il n’y a pas que M. Han ou les habitants
de Beijing qui éprouvent ce type de problèmes. À Shanghai, à Guangzhou,
à Chongqing et dans d’autres grandes villes chinoises se pose aussi
la question du stationnement. Autrefois, Tokyo, Hongkong et d'autres
grandes villes du monde ont connu ce type de problèmes. Aujourd'hui,
à Beijing, il est difficile de garer sa voiture.
Actuellement, le nombre de places de stationnement ne représente
que 2 % du total des voitures. Ce pourcentage est encore loin
du standard international. À Hangzhou, chef-lieu de la province
du Zhejiang, il n'y a qu'une place de stationnement pour trois voitures.
Ce problème est encore plus aigu à Chongqing, l'une des quatre
villes relevant directement de l'autorité centrale; il n'y a qu'une
place pour treize voitures.
Le journal Nanfang Dushi
a récemment effectué une enquête auprès de 63 % des automobilistes.
Cette enquête a révélé que les préoccupations des automobilistes
portent avant tout sur la disponibilité du stationnement et son
prix. D'après les statistiques, pour l'ensemble du pays, il n'y
a qu'une place autorisée de stationnement pour chaque cinq voitures.
Le rêve de voiture
Avec le développement rapide de son économie, la Chine est entrée
dans l'ère de la consommation des voitures privées. D'après les
statistiques, le nombre de ces dernières dépasse maintenant les
dix millions. Chaque année, ce chiffre augmente à un rythme de 20
à 30 %.
En tant que pays ayant le
plus d'entreprises d’automobiles, la Chine est en train d'élaborer
la stratégie de développement de ce secteur dans l’objectif de devenir
un grand pays ayant une production automobile de grande envergure.
« La dure réalité de la
difficulté de stationnement a fait subitement s’évanouir le rêve
de voiture », ont estimé certains experts. Bien que des gens
eussent prévu la possibilité que ces voitures puissent former un
« volcan » sur le marché, la voiture de consommation est
tout de même devenue un nouveau pôle de croissance. Pourtant, le
problème de stationnement a une interaction avec la production et
la consommation de voitures.
D'après certains reportages,
pendant les six premiers mois de l’année, les affaires du marché
de l’automobile de Guangzhou ont été relativement calmes. Le chiffre
des ventes n'a atteint que 30 000 unités environ. Selon les
dires d’une personne de ce marché, le nombre de places de stationnement
est insuffisant à Guangzhou, et le prix du stationnement y est cher,
ce qui constitue la raison principale influençant la consommation
automobile.
À Shanghai, certaines grandes
entreprises se préparent à encourager des habitants à participer
à la consommation automobile. Mais comme les quartiers manquent
de places de stationnement, où ces propriétaires de voitures stationneront-ils
leur nouvelle voiture? Sans aucun doute, ils vivront la même situation
embarrassante que les habitants de Beijing.
Pourquoi le stationnement est-il si difficile?
« Beaucoup de facteurs subjectifs et objectifs
influencent la question du stationnement, dont l'estimation de la
consommation de voitures du département gouvernemental concerné;
cette estimation a joué un rôle considérable dans ce cas »,
dit M. Liu Xiaoming, directeur adjoint de la Commission municipale
du transport de Beijing.
Au début des années 1990,
le département concerné de Beijing a en effet estimé que la consommation
automobile était de 700 000 à 800 000 unités. En réalité, la
consommation de voitures avait atteint 1,5 million d’unités en 2000.
L’estimation inexacte a entraîné les ratés du plan de construction
des parcs de stationnement.
Par ailleurs, le prix déraisonnable imposé par ces parcs à autos
est aussi un facteur qui influence leur utilisation. Sur le plan
théorique, leur nombre est insuffisant à Beijing, mais le prix élevé
qu’ils exigent a aussi réduit leur taux d'utilisation.
Le parc-auto du Palais des
expositions de Beijing a deux étages et un millier de places de
stationnement, mais son prix exagéré fait en sorte que ses affaires
sont peu animées. Les places vacantes y représentent 60 % du
total. Pas très loin de là, le grand marché Tianyi a un parc de
stationnement souterrain de 158 places. D'après les dires de M.
Wu Zengyou, un des responsables de ce grand marché, chaque jour,
après 10h, ce parc est comble. Cette situation dure jusqu'à 16h. Lors
des jours de week-end, il est plein dès 9h. « Le prix du stationnement
à Tianyi n'est que deux yuans l’heure. Avant 9h, le prix d’une journée
de stationnement n'est que de dix yuans, et pour 24 heures, de vingt
yuans. Au contraire, le prix du stationnement au Palais des expositions
de Beijing atteint cinq yuans l’heure », déclare M. Wu. Cinq
yuans l’heure est évidemment un prix élevé pour un salarié (20 %
de son salaire). Dans ce contexte, certains automobilistes garent
leur voiture au hasard, en bordure de la rue, faute d’avoir trouvé
un parc de stationnement à prix raisonnable.
Bien que les agents de police
fassent preuve de sympathie à l’égard des conducteurs qui n’ont
pas eu d'autres choix, le respect des indications de défense de
stationner, sous peine d'amende, est aussi une affaire sérieuse.
Payer une amende de cent ou deux cents yuans est une lourde charge
pour les automobilistes peu fortunés.
La construction des parcs-autos
« Il faut faire de la construction des parcs-autos une industrie
pouvant y trouver son compte. Pour attirer l'entrée des capitaux
sociaux, le problème clé consiste à faire jouer le rôle de levier
économique aux prix et aux taxes dans l'optimisation de la structure
du stationnement », dit M. Liu. Ce dernier estime que la résolution
de la question du stationnement doit passer par les procédés industriels
afin d’accélérer la construction de parcs-autos et d’élever le taux
d'utilisation de ceux qui sont déjà existants.
À cet égard, l'investissement
dans la construction de parcs-autos doit être polyvalent; on doit
aussi utiliser des politiques préférentielles pour attirer divers
types d’investissements par différents canaux, dans le but de changer
le système traditionnel selon lequel on s’appuie principalement
sur les investissements gouvernementaux. L'environnement économique
de marché de la dernière décennie a permis au peuple chinois de
commencer à s’habituer à s’en remettre aux lois du marché pour résoudre
des questions économiques plutôt que de se fier aux mesures administratives.
À Beijing, une mesure importante
se prépare à la Commission municipale des transports. Cette mesure
consiste à augmenter, selon la coutume internationale, le standard
du prix de stationnement dans les espaces de rue afin de réduire
le temps de stationnement et de forcer les automobilistes à garer
leur voiture dans les parcs-autos intérieurs. Parallèlement, il
faut donner des droits et des espaces à ceux qui veulent investir
dans les parcs de stationnement au cours du processus de réajustement
des prix du stationnement.
« L’application de
ces deux mesures permettra à la construction de parcs-autos d’être
une industrie attirante à Beijing », déclare M. Liu.
Ce dernier a calculé grosso modo le chiffre d’affaires du stationnement :
en 2008, le nombre des places de stationnement de Beijing pourra
atteindre 2 millions. Si chaque place rapportait trois yuans, tous
les parcs-autos de Beijing pourraient gagner 6 millions de yuans
par jour et 20 milliards de yuans par an. Si on élargit ce chiffre
à l'ensemble du pays, ce sera un revenu considérable.
Selon M. Liu, il n’y a aucun obstacle concernant les investissements
dans la construction de parcs-autos; les capitaux sociaux et les
investissements étrangers jouiront d'un même traitement de faveur.
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