Novembre/Décembre 2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

La Mongolie intérieure, un paradis touristique du Nord

QIU JIANGHONG

Des  lacs aux eaux limpides, des steppes verdoyantes, des troupeaux de moutons blancs…cet endroit idyllique n’est nul autre que la région autonome de Mongolie intérieure, un site touristique de la Chine du Nord.

Ces pâturages gras contribuent à élever des chevaux robustes.

SUR la carte de Chine, cette région autonome a une forme longue et étroite. Le soleil qui se lève à l’est prend deux heures pour l’illuminer entièrement. Cette vaste contrée possède une topographie diversifiée : de vastes steppes au centre, une immense mer de sable à l’ouest et une forêt dense à l’est.

Habitat de l’ethnie mongole, cette région permet aux touristes de faire l’expérience de la vie des pasteurs, d’apprécier la culture pastorale et de découvrir les mœurs locales. En outre, en tant que pays natal de Gengis Khan, cette région possède des légendes anciennes et de riches vestiges culturels et historiques.

La vaste et belle steppe de Mongolie intérieure.

Au plan touristique, la facilité d’accès de la Mongolie intérieure constitue l’un de ses grands avantages. Il ne faut que quelques heures de voiture de Beijing pour atteindre la région autonome d’ethnies minoritaires la plus proche de Beijing, et  il en faut encore moins en avion. En été, beaucoup de gens s’y rendent spécialement pour fuir la chaleur.

Des paysages naturels splendides

Pâturage au matin.

Les steppes grandioses forment le paysage naturel le plus symbolique de la Mongolie intérieure. La steppe Bashang, à quelque trois heures de Beijing en voiture, est un bon endroit pour faire de l’équitation pendant les week-ends. Cependant, les paysages pastoraux les plus typiques se trouvent dans la steppe de Xilin Gol.

Cette steppe est une réserve naturelle d’échelon national et fait partie du « Programme sur l’homme et la biosphère » de l’Unesco. Avec ses pâturages gras, ses beaux paysages et son système écologique complet, elle offre le paysage naturel de steppes le plus complet du Nord de la Chine, et elle est digne de représenter ce type d’écosystème de l’est du continent eurasiatique.

En voiture dans ce décor, sous le souffle d’une brise légère, on ne peut que se sentir libre. La politique locale sur l’interdiction du pâturage a fait disparaître progressivement les bovins et les caprins de la steppe, mais celle-ci n’est pas pour autant monotone. Vues de loin, les montagnes semblent encercler la steppe, et sur les hautes pentes, on trouve des centrales éoliennes qui forment à la fois des bases énergétiques et un beau paysage.

La rivière Xilin serpente, et des plantes aquatiques, dont des roseaux, poussent en quantité sur ses deux rives. En été et en automne, les eaux limpides qui frissonnent et les herbes verdoyantes attirent de nombreux photographes. Les feuillets miniatures de la série spéciale de timbres émis en 1998 ont pris la réserve naturelle de Xilin Gol comme arrière-plan.

En plus de la steppe, le désert de l’ouest mérite une visite : les dunes ondulantes, la végétation clairsemée, les arbres qui ploient… Quelquefois, des chameaux à l’air placide, debout ou couchés, rendent le désert plus vivant.

C’est la forêt naturelle à l’est qui a le paysage le plus varié. Le sommet principal des Grands Hinggan se trouve dans la région autonome de Mongolie intérieure. Les bouleaux asiatiques gracieux, la forêt de pierres étranges et un lac naturel accueillent les visiteurs qui y viennent parfois de très loin.

Des mœurs ethniques colorées

Les yourtes rondes sont les habitats des pasteurs, sympathiques et hospitaliers. Les visiteurs y font toujours l’objet d’un accueil chaleureux. Le thé au lait parfumé et le méchoui aiguisent l’appétit. Là, il faut faire comme chez soi, car ce qui plaît le plus aux hôtes, c’est de voir leurs invités bien se rassasier.

Un monastère lamaïste près de Baotou.

Règle générale, les Mongols adorent le chant et la danse. Au moment du repas, l’hôte joue du violon mongol à tête de cheval, tandis que les filles chantent et dansent. En dansant, elles n’oublient pas de porter un toast aux visiteurs, et s’ils le refusent, la coutume veut qu’elles ne peuvent cesser de chanter. À ce moment-là, la plupart des invités font preuve de bonne volonté et avalent l’alcool d’un trait. Au moment de boire, l’étiquette est stricte : par exemple, porter un toast au ciel, à la terre et aux ancêtres. En général, les invités n’ont pas à prendre ces coutumes au sérieux, mais s’ils se plient à ces rituels pour exprimer leur souhait, l’hôte leur en sera reconnaissant.

Grande cérémonie sacrificielle au mausolée de Gengis Khan.

Si les visiteurs se rendent dans la région au moment du Nadam, ils seront éblouis. Nadam signifie jeux et divertissements en langue mongole; cette fête tombe généralement en juillet et en août, la saison d’or sur la steppe, une période où les pâturages sont à leur meilleur et où les vaches et les moutons sont magnifiques. Des milliers et des milliers de pasteurs mongols, hommes et femmes, jeunes et vieux, en costume de fête, affluent de partout sur la steppe, que ce soit à cheval, en voiture ou en tout type de véhicules, sans craindre la longue distance. Les drapeaux multicolores qui flottent, la foule immense, les vaches qui beuglent, les moutons qui bêlent, les chevaux qui hennissent…l’animation règne sur cette steppe habituellement calme.

Le tombeau de Zhaojun.

La lutte mongole, au spectacle grandiose et impressionnant, forme l’un des programmes les plus animés du Nadam. En maillot et portant une armure de couleurs différentes, les candidats entrent en dansant et saluent les spectateurs. Au cours de la lutte, il y a un protocole de concessions qui ressemble aux échanges antiques de politesse. À la fin du combat, le vainqueur relève l’adversaire qui est tombé pour montrer son respect et présenter ses excuses.

Les participants, vieux ou jeunes, se mesurent pour voir qui l’emportera en matière de compétence technique et de force physique. Un monsieur ayant dépassé la cinquantaine avait le dos décoré de dizaines de rubans multicolores. Selon les explications des locaux, la couleur et le nombre de rubans représentent le résultat de chaque année.

Des vestiges historiques mystérieux

La Mongolie intérieure abrite de nombreux vestiges historiques dont les plus connus sont le mausolée de Gengis Khan, le tombeau de Zhaojun et les ruines de Shangdu des Yuan (1271-1368).

Le récit des voyages de Marco Polo relatait de manière détaillée la prospérité de Shangdu : « Shangdu est la capitale édifiée par Kubilay Khan. Les palais en marbre et en belles pierres de toutes sortes sont ingénieusement conçus et décorés avec luxe. Devant eux, on s’écrie d’admiration et on les considère comme le sommet de la perfection. Toutes les salles et les pièces sont dorées et ornées somptueusement. »

Shangdu a été la première capitale de la dynastie des Yuan; elle se trouvait à Jinlianchuan (Duolun), à 17 km au nord-est de la bannière Zhenglan, et était orientée vers Dadu (Beijing aujourd’hui). En 1260, Kubilay Khan y monta sur le trône et devint plus tard Shizu des Yuan.

La localisation de cette capitale est superbe. Les paysages de Jinlianchuan sont pittoresques, étendus et entourés de montagnes. La forêt et les rivières qui embrassent cette capitale lui garantissent les ressources nécessaires. La disposition de la ville est libre, vivante et originale, plutôt que de s’en tenir à des formules toutes faites. Les concepteurs ont fait preuve d’une ingéniosité exceptionnelle en associant les conceptions urbanistiques des villes traditionnelles han et les caractéristiques de la vie pastorale des Mongols. On y trouve non seulement les palais imposants traditionnels des Han, mais encore les yourtes mongoles. En outre, le tracé nord-sud de la ville est parallèle au méridien.

En 1272, Shangdu fut agrandie pour former la capitale ayant l’envergure la plus grandiose de la steppe du Nord dans l’histoire de la Chine, et elle devint l’un des centres politiques, économiques, militaires et culturels de la Chine, voire même du monde d’alors. Tous les ans, du début de l’été à la fin de l’automne, les empereurs y venaient pour fuir la chaleur, faire la chasse et régler les affaires politiques, alors que les envoyés de tous les pays y venaient présenter leurs respects et que les commerçants s’y réunissaient. Cette animation lui a permis de devenir une métropole internationale. Marco Polo et son père y furent reçus par Kubilay Khan.

Les vestiges de Shangdu sont les plus concrets et les plus complets légués par les Yuan, et ils sont aussi les témoins de l’histoire splendide de cette dynastie. Ils se dressent sur la steppe depuis plus de 600 ans. Ils revêtent une valeur très importante pour les recherches sur l’histoire des Yuan, les styles architecturaux des capitales chinoises antiques et le développement scientifique et technique de la Chine de cette époque.

Les pierres Bairin multicolores

Les pierres Bairin (pyrophyllite), spécialités de la bannière droite Bairin, sont pures et de couleurs riches et magnifiques. Surnommées l’une des « quatre grandes pierres à sceau de Chine », elles servent à la décoration, à la sculpture et à la collection. Parmi elles, les pierres Jixue (sang du poulet) sont de première qualité.

La culture des pierres Bairin possède une longue histoire. Les sculptures sur pierre Bairin sont particulièrement appréciées. On dit que J. A. Samaranch, ex-président du CIO, aurait un sceau gravé dans une pierre Bairin. À l’occasion du premier anniversaire du retour de Hongkong à la mère patrie, des graveurs ont fabriqué le « sceau commémoratif du premier anniversaire de la rétrocession de Hongkong » et à l’occasion du retour de Macao, le « sceau commémoratif de la rétrocession de Macao ».

Les pierres Bairin sont imprégnées de la riche culture Hongshan, symbole de la civilisation antique, et elles occupent ainsi une position importante dans la culture des pierres. Si vous avez l’occasion d’aller dans cette bannière, n’oubliez pas d’en acheter pour collectionner ou pour offrir en cadeau.

Des sites célèbres

1. Le mausolée de Gengis Khan

Gengis Khan, qui s’appelait Témudjin, soit Taizu des Yuan, était un héros mongol tout-puissant. Ses exploits revêtent une signification importante pour l’unification ethnique de la Chine. Situé au centre de la steppe de l’Ordos, le mausolée de Gengis Khan se trouve à 185 km de Baotou. Semblable à un aigle qui déploie ses ailes pour s’envoler, le mausolée est de style mongol. Entre le ciel bleu et les herbes vertes, trois palais en forme de yourte se dressent. Leurs murs jaune clair, leurs portes et fenêtres vermillon et leur toit splendide rendent ce mausolée encore plus majestueux.

2. Le tombeau de Zhaojun

Wang Zhaojun, surnommée Wang Qiang, était l’une des quatre grandes beautés de la Chine antique. Elle fut choisie pour le harem de l’empereur Yuandi (73-33 av. J.-C.) des Han. À ce moment-là, le chef des Xiongnu se rendit en personne à Chang’an pour demander la main d’une princesse han et renouer des relations de bon voisinage entre les deux parties. Zhaojun se présenta alors de plein gré pour épouser le chef xiongnu, loin de son pays natal. Le tombeau de Zhaojun se trouve sur les rives de la rivière Dahei, à 9 km au sud de Hohhot. Haut de 33 m et damé artificiellement, le tombeau se dresse sur un vaste terrain plat. De loin, il frappe par sa couleur vert foncé. Selon les locaux, en septembre, au moment où les herbes dépérissent au-delà de la Grande Muraille, seules les herbes sur le tombeau de Zhaojun sont verdoyantes, d’où son nom « Qingzong » (tombeau vert).

3. Xiangshawan

Xiangshawan (terrain aux sables sonores) est un site touristique mystérieux du paysage désertique, situé à 50 km au sud de Baotou. C’est une pente de sables karstiques sans végétation. Par beau temps, les sables sont secs. Quand on glisse du haut de la pente, les sables produisent des sons lorsqu’on y pose les pieds ou qu’on les remue avec les mains.

4. La forêt de pierres glacières Asihatu

La forêt de pierres glacières Asihatu (rochers abrupts en mongol) se trouve au nord de la bannière Hexigten. Cette forêt de pierres formée par l’érosion des eaux dégelées du glacier jouit d’un paysage charmant.

5. Le lac Hulun

Situé sur la steppe de Hulun Buir, il est le plus grand lac de la Mongolie intérieure et l’un des cinq grands lacs d’eau douce de Chine. Paradis des oiseaux et des poissons, il abrite plus de deux cents oiseaux rares. Dans les restaurants à côté du lac, les gens peuvent goûter plusieurs espèces de poisson qu’on y pêche.

6. La zone touristique du désert Bolongke

Situé dans le bourg de Wudan de la bannière Ongniud, ce désert est un bon endroit pour admirer les paysages naturels désertiques et apprécier les mœurs mongoles.