Loi
et raison
Guo
Li
Peng
Ying la malheureuse
Yuan
Lan et Peng Ying se connaissent depuis qu’ils étaient lycéens dans
le sud de la Chine. Ils se séparaient après la fin des études secondaires.
Yuan partait pour une ville du Nord où Il poursuivra ses études
universitaires, et Peng restait dans une école professionnelle technique
des son pays. les liaisons par correspondance n’ont jamais été interrompues
pendant les années de séparation.
Quatre
ans après, dans sa dernière lettre, Yuan lui dit qu’il travaillerait
dans une ville lointaine de l’Ouest. Peng, dans sa réponse, promit
de le rejoindre bientôt.
Deux
semaines après son arrivée, elle trouva un travail temporaire et
habitait dans un dortoir de son unité de travail. Cette ville en
voie d’industrialisation a besoin de beaucoup de bras dans la construction.
Ils
s’aimaient et s’apprêtaient à se marier, une fois trouvés un emploi
stable et un logement convenable.
En
attendant, ils se donnaient rendez-vous habituellement dans un parc
ou un magasin. Ils sont à l’âge nubile, le mariage est une chose
préoccupante pour eux et aussi pour leurs parents.
Ce
soir-là, ils se promenaient dans une petite rue qui mène au dortoir
de Peng Ying. Au moment de la séparation, ils s’embrassèrent et
se dirent au revoir.
« Mon
sac… Au voleur ! »
Un
cri perçant, lancé derrière le dos de Yuan, le précipita vers Peng
qui restait pétrifiée, pointant son doigt dans la direction du voleur
en fuite.
Yuan
tenta d’arracher le sac de la main du voleur. Il se jeta sur lui
et le faisait reculer quand son adversaire lui renvoya un coup de
pied sur la figure et le renversa. En rage, Yuan se lança de nouveau
contre le voleur, au moment où son complice lui porta un coup de
poignard dans le dos. Yuan s’effondra dans un bain de sang.
La
rue était déserte. Peng, sidérée, ne savait pas que faire. Elle
se précipita à son dortoir, téléphona à la police.
Yuan
expira juste avant l’arrivée de l’ambulance. Les deux voleurs n’avaient
pu échapper des mains de la police. Ils avouaient et furent condamnés
à perpétuité et à payer aux parents de Yuan une indemnité de 250
000 yuans.
Les
deux voleurs étaient incapables de remplir leurs obligations, les
parents de Yuan intentèrent un procès à Peng Ying, l’accusant d’inaction
face au danger, parce qu’elle n’avait pas prêté main forte à leur
fils et qu’elle n’avait pu le secourir à temps. Comme leur fils
est mort pour elle, n’est-il pas vrai qu’elle doit être tenue pour
responsable de sa mort ?
« Elle
doit indemniser à la place des voleurs ! » déclarèrent
les parents, tout furieux.
Le
procès se conclut par l’annonce de la sentence, selon laquelle Peng
Ying devait payer une indemnité de 10 000 yuans aux parents de Yuan.
Le visage baigné de larme, Peng sanglota bien haut devant le public.
À
qui la faute ?
Un
jeune homme, 22 ans, grande taille, tomba dans le canal Kun-Yu au
cours de la pêche. Il pèse 70 kg. Son poids suffit à renverser la
balustrade déjà craquelée, haute de 50 cm, alors qu’il se penchait
sur l’eau. Comme il ne savait pas nager, il mourut de noyade.
Le
canal Kun-Yu, ouvert dans les années 60 du siècle dernier à l’ouest
de Beijing, sert à irriguer les champs et à lutter contre la sécheresse.
La pollution croissante de son cours a imposé des mesures urgentes
pour purifier les eaux, réparer les berges, mettre en place des
balustrades en marbre blanc, tout en assurant la navigation entre
le Palais d’été et le centre-ville.
Les
poissons se multiplient entre les deux rives verdoyantes, et attirent
bon nombre de pêcheurs à la ligne qui font fi de l’avertissement
inscrit sur un panneau : »Défense de pêcher sous peine
d’amende ».
Certaines
gens viennent ici pour se divertir, certains autres dans un but
lucratif. Ils récoltent souvent des fruits amers, comme ce garçon
mort de noyade.
Un
procès a été intenté contre l’Administration des fleuves et lacs,
qui se défend : l’acte du jeune homme constitue déjà une infraction
à la loi. Il n’est pas qustion de la solidité de la balustrade,
car celle-ci est bâtie en 1999 et restaurée en avril dernier. Sa
rupture a été causée par le poids du jeune homme, et rien d’autre.
Selon
le juge, la balustrade est faite pou assurer la sécurité des promeneurs
aussi bien que pour embellir le milieu. Sa rupture n’aurait pas
lieu si elle était en bon état. Conclusion est tenue de payer une
indemnité de 150 000 yuans à la famille de la victime.
L’Administration
des fleuves et lacs réplique : l’acte du jeune homme est illégal.
Selon les lois et règlements de Beijing concernant la gestion des
fleuves et lacs, il est interdit de pêcher dans ces lieux. Par conséquent,
l’Administration n’est en aucun cas responsable des risques qui
en découleront. Par ailleurs, les balustrades servent de protection
contre la chute des piétions dans l’eau. Elles ne sont nullement
mises à l’usage de la pêche et à la capture des poissons. L’Administration
refuse donc la sentence en question et recourra au droit de se pourvoir
en appel contre le verdict rendu en première instance.
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