 |
Jeune
fille va. |
Les
Va
L’ethnie va, qui compte quelque 352 000 habitants, habite
en communautés compactes dans la province du Yunnan, en Chine du
Sud-Ouest. Son habitat principal est situé entre les fleuves Lancang
et Nu et est flanqué de chaînes de montagnes qui culminent à plus
de 2 000 mètres d’altitude. Sous un climat subtropical, la
région des Va jouit d’une terre fertile et de précipitations abondantes.
On y cultive le riz, le maïs, le sarrasin, les pommes de terre,
le coton, le lin, le tabac, la canne à sucre, de même que les fruits
subtropicaux comme la banane, l’ananas, la mangue, la papaye et
l’orange.
 |
Danse avec les cheveux. |
La langue des Va appartient à la famille des langues australes
asiatiques. Sauf dans quelques zones où une écriture alphabétique
était utilisée, les Va n’ont jamais eu de langue écrite et ils conservaient
des registres en gravant des languettes de bambou ou en utilisant
certains objets qui évoquaient des significations particulières;
par exemple, la canne à sucre, la banane ou le sel signifiaient
l’amitié, le piment, la colère, les plumes, l’urgence, la poudre
à canon et les balles, une intention guerrière. En 1957, une écriture
alphabétique a été créée.
Histoire socio-économique
 |
Danse
de tambours de bois. |
En 109 av. J.-C., l’empereur Wu Di de la dynastie
des Han établit la préfecture de Yizhou qui couvrait la zone s’étendant
à l’est des monts Gaoligong. C’est ainsi que les ancêtres des Va
d’aujourd’hui, les Blang et les De’ang, passèrent sous la férule
des Han et des dynasties qui suivirent.
De l’époque des Tang (618-907) à celle des Ming
(1368-1644), les Va s’adonnèrent surtout à la chasse, à la cueillette
des fruits et à l’élevage. Après les Ming, l’agriculture est devenue
l’occupation principale, et les communes, autrefois basées sur les
clans, ont été basées sur le village. Règle générale, le développement
social des Va a été assez lent au cours de l’histoire, étant donné
le système communal primitif qui y existait.
En 1954, on a établi le district autonome dai-lahu-va
de Menglian et en 1955, le district autonome va de Cangyuan. En
1964, ce fut au tour du district autonome va de Ximeng, puis en
1965, de celui de Cangyuan.
Aujourd’hui, les régions habitées par les Va exploitent
des centrales hydroélectriques et des ateliers de réparation de
machinerie agricole, de fonte du métal et de transformation des
aliments.
Us et coutumes
Mariage. La famille monogame est la base de la société va. La propriété familiale
était habituellement léguée au fils cadet, et les filles n’avaient
pas le droit d’hériter. Un homme avait le droit d’avoir plus qu’une
épouse. Les hommes et les femmes pouvaient avoir une vie sexuelle
active avant le mariage. Des petits groupes de jeunes hommes et
de jeunes filles se rencontraient et chantaient des chansons d’amour.
Après avoir échangé une chique de bétel ou des feuilles de tabac,
les partenaires ainsi choisis pouvaient aller dormir ensemble. Ce
type de liberté prenait toutefois fin avec le mariage. Les mariages
étaient arrangés par les parents, et le bétail était la dot habituelle.
En raison de ces mariages arrangés, les cas d’amoureux qui s’enfuyaient
étaient chose courante.
Habitat. La plupart des villages va étaient construits à flanc de collines
ou sur leur sommet. Les villages regroupaient habituellement de
300 à 400 ménages. Lorsqu’une famille construisait une nouvelle
maison, les autres venaient l’aider et lui offraient du bois et
de la paille en guise de cadeaux. La maison était habituellement
achevée en une seule journée grâce à cet effort collectif. La « grande
maison » d’un grand chef ou d’une personne riche portait une
xylographie spéciale. Les murs étaient décorés de nombreuses têtes
de bétail portant encore les cornes. Les autres pièces étaient les
mêmes que celles des maisons des gens du commun, c’est-à-dire bâties
sur des pilotis, et l’espace inférieur était utilisé pour le bétail.
Avant l’introduction des gros chaudrons en fer, les Va utilisaient
de gros tubes de bambou pour faire cuire le riz, et le riz cuit
était partagé en parts égales par l’hôte lors du repas. Les Va aiment
à mâcher la noix de bétel et boire de l’alcool.
Habillement. Selon les régions, les Va ont un habillement différent. Celui de
l’homme consiste en un veston sans col et un pantalon ample. Les
hommes portent un turban noir ou rouge, et ils ont les oreilles
percées; ils y enfilent des billes rouges ou noires. Les jeunes
hommes aiment décorer leur tibia de parures rondes tissées en bambou
ou en rotin. Les femmes va portent un vêtement noir court et une
longue jupe droite à plis. Elles portent aussi un cerceau en argent
ou en rotin autour de la tête, des bracelets et des chaînes de billes
colorées. Autour de leurs hanches, elles portent des cerceaux en
rotin. Les femmes va adorent les bracelets et les boucles d’oreilles.
Le tissu des Va est fabriqué à la main à partir
du coton et du lin. Il est très coloré et orné de dessins élaborés.
Il représente l’environnement, le style de vie et la spiritualité
de cette ethnie. La texture et la couleur de ce tissu ont fait sa
renommée. Par exemple, l’utilisation du noir comme fond symbolise
la sécurité; le vert, le rouge, le jaune, le bleu et le pourpre
sont étroitement liés aux plantes et aux animaux. Une fleur appelée
œil-de-paon se retrouve souvent dans ce tissu car les Va croient
que cet oiseau est plus intelligent que les autres animaux car il
est doté d’ailes lui permettant de s’envoler vers le Ciel. Les yeux
du paon symbolisent non seulement son intelligence, mais également
les éléments naturels et la bonne fortune. Avoir des yeux de paon,
c’est ne rien craindre. Les Va utilisent leur tissu pour faire des
sacs (tongpa), des draps ou des parures. Le tongpa
est un gage d’amour et d’amitié.
Religion. Autrefois, les Va vénéraient la nature et croyaient que les montagnes,
les rivières et les phénomènes naturels étaient des dieux et pouvaient
apporter chance ou malchance aux personnes. Le dieu suprême était
« Mujij » dont on disait que les cinq fils avaient été
chargés de la création du ciel, de la terre, des éclairs, des tremblements
de terre et des Va. Il y avait aussi les dieux de l’eau et des arbres.
On croyait aussi que les douleurs, comme les maux d’estomac et les
démangeaisons, avaient été infligées par les dieux. On tenait donc
souvent des activités religieuses pour implorer la protection des
dieux et des esprits. Chaque année, ces activités débutaient par
l’offrande de sacrifices au dieu de l’Eau; on priait alors pour
avoir une température clémente et de bonnes récoltes. On dépeçait
du bétail et on coupait la queue des animaux pour l’offrir en sacrifice.
« Latou » ou la chasse d’une tête humaine,
vestige de coutumes primitives, a été abolie sous l’influence des
ethnies voisines plus avancées. À part des cérémonies sacrificielles
tenues par tout le village, beaucoup de familles faisaient également
leurs propres offrandes qui consistaient en poulets, porcs et bœufs.
On estime que les Va dépensaient près du tiers de leur revenu annuel
en pratiques religieuses et superstitieuses, et qu’ils passaient
quelque 60 jours ouvrables de l’année pour les tenir. Sous l’influence
de l’ethnie dai, certains Va sont maintenant bouddhistes.
Fêtes Le tambour en bois fait partie de la culture va. Tirer le tambour
en bois (lamugu) est l’une des fêtes de cette ethnie pour
vénérer les ancêtres. La première chose que l’on fait en établissant
un village va, c’est d’y apporter un tambour pour offrir en tribut
aux ancêtres. Le matin, on abat du bétail, on vénère les dieux arbres
et on tient des cérémonies. Durant l’après-midi, on affûte les haches
et les couteaux. À 19h, le chef du village et le chamane dirigent
un groupe d’hommes jeunes et forts vers les montagnes. Lorsqu’ils
ont trouvé un arbre convenable, ils tirent du fusil pour chasser
les mauvais esprits. On abat l’arbre, et on le place sous un rocher
pour empêcher les démons de l’arbre de se sauver. Puis, on coupe
une bûche de 2 mètres de long. On y perce des trous et on y attache
quatre tiges pour faire un tambour. Les bûcherons dorment près de
cet arbre et les autres dansent autour. Le jour suivant, tous les
villageois, en costume traditionnel, se dirigent vers la montagne
pour offrir du vin et de la viande aux bûcherons. Au lever du jour,
on tire le tambour vers le village. Ce n’est qu’à la fin des prières
que le tambour peut entrer dans le village. C’est alors la fête.
On met environ 20 jours pour fabriquer le tambour et pendant ce
temps, on abat des poulets chaque jour. Quand le tambour est terminé,
on le bat pour annoncer la bonne nouvelle et on tient une cérémonie.
Dage ou tiaoge signifie chanter en dansant. Pour les Va, chants
et danses font partie de la vie. On chante pour exprimer ses sentiments
et pour trouver un partenaire, pour propager la culture et les connaissances
et pour implorer la fortune. On accompagne les chants et danses
du son du lusheng ( un instrument à vent en roseau), du sanxian
( un instrument à trois cordes) ou du tambour en bois. Les chants
racontent le folklore et la vie des Va. Le Dage des Va ressemble
à la musique tribale africaine.
La danse Shuaifawu ou danse des cheveux
qui se balancent, est une danse traditionnelle des femmes va qui
vivent dans les régions montagneuses dans lesquelles les célibataires
portent les cheveux libres, à la hauteur des épaules. Cette danse
tire son origine des travaux aux champs.
|