Novembre/Décembre 2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Jeune fille va.

 

 

Les Va

 

 

L’ethnie va, qui compte quelque 352 000 habitants, habite en communautés compactes dans la province du Yunnan, en Chine du Sud-Ouest.  Son habitat principal est situé entre les fleuves Lancang et Nu et est flanqué de chaînes de montagnes qui culminent à plus de 2 000 mètres d’altitude. Sous un climat subtropical, la région des Va jouit d’une terre fertile et de précipitations abondantes. On y cultive le riz, le maïs, le sarrasin, les pommes de terre, le coton, le lin, le tabac, la canne à sucre, de même que les fruits subtropicaux comme la banane, l’ananas, la mangue, la papaye et l’orange.

Danse avec les cheveux.

La langue des Va appartient à la famille des langues australes asiatiques. Sauf dans quelques zones où une écriture alphabétique était utilisée, les Va n’ont jamais eu de langue écrite et ils conservaient des registres en gravant des languettes de bambou ou en utilisant certains objets qui évoquaient des significations particulières;  par exemple, la canne à sucre, la banane ou le sel signifiaient l’amitié, le piment, la colère, les plumes, l’urgence, la poudre à canon et les balles, une intention guerrière. En 1957, une écriture alphabétique a été créée.

Histoire socio-économique

Danse de tambours de bois.

En 109 av. J.-C., l’empereur Wu Di de la dynastie des Han établit la préfecture de Yizhou qui couvrait la zone s’étendant à l’est des monts Gaoligong. C’est ainsi que les ancêtres des Va d’aujourd’hui, les Blang et les De’ang, passèrent sous la férule des Han et des dynasties qui suivirent.

De l’époque des Tang (618-907) à celle des Ming (1368-1644), les Va s’adonnèrent surtout à la chasse, à la cueillette des fruits et à l’élevage. Après les Ming, l’agriculture est devenue l’occupation principale, et les communes, autrefois basées sur les clans, ont été basées sur le village. Règle générale, le développement social des Va a été assez lent au cours de l’histoire, étant donné le système communal primitif qui y existait.

En 1954, on a établi le district autonome dai-lahu-va de Menglian et en 1955, le district autonome va de Cangyuan. En 1964, ce fut au tour du district autonome va de Ximeng, puis en 1965, de celui de Cangyuan.

Aujourd’hui, les régions habitées par les Va exploitent des centrales hydroélectriques et des ateliers de réparation de machinerie agricole, de fonte du métal et de transformation des aliments.

Us et coutumes

Mariage. La famille monogame est la base de la société va. La propriété familiale était habituellement léguée au fils cadet, et les filles n’avaient pas le droit d’hériter. Un homme avait le droit d’avoir plus qu’une épouse. Les hommes et les femmes pouvaient avoir une vie sexuelle active avant le mariage. Des petits groupes de jeunes hommes et de jeunes filles se rencontraient et chantaient des chansons d’amour. Après avoir échangé une chique de bétel ou des feuilles de tabac, les partenaires ainsi choisis pouvaient aller dormir ensemble. Ce type de liberté prenait toutefois fin avec le mariage. Les mariages étaient arrangés par les parents, et le bétail était la dot habituelle. En raison de ces mariages arrangés, les cas d’amoureux qui s’enfuyaient étaient chose courante.

Habitat. La plupart des villages va étaient construits à flanc de collines ou sur leur sommet. Les villages regroupaient habituellement de 300 à 400 ménages. Lorsqu’une famille construisait une nouvelle maison, les autres venaient l’aider et lui offraient du bois et de la paille en guise de cadeaux. La maison était habituellement achevée en une seule journée grâce à cet effort collectif. La « grande maison » d’un grand chef ou d’une personne riche portait une xylographie spéciale. Les murs étaient décorés de nombreuses têtes de bétail portant encore les cornes. Les autres pièces étaient les mêmes que celles des maisons des gens du commun, c’est-à-dire bâties sur des pilotis, et l’espace inférieur était utilisé pour le bétail. Avant l’introduction des gros chaudrons en fer, les Va utilisaient de gros tubes de bambou pour faire cuire le riz, et le riz cuit était partagé en parts égales par l’hôte lors du repas. Les Va aiment à mâcher la noix de bétel et boire de l’alcool.

Habillement. Selon les régions, les Va ont un habillement différent. Celui de l’homme consiste en un veston sans col et un pantalon ample. Les hommes portent un turban noir ou rouge, et ils ont les oreilles percées; ils y enfilent des billes rouges ou noires. Les jeunes hommes aiment décorer leur tibia de parures rondes tissées en bambou ou en rotin. Les femmes va portent un vêtement noir court et une longue jupe droite à plis. Elles portent aussi un cerceau en argent ou en rotin autour de la tête, des bracelets et des chaînes de billes colorées. Autour de leurs hanches, elles portent des cerceaux en rotin. Les femmes va adorent les bracelets et les boucles d’oreilles.

Le tissu des Va est fabriqué à la main à partir du coton et du lin. Il est très coloré et orné de dessins élaborés. Il représente l’environnement, le style de vie et la spiritualité de cette ethnie. La texture et la couleur de ce tissu ont fait sa renommée. Par exemple, l’utilisation du noir comme fond symbolise la sécurité; le vert, le rouge, le jaune, le bleu et le pourpre sont étroitement liés aux plantes et aux animaux. Une fleur appelée œil-de-paon se retrouve souvent dans ce tissu car les Va croient que cet oiseau est plus intelligent que les autres animaux car il est doté d’ailes lui permettant de s’envoler vers le Ciel. Les yeux du paon symbolisent non seulement son intelligence, mais également les éléments naturels et la bonne fortune. Avoir des yeux de paon, c’est ne rien craindre. Les Va utilisent leur tissu pour faire des sacs (tongpa), des draps ou des parures. Le tongpa est un gage d’amour et d’amitié.

Religion. Autrefois, les Va vénéraient la nature et croyaient que les montagnes, les rivières et les phénomènes naturels étaient des dieux et pouvaient apporter chance ou malchance aux personnes. Le dieu suprême était « Mujij » dont on disait que les cinq fils avaient été chargés de la création du ciel, de la terre, des éclairs, des tremblements de terre et des Va. Il y avait aussi les dieux de l’eau et des arbres. On croyait aussi que les douleurs, comme les maux d’estomac et les démangeaisons, avaient été infligées par les dieux. On tenait donc souvent des activités religieuses pour implorer la protection des dieux et des esprits. Chaque année, ces activités débutaient par l’offrande de sacrifices au dieu de l’Eau; on priait alors pour avoir une température clémente et de bonnes récoltes. On dépeçait du bétail et on coupait la queue des animaux pour l’offrir en sacrifice.

 « Latou » ou la chasse d’une tête humaine, vestige de coutumes primitives, a été abolie sous l’influence des ethnies voisines plus avancées. À part des cérémonies sacrificielles tenues par tout le village, beaucoup de familles faisaient également leurs propres offrandes qui consistaient en poulets, porcs et bœufs. On estime que les Va dépensaient près du tiers de leur revenu annuel en pratiques religieuses et superstitieuses, et qu’ils passaient quelque 60 jours ouvrables de l’année pour les tenir. Sous l’influence de l’ethnie dai, certains Va sont maintenant bouddhistes.

Fêtes Le tambour en bois fait partie de la culture va. Tirer le tambour en bois (lamugu) est l’une des fêtes de cette ethnie pour vénérer les ancêtres. La première chose que l’on fait en établissant un village va, c’est d’y apporter un tambour pour offrir en tribut aux ancêtres. Le matin, on abat du bétail, on vénère les dieux arbres et on tient des cérémonies. Durant l’après-midi, on affûte les haches et les couteaux. À 19h, le chef du village et le chamane dirigent un groupe d’hommes jeunes et forts vers les montagnes. Lorsqu’ils ont trouvé un arbre convenable, ils tirent du fusil pour chasser les mauvais esprits. On abat l’arbre, et on le place sous un rocher pour empêcher les démons de l’arbre de se sauver. Puis, on coupe une bûche de 2 mètres de long. On y perce des trous et on y attache quatre tiges pour faire un tambour. Les bûcherons dorment près de cet arbre et les autres dansent autour. Le jour suivant, tous les villageois, en costume traditionnel, se dirigent vers la montagne pour offrir du vin et de la viande aux bûcherons. Au lever du jour, on tire le tambour vers le village. Ce n’est qu’à la fin des prières que le tambour peut entrer dans le village. C’est alors la fête. On met environ 20 jours pour fabriquer le tambour et pendant ce temps, on abat des poulets chaque jour. Quand le tambour est terminé, on le bat pour annoncer la bonne nouvelle et on tient une cérémonie.

Dage ou tiaoge signifie chanter en dansant. Pour les Va, chants et danses font partie de la vie. On chante pour exprimer ses sentiments et pour trouver un partenaire, pour propager la culture et les connaissances et pour implorer la fortune. On accompagne les chants et danses du son du lusheng ( un instrument à vent en roseau), du sanxian ( un instrument à trois cordes) ou du tambour en bois. Les chants racontent le folklore et la vie des Va. Le Dage des Va ressemble à la musique tribale africaine.

La danse Shuaifawu ou danse des cheveux qui se balancent, est une danse traditionnelle des femmes va qui vivent dans les régions montagneuses dans lesquelles les célibataires portent les cheveux libres, à la hauteur des épaules. Cette danse tire son origine des travaux aux champs.