
Yu
Xi et son œuvre Un trait d’union culturel Chine-France
LUO
YUANJUN
En dépit des barrières linguistiques, le journaliste Yu Xi a réussi
un véritable tour de force : interviewer 60 personnalités qui
ont fait progresser les relations culturelles entre la Chine et
la France. Son œuvre est un cadeau précieux offert à l’occasion
des Années culturelles croisées entre ces deux pays.
Dans le chapitre 11 de la Genèse on peut lire : « La Terre
entière se servait de la même langue et des mêmes mots. Or, en se
déplaçant vers l'Orient, les hommes découvrirent une plaine dans
le pays de Shinéar et y habitèrent « Allons! Dirent-ils, bâtissons-nous
une ville et une tour dont le sommet touche le ciel. Faisons-nous
un nom afin de ne pas être dispersés sur toute la surface de la
Terre. Le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient
les fils d'Adam. « Eh, dit le Seigneur, ils ne sont tous qu'un
peuple et qu'une langue et c'est là leur première œuvre! Maintenant,
rien de ce qu'ils projetteront de faire ne leur sera inaccessible!
Allons, descendons et brouillons ici leur langue, qu'ils ne s'entendent
plus les uns les autres! « De là, le Seigneur les dispersa
sur toute la surface de la Terre et ils cessèrent de bâtir la ville.
Aussi lui donna-t-on le nom de Babel car c'est là que le Seigneur
brouilla la langue de toute la terre, et c'est de là que le Seigneur
dispersa les hommes sur toute la surface de la Terre.» M. Yu Xi
ne parle pas le français, mais il a réussi à se faire messager entre
les cultures chinoise et française
Un rendez-vous
avec la France
« J'ai toujours aspiré à connaître la France, sa liberté,
sa civilisation et son esprit romantique. », déclare M Yu. C’est
dans ce contexte qu’il a visité la France à dix reprises. Profitant
de chaque visite, il a noué des contacts avec beaucoup de Français,
et ses écrits, ses aquarelles et ses photos chinoises ont permis
d’exprimer son appréciation de cette nation. De juillet à octobre
2002, il a effectué des interviews sur les échanges culturels entre
les deux peuples, en réponse à une invitation du ministère des Affaires
étrangères de la France. Ses interviews de 60 personnages ont obtenu
un vif succès et ont contribué à l’amitié et aux échanges culturels
sino-français. En trois mois seulement, Yu Xi a non seulement rédigé
un compte-rendu de plusieurs milliers de caractères chinois, mais
encore pris plus de 4 000 photos et tourné plus de 2 000 minutes
de film. Pour réaliser ses interviews, Yu Xi avait obtenu le concours
de l'ambassade de Chine en France, du ministère des Affaires étrangères
et du ministère de la Culture de France avec lesquels il a dressé
la liste des personnages qu’il désirait interviewer. La tâche n’a
pas été facile. En effet, pour la plupart des personnes interviewées,
c’était le premier contact avec un journaliste chinois, et en tant
que journaliste d’un média chinois local, le temps et les ressources
financières de M Yu étaient limités. Bien que la femme de M Yu travaille
à l'Institut des langues étrangères de Beijing et qu’elle l’ait
beaucoup aidé dans son entreprise, les différences de mentalité
et les obstacles linguistiques ont également été un facteur contraignant.
Heureusement, les personnes interviewées ont reçu M Yu comme un
messager contribuant aux échanges culturels sino-français et l’ont
considéré comme un intellectuel doué dans de nombreux domaines.
Dans ce contexte, les interviews se sont bien déroulées. Parmi
les personnages interviewés, on compte, entre autres, François Cheng,
écrivain français d'origine chinoise, cinq académiciens de l’Académie
française, Wu Jianmin, ancien ambassadeur de Chine en France, Zhang
Xuezhong, secrétaire général de la Commission nationale de Chine
à l’UNESCO, Jacques Valade, conseiller spécial délégué aux relations
internationales de la ville de Bordeaux, le grand styliste Pierre
Cardin, l’architecte du Grand Théâtre national de Chine Paul Andreu,
Zhao Wuji, célèbre artiste français d'origine chinoise, Zhu Dequn,
Liu Bingwen, Xiong Bingming, etc. Après avoir pris une photo artistique
de chacun, le journaliste Yu Xi a su bien capter leurs réalisations,
leurs états d’âme et les histoires qui les entourent.
Un
aperçu du riche contenu
François Cheng. Le 13 juin 2002, l’écrivain François Cheng,
celui que les médias de France considèrent comme le « pèlerin »
des échanges culturels entre la Chine et l'Occident, a eu l’insigne
honneur de se voir décerner le titre de 705e académicien
de l’Académie française. C'était la première fois que cette vénérable
institution élisait un académicien d'origine chinoise. Lors de son
investiture, François Cheng a prononcé une conférence émouvante.
Selon ses dires, la littérature classique chinoise lui a permis
de jeter une base solide, mais les lettrés français lui ont laissé
une impression inoubliable. Profitant de cette occasion, il a donné
une preuve de ses vastes connaissances : du bouddhisme, au
taoïsme, au christianisme, jusqu’à la philosophie grecque; de Tang
Xuanzang, moine des Tang (618-907) du roman classique Le Pèlerinage
vers l'Ouest, à Li Bai et à Wang Wei (poètes chinois) jusqu’à
Montesquieu et Colette.
Mme Liu Bingwen. Cette
doctoresse et traductrice de la génération précédente a fait carrière
pendant 23 ans. Elle a accompagné le premier ministre chinois Zhou
Enlai et Chen Yi, dirigeant d'État, lors de leurs visites en France.
Elle a été interprète pour Georges Pombidou, Valéry Giscard D’Estaing
et Pierre Elliot Trudeau. En 1997, elle a créé l’organisation «
Dong Xi Fang Zhi Qiao », une organisation sociale populaire
reliant la culture orientale et occidentale. Depuis la fondation
de cette organisation, le travail de Mme Liu a été remarquablement
efficace.
Pierre Cardin. « Je crois à la sagesse chinoise et je
suis plein de confiance dans l'avenir de la Chine. » a déclaré
Pierre Cardin. « J’ai été le premier styliste à entrer en Chine.
Aujourd'hui, j'ai beaucoup de projets, et toute ma vie j'ai aimé
que mes créations soient les premières! », déclara-t-il. Ses relations
avec la Chine constituent un passage splendide de sa vie légendaire.
Il s'est d’abord intéressé à la Chine grâce à une tapisserie. En
1976, lors d’une exposition des produits de l'industrie légère de
Chine à Paris, Cardin avait été vivement impressionné par une tapisserie
illustrant la Grande muraille. Il avait alors acheté à prix fort
cette tapisserie faite main, et il l'a exposée dans son centre culturel.
Dès lors, il a commencé à faire des affaires avec la Chine.
À partir de ses interviews,
M. Yu a rédigé et envoyé deux séries d’articles : « La
Seine et le Yangtsé » et « L’amitié des Français pour
la Chine », et une vingtaine de reportages au Changjiang
Ribao (Quotidien du Yangtsé) où il travaille. Tous ces reportages
ont présenté sous différents angles des histoires relatant l’amitié
entre la France et la Chine, entre les gouvernements, les entreprises,
les organes culturels et des personnages de différents milieux ayant
établi une bonne coopération avec la Chine, notamment avec la ville
de Wuhan, dans la province du Hubei.
On dit qu’à force de
travail, on peut transformer une barre de fer en aiguille. De ces
interviews, Yu Xi a fait un recueil intitulé « Un trait
d’union culturel Chine-France ». Ce recueil de 400 000
caractères est enrichi de nombreuses illustrations. L'ambassadeur
Wu Jianmin a écrit dans sa préface : M. Yu Xi a effectué maintes
interviews en France. La profondeur et l’ampleur de ses interviews
ont atteint un niveau rarement vu par le passé. Je crois que son
recueil Un trait d’union culturel Chine-France sera
une contribution précieuse pour l'Année culturelle de la Chine en
France. Ce recueil aidera le peuple chinois à connaître la France
et éveillera l'intérêt des lecteurs chinois à la civilisation française.
S’ouvrir au monde
Bien que les barrières linguistiques aient souvent créé des obstacles
à la communication, l’humanité conserve un point commun : la
recherche de la beauté. Grâce à des expositions de photos et de
peintures, M. Yu a acquis l'amitié des étrangers. C’est en 1982
qu’il a rencontré son premier ami étranger, Peter Meyer, un Suisse
qui est peintre, sculpteur et éducateur de renom. Cette année-là,
M. Yu avait pris le bateau « Orient rouge nº 36 » dans le district
de Wanzhou, province du Sichuan pour retourner à Wuhan. Durant la
croisière, les paysages pittoresques ont séduit le peintre en lui.
C’est ainsi qu’il s'assoyait souvent sur le pont du bateau pour
dessiner d'après nature. Des gens formaient un cercle autour de
lui, dont Peter Meyer. C’est la conscience commune de la beauté
qui a été le ferment de leur profonde amitié. Après s’être dit au
revoir à la descente du bateau, les deux hommes ont entretenu une
correspondance assidue.
À partir de 1989, M. Meyer a cherché à inviter M. Yu à organiser
une exposition de ses peintures en Suisse. En 1990, M. Meyer et
le Rotary de Suisse l’ont invité conjointement. En juillet 1991,
M. Yu est arrivé dans ce pays. Avec l’aide de M. Meyer et de ses
amis des milieux artistiques, la première exposition des peintures
de M. Yu a été ouverte au public. Cette exposition portant le thème
« Chanter la Chine » a obtenu un grand succès. Plus tard,
il a organisé d’autres expositions « Marcher vers les Alpes »
et « Chanson de Chine » à Lausanne.
Un
parcours inédit
En 1971, M. Yu est parti travailler à
la campagne et il est revenu en ville en 1975. À son retour, il
a d’abord travaillé comme ouvrier dans une société d'autobus, puis
il est devenu journaliste du Changjiang Ribao. Connaissant
bien l'importance de faire des études à l’étranger, M. Yu a considéré
la Suisse comme son tremplin et a parcouru une trentaine de pays.
Il a aussi eu une rubrique dans des journaux occidentaux. Ses articles
y ont exposé à l’aide de nombreux exemples son point de vue sur
la Chine actuelle. Il a également tenu des expositions de peintures
dans diverses ambassades de Chine à l'étranger (dont celles des
États-Unis, d’Allemagne, de Suisse, de France, de Bulgarie, du Mexique,
de Cuba). À chaque endroit, il a eu droit à un grand banquet donné
pour l’occasion. Le total des participants à ces expositions représente
plus de 10 000 personnes. Sept de ses œuvres publiées concernent
les échanges culturels entre la Chine et des pays étrangers. Les
ambassadeurs des États-Unis, de la Suisse et de la Bulgarie ont
respectivement offert un cocktail pour la publication de son recueil
« Zou Xiang Shijie ». Plus de 300 médias chinois en ont parlé en
termes élogieux. M. Wang Chengjia, alors ambassadeur de Chine à
Cuba, a écrit une épigraphe pour la publication de cette œuvre :
« Écrire de sa plume magique sur les us et coutumes de tous
les pays et transmettre à l’aide des caractères chinois la civilisation
de la Chine. »
La Chine est un pays à la longue histoire et ayant une riche civilisation
ancienne. En raison de l’ouverture, de plus en plus d’étrangers
aspirent à connaître ce pays, ce qui offre de belles perspectives
aux échanges culturels entre la Chine et les pays étrangers.
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