Novembre/Décembre 2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Le Musée national des

beaux-arts

de Chine a fait peau neuve

ZHANG XUEYING

Au début du XXIe siècle, ce musée de la capitale chinoise ne se contente plus seulement de son rôle central en Chine. Il veut pouvoir se comparer aux grands musées du monde, et il a pris les moyens pour atteindre son objectif.

Le Musée national des beaux-arts de Beijing remis à neuf.

AU moment où Beijing, capitale de la Chine, va accéder au rang de métropole internationale, on espère que son musée des beaux-arts pourra atteindre un niveau correspondant aux normes supérieures internationales. En effet, depuis sa rénovation, le Musée national des beaux-arts de Chine aspire à se comparer au « Louvre » de Paris ou au « Metropolitan Museum of Art » de New York. Parallèlement à la célébration de son quarantième anniversaire et tout juste un an après sa fermeture, ce musée d’échelon national a souligné l'achèvement des travaux de sa troisième rénovation. Effectuée au coût de 160 millions de yuans, cette rénovation est considérée comme la plus importante jusqu'à aujourd'hui. Le musée nouvellement rouvert présente non seulement un nouveau visage, mais derrière celui-ci, se profile également une importante transformation de son mode de gestion.

Le centre des arts

Le « Tableau des réfugiés » au Musée national des beaux-arts de Beijing.

Le Musée des beaux-arts est le centre des Beaux-Arts modernes de Chine. Ses 60 000 objets comprennent des œuvres représentatives d’artistes de la période moderne de Chine et la quintessence d’ouvrages populaires. On le considère comme le guide des arts chinois contemporains. En tant que plus grand palais des beaux-arts du pays, on y expose souvent bon nombre de peintures de noms célèbres. En 1988, une grande exposition de peintures de nus d’après modèle y a organisée. À cette époque-là, de telles peintures étaient interdites d'exposition au public. M. Liu Xilin, responsable du Bureau d'études du Musée des beaux-arts, m'a raconté : « La journée de l'ouverture de cette exposition, une foule de visiteurs a déferlé dans le palais. Les visiteurs ont fait la queue jusqu'à minuit. 

« Le Penseur » de Rodin.

En 1989, on y a aussi organisé des expositions d’art moderne qui ont fait couler beaucoup d’encre : celle des sculptures de Henry Moore, celle des peintures originales de Dali et centenaire des huiles chinoises et des sculptures de Auguste Rodin (1840-1917).

En plus de ces grandes expositions, on y présente aussi des œuvres individuelles. On dit que toutes les œuvres exposées dans ce musée ont une grande valeur sur le marché. Cependant, après les années 1990 et surtout les cinq dernières années, bien que la position centrale du musée dans l’ensemble des palais des beaux-arts de Chine n'eût pas changé, à l'exception des spécialistes, les visiteurs s’y faisaient de plus en plus rares.

Chef d’œuvre de Picasso.

Prenons le cas de madame Hao Ting. Autrefois, elle acceptait de faire 24 heures de train pour y admirer une exposition de peintures. Elle a maintenant déménagé à Beijing. En tant que spécialiste, elle estime que ce palais, qui avait autrefois conquis sa tête et son cœur, était devenu presque inutile pour elle.

En outre, les Palais des beaux-arts de Shanghai et du Guangdong avaient été fondés, sans compter des petits palais des beaux-arts, des musées et des galeries qui étaient apparus; ainsi, avec ses nouvelles forces entrées en scène, la concurrence devenait de plus en plus vive de jour en jour. La conception et le mode de gestion de ces endroits tiraient profit de l'expérience des pays étrangers. Ils mettaient l’accent sur la personnalité, l'ouverture, la vitalité et des équipements répondant aux normes internationales.

L’intérêt du public

« Le manque de capitaux est notre problème clé », dit M. Qian Xianglin, directeur adjoint du Musée national des beaux-arts. Chaque année, des subsides de 8 millions de yuans nous permettent de subsister, en s’ajoutant à notre gestion et à notre exploitation. D'après ses dires, avant la rénovation le revenu annuel du Musée était de 10 millions de yuans, et après, la dépense annuelle sera du même ordre. La pénurie de fonds influence donc directement la collection des objets d’art. « Ne pas pouvoir s'offrir des objets d’art est une question universelle », se désole M. An Yuanyuan, responsable du département d’art relevant du ministère de la Culture de Chine.

En 1998, le peintre Jiang Zhaohe et les membres de sa famille ont offert le « Tableau des réfugiés » au Musée national des beaux-arts de Chine. Le ministre de la Culture de Chine leur a délivré personnellement un certificat et une prime de 1,2 million de yuans. C'est la prime la plus élevée dans l’histoire de ce musée. Parmi les 60 000 oeuvres collectionnées, une quantité appréciable est offerte par des peintres et des membres de leur famille. Par ailleurs, organiser des expositions est aussi un des moyens importants. M. Qian Xianglin a révélé : « À l'époque de l'économie planifiée, le paiement de nos collections ne représentait que quelques centaines de yuans. » Après 1990, l'économie planifiée a cédé sa place. Le Musée n’a plus disposé de capitaux spéciaux pour acheter des collections (dépense de matériaux). Ainsi, pour nos collections nécessaires, nous devions formuler d'abord une demande de collection à l'autorité compétente et attendre sa réponse. « À maintes reprises, nous avons dû laisser passer des occasions sans rien pouvoir faire », confie M. Liu Xilin. Pour accumuler des fonds, nous avons loué des espaces d'exposition. Une personne du milieu a révélé que la gestion du Musée n'était pas rigoureuse. Pour gagner de l’argent, on a permis à des gens d'organiser des expositions dont le nom ne correspondait pas à la réalité. M. Qian Linxiang avoue : « Je me sentais écrasé par le poids de mes responsabilités dans cet organisme d'intérêt public. Notre billet d'entrée n'était alors que de quatre yuans. Si nous avions pu résoudre le problème de nos frais, nous aurions pu   offrir des expositions gratuites à des peintres et laisser de bons espaces aux meilleures expositions. » Aujourd'hui, le Musée a commencé à faire preuve de prudence. Il y a peu, il a refusé d'organiser l’exposition des nouveaux produits de la société Audi A8.«Lorsque je critique le Musée, je dois aussi considérer d'autres facteurs, vu les lacunes du marché artistique et le manque d’intérêt de la population à l’égard de la consommation des objets d’art. De plus, la Chine n'a pas de règlements en cette matière. Dans certains pays étrangers, l’achat des œuvres d’art permet d’obtenir des réductions fiscales. Ce genre de mesures profiterait au Musée. À l'étranger, l'impôt sur la succession est élevé. Léguer un objet d’art à la deuxième génération est moins intéressant que de l’offrir à un musée », dit M. An Yuanyuan.

Maintenir son statut et profiter de nouvelles occasions

Bien que certaines gens fassent encore preuve de scepticisme par rapport à la réforme du Musée, la plupart ont une conscience claire de la situation. Le Musée doit changer certaines façons de faire établies sous l'économie planifiée pour faire face à la concurrence acharnée. En matière de gestion, il doit bien utiliser les conceptions avancées pour bien satisfaire les besoins du XXIe siècle en matière de culture. Le responsable Yang Lizhou révèle : « Autrefois, il fallait bien reconnaître que nos équipements accusaient un retard considérable. Aujourd'hui, notre technologie atteint le niveau avancé mondial. » La rénovation a transformé le Musée. De quatorze, ses salles sont passées à 21. Au 4e étage, un grand forum de 240 m² a été aménagé. Un vaste atelier destiné à l’emballage et à la conservation communique par un passage souterrain avec la salle d'exposition principale. Ceci a permis de résoudre le problème du déplacement en toute sécurité. Le Musée est bien protégé par des systèmes antivol et antifeu. Ses fenêtres à tabatière sont automatiques. La construction d’une rampe d’accès, de toilettes et d’un ascenseur à l’intention des handicapés leur assure de plus grandes facilités de déplacement. Selon les dires de M. Zhang Zhaohui, qui a travaillé neuf ans au Musée puis étudié aux États-Unis : « Le Musée national des beaux-arts ne pouvait se comparer avec celui des États-Unis. Aujourd'hui, sa rénovation l’a beaucoup transformé. En voyant ses belles installations, je pense qu'il commence à tirer profit de l'expérience des pays étrangers. » Le Musée a invité des experts renommés en muséologie, des historiens et des critiques de peinture pour choisir des ouvrages ayant une certaine valeur et pour élaborer leur plan d'exposition. Selon M. Yang, la gestion du Musée a enregistré un grand progrès dans l’atteinte de l'objectif de construire un musée des beaux-arts de première qualité mondiale. Ces dernières années, le Musée a aussi collectionné une centaine d'œuvres étrangères réputées, y compris des œuvres réputées d'une dizaine d'écoles internationales populaires. À partir de cette année, le ministère des Finances lui allouera, pendant cinq ans, une somme annuelle de 50 millions de yuans pour les dépenses liées à l’achat de collections. La construction du bâtiment des collections de peintures sera amorcée l'année prochaine. À cet égard, un projet de collections a été élaboré.

« Aujourd'hui, la rénovation du Musée ne représente que la première tranche des travaux, et ceux de la deuxième tranche vont commencer. On prévoit qu'en 2007, un nouveau palais de 40 000 m² sera construit dans l’aile nord-ouest »,  déclare M. Qian Linxiang. Certains visiteurs passent également le commentaire que le Musée devrait améliorer la présentation des billets d'entrée. Pour la collection, que le nom du peintre et de ses œuvres exposées soit imprimé en chinois et en anglais serait un avantage. « En tant que musée ayant quatre décennies d’histoire, ce palais des beaux-arts ne peut pas tenir la comparaison avec un musée d’art étranger, plus que centenaire. Toutefois,  par rapport au passé, on doit dire qu'il a grandement progressé », déclare M. An Yuanyuan.

Document :

Le Musée national des beaux-arts de Chine regroupe cinq salles d'exposition permanentes : « Cent ans de beaux-arts », « Les papiers découpés populaires », « Les modelages colorés de Wuxi », « Les œuvres offertes par Liu Kaiqu » et « Les objets d’art offerts par le couple Peter et Irene Ludwig d’Allemagne ». Dans la première salle, on y expose une centaine d'œuvres de cent peintres de la génération précédente. Toutes ces œuvres (peintures traditionnelles, peintures à l'huile, gravures sur bois et sculptures) illustrent le progrès des arts de différentes écoles du XXe siècle. Parmi les objets d’art offerts par le couple Peter et Irene Ludwig, on trouve quatre peintures de Picasso. Actuellement, il y a un musée renommé qui discute de l'emprunt de l'exposition du Musée.

Pour s’y rendre : bus n° 101, 104, 109, 111

Billet d'entrée : 20 yuans

Heures d'ouverture : 9 h-17 h