Le
Musée national des
beaux-arts
de
Chine a fait peau neuve
ZHANG XUEYING
Au
début du XXIe siècle, ce musée de la capitale chinoise
ne se contente plus seulement de son rôle central en Chine. Il veut
pouvoir se comparer aux grands musées du monde, et il a pris les
moyens pour atteindre son objectif.
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Le
Musée national des beaux-arts de Beijing remis
à neuf.
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AU moment où Beijing, capitale de la Chine, va accéder au rang de métropole
internationale, on espère que son musée des beaux-arts pourra atteindre
un niveau correspondant aux normes supérieures internationales.
En effet, depuis sa rénovation, le Musée national des beaux-arts
de Chine aspire à se comparer au « Louvre » de Paris ou
au « Metropolitan Museum of Art » de New York. Parallèlement
à la célébration de son quarantième anniversaire et tout juste un
an après sa fermeture, ce musée d’échelon national a souligné l'achèvement
des travaux de sa troisième rénovation. Effectuée au coût de 160
millions de yuans, cette rénovation est considérée comme la plus
importante jusqu'à aujourd'hui. Le musée nouvellement rouvert présente
non seulement un nouveau visage, mais derrière celui-ci, se profile
également une importante transformation de son mode de gestion.
Le centre des arts
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Le « Tableau
des réfugiés » au Musée national des beaux-arts
de Beijing.
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Le Musée des
beaux-arts est le centre des Beaux-Arts modernes de Chine. Ses 60
000 objets comprennent des œuvres représentatives d’artistes de
la période moderne de Chine et la quintessence d’ouvrages populaires.
On le considère comme le guide des arts chinois contemporains. En
tant que plus grand palais des beaux-arts du pays, on y expose
souvent bon nombre de peintures de noms célèbres. En 1988,
une grande exposition de peintures de nus d’après modèle y a organisée.
À cette époque-là, de telles peintures étaient interdites
d'exposition au public. M. Liu Xilin, responsable du Bureau d'études
du Musée des beaux-arts, m'a raconté : « La journée de
l'ouverture de cette exposition, une foule de visiteurs a déferlé
dans le palais. Les visiteurs ont fait la queue jusqu'à minuit.
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« Le
Penseur » de Rodin. |
En 1989, on
y a aussi organisé des expositions d’art moderne qui ont fait couler
beaucoup d’encre : celle des sculptures de Henry Moore, celle
des peintures originales de Dali et centenaire des huiles chinoises
et des sculptures de Auguste Rodin (1840-1917).
En plus de ces grandes expositions, on y présente aussi des œuvres
individuelles. On dit que toutes les œuvres exposées dans ce musée
ont une grande valeur sur le marché. Cependant, après les années
1990 et surtout les cinq dernières années, bien que la position
centrale du musée dans l’ensemble des palais des beaux-arts de Chine
n'eût pas changé, à l'exception des spécialistes, les visiteurs
s’y faisaient de plus en plus rares.
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Chef
d’œuvre de Picasso. |
Prenons le cas de madame Hao Ting. Autrefois, elle acceptait de faire
24 heures de train pour y admirer une exposition de peintures. Elle
a maintenant déménagé à Beijing. En tant que spécialiste, elle estime
que ce palais, qui avait autrefois conquis sa tête et son cœur,
était devenu presque inutile pour elle.
En outre, les Palais des beaux-arts de Shanghai et du Guangdong avaient
été fondés, sans compter des petits palais des beaux-arts, des musées
et des galeries qui étaient apparus; ainsi, avec ses nouvelles forces
entrées en scène, la concurrence devenait de plus en plus vive de
jour en jour. La conception et le mode de gestion de ces endroits
tiraient profit de l'expérience des pays étrangers. Ils mettaient
l’accent sur la personnalité, l'ouverture, la vitalité et des équipements
répondant aux normes internationales.
L’intérêt du public
« Le manque de capitaux est notre problème clé », dit M. Qian Xianglin,
directeur adjoint du Musée national des beaux-arts. Chaque année,
des subsides de 8 millions de yuans nous permettent de subsister,
en s’ajoutant à notre gestion et à notre exploitation. D'après ses
dires, avant la rénovation le revenu annuel du Musée était de 10
millions de yuans, et après, la dépense annuelle sera du même ordre.
La pénurie de fonds influence donc directement la collection des
objets d’art. « Ne pas pouvoir s'offrir des objets d’art est une
question universelle », se désole M. An Yuanyuan, responsable
du département d’art relevant du ministère de la Culture de Chine.
En 1998, le
peintre Jiang Zhaohe et les membres de sa famille ont offert le
« Tableau des réfugiés » au Musée national des beaux-arts de
Chine. Le ministre de la Culture de Chine leur a délivré personnellement
un certificat et une prime de 1,2 million de yuans. C'est la prime
la plus élevée dans l’histoire de ce musée. Parmi les 60 000 oeuvres
collectionnées, une quantité appréciable est offerte par des peintres
et des membres de leur famille. Par ailleurs, organiser des expositions
est aussi un des moyens importants. M. Qian Xianglin a révélé :
« À l'époque de l'économie planifiée, le paiement de nos collections
ne représentait que quelques centaines de yuans. » Après 1990, l'économie
planifiée a cédé sa place. Le Musée n’a plus disposé de capitaux
spéciaux pour acheter des collections (dépense de matériaux). Ainsi,
pour nos collections nécessaires, nous devions formuler d'abord
une demande de collection à l'autorité compétente et attendre sa
réponse. « À maintes reprises, nous avons dû laisser passer
des occasions sans rien pouvoir faire », confie M. Liu Xilin.
Pour accumuler des fonds, nous avons loué des espaces d'exposition.
Une personne du milieu a révélé que la gestion du Musée n'était
pas rigoureuse. Pour gagner de l’argent, on a permis à des gens
d'organiser des expositions dont le nom ne correspondait pas à la
réalité. M. Qian Linxiang avoue : « Je me sentais écrasé par
le poids de mes responsabilités dans cet organisme d'intérêt public.
Notre billet d'entrée n'était alors que de quatre yuans. Si nous
avions pu résoudre le problème de nos frais, nous aurions pu offrir
des expositions gratuites à des peintres et laisser de bons espaces
aux meilleures expositions. » Aujourd'hui, le Musée a commencé à
faire preuve de prudence. Il y a peu, il a refusé d'organiser l’exposition
des nouveaux produits de la société Audi A8.«Lorsque je critique
le Musée, je dois aussi considérer d'autres facteurs, vu les lacunes
du marché artistique et le manque d’intérêt de la population à l’égard
de la consommation des objets d’art. De plus, la Chine n'a pas de
règlements en cette matière. Dans certains pays étrangers, l’achat
des œuvres d’art permet d’obtenir des réductions fiscales. Ce genre
de mesures profiterait au Musée. À l'étranger, l'impôt sur la succession
est élevé. Léguer un objet d’art à la deuxième génération est moins
intéressant que de l’offrir à un musée », dit M. An Yuanyuan.
Maintenir son statut et profiter de nouvelles occasions
Bien que certaines gens fassent encore preuve de scepticisme par rapport
à la réforme du Musée, la plupart ont une conscience claire de la
situation. Le Musée doit changer certaines façons de faire établies
sous l'économie planifiée pour faire face à la concurrence acharnée.
En matière de gestion, il doit bien utiliser les conceptions avancées
pour bien satisfaire les besoins du XXIe siècle en matière
de culture. Le responsable Yang Lizhou révèle : « Autrefois,
il fallait bien reconnaître que nos équipements accusaient un retard
considérable. Aujourd'hui, notre technologie atteint le niveau avancé
mondial. » La rénovation a transformé le Musée. De quatorze, ses
salles sont passées à 21. Au 4e étage, un grand forum
de 240 m² a été aménagé. Un vaste atelier destiné à l’emballage
et à la conservation communique par un passage souterrain avec la
salle d'exposition principale. Ceci a permis de résoudre le problème
du déplacement en toute sécurité. Le Musée est bien protégé par
des systèmes antivol et antifeu. Ses fenêtres à tabatière sont automatiques.
La construction d’une rampe d’accès, de toilettes et d’un ascenseur
à l’intention des handicapés leur assure de plus grandes facilités
de déplacement. Selon les dires de M. Zhang Zhaohui, qui a travaillé
neuf ans au Musée puis étudié aux États-Unis : « Le Musée
national des beaux-arts ne pouvait se comparer avec celui des États-Unis.
Aujourd'hui, sa rénovation l’a beaucoup transformé. En voyant ses
belles installations, je pense qu'il commence à tirer profit de
l'expérience des pays étrangers. » Le Musée a invité des experts
renommés en muséologie, des historiens et des critiques de peinture
pour choisir des ouvrages ayant une certaine valeur et pour élaborer
leur plan d'exposition. Selon M. Yang, la gestion du Musée a enregistré
un grand progrès dans l’atteinte de l'objectif de construire un
musée des beaux-arts de première qualité mondiale. Ces dernières
années, le Musée a aussi collectionné une centaine d'œuvres étrangères
réputées, y compris des œuvres réputées d'une dizaine d'écoles internationales
populaires. À partir de cette année, le ministère des Finances lui
allouera, pendant cinq ans, une somme annuelle de 50 millions de
yuans pour les dépenses liées à l’achat de collections. La construction
du bâtiment des collections de peintures sera amorcée l'année prochaine.
À cet égard, un projet de collections a été élaboré.
« Aujourd'hui, la rénovation du Musée ne représente que la première
tranche des travaux, et ceux de la deuxième tranche vont commencer.
On prévoit qu'en 2007, un nouveau palais de 40 000 m²
sera construit dans l’aile nord-ouest », déclare M. Qian Linxiang.
Certains visiteurs passent également le commentaire que le Musée
devrait améliorer la présentation des billets d'entrée. Pour la
collection, que le nom du peintre et de ses œuvres exposées soit
imprimé en chinois et en anglais serait un avantage. « En tant que
musée ayant quatre décennies d’histoire, ce palais des beaux-arts
ne peut pas tenir la comparaison avec un musée d’art étranger, plus
que centenaire. Toutefois, par rapport au passé, on doit dire qu'il
a grandement progressé », déclare M. An Yuanyuan.
Document :
Le Musée national
des beaux-arts de Chine regroupe cinq salles d'exposition permanentes
: « Cent ans de beaux-arts », « Les papiers découpés populaires »,
« Les modelages colorés de Wuxi », « Les œuvres offertes par
Liu Kaiqu » et « Les objets d’art offerts par le couple
Peter et Irene Ludwig d’Allemagne ». Dans la première salle, on
y expose une centaine d'œuvres de cent peintres de la génération
précédente. Toutes ces œuvres (peintures traditionnelles, peintures
à l'huile, gravures sur bois et sculptures) illustrent le progrès
des arts de différentes écoles du XXe siècle. Parmi les
objets d’art offerts par le couple Peter et Irene Ludwig,
on trouve quatre peintures de Picasso. Actuellement, il y a un musée
renommé qui discute de l'emprunt de l'exposition du Musée.
Pour s’y rendre : bus n° 101, 104, 109, 111
Billet d'entrée : 20 yuans
Heures d'ouverture : 9 h-17 h
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