OCTOBRE  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Suifenhe, premier relais à

la frontière sino-russe

YU JIE et WANG NAN

Suifenhe est une destination qui gagne à être connue tant sur le plan du tourisme que des affaires. En réalité, c’est peut-être l’un des endroits de Chine où les deux se combinent le plus fréquemment.

Suifenhe, une belle ville montagneuse.

Suifenhe, aussi appelée capitale du commerce frontalier, se trouve au centre de la région économique de la Chine du Nord-Est. C’est une ville montagneuse pittoresque. Reliée à la zone littorale de l'Extrême-Orient russe, à 210 km de Vladivostok, elle est considérée comme un accès important pour le tourisme à la frontière sino-russe. Il y a dix ans, Suifenhe ne regroupait que 20 000 habitants; maintenant, elle en a plus de 100 000.

Des ressources touristiques typiques

À la suite du développement des relations sino-russes, chaque année, un grand nombre de Russes visitent Suifenhe.

Dans son œuvre Suifenhe, l’écrivaine Xiao Guixian écrit : « En juin 1899, un chemin de fer a traversé la frontière par un tunnel et est entré en zigzaguant dans une région montagneuse. Dès lors, a commencé l'histoire d'une ville. » Ce chemin de fer, décrit par la plume de Xiao Guixian, est le fameux Orient Express.  Comme touriste à Suifenhe, connaître l'évolution du chemin de fer équivaut à connaître l'histoire de cette ville. Plus de cent années ont passé; les locaux ont changé d’allure, mais le chemin de fer est toujours là. De Suifenhe, petite ville de la province chinoise du Heilongjiang, à Vladivostok, via Oussoulisk, par le train, les voyageurs peuvent admirer le panorama et la vaste étendue du territoire russe et ses sites typiques. Quel voyage agréable!  Cette région a aussi une portée historique qui ne peut qu’attirer les tourismes. En effet, dès le milieu du XIXe siècle, profitant de l'agression anglo-française contre la Chine et sous la pression des armes, les tsars russes obligèrent le gouvernement des Qing à signer le traité d’Aihui et la Convention de Pékin.

Négociations du commerce frontalier bilatéral sino-russe.

Au crépuscule, une promenade dans les rues de cette ville révèle des bâtiments peints de couleurs exotiques. Des consulats de dix-huit pays étrangers qui y avaient été construits autrefois présentent encore leur style occidental. Suifenhe n'était pas seulement un relais important sur le chemin de fer sino-russe; c'était aussi un accès pour laisser passer les révolutionnaires, tels que Li Dazhao et Qu Qiubai. Un peu comme la rue des bars Houhai à Beijing et le centre Xintiandi de Shanghai, de nombreux édifices typiques ont été transformés en restaurants à caractère spécial. Sous le soleil, on peut s'y reposer et déguster la cuisine occidentale à la russe. Dès qu’on passe en Russie, à seulement quelques centaines de km de la frontière, la vie apparaît nettement différente.
En outre, grâce à sa localisation particulière, Suifenhe attire toujours les amateurs de ski pendant les vacances. « Admirer le spectacle de neige à la frontière et connaître le style exotique de l'étranger » forment les axes de sa campagne touristique.  Les pistes de ski du parc de la forêt nationale de Suifenhe, 10 km à l'ouest de la ville, sont un lieu touristique à caractère particulier. En hiver, la neige couvre le sol d’un manteau blanc; en été, c'est un «bar à oxygène» tout à fait naturel, un lieu idéal à fréquenter pendant les vacances. Dans les rues de la ville, les voitures font la navette, les nombreux bars et les salles de karaoké attendent pour divertir les voyageurs. En hiver, la température peut descendre jusqu'à des dizaines de degrés sous zéro, mais Suifenhe garde toujours une vie animée et dynamique.

Un train fait la navette entre la Chine et la Russie.

Ces dernières années, à la suite du développement des relations sino-russes, la collaboration bilatérale s'est encore élargie et les touristes viennent en plus grand nombre.  En 2002, 890 000  personnes ont franchi la frontière. Depuis la mise en service de l'itinéraire touristique d'une semaine, le nombre de voyageurs russes en Chine augmente. En effet, depuis quelques années, l'économie russe se redresse et la qualité de vie des Russes s'améliore rapidement, ce qui stimule fortement la consommation. En outre, jour après jour, le marché commercial frontalier prend de la maturité, de sorte que les commerçants de la zone littorale de la Russie et de Moscou sont plus enclins à venir s'y approvisionner. Pour les Chinois, le Nouvel An et la fête du Printemps sont la période idéale pour visiter la Russie, et la période de la fête internationale des femmes, le 8 mars, celle de la fête internationale des travailleurs, le 1er mai, et celle de Noël, forment les périodes d'achat des Russes à Suifenhe.

La vie culturelle de Suifenhe est riche et des spectacles de ballet russe y sont présentés souvent. Le bon environnement d'enseignement attire des enfants de l'extérieur à venir y faire leurs études. Le secteur du tourisme de Suifenhe coopère avec des sites tant de l'intérieur que de l'extérieur du Heilongjiang. Ainsi, à la suite du développement du tourisme, la ville offre des itinéraires spéciaux en partance de Suifenhe :  vers Harbin, Dalian, Beijing, Shanghai et d'autres grandes et moyennes villes de Chine. En outre, elle a l'intention de développer le tourisme d’emplettes, de visites et de villégiature.

Développement vigoureux du commerce frontalier

Le président russe Poutine a lancé une phrase aux médias lors de sa visite à Beijing : « Les relations sino-russes atteignent un niveau assez élevé ». Cette phrase a fait sentir aux gens qui vivent à la frontière que la coopération entre les deux pays sur le plan du commerce frontalier est bien concrète et qu'elle est en train de rayonner dans les autres domaines.


Aujourd'hui, le tiers de la population de Suifenhe fait du commerce. La ville devient un nouveau centre commercial international sur le pont terrestre eurasiatique. Dans ce port important du commerce chinois ouvert sur la Russie depuis 1992, on peut rencontrer partout les Russes. Le «tourisme des emplettes» fait prospérer cette ville, de sorte que le tourisme est un secteur pilier de l'économie. En 2000, le port de Suifenhe a gagné le titre de «ville touristique excellente de Chine» et en 2002, Suifenhe a été évaluée comme «ville bien civilisée de Chine». Comme la Russie n'attache pas d'importance au développement de l'industrie légère, la demande pour ce type d'articles est grande. D'autre part, la Chine manque de bois et d'engrais chimique. Les réserves en ressources naturelles de la Russie sont abondantes, alors que la Chine est riche en main-d'œuvre; ces deux pays voisins ont ainsi un vaste espace de coopération dans les domaines de la production et du traitement. Au moment où le commerce frontalier sino-russe se développe vigoureusement, Suifenhe investit plus de 600 millions de yuans pour se doter d'infrastructures : routes, approvisionnement d'eau, de chauffage et d'électricité et télécommunications. Son réseau de communication donne accès à Harbin de Chine, Vladivostok de Russie, la zone littorale du Japon, l'Asie du Sud-Est, voire même les États-Unis. Suifenhe simplifie les formalités douanières pour attirer davantage les hommes d'affaires et exploiter pleinement le marché international. Depuis 1999, la quantité annuelle de son transit représente plus de 70 % de celle du Heilongjiang. Une heure de route seulement permet de se déplacer de Suifenhe à Mudanjiang, ville à échelon préfectoral, et en 6 heures, on arrive à Harbin, capitale de la province. Le train international et l'autobus se rendent fréquemment en Russie, ce qui facilite les déplacements. Poussée par le commerce frontalier, Suifenhe se transforme en la zone la plus riche du Heilongjiang. En 2002, le volume du transit a atteint 5,38 millions de tonnes, soit 28,4 % d'augmentation par rapport à celui de 2001. Le chiffre d'affaires du transit du port de Suifenhe représente plus de 10 % du chiffre d'affaires total du transit national vers la Russie. Suifenhe, la capitale du commerce frontalier est maintenant le centre de distribution de marchandises de Chine vers l'Asie du Nord-Est.