Les
Jinuo
 |
Jeune
fille jinuo |
Comptant
quelque 18 000 personnes, les Jinuo vivent dans la commune de Jinuoluoke
du district de Jinghong, préfecture autonome dai du Xishuangbanna,
province du Yunnan. Leur langage appartient au groupe tibéto-birman
de la famille des langues sino-tibétaines. Sa structure et son vocabulaire
ont beaucoup de ressemblances avec celui des Yi et des Birmans.
Sans langue écrite, les Jinuo avaient l’habitude d’enregistrer les
informations en cochant des morceaux de bois ou des bambous.
Jinuoluoke
est une région montagneuse qui s’étire sur 70 kilomètres d’est en
ouest et sur 50 kilomètres du nord au sud. Le climat y est pluvieux
et la température annuelle moyenne est de 18 C à 20 C. La saison
des pluies dure de mai à septembre, avec pluies relativement fortes
en août. Le riz et le maïs forment les principales cultures. Le
célèbre thé Pu’er croît sur le mont Jinuo. La commune de Jinuoluoke
a une longue tradition de culture du coton et elle abonde en fruits
tropicaux comme les bananes et les papayes. Les forêts vierges constituent
l’habitat des éléphants, des singes et de nombreux oiseaux.
Histoire
Les
Jinuo se seraient déplacés vers Jinuoluoke
à partir de Pu’er et de Mojiang, voire même d’endroits plus
au nord. Lorsqu’ils se sont établis dans les environs du mont Jinuo,
ils vivaient encore dans une société matriarcale. Selon la légende,
la première personne à s’établir aurait été une veuve du nom de Jiezhuo. Elle
aurait donné naissance à sept garçons et à sept filles qui se sont
ensuite mariés entre eux. Puis, la grande famille se serait divisée
en deux groupes pour s’installer dans deux villages ou plutôt pour
former deux clans. L’un était appelé Citong, le village patriarcal
et l’autre, Manfeng, le village matriarcal. Avec le temps, la population
jinuo se serait multipliée et davantage de villages jinuo auraient
vu le jour. Aujourd’hui, l’unité de base de la société n’est plus
formée par les liens de sang, depuis l’émergence du village communal
dans lequel vivent les gens de différents clans. Les frontières
des villages sont marquées par des tablettes en pierre ou en bois.
La terre à l’intérieur de la ligne de démarcation est de propriété
communale. Deux anciens sont élus pour assumer l’administration
du village, de même que des rites sacrificiels et de la production.
Chaque village est un petit monde. Seule l’ancienneté assure à ces
anciens le respect de tous, non l’éloquence ou la bravoure. À leur
mort, les deux personnes les plus vieilles de la communauté doivent
prendre leur place. Les fonctions de ces anciens sont teintées de
traditions ou de religion. Par exemple, les semailles annuelles
ne peuvent commencer que lorsque les anciens ont abattu des animaux
et les ont offerts aux esprits pendant une cérémonie où ils déposent
quelques graines en terre. Ils fixent également la date des fêtes,
et le battement du gong et du tambour dans les maisons des anciens
marquent le début des festivités.
 |
Cueillette
du thé pu’er, un des six thés les plus connus en Chine, cultivé
dans la région des Jinuo. |
La
société matriarcale des Jinuo a cédé sa place à une société patriarcale
il y a quelque 300 ans. La plupart des Jinuo sont des paysans, mais
ils sont aussi des chasseurs d’élite. Lorsque les hommes vont chasser,
ils apportent des arcs avec des flèches empoisonnées ou des fusils.
Ils sont également experts à poser des pièges et à attraper des
animaux sauvages au lasso. Ils chassent en groupes et divisent les
captures entre eux. La fourrure des animaux va aux hommes qui les
ont tués. Alors que les hommes chassent, les femmes ramassent des
fruits sauvages dans les forêts. Elles ramassent également des herbes
sauvages pour la soupe.
Aujourd’hui,
les Jinuo ont établi des coopératives pour travailler la terre plus
efficacement. Les terres sont irriguées et le recours aux prêtres
pour assurer de bonnes récoltes n’est plus nécessaire en cas de
sécheresse.
Us
et coutumes
Habitation
et habillement.
Les Jinuo vivent dans des habitations en bambou sur pilotis, à flanc
de collines. Les hommes portent habituellement une veste blanche
et un pantalon blanc ou bleu fait de lin ou de coton. Règle générale,
les femmes préfèrent une veste courte brodée, sans col et de couleurs
vives, des jupes courtes noires, ouverte sur le devant et bordées
de rouge. Elles enroulent également leurs cheveux, juste en haut
du front, et elles portent des chapeaux de lin dont les pointes
retombent sur leurs épaules. Les hommes et les femmes aiment marcher
pieds nus, et ils insèrent de longues tiges de bambou ou de bois
dans leurs lobes d’oreilles qui sont percés. Plus les trous des
lobes sont gros, plus on les considère beaux. Les Jinuo transportent
les marchandises dans des paniers sur leur dos, et ceux-ci comportent
des languettes qui sont attachés sur le front.
Mariage. La monogamie est en vigueur, mais
les relations sexuelles sont permises avant le mariage. Si une femme
amène un enfant illégitime vivre dans la maison de son mari, la
mère et l’enfant ne seront pas mal vus. Dans certains villages,
il y a des maisons spéciales où les célibataires peuvent passer
la nuit. Une fois mariée, une femme doit rester fidèle à son mari.
Le divorce est chose rare.
Funérailles. Le cadavre est déposé dans un cercueil
creusé dans un seul tronc d’arbre et enterré dans le cimetière communal.
Les effets personnels du défunt (outils de travail, vêtements, un
pot en cuivre rempli d’argent pour les riches sont enterrés comme
objets sacrificiels. On érige au-dessus du tombeau une petite hutte
dans laquelle on dépose des tablettes de bambou où les parents du
défunt pourront offrir des plats à l’âme du défunt pendant une période
allant d’un à trois ans.
Religion. Les Jinuo sont animistes. Ils croient
que toute chose sur terre a un esprit. Le culte aux ancêtres constitue
une partie importante de leurs activités religieuses. S’il y a une
sécheresse ou une autre calamité, un chaman récitera des prières
et tuera un bœuf, des cochons ou des chiens pour apaiser les esprits.
Les chamans soignent également avec des herbes médicinales.
Divertissements. Les Jinuo apprennent très tôt à chanter.
Ils improvisent des poèmes et y appliquent de belles mélodies. Lors
des rassemblements de fête, les jeunes dansent, alors que les plus
vieux chantent. Les Jinuo
célèbrent de nombreuses fêtes. La plus importante se célèbre en
mars, leur Nouvel An; la date diffère selon les villages. Ils vénèrent
le petit dragon et le grand dragon, lesquels doivent les aider à
éloigner les désastres et à avoir de bonnes récoltes. Une autre
fête se célèbre à la veille de la récolte de riz.
|