JANVIER  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Beijing, à grands pas

 

JEAN-YVES GODBOUT

Il y a sept ans, j’arrivais à Beijing. Récemment, il m’était arrivé de penser à ce que je pourrais répondre si, un jour, l’on me posait la question : Qu’est-ce que tu considères qui a changé en Chine depuis que tu y vis? Et ce qui devait arriver, arriva !

Les gratte-ciel donnent une nouvelle physionomie à Beijing.

En réponse à la question, j’ai pensé livrer quelques observations sur Beijing, la seule ville de Chine où j’aie habité. Je suis donc allé me promener aux alentours de mon domicile. Accompagnez-moi donc pour ma sortie d'observation.

Je m'achemine vers un arrêt d’autobus, à proximité. Tout de suite j’attire votre attention sur un revêtement relativement nouveau qui embellit les trottoirs et autres voies piétonnes, par son carrelage aux couleurs chaudes et discrètes. On trouve maintenant ce type de voies piétonnes à différents endroits de la ville, surtout là où les rues ont été élargies. Avec cette réfection des rues sont venus aussi des nouveaux lampadaires et des types différents d'éclairage.

Des services à portée de main: téléphones et kiosques à journaux

Dans moins d'un demi-kilomètre, j'ai déjà remarqué quantité de nouveaux téléphones publics automatiques.  Il y a plusieurs années, pour passer un appel local sur la rue, le moyen le plus répandu était d'utiliser des téléphones du même type que ceux des résidences, souvent posés sur des tables installées en bordure de la rue pour la vente de journaux, boissons, friandises, etc. Aujourd’hui, surtout dans les rues moins fréquentées, on trouve encore ces « kiosques » d'antan avec un ou quelques téléphones, mais ils sont en voie de disparition.

À la dernière mode….et pour les dernières nouvelles.

Plusieurs kiosques à journaux des rues passantes d'aujourd'hui ont une allure fort différente des tables à journaux d'autrefois. Ce sont d'élégants petits abris fermés, dont plusieurs portent le logo et le nom de la poste chinoise; trois fenêtres de façade, disposées à angles, y sont aménagées de telle sorte qu'on étale bien en vue un grand nombre de publications. La variété des publications que les passants peuvent se procurer sur la rue semble aussi avoir beaucoup augmenté.

Une présence quasi de tous les endroits : bus et abribus

Nous voilà rendus à un arrêt d’autobus avec abribus. Au niveau des bus urbains, il y a désormais une grande fréquence et une multitude de lignes, peut-être à faire crever d’envie des citoyens de bien des villes d'Occident, villes qui se sont pourtant modernisées bien avant Beijing, mais dont la densité de population est comparativement faible. À ce seul arrêt, celui situé le plus près de chez-moi, on peut compter pas moins de dix-huit lignes de bus.

On trouve aussi une grande variété de types de bus : du modèle ancien au très nouveau modèle; qui roulent au GPL, à l’essence, au gazole ou les trolleybus; climatisés-chauffés ou non; ticket à prix très bas ou un peu plus cher; de format régulier ou encore plus long, à deux sections articulées; et, un peu plus en périphérie de la ville, des minibus d'environ vingt places.

Depuis que je suis arrivé dans cette ville, je n'avais pas constaté de nouvelles mises en service de longs bus articulés. Surprise! J'en ai vu tout récemment, et d'ailleurs pour une ligne à très grande affluence de passagers, sur le troisième périphérique.

L’ancienne avenue Baishiqiao a subi une cure de rajeunissement; elle est devenue la nouvelle avenue Zhongguancun.Abribus et publicités, tout est neuf et propre.

Les abribus modernes ne datent que de quelques années et déjà ils sont légion. L'abribus où je me trouve présentement est du type le plus répandu. Il est vraiment beau à voir. Chaque abribus est habituellement composé de deux ou plusieurs modules semblables placés bout à bout; le nombre de modules variant selon l'achalandage des bus qui y ont un arrêt. La grande façade de chaque module affiche un panneau publicitaire sur toute sa surface, et ce, de ses deux côtés. Ceci m'amène à vous souligner qu'à ma souvenance, en 1995, il y avait très peu d'infrastructures de publicité dans les rues. Aujourd'hui, dans les rues commerçantes,  on trouve un bon nombre d'affiches publicitaires de différents types. Déjà la publicité qui s’infiltre partout!

Une bonne brise souffle du nord-nord-ouest: alors, pourquoi prendre un bus, aussi bien marcher.

Autoroutes et voitures : à plein régime!

On arrive alors au quatrième périphérique, situé près de chez-moi. À voir le flux de véhicules sur cette autoroute, on ne dirait pas qu'elle n’a été ouverte au complet qu’il y a moins de deux ans. Ainsi, l'on n'est pas surpris quand il est rapporté que plus de la moitié des cinquième et sixième périphériques sont déjà ouverts!

Selon des statistiques, la longueur totale en autoroutes de la ville aurait presque doublé depuis 1999, passant de 228 à 444 km; et on rapporte que cette longueur sera de 600 km en 2005 et de plus de 700 d'ici 2008!

Auparavant, si je me rappelle bien, comme véhicules, on trouvait très majoritairement des petits minibus jaunes, servant de taxis et qu’on appelait miandi  -ils n'existent plus aujourd’hui comme taxis-; des petites voitures taxis rouges, beaucoup du modèle Xiali; et, en nombre plus restreint, des voitures intermédiaires, majoritairement noires et, à ma connaissance, appartenant surtout à des bureaux ou entreprises des gouvernements, mais aussi constituant des parcs de taxis d'une dizaine ou plus de véhicules des hôtels de plus grande qualité.

Aujourd’hui, il y a considérablement plus d'autos et elles sont de marques, couleurs et modèles très variés: même les pays d'origine des différentes marques approchent ou atteignent la dizaine.

D'ailleurs, selon le Centre de recherche sur le développement des transports de Beijing, le nombre de véhicules motorisés de la ville serait passé de quelque 700 000 en 1994 à 1,8 million en 2001.

Les fidèles de toujours : vélos et souliers

Pour les vélos, le changement est assez frappant aussi. Il me semble qu'en début 1995 l'on trouvait surtout des bicyclettes de couleurs foncées, des quelques marques classiques chinoises. Or, il y a aujourd’hui une bonne variété de types, de couleurs et d'accessoires de vélos. Toutefois, pour ceux que l’on voit actuellement rouler sur leur voie réservée, juste à côté des piétons, beaucoup me semblent quand même dater d'au moins une couple d'années.

De voir pédaler les gens me fait penser à une certaine révolution dans la façon de se chausser. Selon mes souvenirs, à mon arrivée en Chine, encore une bonne proportion des gens portaient les souliers chinois usuels en toile. Aujourd'hui, les souliers que portent une grande partie des gens sont du même type que ceux que portent les Occidentaux; les Chinois semblent aussi bien apprécier le confort des chaussures de sport.

Il me semble aussi que, disons de 1997 à 2000 particulièrement, les endroits où l'on vendait des souliers sont soudainement devenus beaucoup plus nombreux: dans les magasins et les boutiques spécialisées, dans les marchés et sur la rue.

Il est intéressant de remarquer qu'au cours des dernières années, de plus en plus de jeunes femmes ont adopté la mode des chaussures à plateforme puis, plus récemment, à pointe longue. La mode ne tire pas de l’arrière ici!

Arbres et recyclage

Pas besoin d’être membre d’un club pour se tenir en forme.

Je crois que les arbres ont depuis longtemps été très nombreux et très importants à Beijing. On en trouve encore beaucoup et de plus en plus: ils contribuent, il va sans dire, à la beauté de la ville. Les abords de beaucoup de rues en sont couverts. L'une de leur utilité supplémentaire est de tamiser, surtout pour les cyclistes et les piétons, la belle ardeur des rayons du soleil de Beijing.

Le nombre d'arbres m'apparaît être bien supérieur maintenant. Toutefois, leur âge moyen est possiblement plus bas. Pourquoi ? D'abord, parce qu'il y a beaucoup d'arbres jeunes qui sont plantés. Aussi, parce que la modernisation de la ville et de ses rues a contraint à l'enlèvement d'arbres, il va sans dire, souvent d'une certaine taille. Or, pour certains de ces arbres enlevés, il n'était vraiment pas possible ou approprié de les replanter ailleurs; et, ce n'est pas que la pratique de replanter des arbres, même d'une bonne dimension, ne soit pas très efficacement exploitée ici.

La multitude de bacs de recyclage est un autre exemple fort où Beijing applique le principe des trois « r », bien connu des écologistes. Depuis une couple d'années, dans plusieurs rues, les résidents et les passants disposent de facilités modernes où déposer leurs rebuts à recycler. Ces unités de recyclage, plutôt esthétiques, ont trois compartiments de dimension moyenne correspondant chacun à un type de rebuts, soit: le papier; les canettes et bouteilles; et les autres rebuts divers. Ces unités ont aussi un plus petit compartiment pour les piles usées, ainsi qu’un cendrier.

J'ai même découvert tout récemment d'autres types de bacs; dans ceux-là, on peut déposer séparément les déchets organiques de cuisine.

Incitation à la bonne forme, à titre gracieux

Terminons notre brève tournée en nous arrêtant observer un peu ce petit parc où la ville a installé six types d’appareils d'exercice physique. Chaque type d’appareils peut accommoder deux personnes ou plus à la fois. La grande majorité de ce genre d'emplacements n'existent que depuis trois ou quatre ans, je crois.

Il y en a maintenant à différents endroits de la ville et on en rajoute encore de nouveaux à l'occasion. Les appareils sont robustes et attrayants, avec leurs couleurs vives et agréables. Allons donc regarder cela de plus près, et en même temps, pourquoi résisterais-je à l'incitation à la bonne forme?