Beijing,
à grands pas
JEAN-YVES
GODBOUT
Il y a sept ans, j’arrivais
à Beijing. Récemment, il m’était arrivé de penser à ce que je
pourrais répondre si, un jour, l’on me posait la question :
Qu’est-ce que tu considères qui a changé en Chine depuis que tu
y vis? Et ce qui devait arriver, arriva !
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Les
gratte-ciel donnent une nouvelle physionomie à Beijing. |
En réponse à la question, j’ai
pensé livrer quelques observations sur Beijing, la seule ville
de Chine où j’aie habité. Je suis donc allé me promener aux alentours
de mon domicile. Accompagnez-moi donc pour ma sortie d'observation.
Je m'achemine vers un arrêt
d’autobus, à proximité. Tout de suite j’attire votre attention
sur un revêtement relativement nouveau qui embellit les trottoirs
et autres voies piétonnes, par son carrelage aux couleurs chaudes
et discrètes. On trouve maintenant ce type de voies piétonnes
à différents endroits de la ville, surtout là où les rues ont
été élargies. Avec cette réfection des rues sont venus aussi des
nouveaux lampadaires et des types différents d'éclairage.
Des services
à portée de main: téléphones et kiosques à journaux
Dans moins d'un demi-kilomètre,
j'ai déjà remarqué quantité de nouveaux téléphones publics automatiques. Il
y a plusieurs années, pour passer un appel local sur la rue, le
moyen le plus répandu était d'utiliser des téléphones du même
type que ceux des résidences, souvent posés sur des tables installées
en bordure de la rue pour la vente de journaux, boissons, friandises,
etc. Aujourd’hui, surtout dans les rues moins fréquentées, on
trouve encore ces « kiosques » d'antan avec un ou quelques téléphones,
mais ils sont en voie de disparition.
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À
la dernière mode….et pour les dernières nouvelles. |
Plusieurs kiosques à journaux
des rues passantes d'aujourd'hui ont une allure fort différente
des tables à journaux d'autrefois. Ce sont d'élégants petits abris
fermés, dont plusieurs portent le logo et le nom de la poste chinoise;
trois fenêtres de façade, disposées à angles, y sont aménagées
de telle sorte qu'on étale bien en vue un grand nombre de publications.
La variété des publications que les passants peuvent se procurer
sur la rue semble aussi avoir beaucoup augmenté.
Une présence
quasi de tous les endroits : bus et abribus
Nous voilà rendus à un arrêt
d’autobus avec abribus. Au niveau des bus urbains, il y a désormais
une grande fréquence et une multitude de lignes, peut-être à faire
crever d’envie des citoyens de bien des villes d'Occident, villes
qui se sont pourtant modernisées bien avant Beijing, mais dont
la densité de population est comparativement faible. À ce seul
arrêt, celui situé le plus près de chez-moi, on peut compter pas
moins de dix-huit lignes de bus.
On trouve aussi une grande variété
de types de bus : du modèle ancien au très nouveau modèle;
qui roulent au GPL, à l’essence, au gazole ou les trolleybus;
climatisés-chauffés ou non; ticket à prix très bas ou un peu plus
cher; de format régulier ou encore plus long, à deux sections
articulées; et, un peu plus en périphérie de la ville, des minibus
d'environ vingt places.
Depuis que je suis arrivé dans
cette ville, je n'avais pas constaté de nouvelles mises en service
de longs bus articulés. Surprise! J'en ai vu tout récemment, et
d'ailleurs pour une ligne à très grande affluence de passagers,
sur le troisième périphérique.
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L’ancienne
avenue Baishiqiao a subi une cure de rajeunissement; elle
est devenue la nouvelle avenue Zhongguancun.Abribus et publicités,
tout est neuf et propre. |
Les abribus modernes ne datent
que de quelques années et déjà ils sont légion. L'abribus où je
me trouve présentement est du type le plus répandu. Il est vraiment
beau à voir. Chaque abribus est habituellement composé de deux
ou plusieurs modules semblables placés bout à bout; le nombre
de modules variant selon l'achalandage des bus qui y ont un arrêt.
La grande façade de chaque module affiche un panneau publicitaire
sur toute sa surface, et ce, de ses deux côtés. Ceci m'amène à
vous souligner qu'à ma souvenance, en 1995, il y avait très peu
d'infrastructures de publicité dans les rues. Aujourd'hui, dans
les rues commerçantes, on trouve un bon nombre d'affiches publicitaires
de différents types. Déjà la publicité qui s’infiltre partout!
Une bonne brise souffle du nord-nord-ouest:
alors, pourquoi prendre un bus, aussi bien marcher.
Autoroutes
et voitures : à plein régime!
On arrive alors au quatrième
périphérique, situé près de chez-moi. À voir le flux de véhicules
sur cette autoroute, on ne dirait pas qu'elle n’a été ouverte
au complet qu’il y a moins de deux ans. Ainsi, l'on n'est pas
surpris quand il est rapporté que plus de la moitié des cinquième
et sixième périphériques sont déjà ouverts!
Selon des statistiques, la longueur
totale en autoroutes de la ville aurait presque doublé depuis
1999, passant de 228 à 444 km; et on rapporte que cette longueur
sera de 600 km en 2005 et de plus de 700 d'ici 2008!
Auparavant, si je me rappelle
bien, comme véhicules, on trouvait très majoritairement des petits
minibus jaunes, servant de taxis et qu’on appelait miandi -ils n'existent plus aujourd’hui comme
taxis-; des petites voitures taxis rouges, beaucoup du modèle
Xiali; et, en nombre plus restreint, des voitures intermédiaires,
majoritairement noires et, à ma connaissance, appartenant surtout
à des bureaux ou entreprises des gouvernements, mais aussi constituant
des parcs de taxis d'une dizaine ou plus de véhicules des hôtels
de plus grande qualité.
Aujourd’hui, il y a considérablement plus d'autos et elles sont de marques,
couleurs et modèles très variés: même les pays d'origine des différentes
marques approchent ou atteignent la dizaine.
D'ailleurs, selon le Centre
de recherche sur le développement des transports de Beijing, le
nombre de véhicules motorisés de la ville serait passé de quelque
700 000 en 1994 à 1,8 million en 2001.
Les fidèles
de toujours : vélos et souliers
Pour les vélos, le changement
est assez frappant aussi. Il me semble qu'en début 1995 l'on trouvait
surtout des bicyclettes de couleurs foncées, des quelques marques
classiques chinoises. Or, il y a aujourd’hui une bonne variété
de types, de couleurs et d'accessoires de vélos. Toutefois, pour
ceux que l’on voit actuellement rouler sur leur voie réservée,
juste à côté des piétons, beaucoup me semblent quand même dater
d'au moins une couple d'années.
De voir pédaler les gens me
fait penser à une certaine révolution dans la façon de se chausser.
Selon mes souvenirs, à mon arrivée en Chine, encore une bonne
proportion des gens portaient les souliers chinois usuels en toile.
Aujourd'hui, les souliers que portent une grande partie des gens
sont du même type que ceux que portent les Occidentaux; les Chinois
semblent aussi bien apprécier le confort des chaussures de sport.
Il me semble aussi que, disons
de 1997 à 2000 particulièrement, les endroits où l'on vendait
des souliers sont soudainement devenus beaucoup plus nombreux:
dans les magasins et les boutiques spécialisées, dans les marchés
et sur la rue.
Il est intéressant de remarquer
qu'au cours des dernières années, de plus en plus de jeunes femmes
ont adopté la mode des chaussures à plateforme puis, plus récemment,
à pointe longue. La mode ne tire pas de l’arrière ici!
Arbres
et recyclage
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Pas
besoin d’être membre d’un club pour se tenir en forme. |
Je crois que les arbres ont
depuis longtemps été très nombreux et très importants à Beijing.
On en trouve encore beaucoup et de plus en plus: ils contribuent,
il va sans dire, à la beauté de la ville. Les abords de beaucoup
de rues en sont couverts. L'une de leur utilité supplémentaire
est de tamiser, surtout pour les cyclistes et les piétons, la
belle ardeur des rayons du soleil de Beijing.
Le nombre d'arbres m'apparaît
être bien supérieur maintenant. Toutefois, leur âge moyen est
possiblement plus bas. Pourquoi ? D'abord, parce qu'il y a beaucoup
d'arbres jeunes qui sont plantés. Aussi, parce que la modernisation
de la ville et de ses rues a contraint à l'enlèvement d'arbres,
il va sans dire, souvent d'une certaine taille. Or, pour certains
de ces arbres enlevés, il n'était vraiment pas possible ou approprié
de les replanter ailleurs; et, ce n'est pas que la pratique de
replanter des arbres, même d'une bonne dimension, ne soit pas
très efficacement exploitée ici.
La multitude de bacs de recyclage
est un autre exemple fort où Beijing applique le principe des
trois « r », bien connu des écologistes. Depuis une couple d'années,
dans plusieurs rues, les résidents et les passants disposent de
facilités modernes où déposer leurs rebuts à recycler. Ces unités
de recyclage, plutôt esthétiques, ont trois compartiments de dimension
moyenne correspondant chacun à un type de rebuts, soit: le papier;
les canettes et bouteilles; et les autres rebuts divers. Ces unités
ont aussi un plus petit compartiment pour les piles usées, ainsi
qu’un cendrier.
J'ai même découvert tout récemment
d'autres types de bacs; dans ceux-là, on peut déposer séparément
les déchets organiques de cuisine.
Incitation
à la bonne forme, à titre gracieux
Terminons notre brève tournée
en nous arrêtant observer un peu ce petit parc où la ville a installé
six types d’appareils d'exercice physique. Chaque type d’appareils
peut accommoder deux personnes ou plus à la fois. La grande majorité
de ce genre d'emplacements n'existent que depuis trois ou quatre
ans, je crois.
Il y en a maintenant à différents
endroits de la ville et on en rajoute encore de nouveaux à l'occasion.
Les appareils sont robustes et attrayants, avec leurs couleurs
vives et agréables. Allons donc regarder cela de plus près, et
en même temps, pourquoi résisterais-je à l'incitation à la bonne
forme?