La réalité
des étudiants
chinois en France (I)
An Yan
 |
M.
Hu Chunhua, directeur de la section française de notre revue,
au moment où il étudiait
en France dans les années 70. |
La France
est l’un des
premiers pays occidentaux qui ont accueilli des étudiants chinois. À compter du premier contingent
d'élèves chinois
envoyés
en France par l'Arsenal Fuzhou en 1875, l’histoire des étudiants chinois en France a une centaine
d'années.
On a enregistré
un essor de leur effectif pendant le mouvement étudiant-ouvrier dans les années 1920.
Du 17 mars 1919 au 13 novembre 1921, plus de 1 600 jeunes chinois
sans fortune sont allés
en France dans l'espoir d'y faire des études qu'ils financeraient par leur travail.
En découvrant
le monde ouvrier et les théories marxistes-léninistes, certains étudiants-ouvriers
sont devenus communistes. Parmi ces jeunes, on trouve des noms
devenus illustres en Chine, comme Zhou Enlai, Deng Xiaoping, Chen
Yi, Nie Rongzhen, Cai Hesen, Cai Chang, Li Fuchun, Zhao Shiyan,
Xu Teli…, qui ont joué un rôle capital dans l'histoire de la Chine
contemporaine.
Après la fondation de la République
populaire de Chine, surtout depuis l’établissement des relations diplomatiques
entre la Chine et la France en 1964, la coopération et les échanges entre les deux pays dans les domaines
scientifique, technique et de l’éducation n’ont cessé de s’accroître. À la fin du XXe siècle, la
prise en forme du marché mondial de l'enseignement supérieur,
les mesures d'encouragement pour les études à l'étranger du gouvernement chinois, ainsi que
le renforcement des relations d'amitié sino-françaises ont créé un contexte
propice et des conditions favorables aux études des Chinois en France.
Qui sont ces étudiants ?
Selon les
statistiques du Service de l'éducation
de l'ambassade de Chine en France, de 1978 à 1999, 9 823 Chinois sont venus faire des
études
en France, dont 3 882 ont été financés et envoyés par le gouvernement; 2 725 ont été financés par d'autres
organismes; 3 216 ont étudié à leurs propres frais. En ce qui concerne
la répartition
des étudiants
par discipline, 40 % se sont spécialisés en sciences exactes et en ingénierie,
17,3 % en biologie, médecine
et agronomie, 11,2 % en gestion, 6 % en économie et commerce, 10,4 % en lettres,
15,1 % en art ou en d'autres sciences sociales.
Parmi ceux
qui ont fait des études
en France, sept sont maintenant membres de l'Académie des sciences ou de l'Académie d'ingénierie
de la Chine; sept sont responsables de laboratoires nationaux
de recherche scientifique; cinq sont responsables de laboratoires
de recherche scientifique établis
conjointement par les gouvernements chinois et français; des dizaines
ont remporté
des prix nationaux et un grand nombre d'entre eux sont devenus
aujourd'hui hauts fonctionnaires de l'État, présidents d'universités ou directeurs
d’instituts
de recherche.
Les
sources de financement
 |
Groupe
d’étudiants
devant le bâtiment principal de l’université de Marseille-Aix-en-Provence en 1974. |
Financement
gouvernemental.
Actuellement, en plus des personnels sélectionnés et envoyés par le China Scholarships Council, sous
la responsabilité
du ministère
de l'Éducation, les gouvernements chinois et français échangent soixante-cinq bourses chaque année. Parmi
celles-ci, 25 sont des bourses en langues à l’intention des enseignants chinois de français
et des étudiants
qui se spécialisent
en langue française. Les quarante autres sont des bourses scientifiques
et technologiques.
Financement
par d'autres organismes.
Une autre catégorie
de personnes est financée et envoyée par des collectivités territoriales,
des départements,
des institutions où
elles travaillent, ou par des entreprises. Par exemple, l'Académie des
sciences de Chine possède son propre budget pour envoyer des étudiants
ou chercheurs à
l'étranger.
On peut également
inclure dans cette catégorie l'envoi des étudiants
ou des chercheurs dans le cadre des projets d'échanges entre universités ou instituts
de recherche chinois et français qui sont de plus en plus actifs
pour promouvoir la mobilité
de leurs personnels. L’université de Wuhan nous en donne un bon exemple.
Un accord
a été signé entre
l'université
de Wuhan et le ministère
français des Affaires étrangères au début de 1980. Avec le soutien des gouvernements
chinois et français, depuis cette date, l'université de Wuhan
a créé successivement le département de la langue française, l'Institut
d'études
sur la France, le Centre sino-français des mathématiques, le Centre de documentation française,
des filières
comme le DEA en mathématiques,
le DEA en littérature
française, etc. Elle a établi des relations de coopération
avec une trentaine d’organismes,
dont le CNRS.
Financement
individuel.
En dehors des études
financées
par les individus eux-mêmes, on inclut dans cette catégorie les
études
financées
par des institutions privées. Selon des statistiques, plus de 300
000 Chinois sont partis faire des études à l'étranger après 1978, et plus de 50% appartenaient à cette
catégorie.
L’encadrement administratif
 |
M.
Liu Huaizhang (1er à dr.)
un traducteur de notre revue, et son collègue en visite chez des amies françaises
de Rouen en 1993,
au moment de ses études en
France. |
L'administration
des étudiants
et stagiaires chinois en France est principalement assurée par le
CNOUS, le Centre national des oeuvres universitaires et scolaires, qui est l'un des principaux centres en matière d'accueil
des étudiants
étrangers.
L’autre
intervenant est le Service de l'éducation de l'ambassade de Chine en France.
Leur rôle est complémentaire
dans la gestion des étudiants.
Le Service d'éducation
a été
établi
en 1980 au sein de l'ambassade de Chine en France. L'accueil et
la gestion des étudiants,
des stagiaires et des chercheurs chinois constituent une des tâches
principales du service. Le Service de l'éducation est aussi un lieu de rencontres
où
l'on organise de temps en temps des conférences, des soirées de cinéma, des bals et d'autres activités culturelles
à
l'occasion des fêtes
ou des jours fériés. En plus,
le Service de l'éducation joue un rôle particulièrement
important dans la mise en relation des établissements d'enseignement supérieur français
et chinois. Il sert également
d'intermédiaire
pour faciliter les contacts entre les étudiants ou chercheurs chinois en France
et des institutions chinoises qui ont besoin de personnel de haut
calibre.
Des
programmes spéciaux
Programme
de formation à l'économie (CERDI). La Direction générale de la coopération et des échanges internationaux du ministère de l'Éducation
de la Chine a signé un accord de coopération
le 26 mars 1997 avec le Centre de recherche pour le développement international de l'université de Clermont-Ferrant
(CERDI). L'objectif de ce programme est de former des enseignants
d'économie
au niveau DEA et doctorat pour des universités chinoises.
Projet de l'enseignement à distance. Le Centre national d'enseignement à distance de
France et le Bureau national de l'ingénierie de l’éducationdu
ministère de l'Éducation de Chine ont établi une relation
de coopération dans le domaine de l'enseignement à distance en
1999. Une Convention de coopération a été signée entre
les deux parties, laquelle a défini les grands domaines de collaboration comme la formation
d’enseignants chinois aux nouvelles technologies et pratiques
de l'enseignement à distance et à la maîtrise de la
langue française, l'installation sur le territoire chinois de
centres de documentation et de ressources pédagogiques à distance,
le transfert de savoir-faire dans l’élaboration de formations
continues pour les personnels de l'administration chinoise mais
aussi pour les ingénieurs dans les secteurs de l'informatique
et des télécommunications, etc.
Des
regroupements
 |
Les
étudiants
chinois apprécient
beaucoup l’architecture
et les beaux paysages de la France. |
Dans les années
1980 et 1990, avec la croissance des effectifs chinois en France,
les étudiants et chercheurs chinois en France
ont organisé
plusieurs associations qui jouent un rôle important pour faciliter
la communication dans ce milieu. On évoque ici les trois associations principales:
L’Union
des étudiants et des chercheurs chinois en France. Fondée à Paris en décembre 1986, l'Union des étudiants
et des chercheurs chinois en France a pour but d’être au service des étudiants
et chercheurs chinois, de faciliter les échanges entre eux et de les aider à résoudre
des problèmes
rencontrés
dans la vie et dans les études en France.
L’Association
des scientifiques et des ingénieurs chinois en France. Cette association
a été fondée en 1993. Auparavant, il existait une association
de haute technologie et plusieurs associations spécialisées,
comme celle de la médecine et la biologie, celle de l'agriculture.
L'ASICEF a donc été fondée dans le but de regrouper ces associations
et de canaliser au mieux leurs efforts et leurs potentiels dans
la coopération franco-chinoise.
L’Association
des ingénieurs chinois en France . L'Association des ingénieurs chinois en France (AICF) est une
organisation non gouvernementale créée en décembre 1995 sous le régime de
la loi 1901. Elle a pour but, par divers moyens, de favoriser
les échanges
technico-commerciaux et scientifiques entre la France et la Chine. Une des caractéristiques marquantes de l'AICF est la compétence
et le niveau d'éducation
de ces membres. Elle a aussi pour but d'assurer entre ses membres
des contacts amicaux favorables aux échanges fructueux d'informations techniques
et économiques.
Elle aide aussi ses membres désireux de concrétiser leurs projets de développement
en Chine. (à suivre)