JANVIER  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

La réalité des étudiants chinois en France (I)

An Yan

          

M. Hu Chunhua, directeur de la section française de notre revue, au moment où il étudiait en France dans les années 70.

La France est lun des premiers pays occidentaux qui ont accueilli des étudiants chinois. À compter du premier contingent d'élèves chinois envoyés en France par l'Arsenal Fuzhou en 1875, lhistoire des étudiants chinois en France a une centaine d'années. On a enregistré un essor de leur effectif pendant le mouvement étudiant-ouvrier dans les années 1920. Du 17 mars 1919 au 13 novembre 1921, plus de 1 600 jeunes chinois sans fortune sont allés en France dans l'espoir d'y faire des études qu'ils financeraient par leur travail. En découvrant le monde ouvrier et les théories marxistes-léninistes, certains étudiants-ouvriers sont devenus communistes. Parmi ces jeunes, on trouve des noms devenus illustres en Chine, comme Zhou Enlai, Deng Xiaoping, Chen Yi, Nie Rongzhen, Cai Hesen, Cai Chang, Li Fuchun, Zhao Shiyan, Xu Teli, qui ont joué un rôle capital dans l'histoire de la Chine contemporaine.

 Après la fondation de la République populaire de Chine, surtout depuis l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France en 1964, la coopération et les échanges entre les deux pays dans les domaines scientifique, technique et de l’éducation nont cessé de saccroître. À la fin du XXe siècle, la prise en forme du marché mondial de l'enseignement supérieur, les mesures d'encouragement pour les études à l'étranger du gouvernement chinois, ainsi que le renforcement des relations d'amitié sino-françaises ont créé un contexte propice et des conditions favorables aux études des Chinois en France.

Qui sont ces étudiants ?

Selon les statistiques du Service de l'éducation de l'ambassade de Chine en France, de 1978 à 1999, 9 823 Chinois sont venus faire des études en France, dont 3 882 ont été financés et envoyés par le gouvernement; 2 725 ont été financés par d'autres organismes; 3 216 ont étudié à leurs propres frais. En ce qui concerne la répartition des étudiants par discipline, 40 % se sont spécialisés en sciences exactes et en ingénierie, 17,3 % en biologie, médecine et agronomie, 11,2 % en gestion, 6 % en économie et commerce, 10,4 % en lettres, 15,1 % en art ou en d'autres sciences sociales.

Parmi ceux qui ont fait des études en France, sept sont maintenant membres de l'Académie des sciences ou de l'Académie d'ingénierie de la Chine; sept sont responsables de laboratoires nationaux de recherche scientifique; cinq sont responsables de laboratoires de recherche scientifique établis conjointement par les gouvernements chinois et français; des dizaines ont remporté des prix nationaux et un grand nombre d'entre eux sont devenus aujourd'hui hauts fonctionnaires de l'État, présidents d'universités ou directeurs dinstituts de recherche. 

Les sources de financement

Groupe d’étudiants devant le bâtiment principal de luniversité de Marseille-Aix-en-Provence en 1974.

Financement gouvernemental. Actuellement, en plus des personnels sélectionnés et envoyés par le China Scholarships Council, sous la responsabilité du ministère de l'Éducation, les gouvernements chinois et français échangent soixante-cinq bourses chaque année. Parmi celles-ci, 25 sont des bourses en langues à lintention des enseignants chinois de français et des étudiants qui se spécialisent en langue française. Les quarante autres sont des bourses scientifiques  et technologiques.

Financement par d'autres organismes. Une autre catégorie de personnes est financée et envoyée par des collectivités territoriales, des départements, des institutions où elles travaillent, ou par des entreprises. Par exemple, l'Académie des sciences de Chine possède son propre budget pour envoyer des étudiants ou chercheurs à l'étranger. On peut également inclure dans cette catégorie l'envoi des étudiants ou des chercheurs dans le cadre des projets d'échanges entre universités ou instituts de recherche chinois et français qui sont de plus en plus actifs pour promouvoir la mobilité de leurs personnels. Luniversité de Wuhan nous en donne un bon exemple.

Un accord a été signé entre l'université de Wuhan et le ministère français des Affaires étrangères au début de 1980. Avec le soutien des gouvernements chinois et français, depuis cette date, l'université de Wuhan a créé successivement le département de la langue française, l'Institut d'études sur la France, le Centre sino-français des mathématiques, le Centre de documentation française, des filières comme le DEA en mathématiques, le DEA en littérature française, etc. Elle a établi des relations de coopération avec une trentaine dorganismes, dont le  CNRS.

Financement individuel. En dehors des études financées par les individus eux-mêmes, on inclut dans cette catégorie les études financées par des institutions privées. Selon des statistiques, plus de 300 000 Chinois sont partis faire des études à l'étranger après 1978, et plus de 50% appartenaient à cette catégorie.

L’encadrement administratif

M. Liu Huaizhang (1er à dr.) un traducteur de notre revue, et son collègue en visite chez des amies françaises de Rouen  en 1993, au moment de ses études en France.

L'administration des étudiants et stagiaires chinois en France est principalement assurée par le CNOUS, le Centre national des oeuvres universitaires et scolaires,  qui est l'un des principaux centres en matière d'accueil des étudiants étrangers. Lautre intervenant est le Service de l'éducation de l'ambassade de Chine en France. Leur rôle est complémentaire dans la gestion des étudiants. Le Service d'éducation a été établi en 1980 au sein de l'ambassade de Chine en France. L'accueil et la gestion des étudiants, des stagiaires et des chercheurs chinois constituent une des tâches principales du service. Le Service de l'éducation est aussi un lieu de rencontres où l'on organise de temps en temps des conférences, des soirées de cinéma, des bals et d'autres activités culturelles à l'occasion des fêtes ou des jours fériés. En plus, le Service de l'éducation joue un rôle particulièrement important dans la mise en relation des établissements d'enseignement supérieur français et chinois. Il sert également  d'intermédiaire pour faciliter les contacts entre les étudiants ou chercheurs chinois en France et des institutions chinoises qui ont besoin de personnel de haut calibre.

Des programmes spéciaux

Programme de formation à l'économie (CERDI). La Direction générale de la coopération et des échanges internationaux du ministère de l'Éducation de la Chine a signé un accord de coopération le 26 mars 1997 avec le Centre de recherche pour le développement international de l'université de Clermont-Ferrant (CERDI). L'objectif de ce programme est de former des enseignants d'économie au niveau DEA et doctorat pour des universités chinoises.

Projet de l'enseignement à distance. Le Centre national d'enseignement à distance de France et le Bureau national de l'ingénierie de l’éducationdu ministère de l'Éducation de Chine ont établi une relation de coopération dans le domaine de l'enseignement à distance en 1999. Une Convention de coopération a été signée entre les deux parties, laquelle a défini les grands domaines de collaboration comme la formation d’enseignants chinois aux nouvelles technologies et pratiques de l'enseignement à distance et à la maîtrise de la langue française, l'installation sur le territoire chinois de centres de documentation et de ressources pédagogiques à distance, le transfert de savoir-faire dans l’élaboration de formations continues pour les personnels de l'administration chinoise mais aussi pour les ingénieurs dans les secteurs de l'informatique et des télécommunications, etc.

Des regroupements

Les étudiants chinois apprécient beaucoup larchitecture et les beaux paysages de la France.

Dans les années 1980 et 1990, avec la croissance des effectifs chinois en France, les étudiants et chercheurs chinois en France ont organisé plusieurs associations qui jouent un rôle important pour faciliter la communication dans ce milieu. On évoque ici les trois associations principales:

LUnion des étudiants et des chercheurs chinois en France. Fondée à Paris en décembre 1986, l'Union des étudiants et des chercheurs chinois en France a pour but d’être au service des étudiants et chercheurs chinois, de faciliter les échanges entre eux et de les aider à résoudre des problèmes rencontrés dans la vie et dans les études en France.

LAssociation des scientifiques et des ingénieurs chinois en France. Cette association a été fondée en 1993. Auparavant, il existait une association de haute technologie et plusieurs associations spécialisées, comme celle de la médecine et la biologie, celle de l'agriculture. L'ASICEF a donc été fondée dans le but de regrouper ces associations et de canaliser au mieux leurs efforts et leurs potentiels dans la coopération franco-chinoise.

LAssociation des ingénieurs chinois en France . L'Association des ingénieurs chinois en France (AICF) est une organisation non gouvernementale créée en décembre 1995 sous le régime de la loi 1901. Elle a pour but, par divers moyens, de favoriser les échanges technico-commerciaux et scientifiques entre la France et la Chine.  Une des caractéristiques marquantes de l'AICF est la compétence et le niveau d'éducation de ces membres. Elle a aussi pour but d'assurer entre ses membres des contacts amicaux favorables aux échanges fructueux d'informations techniques et économiques. Elle aide aussi ses membres désireux de concrétiser leurs projets de développement en Chine. (à suivre)