JANVIER  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Des témoins de la mutation sociale

LI XIA

« Il y a 30 ans, quand je suis venu à Beijing pour la première fois, il n’y avait aucune voiture dans les rues. Aujourd’hui, de la terrasse du Grand Palais du peuple, je peux constater les grands changements qu’a connus la Chine depuis ce temps », a dit le Dr Henry Kissinger, juste avant  la convocation du XVIe Congrès du PCC en novembre dernier.

Depuis l’application de la politique de réforme et d’ouverture en 1978, la Chine a vraiment connu des changements frappants. Ceux-ci se manifestent non seulement par le fait que le pays a résolu le problème de la subsistance et de l’habillement de 1,3 milliard d’habitants, mais encore par les occasions de développement qu’ont saisies les Chinois au cours de la transformation de la société. Les témoins de cette mutation sociale sont des personnes qui travaillent dans divers milieux. La possibilité offerte à chacun de déployer sa valeur personnelle et son esprit d’entreprise constitue la force motrice de la réforme économique en Chine. Trois délégués du congrès sont de vibrants témoins de cette mutation sociale.

Qiu Jibao

M. Qiu Jibao (au centre) a signé une promesse par laquelle il s’engage à transformer son groupe Feiyue en une entreprise d’élite d’échelon mondial.

En 1976, c’était la fin de la révolution culturelle et M. Qiu n’avait alors que quatorze ans. Faisant partie d’une famille pauvre, il a été obligé de mettre un terme à ses études secondaires. Après avoir acheté une bicyclette usagée, M. Qiu commença à travailler comme messager pour aider ses parents à joindre les deux bouts. Mais rapidement, en raison de cet essai de se poser en petit entrepreneur, on le traita de capitaliste. On confisqua sa bicyclette. À cette époque, en vertu du système de la commune populaire appliqué dans les campagnes chinoises, toutes les exploitations individuelles entraient dans une nouvelle catégorie de capitalisme, et tous les moyens de production devaient être la propriété de la commune populaire.

Tout comme d’autres gens de la province du Zhejiang, M. Qiu alla aussi gagner sa vie dans le Nord-Est et se fit cordonnier. En 1979, il retourna avec ses compatriotes à Taizhou, son pays natal. Traditionnellement, les paysans de la province du Zhejiang devaient apprendre un métier artisanal pour gagner leur vie, et en Chine, sous le régime socialiste, les ouvriers appartenaient à la classe dirigeante. Or, puisqu’il admirait beaucoup la classe ouvrière, M. Qiu est devenu technicien. Un an plus tard, il créa son usine de traitement de pièces de machines à coudre.

Au début des années 80, la Chine était encore une société qui subissait une pénurie de marchandises. Au titre des « trois produits essentiels », la machine à coudre, la montre-bracelet et la bicyclette étaient alors considérées comme la dot incontournable que l’on pouvait acheter par les tickets de rationnement. Dans ce contexte, il est clair que l’usine de M. Qiu n’aurait pas pu subsister.

Heureusement, en moins de trois ans, l’industrie chinoise connut un formidable essor grâce l’application de la politique de réforme. Cependant, face à la concurrence du marché, les petites usines fermaient, ce qui influença l’usine de M. Qiu.

« À cette époque-là, j’avais déjà quelques dizaines d’ouvriers, la ruine de notre usine aurait eu un impact immédiat sur leur vie », dit M. Qiu. En profitant de l’application de la politique de réforme, il saisit donc l’occasion de fonder une usine de fabrication de machines à coudre. En 1985, l’usine fabriquait ses propres machines.

Au début des années 80, il n’y avait que les produits de l’industrie légère des entreprises publiques de Shanghai qui avaient des marchés. Pour vendre ses produits, cet homme déterminé décida donc de faire une alliance avec les Shanghaïens. 

 Puis de 1989 à 2002, l’économie de marché chinoise s’est améliorée de jour en jour. Durant ces treize ans, les politiques avisées du gouvernement ont permis au pays de connaître de grands changements. Ces années d’édification économique ont amélioré les conditions de vie et le niveau spirituel du peuple chinois et ont augmenté les avantages réels qu’il en a tirés. Aujourd’hui, les avoirs du groupe Feiyue ont atteint 1,3 milliard de yuans, alors qu’à ses débuts, à l’époque de l’usine de fabrication de machines à coudre, ils ne représentaient que 300 yuans. M. Qiu est l’un de ceux qui ont contribué à la réforme et à l’ouverture, mais il en est aussi un bénéficiaire. Sa lutte acharnée pour édifier une entreprise est à l’image d’un grand nombre d’entrepreneurs  privés de cette époque.

Le développement du groupe Feiyue s’appuie toujours sur les réalisations scientifiques.

Il y a treize ans, la province du Zhejiang concentrait principalement des ateliers d’artisans : fabrication de fromage de soja, cordonnerie, etc. Aujourd’hui, la valeur globale de son économie a atteint le quatrième rang du pays. La province a aussi donné naissance à beaucoup d’entreprises renommées. Ses marques connues dans tout le pays se classent à la première place parmi les marques des provinces. Depuis que le Groupe Feiyue a établi dix-huit filiales dans des pays étrangers, le volume de ses exportations atteint actuellement 100 millions de yuans. La moitié de son marché se situe en Europe, aux États-Unis et au Japon.

Selon le rapport politique présenté par le président Jiang Zemin : « Avec l’approfondissement de la réforme, l’élargissement de l’ouverture et le développement économique et culturel, la classe ouvrière chinoise voit sans cesse grossir ses rangs et élever son niveau de qualification. La classe ouvrière, y compris les intellectuels, a toujours constitué, avec les masses paysannes,  la force fondamentale qui impulse le développement des forces productives avancées et le progrès général de notre société. Les créateurs et le personnel technique des entreprises scientifiques et technologiques privées, les gestionnaires, ingénieurs et techniciens engagés par les entreprises à capitaux étrangers, les travailleurs individuels, les propriétaires d’entreprises privées, les employés des organismes intermédiaires, les membres des professions libérales, etc., toutes ces couches sociales, qui sont apparues au cours de la mutation sociale, sont des constructeurs de l’œuvre du socialisme à la chinoise. »

Selon ses dires, M. Qiu veut bien gérer son entreprise privée en déployant tous ses efforts. En tant que paysan d’origine, il peut aussi réaliser de grandes affaires. Encouragé par le gouvernement, il est confiant de conduire ses ouvriers vers le succès.

Li Suli

Li Suli (1re adr.) au XVIe Congrès du Parti.

Li Suli est une receveuse serviable et prévenante, une travailleuse modèle connue en Chine et qui a été déléguée des XVe et XVIe Congrès du PCC. Elle sert le peuple de tout son cœur depuis une dizaine d’années de travail assidu. En 1981, cinq ans après la fin de la révolution culturelle, le service attentionné de la receveuse Li Suli a servi de modèle dans le secteur tertiaire. Son niveau supérieur de service est une force qui suscite le perfectionnement des autres, et lui a permis de se lier d’amitié profonde avec les masses.

Li Suli respecte toujours les standards exigés, et son service est profondément humain : aider les personnes âgées, les enfants, les malades, les femmes enceintes et les handicapés ; s’assurer que les employés de bureau arrivent à temps, même à l’heure de pointe ; indiquer aux voyageurs qui ne sont pas familiers avec l’endroit la station où ils doivent descendre, et rappeler à l’ordre les enfants  trop espiègles. Li Suli est surnommée la « canne des vieux », les « yeux des aveugles », le « guide des provinciaux », l’« infirmière des malades » et l’ « amie intime des masses ».

Bien que Li Suli soit une receveuse et que son travail semble bien ordinaire, elle possède toutes les qualités requises pour être une jeune d’avant-garde de l’époque de la réforme. Ses succès illustrent bien qu’une société avancée offre toujours des opportunités aux jeunes qui font preuve d’initiative. Li Suli ne se satisfait pas de la routine ; elle a commencé à apprendre l’anglais, le langage des sourds-muets, la psychologie et des connaissances concernant sa profession. Par ailleurs, elle s’efforce de connaître les détails de la situation le long du parcours de l’autobus, afin d’offrir des services de plus en plus adéquats. Les efforts de Li aident à offrir l’image d’une métropole internationale.

Li Suli (1er rang, adr.) à son poste de travail.

Le 10 décembre 1999, Li Suli a lancé une ligne téléphonique spéciale à Beijing. Chaque jour, elle dirige une trentaine de travailleurs qui répondent à plus de 7 000 questions. Celles-ci concernent non seulement les lignes d’autobus, mais encore la vie courante. Cette ligne spéciale correspond à la demande de l’époque et est un des symboles du progrès réalisé au fil du temps.

Depuis une dizaine d’années, la tendance de poursuivre des études pour se cultiver a incité Li Suli à profiter de ses loisirs pour maîtriser des connaissances sur l’économie. Elle a été admise à l’Institut de l’industrie électronique de l’Université des communications de Beijing.

Au cours du XVIe Congrès du Parti, Li Suli s’est montrée une déléguée remarquable grâce à sa compétence et à sa confiance inébranlable. « En plus de mener à bien son propre travail, dans notre époque des sciences et techniques de pointe, il faut saisir l’occasion d’étudier. C’est la conclusion tirée de mes propres expériences de vingt ans de travail », déclare Li Suli.

Yu Zhengsheng

M. Yu Zhengsheng.

Yu Zhengsheng était délégué du XVIe Congrès du Parti et est secrétaire du comité du Parti de la province du Hubei. En 1967, il a été diplômé de l’Institut de travaux militaires de Harbin, département du contrôle automatique. Plus tard, il a travaillé comme technicien, comme ingénieur, a été nommé vice-président de l’Institut de recherche et a occupé ensuite des postes de fonctionnaire aux différents échelons. En 2001, il a été transféré du poste de chef du département de construction à celui de secrétaire du comité du Parti de la province.

M. Yu a reçu une bonne éducation. Tout comme beaucoup de fonctionnaires, c’est un technicien, une caractéristique courante dans la sélection des fonctionnaires spécialisés. Depuis l’application de la politique de réforme et d’ouverture, la sélection du personnel spécialisé, surtout du personnel scientifique, se fait de manière réaliste, ce qui correspond aux aspirations du peuple.

« Lorsque j’étais chef de département à Beijing, j’éprouvais bien des difficultés à réussir une affaire, à unifier les points de vue et à coordonner les efforts de différents départements. Cependant, à titre de secrétaire du comité du Parti de la province du Hubei, je dois résoudre les questions terre à terre que posent les masses. Chaque endroit a ses problèmes. À mon avis, un fonctionnaire local doit posséder le sens du résultat », dit M. Yu.

Les paysans de la région montagneuse de Xiangfan (Hubei) tirent parti du tourisme.

Autrefois, on disait qu’être un bon fonctionnaire chinois consistait à ne pas commettre d’erreurs. Aujourd’hui, un bon fonctionnaire, surtout le fonctionnaire local, doit réaliser des miracles qu’approuvent les masses. Sans aucun doute, cela peut être une force motrice pour les fonctionnaires qui cherchent à être réalistes. Le Hubei est une grande province peuplée, son nombre d’habitants occupe la neuvième place du pays ; il est aussi une grande province industrielle : le nombre d’ouvriers et la valeur de la production des entreprises publiques représentent quelque 70 % du total des entreprises. La valeur globale de la production de l’industrie lourde représente quelque 70 % de la valeur industrielle totale. Le Hubei est encore une grande province agricole et une région productrice de céréales et de coton. Elle se classe au premier rang pour sa pisciculture. En tant que grande province aux plans des sciences et de l’éducation,  elle possède un grand nombre d’universités et d’étudiants. Par ailleurs, sa localisation au centre de la Chine en fait un nœud de communications fluviales, ferroviaires et routières, et elle jouit d’une importante position stratégique en matière de transports. Toutefois, le Hubei est aussi une province pauvre. Ses revenus annuels n’atteignent que 38,5 milliards de yuans. Victime d’inondations, cette province a connu des pertes de dizaines de milliards de yuans en 1998.

Ses trois avantages dans la région sont : l’industrie de transformation, l’agriculture, l’exploitation des sciences et techniques. Ses quatre insuffisances sont : peu de villes côtières et de régions ouvertes, davantage d’entreprises publiques et de personnel licencié, le prix faible des céréales, une situation difficile pour une région productrice de céréales et de coton qui subit une forte pression pour réajuster la structure agricole et qui a une proportion élevée de production céréalière et cotonnière, enfin le taux élevé de sa population paysanne et le fort pourcentage que représente l’industrie lourde. Ce sont les défis qu’affronte M. Yu.

Le problème du chômage a aussi créé beaucoup de difficultés tant dans les districts que dans des entreprises militaires. Pour résoudre le problème de subsistance des personnes licenciées, le gouvernement a pris une série de mesures, y compris une politique d’encouragement de la production individuelle et de l’exploitation privée et une politique d'exonération des impôts des particuliers. Les grandes entreprises appliquent une politique de séparation de la production principale d’avec la production subsidiaire. Citons l’exemple du complexe sidérurgique de Wuhan : il occupe du personnel licencié dans des activités subsidiaires pour résoudre une part du problème du chômage et distingue bien ces activités de son activité principale.

Selon M. Yu, la réforme des entreprise doit observer de manière stricte et sauvegarder les droits et intérêts des employés. Le versement intégral et ponctuel du revenu minimum garanti avant réinsertion a été pratiquement assuré aux ouvriers et employés licenciés des entreprises publiques Bien sûr, la mesure principale consiste à accélérer le développement industriel. De pair avec l’introduction des investissements étrangers, il faut intensifier la transformation du système d’entreprise, améliorer les conditions de travail et créer de plus en plus de  postes pour des employés licenciés.   

Nous devrons prendre des mesures encore plus énergiques pour augmenter par tous les moyens les revenus des paysans et alléger leurs charges. Mais la mesure principale consiste à élever la production agricole à développer l’économie.

L’application de la politique de réforme et d’ouverture sur l’extérieur a renforcé la conscience démocratique et celle de la participation. Le peuple suit de près les affaires publiques et les sujets d’intérêt vital, de sorte que M. Yu met  l’accent sur cette prise de conscience des masses. Aussi, un jour, il a effectué des enquêtes dans un canton et un village pour connaître la situation de la réforme fiscale. Le canton avait introduit cette réforme, mais le village ne l’appliquait pas correctement.

La pensée importante de la « triple représentativité » est une conclusion scientifique tirée des expériences historiques. Elle représente les intérêts fondamentaux de la grande masse des travailleurs. En tant que fonctionnaire local, M. Yu sait qu’il ne doit pas oublier l’intérêt du peuple.