Les Nouvelles Routes de la Soie, une voie commune| Reportages exclusifs

Les Nouvelles Routes de la Soie pour le bénéfice partagé et le développement

2017-05-03 10:42

 

À Bahawalpur, dans la province pakistanaise du Pendjab, des ouvriers locaux installent des panneaux solaires d'une puissance de 900 mégawatts dans la centrale photovoltaïque du groupe chinois ZTE.

 

ZHOU LIN, membre de la rédaction

 

Depuis septembre 2013, date à laquelle il a proposé l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie, le président chinois Xi Jinping a visité 37 pays et leur a présenté cette initiative à chaque occasion. Il les a invités à renforcer la coopération sur les marchés et à s'opposer au protectionnisme, un appel ayant reçu une réponse enthousiaste des pays concernés. En seulement trois ans, cette initiative s'est élargie en un consensus unissant les économies du continent eurasiatique, avec la participation d'un nombre croissant de pays et de régions.

 

Selon les données officielles du Forum asiatique de Boao 2017, de juin 2013 à juin 2016, le volume du commerce de marchandises entre la Chine et les pays le long des Nouvelles Routes de la Soie s'est élevé à 3 100 milliards de dollars, représentant 26 % du chiffre total du commerce extérieur enregistré par la Chine ; dans un même temps, la Chine a établi dans 18 pays riverains 52 zones de coopération économique et commerciale (dont 13 ont déjà été certifiées), pour un investissement total de 15,6 milliards de dollars. À la date du 30 juin 2016, la Chine avait signé des accords d'investissement bilatéraux avec 104 pays riverains ; et dans ces pays, le montant des investissements chinois atteignait 51,1 milliards de dollars, soit 12 % du total des investissements chinois à l'étranger sur la même période.

 

L'interconnexion au service de la communication et de la concorde

 

En trois ans, la construction d'infrastructures le long des Nouvelles Routes de la Soie a grandement progressé, facilitant les échanges économiques et commerciaux et la communication entre les peuples avec les économies riveraines. Selon des statistiques non exhaustives, 15 aéroports ont été construits, et 28 ont été rénovés ou agrandis, dans les provinces chinoises le long des Nouvelles Routes de la Soie. Les grandes entreprises publiques chinoises, dont China Railway Group et China Communications Construction Company, ont entrepris 38 grands projets pilotes d'infrastructures de transport à l'étranger, au profit de 26 pays riverains.

 

Le Pakistan est un pays majeur sur le tracé des Nouvelles Routes de la Soie. D'ailleurs, dans le cadre de cette initiative sera aménagé le couloir économique Chine-Pakistan, corridor commercial qui reliera Kashgar (dans la région autonome ouïgoure chinoise du Xinjiang) au port de Gwadar (dans le sud-ouest du Pakistan). Ce projet phare englobe la construction de routes et de chemins de fer, ainsi que le passage de pipelines et de câbles. Comme l'avait fait remarquer l'ancien premier ministre pakistanais Shaukat Aziz lors de son interview par La Chine au présent, l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie resserre les liens entre les peuples des deux pays à travers l'interconnexion.

 

Selon M. Aziz, les relations sino-pakistanaises, basées depuis toujours sur la paix, le respect mutuel et la coopération gagnant-gagnant, ont su faire face aux vicissitudes de l'histoire. Tout au long de ses 15 années de carrière à des fonctions gouvernementales ou diplomatiques, M. Aziz a été témoin de l'amitié sincère entre la Chine et le Pakistan. Aujourd'hui, l'initiative chinoise des Nouvelles Routes de la Soie insuffle une nouvelle dynamique au développement des relations bilatérales. L'année dernière, des travaux d'envergure ont été lancés dans le cadre du Couloir économique sino-pakistanais, tels l'aménagement de l'autoroute Peshawar-Karachi et la mise en place de la zone de libre-échange du port de Gwadar. Selon les données de la Banque d'État du Pakistan, sur l'exercice 2015-2016, les investissements directs chinois émis au Pakistan se chiffraient à un montant total de 594 millions de dollars.

 

L'initiative des Nouvelles Routes de la Soie fait de l'interconnexion une priorité. Dès lors que les peuples seront reliés, que ce soit par des réseaux routiers, ferroviaires, maritimes, fluviaux ou numériques, ils noueront progressivement une relation d'interdépendance et deviendront inséparables. « Si je compte sur vous, et que vous comptez sur moi, nous pouvons échanger en toute confiance, ce qui resserre encore nos liens, a résumé M. Aziz. Il en va de même pour les relations entre pays. »

 

L'initiative des Nouvelles Routes de la Soie reflète l'idée du développement gagnant-gagnant. En  « sortant des frontières », les entreprises chinoises bénéficient de nouvelles possibilités commerciales, ce qui, en contrepartie crée des emplois au Pakistan. « La création d'emplois est un gage de prospérité économique, qui, quant à elle, est importante pour le bonheur du peuple, et ce sentiment permet d'approfondir l'amitié entre les deux pays et les deux peuples, explique M. Aziz. Si la population pakistanaise estime que tous ces projets permettent véritablement d'améliorer leur vie, ils accueilleront à bras ouverts l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie. »

 

Zhou Haijiang, président du groupe Hodo, présente la maquette de la zone économique spéciale de Sihanoukville au Cambodge, d'une superficie réelle de 11,13 km².

 

Un nouveau modèle exploitant les intérêts communs des parties

 

En juin 2016, le premier ministre cambodgien Hun Sen a assisté en personne à une cérémonie célébrant l'installation d'une centaine d'entreprises dans la zone économique spéciale de Sihanoukville (ZESS), qui couvre une superficie de 11,13 km².

 

Zhou Haijiang, président du groupe Hodo, se souvient qu'en 2007, la Chine avait appelé ses entreprises à « sortir des frontières ». Sous le patronage du gouvernement, le groupe avait alors décidé transformer la ZESS au Cambodge en une plate-forme pour le commerce et l'investissement destinée à favoriser l'investissement au sein de l'ASEAN et à rayonner dans le monde. Par la suite, la proposition de l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie a donné un nouvel élan à ce projet. Le président chinois Xi Jinping a affirmé sa détermination à renforcer la coopération pour l'interconnexion des infrastructures dans le cadre de l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie et aménager judicieusement la zone économique spéciale de Sihanoukville lors de sa rencontre avec le premier ministre Hun Sen, le 23 avril 2015 à Jakarta, à l'occasion des activités de commémoration du 60e anniversaire de la conférence de Bandung.

 

Cependant, investir dans la construction d'une zone économique spéciale en territoire étranger et faire sortir de terre une nouvelle ville au beau milieu d'une forêt vierge constituent une gageure.

 

« Chaque phase du projet comportait son lot de défis. Au début, nous allions chaque jour en pick-up sur le terrain pour la construction de la ZESS. Sous le soleil ardent, nous mesurions les parcelles, en comparant nos résultats avec les données fournies par les propriétaires. Nous avions dû mesurer mètre par mètre les 11,13 km² de superficie, tout en menant les négociations avec chacun des foyers présents sur les lieux », se remémore M. Zhou.

 

Aux obstacles techniques à surmonter (comme la pénurie d'eau et la puissance électrique insuffisante) s'ajoutait l'opposition des villageois. Ils s'opposaient à la réquisition des terres, au motif qu'ils perdraient ce pâturage leur permettant de vivre de llevage bovin. À l'époque, une vache coûtait 300 dollars, l'équivalent du revenu annuel d'un ménage. Le personnel des entreprises souhaitant s'implanter dans la zone a rendu visite aux familles, l'une après l'autre, pour les convaincre de laisser ce projet aboutir et ont progressivement acquis la confiance de la population locale. Depuis, un grand nombre d'usines ont été établies dans le pays et emploient de plus en plus de villageois. Ceux travaillant à des postes de gestion gagnent maintenant, chaque mois, un salaire équivalent au prix d'une vache. Au final, la ZESS a apporté beaucoup aux habitants locaux : financement d'écoles, formation professionnelle des villageois, création d'emplois, dons à des œuvres caritatives...

 

En huit ans, ce projet parti de zéro a débouché sur l'établissement d'une zone regroupant 100 entreprises, 148 usines et 13 000 postes. C'est grâce au principe du gagnant-gagnant qu'on a pu surmonter les nombreuses difficultés et gagner le soutien de la population locale. « L'essentiel pour donner lieu à une situation gagnant-gagnant est de préserver les intérêts des parties concernées, afin de réaliser un bénéfice partagé », indique Zhou Haijiang.

 

Depuis ce jour où ils ont abouti à un consensus en faveur d'un développement conjoint, les investisseurs de la ZESS, dont Hodo en chef de file, insistent sur la coopération gagnant-gagnant et la solidarité. Au lieu de « faire cavalier seul », ils s'efforcent de : développer des projets complémentaires avec le Cambodge pour garantir un profit partagé avec les actionnaires locaux ; construire des infrastructures dans la ZESS pour offrir aux entreprises un environnement favorable au développement gagnant-gagnant ; favoriser le développement économique et l'emploi en périphérie de la zone, pour que les travailleurs et les habitants locaux puissent bénéficier d'un meilleur niveau de vie, avec des infrastructures et une sécurité sociale renforcées ; organiser des activités philanthropiques qui profitent à la communauté locale ; approfondir les échanges et la coopération gagnant-gagnant entre les gouvernements chinois et cambodgien dans la construction d'infrastructures, l'économie et le commerce en saisissant l'opportunité offerte par l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie ; préserver activement l'environnement naturel local et construire un parc écologique, pour maintenir l'harmonie avec la nature. En prônant tous azimuts ce concept de gagnant-gagnant, la ZESS s'est considérablement développée jusqu'à devenir, en seulement huit ans, un parc modèle sur les Nouvelles Routes de la Soie.

 

Une expérience chinoise de réforme et de développement

 

Comme le souligne Dong Wenbiao, président du conseil d'administration de China Minsheng Investment Group, après une trentaine d'années de développement depuis la réforme et l'ouverture, la Chine est devenue la deuxième économie du monde. Autrefois grand marché de fabrication des biens de consommation de base, elle s'est transformée en un grand marché de fabrication de matériel de haute précision. « Si le gouvernement chinois a lancé l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie, c'est à dessein de partager ses 30 ans d'expérience de réforme et d'ouverture avec les pays riverains, cette initiative revêt une profonde signification, puisque cela met en lumière l'intégration de l'économie chinoise dans le monde », indique M. Dong, analysant le sens de l'internationalisation des entreprises chinoises privées.

 

Sur la planète aujourd'hui, la mondialisation économique et la coopération économique régionale constituent deux grandes tendances de développement, qui conduisent à la transformation du modèle de croissance classique avec la mise en place de zones de développement transnationales et le regroupement des projets d'investissement. En accord avec ces tendances, l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie agit positivement sur l'interconnexion et l'intégration économique régionale, suscitant en retour l'avis favorable et le respect des pays riverains.

 

Selon Sim Ann, ministre du Commerce et de l'Industrie de Singapour, le gouvernement singapourien appuie vigoureusement l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie en investissant dans quatre secteurs (aviation, logistique, technologies de l'information et de la communication, et finance) en vue de favoriser l'interconnexion. Dans cette optique, Singapour et la Chine ont déjà établi trois plates-formes conjointes, à savoir le parc industriel de Suzhou, l'éco-cité de Tianjin et le projet d'interconnexion de Chongqing.

 

« Dans les pays membres de l'ASEAN, la croissance économique est encourageante, se caractérisant par un essor de la classe moyenne. La complémentarité entre la Chine et l'ASEAN, ainsi qu'entre l'ASEAN et d'autres partenaires commerciaux de la Chine, est très forte. Le renforcement de l'interconnexion sera donc bénéfique à tous les pays ouverts au commerce et à l'investissement », prévoit Sim Ann.

 

Toujours selon Sim Ann, Singapour, parmi les premiers pays à avoir soutenu la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures, souhaite que sa population bénéficie de l'interconnexion et du libre-échange. « Nous espérons que les entreprises, quelle que soit leur envergure, comprennent que ''l'internationalisation'' est un moyen efficace d'augmenter les revenus et d'explorer de nouveaux marchés. Et la coopération gagnant-gagnant fait partie intégrante de ce processus. Nous encourageons donc les entreprises, les chambres de commerce et les associations à envisager les opportunités de mondialisation et de développement régional », indique Sim Ann.

 

Elle ajoute : « Le ministère singapourien du Commerce et de l'Industrie a également tenu une série d'activités pour aider les entreprises à mieux connaître l'initiative chinoise des Nouvelles Routes de la Soie. À l'avenir, il prévoit d'organiser des rencontres entre les entreprises des deux parties pour qu'elles évaluent leur complémentarité et identifient de nouvelles possibilités de coopération gagnant-gagnant. »

 

À vrai dire, pour faire face à la pression à la baisse sur l'économie exercée par la crise financière internationale, les économies d'Europe et d'Asie, inspirées par l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie, ont avancé leur propre stratégie de développement propice à la coopération transfrontalière sur les marchés, afin de soutenir la croissance économique. Par exemple, le Kazakhstan a lancé le « Chemin de lumière » ; la Russie, l'« Union économique eurasiatique » ; la Mongolie, le « plan de la Route des Prairies » ; l'Inde, le « plan d'action Monsoon », etc. Quant à l'UE, elle a lancé le « corridor Rhin-Alpes » et le « plan Juncker », et le Royaume-Uni, le « projet Northern Powerhouse » pour convertir le nord de l'Angleterre en un pôle économique. Ces programmes, qui concordent avec l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie, ont pour objectif d'élargir la gamme de combinaisons des facteurs de production, d'accroître la productivité et de promouvoir in fine le développement économique. L'initiative des Nouvelles Routes de la Soie est ainsi devenue un noyau reliant les blocs économiques asiatique et européen.

 

 

La Chine au présent