Les Nouvelles Routes de la Soie, une voie commune| Reportages exclusifs

Pakistan : vitrine des réalisations des Nouvelles Routes de la Soie

2017-02-27 15:04

 

Mise en service du port de Gwadar

 

JIAO FENG, membre de la rédaction

 

Dans un contexte de faiblesse de l'économie mondiale et de ralentissement de la croissance économique, le Pakistan a présenté une bonne performance de développement en 2016. De juillet 2015 à juin 2016, son PIB a augmenté de 4,7 % en glissement annuel, ce qui a aussi battu le record de croissance depuis 8 ans. Entre autres, la croissance de son industrie a atteint 6,8 % au lieu des 6,4 % prévus. Selon les prévisions de la Banque mondiale pour l'exercice de juillet 2016 à juin 2017, l'économie du Pakistan atteindra 5 % de croissance, et ce chiffre devrait s'élever à 5,4 % en 2018.

 

De plus, l'indice de KSE 100 (Karachi Stock Exchange 100) a augmenté de 45 % en 2016, ce qui représente non seulement un nouveau record pour le Pakistan, mais aussi la meilleure performance en Asie. Notons que le MSCI (Morgan Stanley Capital International) a déjà intégré le KSE100 dans les indices de référence pour les marchés émergents.

 

Évidemment, la hausse de la Bourse du Pakistan est directement liée à la croissance économique pour le nouvel exercice décalé. Mais ce développement économique du Pakistan est aussi attribuable à l'initiative chinoise des Nouvelles Routes de la Soie. L'ancien premier ministre du Pakistan, Shaukat Aziz, a déclaré que l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie a apporté une grande opportunité de développement au Pakistan, et qui est un élément important du développement régional. Le FMI (Fonds monétaire international) a aussi classé le Couloir économique sino-pakistanais parmi les trois grands moteurs de développement du Pakistan.

 

Handicap : le retard des infrastructures

 

Le Pakistan est un pays en développement, l'agriculture est le secteur dominant de l'économie et la population agricole représente 48 % de sa population totale. En revanche, l'industrie n'occupe que 24 % dans l'économie nationale, et les infrastructures sont relativement sous-développées. Au cours des vingt dernières années, le Pakistan a maintenu une croissance régulière. Néanmoins à cause du déficit en énergie et en infrastructures, le développement économique a fait face à de grandes difficultés. Le Pakistan a toujours eu la volonté de changer cette situation.

 

Par exemple en ce qui concerne le système électrique, pendant les heures de pointe en été, l'écart entre l'offre et la demande en électricité se chiffre à 6 000 MW, ainsi des pannes de courant fréquentes s'abattent sur tout le pays. Le 10 juillet 2012, une coupure de courant géante a frappé Islamabad, capitale du Pakistan, et a duré une dizaine d'heures. Le 25 juin 2013, les grandes villes pakistanaises ont subi des coupures de courant de 12 à 15 heures et les campagnes ont, quant à elles, été affectées pendant 16 à 18 heures. Le 29 avril 2014, une autre coupure de courant géante s'est produite dans les villes et a duré entre 10 et 12 heures et plus de 12 heures dans les campagnes.

 

Le retard des infrastructures de transport freine le développement du Pakistan. Depuis longtemps, la construction ferroviaire n'a pas évolué, ainsi les infrastructures sont désuètes. Les voies routières souffrent du même problème, et beaucoup de régions reculées ont peu de communication avec l'extérieur.

 

Le premier ministre du Pakistan, Nawaz Sharif, lors de la cérémonie de lancement de la première flotte de navires marchands chinois du port de Gwadar à destination du Moyen-Orient et de l'Afrique

 

Le Couloir économique sino-pakistanais

 

En 2013, la construction du Couloir économique sino-pakistanais, partie importante de l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie, a commencé, ayant pour objectif initial de renforcer la coopération sino-pakistanaise dans les domaines du transport et de l'énergie, et d'approfondir l'interconnexion entre les deux pays.

 

C'est en fait un couloir commercial qui englobe le développement des voies routières, des chemins de fer, des pipelines de pétrole et de gaz, ainsi que la pose de câbles. Ce couloir est bordé au nord par Kashgar du Xinjiang de Chine et au sud par le port pakistanais de Gwadar, et il s'étend sur une longueur de 3 000 km, rayonnant ainsi sur plusieurs centaines de millions de personnes. Les deux pays mettent l'accent sur quatre domaines principaux pour explorer le potentiel du couloir, soit le développement du port de Gwadar, l'énergie, les infrastructures de transport et la coopération industrielle.

 

Avec l'établissement du couloir, de grands projets tels qu'une zone de libre-échange et des zones industrielles ont été lancés, et la coopération entre les deux pays se développe dans des domaines comme la construction d'infrastructures, l'énergie, l'agriculture, la construction hydraulique, et la télécommunication.

 

En 2015, les deux pays ont signé une cinquantaine d'accords de coopération, pour quelque 46 milliards de dollars. Les points faibles du Pakistan tels que le transport, l'énergie et l'infrastructure sont aussi des projets importants de l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie et les entreprises chinoises ont une riche expérience pour améliorer ces secteurs.

 

Dans le domaine de l'énergie, une série de projets a été mise en chantier ou mise en service au Pakistan, comme les centrales thermique, hydraulique, éolienne, solaire et nucléaire, qui couvrent désormais tout le pays.

 

Dans le domaine des transports, la première tranche des travaux du projet d'extension de la route de Karakoram a été achevée. L'autoroute Karachi-Lahore, l'artère économique liant le nord au sud du Pakistan, a été mise en chantier en mai 2016. Le premier métro urbain du Pakistan va être construit dans sa deuxième plus grande ville, Lahore. Tous ces projets amélioreront non seulement les infrastructures, mais apporteront aussi des opportunités de développement aux environs de la région.

 

Le port de Gwadar en voie de devenir le « Shenzhen » pakistanais

 

Le port de Gwadar se trouve dans la province du Balochistan dans le Sud-Ouest du Pakistan. C'est un port naturel en eau profonde, mais malheureusement à cause du déficit en infrastructures son potentiel n'a pas été mis en valeur. En 2013, une entreprise chinoise a obtenu le droit d'exploitation du port. Dès lors, ce port est devenu le point de départ sud du couloir économique entre les deux pays.

 

Pour améliorer les infrastructures de transport dans le port de Gwadar, plusieurs routes et un aéroport international ont été construits. La construction de la zone de libre-échange de Gwadar a aussi progressé. Tout cela crée des emplois pour les habitants locaux. Plusieurs entreprises locales et internationales ont établi un centre commercial dans le port de Gwadar. Leurs marchandises peuvent être acheminées au Nord du Pakistan, via Uthal, Khuzdar et Sukkur. Ces voies de transport sont raccourcies de 400 km par rapport à celle de Karachi.

 

En novembre 2016, le port de Gwadar a été officiellement mis en service. C'est la première fois que ce port faisait de l'exportation de grande envergure des produits en conteneur. Le premier ministre du Pakistan, Nawaz Sharif, a présidé la cérémonie de la mise en service du port et y a donné un discours, disant que grâce à la construction du couloir sino-pakistanais, le pays deviendra le carrefour du continent asiatique et il partagera sa prospérité avec les autres pays. Comme bon exemple du développement inclusif, ce couloir économique favorise le développement des régions sous-développées, et toute la population pakistanaise en bénéficiera.

 

Sajjad H. Baloch, président exécutif du Bureau du développement régional de Gwadar, a déclaré qu'en 2050, Gwadar devrait posséder 80 postes d'amarrage et deviendrait ainsi le plus grand port du Pakistan. Ainsi le bureau a également réservé des terrains pour attirer des investissements industriels. Il a ajouté : « Nous espérons que le développement de Gwadar entraîne la croissance économique de la province du Balochistan, et même de tout le pays. Nous prenons la ville de Shenzhen en Chine comme modèle pour faire de Gwadar une grande ville portuaire. »

 

 

La Chine au présent