CHINAHOY

17-February-2013

Développement indépendant du programme spatial chinois

JIAO FENG, membre de la rédaction

 

Le 27 décembre 2012, le système de navigation par satellite Beidou (BDS) a officiellement commencé à fournir des services de repérage passif, de navigation et d’heure et autres à la majeure partie de la région Asie-Pacifique.

Le BDS est un système mondial de positionnement et de communication conçu et exploité indépendamment par la Chine. La Chine est le troisième pays du monde, avec les États-Unis et la Russie, à exploiter son propre système de navigation par satellite.

L’industrie chinoise de la science et technologie aérospatiale a progressé de manière importante ces dernières années. En septembre 2011, avant le lancement de BDS, le pays avait placé le module spatial Tiangong I en orbite ; la Chine a par la suite réalisé deux missions de rendez-vous et d’amarrage au module spatial avec des vaisseaux de sa fabrication, Shenzhou VIII et Shenzhou IX. Shenzhou X va être lancé en 2013.

 

L’industrie se développe depuis longtemps, et les quelques dernières années constituent le couronnement de 56 années d’efforts scientifiques. La Chine a mis le cap sur l’espace avec sa propre technologie. Son premier satellite artificiel à orbiter autour de la Terre, son premier vol spatial habité, sa sonde lunaire et beaucoup d’autres, tous étaient basés sur une innovation en science et ingénierie propre à la Chine.

Certes, l’industrie aérospatiale chinoise n’est pas aussi avancée que celle des États-Unis et de la Russie, particulièrement pour ce qui est des composants haut de gamme, des nouveaux matériaux et de la technologie des moteurs. La Chine a encore beaucoup de chemin à parcourir.

 

Utilisation pacifique

La Chine se conforme aux principes de l’exploration et du développement pacifiques de l’espace. Tiangong I, le premier composant d’une véritable station spatiale chinoise, est l’incarnation du programme spatial chinois pacifique et axé sur la science.

En réalité, le module est un laboratoire où sont toujours en cours la surveillance de l’environnement géographique et de l’environnement spatial, de même que des tests de matériels relatifs à l'espace.

Jusqu’à maintenant, Tiangong I a retourné de précieuses données de test que les scientifiques espèrent appliquer à la recherche en gestion des ressources territoriales, agriculture, sylviculture, utilisation du gaz et du pétrole, extraction minière, exploration des mers, analyse de l’effet de l'îlot thermique urbain, surveillance de l'environnement atmosphérique, science des matériaux et autres domaines.

Selon Zhang Bainan, chef concepteur des systèmes d’engins spatiaux de la Chine, Tiangong I a bien fonctionné depuis son lancement. Le module effectue actuellement un éventail d’expériences scientifiques, et sa prochaine mission importante sera un essai de rendez-vous et d’amarrage avec Shenzhou X. Cette mission devrait permettre de vérifier d’une manière plus poussée la technologie de rendez-vous et d’amarrage, de même que d’évaluer les techniques de contrôle de l’assemblage. Tout cela est crucial pour l'établissement et la gestion d’une station spatiale habitée à long terme.

Lorsqu’il sera lancé en juin 2013, le vaisseau spatial Shenzhou X sera un vol habité. Il agira en pionnier d’un service aller-retour vers le module spatial pour les services de transport.

Zhang Bainan a fait remarquer que les vaisseaux Shenzhou I à IX avaient tous constitué une percée dans le programme spatial : Shenzhou V a été le premier vol habité de la Chine ; Shenzhou VI a transporté plus d'une personne pendant une mission de plusieurs jours ; lors de Shenzhou VII, c’était la première fois qu’un astronaute marchait dans l’espace ; les Shenzhou VIII et IX ont marqué les premiers rendez-vous et amarrage, puis les rendez-vous et amarrage pilotés. Lors de Shenzhou X, il n’y aura pas de « premières », mais sa mission n’en sera pas moins importante. Tous les vols précédents étaient en quelque sorte des « expériences » pour paver la voie à une « opération officielle » qui commence avec Shenzhou X. Les futures missions vont avant tout fournir des services de transport et tester plus en profondeur la sûreté des vaisseaux spatiaux.

Dès l’établissement du projet, la mission spatiale habitée chinoise a déterminé une stratégie en trois étapes : la mise en orbite des vaisseaux Shenzhou, le laboratoire spatial et la technologie de rendez-vous et d’amarrage, ainsi que la station spatiale. Il faut garder en tête que la Chine a accompli beaucoup dans le domaine spatial dans un très court laps de temps. Il n’a fallu que dix lancements entre le premier vaisseau spatial du pays et l’amarrage piloté.

 

Au service des utilisateurs internationaux

 

Bien que la coopération avec les États-Unis en matière de lancement de satellites affronte de nombreuses restrictions de la part de ces derniers, les lancements effectués par la Chine pour des utilisateurs internationaux offrent des commodités à un nombre de plus en plus grand de pays. Par exemple, au cours des quatorze dernières années marquées par la stagnation de la coopération Chine―États-Unis dans ce domaine, la Chine a établi des relations de coopération avec d’autres pays. Les fusées chinoises ont lancé sept satellites de fabrication européenne, alors que quatre satellites de communications de fabrication chinoise et un satellite de télédétection fournissent des services aux populations en Asie, Afrique et Amérique du Sud.

Grâce à sa coopération avec la Chine, le Nigéria est devenu le premier pays africain à contrôler un satellite de communications à quatre bandes de fréquence. Mis au point en Chine et lancé par la Chine en décembre 2011, le satellite de communications NigComSat-1R aide non seulement à répondre aux besoins du Nigéria en communication, radiodiffusion, services multimédias à bande large, services de navigation, enseignement à distance, mais aussi, il crée jusqu’à 150 000 emplois directs et indirects qui sont liés au secteur des communications. Il représente une économie de plus de 95 millions de dollars par année pour les utilisateurs de la large bande au Nigéria, et pour les utilisateurs africains, il fait économiser 660 millions de dollars en frais de service de relais téléphonique et d’échanges de données.

Venesat I est le premier satellite du Venezuela. Lancé en octobre 2008, il a été la première « exportation » d’un satellite de la Chine vers l’Amérique latine. Le Venezuela compte de nombreuses régions éloignées, et la technologie satellitaire aide à ce que les résidents de ces régions soient mieux intégrés dans l’économie moderne. Le satellite vénézuélien couvre l’Amérique latine et les Caraïbes, et il sert à intégrer les réseaux de télécommunications de cette région.

Le 19 décembre 2012, la fusée porteuse Longue Marche 2D (LM 2D) a envoyé en orbite le satellite d’observation terrestre GK II de la Turquie. Egemen Imre, ingénieur en chef du Satellite Systems Design Group, relevant de l'Institut spatial turc Tubitak Uzay, a fait remarquer que la LM 2D avait remporté l'appel d’offres parmi d’autres concurrents mondiaux après qu’ils eurent fait une évaluation en profondeur des capacités technologiques et des coûts des pays candidats.

La Chine a également signé des contrats d’exportation de satellites de communications avec un certain nombre de pays dont la Bolivie, le Bélarus, l’Indonésie et le Laos. Bientôt, la population de ces pays profitera de services grandement améliorés pour les émissions de télévision à haute définition, les soins médicaux à distance, l’enseignement à distance et les services de communications d’urgence du gouvernement.

 

Une coopération plus étroite

Depuis 2006, la Chine a joué un rôle actif à l’échelle internationale dans les échanges et la coopération de diverses formes en matière spatiale ; elle a signé des accords ou des protocoles d’entente sur l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique avec des pays, des organismes du domaine spatial et des organisations mondiales. Elle a également participé à des événements du secteur aérospatial ayant été organisés par l’ONU et d’autres organisations internationales, et elle a appuyé la coopération commerciale dans ce domaine.

Le satellite sino-brésilien d’exploration des ressources terrestres a ouvert une nouvelle ère de coopération entre la Chine et le Brésil dans le domaine de la technologie des satellites de télédétection et des produits d’applications satellitaires, mettant ainsi fin à l’histoire de dépendance des deux pays envers des pays tiers pour obtenir des données d'observation de la Terre par satellite. Le satellite s’est avéré extrêmement utile pour surveiller les activités de coupe illégales dans la forêt tropicale amazonienne au Brésil, et on le qualifie de « modèle de la coopération Sud-Sud en science et technologie ».

La Chine et l’Allemagne ont signé un accord-cadre de coopération dans le domaine des vols habités. Lors de Shenzhou VIII, les deux pays ont coopéré dans des expériences spatiales sur les sciences de la vie.

La Chine a établi un plan de coopération à long terme avec la Russie par l’intermédiaire du mécanisme du Sous-comité de coopération spatiale, dans le cadre de la Réunion régulière des premiers ministres des deux pays. Le volontaire chinois Wang Yue a participé au « voyage vers Mars » de 520 jours qui avait été organisé par la Russie. C’était la première simulation d’une mission d'exploration habitée vers Mars.

Après la mise en place officielle de l’Organisation de coopération spatiale Asie-Pacifique en 2008, la Chine a joué un rôle actif dans la coopération aérospatiale régionale. Dans le cadre de cette organisation, le pays a participé activement aux recherches sur la plateforme de partage de données spatiales et son application, le réseau de surveillance optique au sol d’objets en orbite, ainsi qu’aux recherches dans des systèmes de terminaux de navigation compatibles. La Chine a aussi aidé à formuler et à publier les politiques de données relatives aux minisatellites qui avaient été convenues par les pays de l’Asie-Pacifique.

« Nous formons le vœu que la station spatiale que la Chine travaille à construire fournisse au monde une nouvelle tribune de coopération scientifique. Cette station se profile comme un jalon de l’exploration de l’espace par les êtres humains », a déclaré Zhang Bainan. C’est aussi le souhait que partagent tous les ingénieurs chinois en aérospatiale.

 

 

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