Les sessions 2012 de l’APN et de la CCPPC

La consultation politique : une démocratie unique à la chinoise

( 2012-March-15 10:03:39)


Interview de Li Junru, membre du Comité permanent du Comité national de la CCPPC

YAO BEI

Les « deux sessions », l’Assemblée populaire nationale (APN) et la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), qui ont lieu début mars chaque année, constituent un grand évènement politique en Chine.

Quelle est la différence entre les fonctions exercées par l'APN et la CCPPC ? Pourquoi la CCPPC est-elle une forme démocratique importante ? Pourquoi en Chine est exercée la coopération multipartite, et non le système multipartite ? Li Junru, membre du Comité permanent du CN de la CCPPC et l’ancien vice-président de l'École du Parti du Comité central du PCC, a répondu à ces questions au cours d’une interview.

La différence entre les fonctions exercées par l’APN et la CCPPC

« L’APN représente un système. Il s’agit de l’organe suprême du pouvoir de l’État, dans lequel les députés sont élus par le peuple. La CCPPC est quant à elle un organe consultatif politique, qui regroupe les représentants de différents partis politiques, des divers milieux de la société et des communautés ethniques. Ils participent à l’administration de l’État et aux délibérations sur les affaires majeures du pays, en établissant des rapports de recherche et en faisant des propositions », explique Li Junru.

L’origine historique de la CCPPC

Au cours de la lutte pour la prise du pouvoir, le Parti communiste chinois (PCC) a mis en place un front uni, c’est-à-dire qu’il a rassemblé toutes les forces pouvant être unies, afin de promouvoir la révolution. Dans les années 1920, le front uni national anti-impérialiste et anti-féodal fut établi grâce à la collaboration entre le PCC et le Guomindang. Dans les années 1930 et 1940, une deuxième collaboration permit de former le front uni national anti-japonais, qui regroupaient les ouvriers, les paysans, la petite bourgeoisie et la bourgeoisie nationale.

Après la victoire de la guerre de Libération (1946-1949) contre le Guomindang, faute de conditions requises pour la convocation d’une Assemblée populaire nationale, le PCC décida, après s’être entretenu avec d’autres partis politiques, de convoquer la conférence consultative politique pour fonder la Chine nouvelle. La CCPPC servit alors d’organe du pouvoir provisoire.

« En septembre 1954, la première APN fut convoquée et la CCPPC rendit le pouvoir à l’APN, deux solutions principales furent alors adoptées pour satisfaire les différentes parties. D’une part, les élections ne seront pas organisées selon la même proportion entre les régions urbaines et rurales, afin de veiller à ce que les partis démocratiques en petit nombre, les ouvriers, les intellectuels et les ethnies minoritaires puissent aussi entrer dans l’APN ; d’autre part, la CCPPC continuera d’exister, afin que les membres des partis politiques qui sont élus à l’APN puissent participer à l’administration de l’État et aux délibérations sur les affaires politiques du pays par le biais de consultations politiques », explique Li en détail.

Une démocratie associant élection et consultation

Dans l’histoire de la civilisation humaine, la démocratie est pratiquée sous trois formes : l’élection, la consultation et la négociation.

La démocratie électorale doit être combinée à celle consultative et les citoyens doivent pouvoir participer aux discussions avant et après l’élection,, selon Jürgen Habermas, un théoricien allemand en philosophie et en sciences sociales.

« En effet, la démocratie électorale assure les droits de 51 % des gens aux dépens des 49 % restants. En Chine, l’APN représente la démocratie électorale et la CCPPC permet d’assurer les droits de ces 49 % grâce à la consultation. Cette combinaison garantit les droits de tout le peuple », décrit Li.

Les fonctions de la CCPPC ont été renforcées, surtout ces dernières années. « Des consultations doivent être effectuées avant la prise de décision. Les comités du Parti ne s’engagent pas sans consultation politique préalable », souligne Li.

Pourquoi la coopération multipartite, et non le multipartisme ?

« Dans le multipartisme est pratiquée l’élection compétitive et il existe un rapport de concurrence entre les partis. La coopération multipartite consiste à regrouper tout le monde à travers la démocratie consultative. Le PCC est le parti au pouvoir, alors que les huit partis démocratiques sont des partis participant aux affaires politiques. Donc, le PCC et les huit partis démocratiques ne sont pas dans ce rapport de concurrence », explique Li.

Pour la participation à l’administration et à la délibération sur les affaires d’État, les membres des partis démocratiques participent aux consultations relatives aux principes importants et aux candidats des dirigeants d’État, à l’élaboration et à l’application des principes et mesures politiques, des lois et des décrets de l’État. Avant une prise de décisions majeures et avant chaque congrès, le Comité central du PCC convoque les dirigeants des partis démocratiques pour consultation. Tous les documents importants, y compris les rapports d’activité du gouvernement, sont préalablement discutés par les partis démocratiques. « C'est le plus haut niveau de participation politique », assure Li.

L’origine culturelle

Selon Li Junru, le système de consultation politique peut trouver son origine dans la culture politique chinoise, qui a toujours attaché beaucoup d’importance à la consultation. La consultation prend en compte les intérêts des diverses parties, dans la recherche d’un terrain d’entente par-delà les divergences, pour éviter la confrontation et la division.

« Dans la haute antiquité, quand Yao, chef de l’alliance des tribus, veut trouver un successeur du fait de son grand âge, il convoque les chefs des tribus alliés pour négocier. Tout le monde se prononce sur les talents dans les différentes tribus, avant de désigner Shun comme successeur. Ce dernier trouvera aussi son successeur Yu de la même façon. Si la démocratie consultative est présente en Chine, c’est qu’elle est profondément ancrée dans un arrière-plan culturel », analyse Li.

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