Reportage spécial

Assurer la croissance économique et la stabiliser

 

La réunion économique du Comité central (CC) du Parti communiste chinois (PCC) qui a lieu à la fin de chaque année évalue la situation économique et donne le ton de la politique macroéconomique pour l’année suivante.

 

LU RUCAI

 

APRÈS que le pays eut atteint l’objectif qui avait été fixé par le gouvernement chinois concernant le taux de croissance du PIB pour 2009 (environ 8 %), la réunion économique du CC du PCC s’est tenue du 5 au 7 décembre dernier et a indiqué la direction que doit prendre l’économie chinoise en 2010.

 

Révision des politiques budgétaire et monétaire

  

Avant la réunion, les politiques budgétaire et monétaire faisaient déjà l’objet d’une attention particulière des secteurs intéressés. « Tôt ou tard, la politique monétaire s’assouplira face à la pression des capitaux » est un point de vue partagé par un grand nombre de spécialistes financiers. Cependant, la politique macroéconomique de la Chine est prise depuis longtemps dans un cercle étrange : l’économie surchauffe quand cette politique s’assouplit et l’économie « meurt » quand la politique se durcit quelque peu; le choix du moment et du mode d’assouplissement de cette politique est donc toujours crucial.

 

« Maintenir sans relâche une politique macroéconomique stable, de même que poursuivre une politique budgétaire de relance et une politique monétaire relativement souple » est la conclusion à laquelle on est arrivé lors de cette réunion économique.

 

Cette décision est issue d’une évaluation de la situation économique en Chine et dans le monde : la base de la reprise économique n’est pas encore solide. La réunion en a analysé les causes. En Chine : la difficulté accrue de rajuster la structure économique et de changer le mode de développement; le manque de soutien à l’intérieur du pays permettant de favoriser une véritable reprise; l’existence de contradictions économiques structurelles; l’instabilité de l’agriculture; et la gravité du problème de l’emploi. À l’extérieur du pays, l’économie mondiale est encore fragile et n’est pas encore sortie complètement de la crise financière. L’économie de la planète affronte de nombreux défis.

 

Le 16 novembre, le Centre national d’information a publié un rapport selon lequel les menaces d’inflation ne sont pas encore inquiétantes et le prix des marchandises n’augmentera pas considérablement; le taux d’inflation en 2010 est prévu à quelque 2,5 %. Ce rapport a aussi avancé des propositions : cette année, il faut absolument poursuivre une politique monétaire relativement souple. Un brutal changement de cap de cette politique ébranlerait fortement la confiance, encore fragile, dans le marché et pousserait l’économie vers une morosité à long terme.

 

Selon les projets de budget que la Commission nationale du développement et de la réforme a présentés au Conseil des affaires d’État, en 2010, sur la base des emprunts publics de 200 milliards de yuans consentis en 2009, les gouvernements locaux pourront encore émettre des obligations. De plus, les finances centrales suivront encore la ligne dite de « budget à déficit élevé ».

 

Ainsi, en 2010, le déficit budgétaire va probablement battre le record de 2009 qui était de 950 milliards de yuans; les différents organismes de crédit prévoient que, cette année, les nouveaux prêts atteindront 6 000 à 8 000 milliards de yuans.

 

Cela dit, il y aura quand même de légères modifications des politiques budgétaire et monétaire. Exemple : à propos de la politique budgétaire de 2010 sur la vie de la population, la réunion a mis l’accent sur « une augmentation stable et mesurée des investissements »; ces investissements seront utilisés principalement pour les projets déjà en cours. Quant à la politique monétaire, la réunion exige qu’on suive de très près les changements économiques tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays et qu’on maîtrise le rythme d’augmentation des crédits. En d’autres mots, le rythme d’augmentation des crédits sera ralenti.

 

Les décideurs hésitent encore à opérer un retrait de la politique de relance économique. Au milieu de décembre, la réunion des membres permanents du Conseil des affaires d’État a décidé de supprimer ou de modifier, pour 2010, certaines mesures préférentielles que le gouvernement avait prises au début de l’année dernière pour stimuler l’économie, entre autres, celle sur la taxe lors de la revente d’un immeuble et la taxe de vente sur les voitures d’une cylindrée de 1,6 litre ou moins. Ces deux exemples montrent la relative prudence du gouvernement central sur le retrait ou non de la politique de relance économique.

 

 

Accent sur l’urbanisation dans le contexte de l’augmentation de la consommation intérieure

 

Certes, l’objectif d’« augmentation annuelle du PIB de 8 % » a été réalisé et l’augmentation du volume des ventes au détail des articles de consommation a dépassé 15 %. Cela dit, la contribution de la consommation intérieure à la croissance économique du pays reste modeste. Les chiffres du Bureau d’État des statistiques montrent qu’au cours des trois premiers trimestres de 2009, l’économie chinoise a connu une croissance de 7,7 %, dont 7,3 % proviennent de l’investissement. Puisque la donnée pour l’exportation est de - 3,6 %, c’est le 4 % de croissance de la consommation intérieure qui a permis de compenser. Par conséquent, l’élargissement de la demande intérieure a constitué un point clé de cette réunion économique du CC du PCC. En 2010, il faut s’en tenir plus activement à la politique d’élargissement de la demande nationale et surtout de la consommation intérieure.

 

Le prix élevé des appartements constitue un gros obstacle à l’accroissement de la capacité des habitants à consommer. En 2009, les prix de l’immobilier dans tout le pays ont augmenté de plus de 20 % par rapport à 2008. Dans le Livre bleu sur l’économie publié par l’Académie des sciences sociales de Chine, il est indiqué que le prix de l’immobilier en Chine a dépassé la limite supportable et raisonnable, et que 85 % des familles sont dans l’incapacité d’acheter un appartement.

 

Ce Livre bleu indique aussi que la situation de l’immobilier en 2010 dépendra principalement « de la volonté du gouvernement central de stabiliser le prix des appartements et des mesures de réforme et de rajustement qui seront prises dans ce domaine ».

 

La réunion économique du CC du PCC a accordé une grande importance au marché immobilier, en indiquant qu’il y aura une augmentation de l’offre de logements ordinaires commercialisables, ainsi qu’une hausse de la construction des HLM et des logements à coût d’achat et loyer fixés par le gouvernement.

 

Le niveau relativement bas de la protection sociale est l’un des éléments qui entravent la consommation des Chinois. Pour remédier à cette situation, la réunion a demandé, entre autres, d’aider davantage les personnes à faible revenu, de relever les minima sociaux en faveur des habitants urbains et ruraux et d’augmenter les pensions de retraite des travailleurs d’entreprise. L’investissement dans les secteurs touchant la vie de la population et les secteurs sociaux est encore prioritaire dans l’application de la politique budgétaire de relance en 2010.

 

Il faut mettre l’accent sur le marché rural pour élargir la demande intérieure et poursuivre l’application de la « subvention aux ruraux pour l’achat d’électroménagers ». Accélérer l’urbanisation doit être mis à l’ordre du jour afin de promouvoir la consommation intérieure. D’après M. Zhu Baoliang, économiste du Centre national d’information, accélérer l’urbanisation favorise non seulement la réduction de l’écart entre les villes et les campagnes, mais aussi l’augmentation du revenu des paysans, la stimulation de la consommation et l’augmentation du potentiel de croissance économique. 

 

Changement nécessaire du mode de développement

 

« Si la tâche principale de 2009 était d’assurer la croissance économique, la plus importante de 2010 sera de réviser la structure économique et de changer le mode de développement. C’est le nouveau message transmis par cette réunion », déclare M. Yao Jingyuan, économiste en chef du Bureau d’État des statistiques.

 

En ce qui concerne le changement du mode de développement, cette réunion a indiqué qu’il faut optimiser la structure de l’économie et accroître la capacité d’innovation en vue de maintenir une croissance économique saine et relativement rapide.

 

Le Livre bleu estime aussi que réajuster la structure économique et changer le mode de développement seront des tâches ardues. La surcapacité de production et l’irrationalité de la structure industrielle sont les principaux problèmes de la structure économique actuelle de la Chine.

 

Au cours de cette réunion, on a également mentionné certaines tâches à accomplir : renforcer le soutien financier aux maillons faibles du développement économique et social, à l’emploi, aux industries émergentes et au transfert d’industries; garantir les crédits nécessaires aux projets importants; examiner avec la plus grande rigueur les demandes de crédit des entreprises des secteurs fortement énergivores et très polluants et ayant une surcapacité de production, tout en renforçant la construction des ouvrages au service de la protection de l’environnement; procéder à des essais pour réaliser une économie à faible émission de carbone et faire des efforts pour contrôler les émissions des gaz à effet de serre.

 

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Thèmes définis ces dix dernières années lors des réunions annuelles du CC du PCC pour l’économie de l’année suivante :

2009 – Stabiliser la croissance économique, réviser la structure économique et prévenir l’inflation

2008 – Assurer la croissance économique, élargir la demande intérieure, réviser la structure économique et promouvoir un développement sain et rapide

2007 – Appliquer une politique monétaire d’austérité, stabiliser les prix, réviser la structure économique et promouvoir une société harmonieuse

2006 – Réaliser le développement sain et rapide de l’économie nationale

2005 – Continuer à mener à bien le contrôle macroéconomique

2004 – Consolider les résultats du contrôle macroéconomique

2003 – Poursuivre la politique du contrôle macroéconomique

2002 – Continuer à appliquer une politique financière active et une politique monétaire ferme

2001 – Élargir la demande intérieure

2000 – Renforcer et améliorer le contrôle macroéconomique

1999 – Mener à bien la réforme des entreprises publiques

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