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Trois questions risquant de perturber les relations Chine-UE

2020-02-21 13:57:00 Source:Xinhua  Auteur:WANG YI
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Le 16 avril 2019, dans l’entrepôt logistique de la société Yuxin’ou (Chongqing) Logistics à Duisburg, en Allemagne, Gan Yuchen (g.), directeur commercial de l’entreprise, discute avec un employé.

 

La Chine voit toujours l’Europe d’un point de vue positif et constructif. Nous considérons l’Europe comme un important partenaire de coopération, ainsi que comme une des priorités de notre agenda diplomatique. Nous pensons que l’Europe constitue un pôle important dans ce monde multipolaire, et qu’une Europe prospère et stable contribue au développement et au progrès de l’humanité. La Chine a toujours fermement soutenu l’intégration européenne, une Union européenne unie et forte, et un rôle plus important de l’Europe dans les affaires internationales. Au fil des années, les pays de l’UE et l’UE en tant qu’organisation ont globalement suivi une politique positive vis-à-vis de la Chine, et ont travaillé ensemble avec celle-ci pour promouvoir la coopération dans tous les domaines. En Europe, il existe cependant des divergences d’opinion au sujet de la Chine, qui se résument principalement à trois grandes questions. Si ces problèmes de perception ne sont pas résolus, ils risquent de perturber inutilement le futur développement des relations Chine-UE.

 

La Chine est-elle un pays développé ou en voie de développement ?

 

Ces dernières années, avec la croissance rapide de l’économie chinoise, certains amis d’Europe ont tendance à voir la Chine comme déjà dans les rangs des pays développés et ont commencé à juger la Chine selon les normes correspondantes. Certains vont même jusqu’à exiger la réciprocité à chaque occasion. Permettez-moi de faire une analogie avec une course de 100 m. Une partie, qui a déjà 50 m d’avance, demande la réciprocité avec son concurrent, qui est toujours debout sur la ligne de départ. De toute évidence, une telle demande n’est pas raisonnable. Naturellement, s’il s’agit d’un marathon beaucoup plus long, le retardataire peut avoir une chance de rattraper son retard en courant très vite.

 

Je voudrais vous dire que la Chine reste en effet un pays en développement. Bien que la Chine soit désormais la deuxième économie du monde, notre PIB par habitant ne correspond qu’à un sixième de celui des États-Unis et à un quart de celui de l’UE. La Chine se classe au-dessous de la 80e place dans l’Indice de développement humain et est loin derrière les pays développés dans les domaines de la science, de la technologie et de l’éducation. Un développement déséquilibré et insuffisant reste un défi majeur pour la Chine, dont le processus d’industrialisation n’est pas encore achevé. Il serait donc  « non réciproque » de demander la réciprocité entre un pays qui ne se développe que depuis quelques décennies et des pays qui se développent depuis des siècles.

 

Un ancien poème chinois dit : « C’est une chaîne de montagnes vue de face et des pics vus de côté, différentes formes se manifestant sous différents angles. » Ces vers signifient essentiellement que des choses observées sous différents angles conduiront à des conclusions différentes. Quand nous voyons la Chine sous la perspective objective des pays en développement, ce que nous voyons est un paysage splendide des réalisations de la Chine. La Chine a non seulement réalisé d’énormes progrès dans son propre développement, mais a également apporté des contributions bien plus importantes au monde que de nombreux autres pays. Prenons l’exemple de l’économie : la Chine a contribué à plus de 30 % de la croissance mondiale pendant plus de dix années consécutives, servant de moteur principal de l’économie mondiale. En termes d’ouverture, la Chine a plus que rempli ses engagements dans le cadre de l’OMC et a réduit le taux de droits de douane moyen à 7,5 %, dépassant tous les autres grands pays en développement et se rapprochant du niveau des pays développés. Sur la facilité de faire des affaires, la Chine est passée à la 31e place dans le classement de la Banque mondiale, gagnant 47 places au cours des deux dernières années, ce qui en fait l’économie la plus performante dans l’amélioration de son environnement des affaires. En ce qui concerne la réduction des émissions et la protection de l’environnement, la Chine a contribué à plus de 25 % de l’augmentation des zones reboisées mondiales au cours des 20 dernières années. En 2018, la Chine a réduit son intensité carbone de 45,8 % par rapport au niveau de 2005, respectant ainsi ses engagements internationaux avant la date fixée. En ce qui concerne la coopération internationale, la Chine est désormais le deuxième plus grand contributeur au budget ordinaire et au budget du maintien de la paix de l’ONU et le plus grand contributeur de Casques bleus parmi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité. Pourquoi un pays en développement aussi important, en croissance rapide et contribuant de plus en plus au progrès humain, ne devrait-il pas être accueilli et apprécié par l’Europe et la communauté internationale ?
 
Défilé de mode lors de la Fashion Week Chine-Europe à Budapest, en Hongrie, le 9 novembre 2019

 

La Chine est-elle un partenaire ou un rival ?

 

Ces dernières années, nous avons entendu une opinion prétendant que la Chine est devenue un rival de l’Europe dans le domaine économique et devrait être soumise à toutes sortes de restrictions. Bien que ce ne soit pas l’opinion dominante, nous devons accroître notre vigilance et ne pas la laisser faire tache d’huile. En fait, toute personne gardant la tête froide et ayant une vision objective verra que, pour la Chine et l’UE, la coopération l’emporte de loin sur la concurrence et dans de nombreux domaines les consensus que nous avons atteints dépassent de loin nos divergences. Nous sommes des partenaires, pas des rivaux.

 

Au fil des ans, l’Europe a énormément bénéficié de la coopération avec la Chine. Entre 2001 et 2018, les exportations de l’UE vers la Chine ont augmenté de 14,7 % en moyenne chaque année, soit plus du double de la croissance moyenne des exportations de l’UE, soutenant environ quatre millions d’emplois locaux. Les investissements d’entreprises chinoises dans l’UE ont également augmenté. Fin 2017, les entreprises chinoises avaient créé plus de 2 900 entreprises dans les pays de l’UE grâce à des investissements directs, créant 176 000 emplois pour les populations locales. L’acquisition de Volvo par le constructeur automobile chinois Geely a injecté de nouvelles énergies à l’usine Volvo de Gand, en Belgique, en conservant ou créant plus de 6 000 emplois. La Chine est désormais le marché le plus rentable pour les entreprises européennes. Jusqu’à sept millions de voitures, soit près d’un quart de toutes les voitures vendues en Chine, sont produits par les constructeurs automobiles européens. Même avec l’intensification des frictions commerciales entre la Chine et les États-Unis et l’aggravation de la pression à la baisse sur l’économie mondiale, la coopération économique et commerciale entre la Chine et l’UE a inversé la tendance et a continué de croître. Selon les statistiques, au cours des 11 premiers mois de 2019, les échanges commerciaux entre la Chine et l’UE ont augmenté de 7,7 % par rapport à la même période de l’année précédente. De janvier à juillet 2019, les investissements de l’UE en Chine ont augmenté de 18,3 % sur un an. 60 % des entreprises de l’UE considèrent la Chine comme la première destination de leurs investissements. Malgré divers facteurs en jeu, la Chine, en tant que grand pays en développement avec 1,4 milliard d’habitants, une force de travail de 900 millions d’habitants et 120 millions d’acteurs sur le marché, a une dynamique de croissance interne solide, une grande résilience et un énorme potentiel économique. La Chine offrira certainement un nouveau cycle de possibilités de coopération et de dividendes du développement en faveur des pays européens.

 

Dans sa coopération avec l’Europe, la Chine a toujours respecté les préoccupations de l’Europe. Par exemple, au cours de sa coopération avec les PECO, elle défend l’idée d’ouverture, de transparence et d’inclusion ainsi que le principe d’égalité, de bénéfice mutuel et de résultats gagnant-gagnant. Cette coopération suit les règles du marché et les normes de l’UE et contribue à l’unité et à la stabilité de l’UE dans son ensemble. La coopération mutuellement bénéfique entre la Chine et les PECO est un complément utile aux relations Chine-UE et favorise un développement équilibré et le processus d’intégration en Europe.
 
La 3e session du Forum de Paris sur l’initiative « la Ceinture et la Route » s’est déroulée le 19 décembre 2019.

 

La Chine est-elle un pays ami aspirant à une coexistence harmonieuse, ou une menace dans un contexte de jeu à somme nulle ?
 
La Chine et l’UE ont des systèmes sociaux, des voies de développement, des valeurs et des concepts différents. Pourtant, ces différences ne doivent pas devenir des obstacles à nos échanges et à notre coopération. Encore moins devraient-elles justifier les tentatives de considérer l’autre partie comme une menace, de s’immiscer dans les affaires d’autrui ou même de chercher à remodeler les autres à son image. Comme le dit un dicton bien connu en Europe, « Tous les chemins mènent à Rome. » Confucius a dit quelque chose de similaire il y a 2 500 ans, « Tous les êtres et toutes les choses du monde vont de pair. Il en est de même pour les voies à emprunter. » Le monde dans lequel nous vivons est varié et coloré. Chaque pays a le droit de choisir la voie de développement adaptée à ses propres conditions nationales.

 

La Chine respecte l’Europe et apprécie ses réalisations. Nous ne nous immisçons jamais dans les affaires intérieures de l’Europe. De même, nous espérons que l’Europe respectera également la Chine et appréciera les choix faits par le peuple chinois. L’année 2019 marque le 70e anniversaire de la fondation de la Chine nouvelle. Au cours des dernières décennies, nous avons accompli un parcours qui a pris cent ans, voire des siècles, aux pays développés. Nous y sommes arrivés parce que nous avons trouvé la voie du socialisme à la chinoise sous la direction du Parti communiste chinois. C’est une voie vers le développement, le succès, la paix et des résultats gagnant-gagnant. Tout en accélérant notre propre développement, nous avons également contribué au développement commun de nos partenaires de coopération. Comme l’a si bien dit le président Herman Van Rompuy, « la direction est plus importante que la vitesse ». Puisque la direction est la bonne, pourquoi la Chine devrait-elle changer de cap ? Puisqu’elle sert les intérêts de tous, pourquoi la Chine devrait-elle être remodelée ?

 

Quant aux droits de l’Homme, ce sont les citoyens du pays qui sont le mieux placés pour juger de la situation des droits de l’Homme dans ce pays. La véritable valeur de l’universalité des droits de l’Homme ne peut être réalisée que lorsqu’elle s’associe aux besoins spécifiques de différents pays. Au cours des sept décennies après la fondation de la Chine nouvelle, notre pays a accompli des progrès historiques dans sa cause des droits de l’Homme. Nous avons sorti 850 millions de personnes de la pauvreté, contribuant à plus de 70 % des progrès mondiaux dans la réduction de la pauvreté, et avons atteint le premier objectif du Programme de développement durable à l’horizon de 2030 dix ans avant la date prévue. En 2020, pour la première fois de l’histoire, la Chine éliminera la pauvreté absolue dans tout le pays. La Chine a fourni des emplois à 770 millions de ses habitants. Elle a satisfait aux besoins de base de 250 millions de personnes âgées, 85 millions de personnes handicapées et plus de 60 millions de résidents urbains et ruraux vivant des minima sociaux. Dans ce processus, la Chine a mis en place les plus grands systèmes d’éducation, de sécurité sociale, de soins médicaux et d’institutions démocratiques aux échelons de base dans le monde. En Chine, il y a 850 millions d’utilisateurs d’Internet et plus d’un milliard d’utilisateurs des nouveaux médias. Tous les Chinois jouissent de la liberté d’expression conformément à la Constitution. Selon une enquête du Pew Research Center, en 2019, la Chine arrive en tête du classement mondial en termes de satisfaction à l’égard des performances du gouvernement, avec plus de 86 % des Chinois interrogés exprimant leur satisfaction, bien au-dessus de la médiane mondiale de 47 %.

 

*Wang Yi est conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères de la Chine.

 

(Extrait de son discours prononcé lors de l’événement « Briefing de soixante minutes » organisé par le European Policy Centre, un groupe de réflexion bien connu de l’Union européenne (UE), dans la soirée du 16 décembre 2019. Le titre est ajouté par le rédacteur. )

 

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