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L’initiative « la Ceinture et la Route » gagne la faveur de la France

2019-03-04 15:06:00 Source:La Chine au présent Auteur:SONG LUZHENG
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17 octobre 2018, 3e Salon d’échanges culturels et créatifs sino-français au Centre culturel chinois à Paris 

 

SONG LUZHENG*  

L’initiative « la Ceinture et la Route » est un grand projet qui part de la Chine, pour traverser le continent eurasiatique et se terminer en Europe. À son lancement, cette initiative a été largement saluée par les pays en développement, alors que les pays européens sont plutôt restés dans la prudence. 

Pourtant, l’initiative « la Ceinture et la Route » apportera des avantages évidents à l’Europe. D’abord, elle aura pour effet d’accélérer la construction d’infrastructures et de multiplier les échanges commerciaux, ce qui ouvrira de nouvelles perspectives de marché pour les technologies et produits haut de gamme européens. En outre, cette initiative, en soi, permettra à l’Europe de renforcer sa position stratégique à l’échelle planétaire. Par ailleurs, elle contribuera à stabiliser la conjoncture dans les pays en développement ainsi qu’à freiner voire éviter l’aggravation de la crise des réfugiés. Enfin, les avantages économiques dont elle sera source concourront à la résolution des problèmes intérieurs qui touchent les pays européens. 

D’après mes observations, la France prend une part de plus en plus active à l’initiative « la Ceinture et la Route » ces dernières années. Maintenant qu’elle comprend mieux cette initiative, elle la voit d’un bon œil. Nous avons clairement pu constater ce changement d’attitude de la part de l’Hexagone lors de la deuxième édition du Forum de Paris sur l’initiative « la Ceinture et la Route ». 

Ce forum est un événement de haut niveau organisé conjointement par l’ambassade de Chine en France et l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Il a eu lieu déjà deux fois dans la capitale française. J’ai eu l’honneur de participer à ces deux premières éditions. Là, j’ai pu observer que la France avait revu son opinion quant à l’initiative. 

Premièrement, notons que le nombre de participants à cette rencontre a connu une hausse. À la première édition du forum, seuls les milieux académique, politique, diplomatique et commercial étaient représentés, tandis qu’à la deuxième édition, tous les secteurs étaient au rendez-vous, sans parler des nombreux médias présents. Deuxièmement, les représentants français ont mené des discussions exhaustives à propos de cette initiative, qu’ils la défendent ou qu’ils la contestent, abordant tous les aspects qui la concernent : l’investissement, la dette, la protection de l’environnement, l’énergie, l’égalité, la transparence, etc. Il est à noter que sur certains sujets, leurs vues étaient très diverses, donnant lieu à des débats animés. Mais ces questions et objections des représentants français ont au moins eu le mérite de révéler un fait : les Français ont connaissance de l’initiative et y prêtent une attention toute particulière. Troisièmement, comme nous venons de l’affirmer, les Français connaissent plus largement et plus profondément le contenu de cette initiative, auparavant, les représentants français se souciaient principalement des aspects économiques, par exemple, l’investissement et le commerce. Mais lors de la deuxième édition du forum, ils ont accordé davantage d’intérêt aux nouveaux progrès de la mondialisation et du libre-échange ainsi qu’à la gouvernance mondiale.Exemple, Jean-Pierre Raffarin a prononcé un discours éloquent et convaincant. En considération des intérêts français, il a proposé de renforcer à la fois les relations avec les États-Unis et avec la Chine. Pour lui, l’Europe devrait adopter une stratégie coopérative, qui consiste à lutter contre les pratiques erronées unilatérales en collaborant avec un maximum de pays, ce qui ferait progresser le multilatéralisme. Il serait judicieux que la France lance une action commune dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route » et propose des projets de coopération compatibles avec les stratégies nationales des différentes parties. 

Bien sûr, que ce soit du point de vue de la Chine ou de la France, il apparaît que les connaissances de la France sur l’initiative « la Ceinture et la Route » et les mesures qu’elle prend en réponse à celle-ci ne sont ni à la hauteur de sa puissance dans le monde, ni à la hauteur de la relation privilégiée qu’elle entretient avec la Chine depuis si longtemps. Il est de notoriété commune qu’en 1964, malgré la pression de la communauté internationale en cette période de guerre froide, Charles de Gaulle, alors à la tête de l’État français, avait choisi d’établir, en accord avec les dirigeants communistes chinois de la première génération, des relations diplomatiques au niveau d’ambassadeur avec la Chine, en faisant preuve d’une clairvoyance stratégique et d’un courage politique hors du commun. En comparaison, les États-Unis ont suivi cet exemple 15 ans plus tard. 15 ans, ce n’est qu’un instant tout au long de l’histoire. Mais cette action avait jeté une base solide aux relations particulières entre la Chine et la France. Dès lors, les deux pays avaient commencé à travailler la main dans la main pour jouer un rôle majeur dans les affaires internationales, préserver leurs intérêts respectifs, accroître leur influence et renforcer leur position à l’échelle planétaire. Au XXIe siècle, bien que leurs puissances nationales aient évolué, les deux pays ont tout intérêt à renouer avec la clairvoyance et le courage politique dont ils avaient fait preuve au début de l’établissement de leurs relations diplomatiques pour mettre en œuvre ensemble l’initiative « la Ceinture et la Route ». La France est tout à fait capable, à nouveau, de faire figure d’exemple parmi les pays occidentaux. 

Cependant, la France a encore beaucoup à apprendre en ce qui concerne l’initiative « la Ceinture et la Route », notamment quant aux problèmes observés lors de la mise en œuvre de cette initiative. Toute nouvelle œuvre n’est jamais parfaite du premier coup. Tout comme l’a indiqué M. Raffarin, il faut adopter une vision large plutôt que statique et se demander en premier lieu si ces problèmes peuvent être résolus. Par exemple, plusieurs représentants français ont évoqué les dettes que risquerait d’engendrer l’initiative « la Ceinture et la Route ». Je leur ai répondu tout de suite que la dette a toujours existé, partout dans le monde. Plusieurs crises de la dette ont ponctué notre histoire : dans les années 1980 en Amérique latine, dans les années 1990 en Asie du Sud-Est et au XXIe siècle en Europe. Et la crise de la dette en Afrique est devenue une affaire habituelle. Ces crises résultent plutôt de troubles internes. Il serait erroné de faire un amalgame entre la crise de la dette et l’initiative « la Ceinture et la Route ». 

Plus important encore, il faut souligner que, face à la question de l’endettement, la Chine prend des mesures bien différentes de celles mises en place par l’Occident. En Occident, deux approches sont considérées pour surmonter cet enjeu. L’un est le modèle islandais. Rappelons que l’Islande, suite à un référendum, a refusé de rembourser ses dettes. Dans ce cas-là, toutes les parties sont perdantes : d’une part, l’Islande a perdu sa crédibilité nationale ; d’autre part, le Royaume-Uni n’a pas recouvré ses droits et intérêts. L’autre est le modèle grec. Rappelons que sous la pression extérieure, la Grèce a été contrainte d’introduire des réformes socioéconomiques, notamment pour son système de redistribution des richesses, mais sa souveraineté nationale et le niveau de vie de sa population en ont gravement pâti. Résultat : les partis extrémistes ont gagné en influence dans toute l’Europe. La Chine, de son côté, pratique une autre méthode : pour résoudre l’endettement tout en préservant autant que possible les intérêts des différentes parties, elle exploite le procédé du transfert du pouvoir de gestion pendant une période définie, restant ainsi fidèle à ses grands principes du gagnant-gagnant et de la consultation. 

Bien entendu, il nous faut appréhender la perception de la France sur « la Ceinture et la Route » dans une perspective macroscopique et d’un point de vue du développement. Nous devons voir les progrès qui ont été réalisés et ceux à venir. Pour ma part, je suis convaincu que la clairvoyance et le courage des anciens dirigeants inspireront encore la direction de la Chine et de la France. Je prédis donc que des percées historiques seront réalisées prochainement et que les relations sino-françaises garderont à l’avenir leur caractère si particulier.

 

*SONG LUZHENG est chercheur à l’Institut de la Chine relevant de l’université Fudan et vit aujourd’hui en France.

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