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La France au cœur de la nouvelle connexion Europe-Chine

2019-01-03 11:21:00 Source:La Chine au présent Auteur:JULIEN BUFFET
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Stand de produits de beauté français dans la salle d’articles d’usage courant de la
première Exposition internationale d’importation de Chine (CIIE) organisée à Shanghai
 
 
JULIEN BUFFET, membre de la rédaction
 
 
En tant que plus gros contributeur étranger du plan Juncker, la Chine peut être fière, aujourd’hui, d’avoir participé à la création de 750 000 emplois et à la hausse du PIB en Europe de 0,6 %. La relance économique du plan Juncker a aussi braqué les projecteurs sur le dynamisme de la France qui, grâce à son réseau solide et innovant de PME et d’ETI, en a été la première bénéficiaire en chiffre absolu avec des projets subventionnés pour un total de 10,5 milliards d’euros ayant engendré 50,2 milliards d’euros d’investissement.

 

Construire un destin commun entre l’Asie et l’Europe

 

Lorsque la Chine a lancé l’initiative « la Ceinture et la Route » en septembre 2013, elle a proposé aux pays et différents blocs régionaux du monde une intégration des flux économiques et humains en créant des infrastructures interopérables, sans restriction d’accès ni de mise en œuvre, fondées sur le concept de connectivité qui englobe les transports, les échanges humains, l’énergie et le numérique. Dans sa nouvelle stratégie visant à relier l’Europe à l’Asie présentée le 19 septembre 2018, Federica Mogherini, haute représentante de l’UE chargée des affaires étrangères et de la politique de sécurité, déclare à ce propos : « La connectivité est la voie de l’avenir. Plus nous sommes connectés, plus grandes sont nos possibilités de parvenir à des solutions politiques communes et d’apporter la prospérité économique […] au profit des citoyens tant en Europe qu’en Asie ».

 

Dans ces domaines, l’expérience chinoise repose sur une longue histoire qui s’est tout d’abord développée dans le cadre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), véritable modèle en matière de connectivité. La dernière illustration en date est l’implantation en Malaisie du géant chinois Alibaba pour faire de ce pays la plate-forme d’e-commerce affranchie des tarifs douaniers de la zone Asie-Pacifique en 2017 avec une mise en service prévue en 2019. Sous l’action de Xi Jinping, la connectivité a changé d’échelle avec une accélération du processus global qui a surpris les pays occidentaux tant elle surpasse la première initiative du genre lancée par les Nations Unies : le réseau routier asiatique initié en 1959. Prenant acte du nouvel état du monde après la chute de l’Union soviétique, le président chinois a orienté la connexion Chine-Europe à travers un dialogue à la fois avec la Russie et l’Europe.

 

Dans l’approche chinoise, la Russie est un partenaire stratégique incontournable pour étendre la connectivité asiatique à l’Europe. D’abord de façon directe, car la dimension eurasiatique de la Russie en fait le premier voisin de type européen pour la Chine avec une frontière commune longue de 4 000 km. Ainsi, la « Route de la Steppe », créée en 2015, doit permettre de valoriser le potentiel énergétique et le réseau de transport de la Mongolie pour augmenter le volume des échanges entre la Chine et la Russie mais concerne également l’Europe. Ce projet fait l’objet d’études de faisabilité sur les nouvelles autoroutes de l’énergie avec la participation du français EDF. Indirectement, ensuite, à travers les négociations entre la Chine et la Russie sur le passage de la Ceinture économique de la Route de la Soie dans les pays d’Asie centrale, qui est la voie la plus directe pour rallier le marché de l’Union européenne.

 

Mais il aura fallu attendre l’arrivée des investissements chinois dans les industries de hautes technologies d’Europe de l’Ouest et dans les infrastructures critiques des pays d’Europe centrale et orientale et de la zone méditerranéenne pour que la connectivité européenne commence à proposer conjointement les termes d’un terrain d’entente avec la connectivité asiatique impulsée par la Chine.
 
 

 Le 6 novembre 2018, l’ancien premier ministre français Jean-Pierre Raffarin prononce un discours lors du Forum

de promotion de la France « Choose France ! » de la première édition de la CIIE. (PHOTOS : YU JIE)

 

L’économie au service du multilatéralisme

 

Le succès du plan d’investissement Juncker (2015-2018), attirant 335 milliards d’euros d’investissements aux deux tiers privés, soit un niveau comparable à la période qui a précédé la crise de 2008, a largement contribué à l’élaboration d’une réponse crédible et constructive de l’UE face à la Chine. La contribution de cette dernière au plan avait été négociée en 2016 à hauteur de 10 milliards d’euros via le Fonds de la Route de la Soie vers le Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS). À titre de comparaison, les investissements chinois dans l’UE ont été estimés à 277 milliards d’euros sur une période de dix ans (2008-2018) selon une étude de Bloomberg publiée en avril 2018. Toutefois, le flux des investissements annuels agrégés chinois en Europe s’est énormément accéléré en passant de moins d’un milliard d’euros en 2008 à plus de 35 milliards d’euros en 2017. En conséquence, la réponse de l’UE était donc attendue et elle devrait prendre encore plus d’ampleur avec le relais du plan Juncker par InvestEU qui vise un objectif de 500 milliards d’euros à l’horizon 2020. Le sentiment de défiance parfois exprimé par la classe politique française et européenne n’est donc pas lié aux investissements chinois en eux-mêmes mais plutôt à des acquisitions considérées comme hors normes.

 

Ces questions économiques autour de la capacité d’investissement de l’UE et de la Chine pour l’avenir sont aussi au cœur des interrogations sur les contours du multilatéralisme que la France et la Chine appellent de leurs vœux. L’ambassadeur de France en Chine, Jean-Maurice Ripert, rappelle ainsi que la nouveauté de la coopération commerciale contenue dans l’initiative « la Ceinture et la Route » est qu’elle englobe aussi un projet civilisationnel qui va définir partiellement l’avenir du multilatéralisme. « Le président de la République a proposé de tenir un séminaire en marge du Forum de la paix (11-13 novembre 2018 à Paris) sur la réforme de l’OMC. Il faut être clair : nous voulons réformer le système multilatéral actuel, nous ne voulons pas le faire disparaître. Je crois qu’on y arrivera si on se parle beaucoup. »

 

Des discussions sur ce sujet ont également été menées à Shanghai en marge de l’Exposition internationale d’importation de Chine. La connexion entre l’Europe et l’Asie est un projet de longue haleine, mais elle a trouvé deux de ses champions avec la France et la Chine.

 

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