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L’opinion des think tanks sur les relations sino-françaises

2018-02-01 10:22:00 Source:La Chine au présent Auteur:LU RUCAI, membre de la rédaction
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Le 8 janvier, le président Emmanuel Macron a débuté une visite de trois jours en Chine. Il s’est arrêté à Xi’an pour une première étape.

 

En plus d’être l’un des berceaux de la civilisation chinoise, Xi’an est aussi le point de départ de l’ancienne Route de la Soie. Lors d’un point de presse, l’Élysée a révélé que le choix de Xi’an comme première escale pour la visite présidentielle était révélateur de la volonté du président français de renforcer la coopération entre l’Europe et la Chine dans le cadre de l’initiative des nouvelles Routes de la Soie. À Xi’an, le président Macron et sa suite ont visité le musée du mausolée de l’empereur Shihuangdi des Qin (221–207 av. J.-C.), la Grande Pagode de l’Oie sauvage ainsi que la Mosquée de Xi’an. Le président français a prononcé un discours dans le Parc national du patrimoine du palais Daming.

 

Selon Dong Qiang, directeur du département de français de l’université de Beijing et Chevalier de la Légion d’honneur, en commençant sa visite en Chine par une étape à Xi’an, le président Macron a montré qu’« il était un bon connaisseur de la civilisation chinoise, des origines des cultures chinoise et française, ainsi que de l’initiative des nouvelles Routes de la Soie ; c’est de bon augure. »

 

Le 9 janvier 2018, Xi Jinping et Emmanuel Macron, réunis au

Grand Palais du Peuple à Beijing, dévoilent une plaque pour

le premier réacteur EPR au monde à la centrale nucléaire de Taishan.

 

L’initiative des nouvelles Routes de la Soie répond aux intérêts français et européens

 

Par le passé, plusieurs présidents français ont déjà visité Xi’an : François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy s’y sont tous arrêtés lors de leurs visites présidentielles. Mais le choix de M. Macron de faire de cette ville millénaire la première étape de sa visite en Chine revêt une signification particulière.

 

Lors de son discours dans le Parc national du patrimoine du palais Daming, vestiges qui datent de 634, le président français a déclaré que le point de départ de l’ancienne Route de la Soie, Xi’an, restait le symbole de la civilisation chinoise, mais aussi un lieu de croisement des cultures orientale et occidentale. Selon lui, « la Ceinture et la Route » est une initiative que la Chine propose au monde entier et qui répond aux intérêts français et européens car depuis toujours, les Routes de la Soie terrestre et maritime appartiennent aussi bien à l’Europe qu’à la Chine. Cette initiative est une proposition en partage, une route à double sens.

 

Sun Yuxi, président de l’Association de l’amitié entre la Chine et la Pologne et membre de la Commission de la consultation de la diplomatie publique du ministère des Affaires étrangères, a fait ses études en Grande-Bretagne dans les années 1970, puis a travaillé en France. Il a été ambassadeur de Chine en Italie et en Pologne. Il a travaillé en Europe pendant 10 ans. Selon lui, l’initiative chinoise est soutenue par l’ONU ainsi qu’un grand nombre de pays ; environ 150 pays souhaitent participer à la coopération internationale dans le cadre de cette proposition, parmi lesquels plus de 80 ont signé avec la Chine des accords intergouvernementaux. Plus de 270 projets sont à l’œuvre. Actuellement, plusieurs trains Chine-Europe relient des villes chinoises à des villes françaises et allemandes. Le coût du trafic est en baisse. Lorsque ces trains rentrent en Chine, ils sont chargés de marchandises européennes. Cela encourage l’exportation des produits européens vers la Chine. Pour Sun Yuxi, « les relations Chine-Europe vont continuer de se développer et présentent un énorme potentiel de coopération ».

 

D’après Zhang Guobin, secrétaire général de l’Institut Charhar et ancien consul général de Chine à Strasbourg, la France fait actuellement face à un grand défi, celui de la réforme. L’initiative « la Ceinture et la Route » lui offre de belles opportunités de résoudre ses problèmes par le développement. Selon lui, l’initiative « la Ceinture et la Route » peut permettre à la Chine et la France de développer une coopération sincère, d’approfondir les coopérations qu’elles ont déjà établies dans les domaines de l’aéronautique, du nucléaire, de l’aérospatial et de l’automobile, mais aussi d’en développer dans d’autres secteurs tels que l’agriculture, l’agroalimentaire, l’économie d’énergie et la protection de l’environnement, la finance, les villes durables. Les deux pays pourraient développer des marchés tiers, par exemple en Afrique, afin d’apporter des bénéfices à plus de pays.

 

Le 9 janvier 2018, le couple présidentiel visite le Centre

d’art contemporain Ullens dans le quartier artistique 798 à Beijing.

 

La coopération sur les questions brûlantes est un enjeu majeur des relations sino-françaises

 

Lorsque le président Macron a accordé une interview aux médias chinois avant sa visite en Chine, il a déclaré qu’il souhaitait redynamiser le multilatéralisme en établissant un mécanisme de dialogue de crise, en faisant face au changement climatique et en élaborant des règles commerciales rationnelles ; dans le même temps, il affirmait son souhait de rééquilibrer la balance commerciale entre la Chine et la France à travers la promotion des échanges commerciaux entre les deux pays afin de construire un partenariat sino-européen orienté vers le XXIe siècle.

 

Lors de leur rencontre, les présidents Xi Jinping et Emmanuel Macron ont souligné leur volonté de renforcer la coopération déjà instaurée dans les domaines du nucléaire, de l’aéronautique et de l’aérospatial, mais aussi de développer des coopérations dans des secteurs émergents comme l’agroalimentaire, la santé, les villes durables, la manufacture industrielle « verte » et la finance, afin de promouvoir des synergies entre le plan « Made in China 2025 » et le plan français « Indutrie du Futur ». Parallèlement, les deux parties ont décidé de renforcer la coopération internationale, de promouvoir la réforme de la gouvernance mondiale, et de rendre la mondialisaion plus ouverte, inclusive, bénéfique à tous, équilibrée et gagnant-gagnant. Les deux dirigeants ont promis de renforcer leur coopération afin de faire face aux défis planétaires que représentent le changement climatique, le terrorisme et la cybersécurité.

 

Selon Sun Haichao, directeur du Centre de recherches européennes de China International Studies Foundation et ministre conseiller de l’ambassade de Chine en France, la France est le premier grand pays occidental à avoir établi des relations diplomatiques avec la Chine et cette dernière a plus de points communs en matière de politique et de stratégie avec la France qu’avec tout autre pays occidental. « La Chine s’attache à construire une société de moyenne aisance et une communauté de destin pour l’humanité, alors que la France s’applique à redresser l’Europe. Les deux pays préconisent la démocratisation de l’ordre international », a constaté Sun Haichao avant d’ajouter : « leurs perspectives de coopération sont donc vastes. »

 

Zhao Huaipu, professeur à l’Institut de diplomatie et secrétaire général adjoint de l’Association des relations internationales de Chine a souligné qu’à l’heure actuelle, les questions prioritaires pour les relations sino-françaises sont le changement climatique et la lutte contre le terrorisme. « Le renforcement de la coopération dans ces deux domaines est nécessaire si les deux pays souhaitent approfondir leurs relations et élever le niveau de la coopération bilatérale », a-t-il ajouté. Depuis son entrée en fonction, le président Macron met en place son plan de réforme de l’UE, travaille à promouvoir l’intégration de l’UE et les réformes dans la zone euro, tandis que de son côté, la Chine a réitéré son soutien au processus d’intégration européenne et au rôle important joué par la France au sein de l’UE. La Chine a encore exprimé son souhait de renforcer la coopération Chine-Europe dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route ». Cela amène « des opportunités de renforcer la communication des politiques et la coordination entre les deux pays sur le plan de la gouvernance mondiale ».

 

Pendant cette visite, la Chine et la France ont signé de nombreux accords de coopération dans des secteurs tels que le nucléaire, les techniques aérospatiales, les échanges de ressources humaines, la protection de l’environnement, la finance, la santé, l’aéronautique. Ces accords illustrent l’élargissement des relations bilatérales dans le domaine économique et commercial et prônent une coopération main dans la main entre les deux pays pour faire avancer la réforme de la gouvernance mondiale économique.

 

 

Saluer les échanges culturels

 

Au cours de sa visite à Beijing, le couple présidentiel a visité le Palais impérial et le quartier artistique 798. La femme du président Macron a en outre visité la Grande Muraille. Lors de la conférence de presse qui s’est tenue le 10 janvier à l’ambassade de France en Chine, un journaliste a demandé au président français quels étaient ses aspects préférés de la philosophie et de l’art chinois. Celui-ci a répondu qu’il avait ressenti au cours de son séjour à Xi’an une véritable « fusion entre les cultures ».

 

Dans une interview accordée à un média chinois, le président Macron a affirmé : « Comme pour beaucoup de Français, la Chine est pour moi un pays fascinant, la plus ancienne civilisation vivante, un “État plus vieux que l’Histoire” disait le général de Gaulle. Notre relation est ancrée dans le temps, elle est pour moi de civilisation. »

Selon Christian Mestre, professeur de droit à l’université de Strasbourg en France, la coopération et les échanges entre les établissements universitaires chinois et français sont réguliers ; ces dix dernières années, de plus en plus d’étudiants en ont bénéficié et les formes d’échanges se sont multipliées. Cela montre que la coopération entre les deux pays est sur une bonne voie. En revanche, pour ce qui est de la coopération humaine et culturelle, Christian Mestre pense que l’objectif visé est loin d’être atteint. Lors de sa visite, le président Macron a exprimé son admiration pour la culture et l’histoire chinoises et il a émis le souhait de revenir en Chine une fois par an. S’il s’y tient, cela permettra sûrement de dynamiser les échanges culturels entre les deux pays.

 

M. S. Bechari, jeune français qui travaille comme professeur adjoint au département de sociologie de l’université Tsinghua, pense que les relations Chine-France doivent se fixer de nouveaux objectifs culturels et choisir l’humanisme comme pierre angulaire de leurs stratégies planétaires.

 

La visite du président français contribue à promouvoir la coopération sino-française dans les domaines économique, commercial et culturel, mais Cui Hongjian, directeur du département des études européennes dépendant de l’Institut des études internationales de Chine, rappelle qu’en France, la réforme interne n’en est qu’à ses débuts et que la vague antimondialisation continue de monter, ce qui laisse imaginer à quelles difficultés peuvent se heurter les réformes lancées par le président Macron dans son pays et dans la zone euro. Selon Cui Hongjian, même s’il est très ambitieux, le jeune président devra faire face aux pressions et aux obstacles venant des groupes d’intérêts dans une France dont les structures sociales sont vétustes. Il espère que grâce à son esprit d’entreprise, le président français saura résister aux pressions, éliminer les interférences, et rester déterminé à maintenir les relations sino-françaises sur la bonne voie.

 

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