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La culture chinoise exportée vers le Japon

2022-09-01 14:20:00 Source:La Chine au présent Auteur:
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De 630 à 838, le Japon a envoyé 19 délégations vers l’empire des Tang, dont trois missions qui n’ont pas eu lieu pour de diverses raisons. Chacune comprenait un groupe d’étudiants et de moines, allant de 100 à 600 personnes. 

Certains de ces étudiants japonais ont laissé leur nom dans les annales chinoises, à l’instar d’Abe Nakamaro (698-770). Celui-ci est arrivé au moment où la dynastie des Tang était au sommet de sa puissance, avec l’empereur Xuanzong sur le trône. Le voyage depuis le Japon a duré huit mois, et il figurait parmi une délégation de 600 personnes. 

Contrairement à beaucoup de ses camarades, Nakamaro n’est pas retourné au Japon au terme de ses études. Il a gravi les échelons bureaucratiques du gouvernement des Tang et a même été directeur du Centre national des archives. 

Il apparaît dans les documents officiels et les poèmes comme un étudiant brillant promis à un bel avenir. Il avait des antécédents familiaux illustres, son père étant un haut fonctionnaire au Japon, ce qui l’a aidé à s’inscrire dans des établissements prestigieux. 

Surtout, l’empereur chinois l’appréciait et il évoluait dans tous les bons cercles. Comme le voulait la tradition, il a pris un nom chinois : Chao Heng. 

Il a joué un rôle important dans les échanges entre les deux pays : il a mis la cour des Tang dans de bonnes dispositions vis-à-vis du Japon et a facilité le flux d’informations, de compétences, de technologie, d’art et de pensée de la Chine vers le Japon. 

Après avoir passé 36 ans en Chine, Nakamaro a décidé de retourner au Japon. En embarquant dans son bateau, il a rédigé un poème en chinois pour dire adieu à son pays d’accueil. Mais son navire a chaviré après avoir atteint la haute mer. Il était présumé mort, c’est pourquoi plusieurs grands poètes des Tang, bouleversés, ont écrit des éloges funèbres pour leur grand ami japonais. Heureusement, Nakamaro a survécu au naufrage ! Après de nombreuses épreuves, il a réussi à regagner Chang’an, où il a continué à servir la dynastie en tant que fonctionnaire. En 770, il a rendu l’âme et a été enterré dans cette ville. Il avait 72 ans. 

Le rôle du bouddhisme dans les échanges 

Bien avant la dynastie des Tang, les colons chinois avaient importé leur culture et leur religion au Japon. Ils s’étaient installés sur l’archipel et avaient commencé à pratiquer les artisanats qui leur étaient familiers, comme la métallurgie et la maroquinerie. Parmi eux, la famille Sima (en pinyin chinois) / Shiba (transcription phonétique japonaise). Shiba Datto est le premier moine du Japon. Il a diffusé le bouddhisme au Japon, où cette religion a finalement été soutenue par la famille régnante. 

Mais les moines étaient jusqu’alors considérés comme des « moines sauvages » ou des autodidactes, parce qu’ils n’avaient pas observé les cérémonies et les rites pour leur ordination. Ce n’est qu’à l’époque des Tang que le Japon a décidé de renforcer le bouddhisme par des mesures protocolaires. 

Les moines de renom de l’autre côté de la mer ont été invités successivement. Parmi ceux-ci, Jian Zhen (688-763), qui a fait cinq voyages infructueux avant d’atteindre sa destination à l’âge de 65 ans. Son grand périple a été raconté dans un livre intitulé Le voyage en mer vers l’Est du grand bonze de la dynastie des Tang. Il a essuyé des naufrages, a été chassé par des bandes de bandits et a perdu la vue à cause d’une infection. 

Jian Zhen a séjourné au Japon pendant dix ans, durant lesquels il a fait entrer dans les ordres des membres de la famille régnante, dont l’empereur et l’impératrice. Il a donné des cours et fait construire des temples, dont le Toshodai-ji dans la ville de Nara. C’est d’ailleurs là qu’il repose. 

Architecture, urbanisme et arts 

Les délégations japonaises à Chang’an n’étaient pas composées uniquement d’étudiants. Elles comptaient aussi des fonctionnaires, des diplomates, des marchands, des ingénieurs et des moines. Ceux-ci emportaient des produits et des idées, dont des concepts architecturaux, lorsqu’ils retournaient au Japon. Les villes de Nara et Kyoto, par exemple, ont été construites sur le modèle de Chang’an. 

L’influence des Tang sur le Japon est également visible dans la riche collection d’objets soigneusement conservés par les empereurs et impératrices japonais, épris d’art, de calligraphie et de poésie chinoise. La plupart de ces objets se trouvent aujourd’hui au temple Todai-Ji, dans la ville de Nara. Ils sont exposés seulement une vingtaine de jours chaque année en automne. 

On y trouve entre autres un pipa à cinq cordes. Le pipa est un instrument de musique à cordes pincées traditionnel chinois. De nos jours, les pipas possèdent généralement quatre cordes. Cependant, ceux à cinq cordes étaient plus courants à l’époque des Tang. 

Cet instrument de musique est fait en bois de rose et incrusté de coquillages formant un motif de chèvrefeuille. Des dizaines de matériaux précieux ont été utilisés dans sa fabrication. Très probablement, il a été conçu en Chine et a voyagé jusqu’au Japon, car un instrument de musique si précieux et sophistiqué était rare au Japon à l’époque. 

On raconte qu’un haut fonctionnaire japonais s’est rendu dans la Chine des Tang pour apprendre la musique. Il est allé étudier auprès d’un éminent joueur de pipa, qui l’appréciait beaucoup et lui a même proposé d’épouser sa fille. Ce pipa pourrait être un cadeau du maître chinois à son disciple japonais. Deuxième possibilité : il s’agit d’un présent d’un empereur des Tang aux officiels japonais. 

Au-delà des caractères chinois utilisés dans l’écriture japonaise, on observe, dans la langue nippone, des mots dont l’origine se trouve dans le chinois de la région centrale. Ces mots sont probablement entrés dans la langue japonaise par les chants des bouddhistes dans les temples. 

De nos jours, les gens considèrent le kimono comme une mode japonaise. Il suffit de regarder les peintures murales de la dynastie des Tang pour comprendre qu’il s’agit d’un habit de l’époque. Toutes les femmes portaient une robe comme le kimono des Japonaises d’aujourd’hui. 

Au Japon, les emprunts à la Chine ont atteint leur apogée au VIIIe siècle. Les villes ont été reconstruites selon le plan d’urbanisation des Tang, tandis que les terres ont été nationalisées et réattribuées aux paysans selon la pratique chinoise. 

Et depuis des siècles, des légendes sont racontées sur le grand voisin de l’Ouest. Certaines, mi-historiques, mi-fantasmées, sont assez extravagantes : Gengis Khan, par exemple, aurait voyagé dans l’archipel où il serait devenu une source d’inspiration pour les samouraïs, selon les Japonais. 

Et Yang Guifei, au lieu d’être assassinée par des soldats pendant la rébellion d’An Lushan, aurait été sauvée et emmenée clandestinement par Nakamaro à Kyoto. Elle aurait passé le reste de sa vie dans un temple. Alors qui a été tué par les soldats ? L’empereur, toujours amoureux d’elle, aurait trouvé un sosie ! Plusieurs endroits au Japon sont même réputés être le tombeau de Yang Guifei…   

 
 
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