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Une nouvelle histoire pour une rue ancienne

2020-12-02 18:05:00 Source:La Chine au présent Auteur:MA LI
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Muhtar Abudurousuli (à dr.) et Lou Jianbo sont à la fois des partenaires et des bons amis.

 

Chaque mardi matin, Lou Jianbo, patron d’une imprimerie, et Muhtar Abudurousuli, qui a ouvert une clinique de médecine traditionnelle chinoise (MTC), se donnent rendez-vous au « Yijiaqin », un restaurant situé dans la rue Wangsan, dans le quartier de Hongqiao, à Aksu (Xinjiang), pour s’assurer de son bon fonctionnement. Ce restaurant compte 44 couples d’actionnaires jumelés ; parmi eux Lou Jianbo, d’origine han et Muhtar Abudurousuli, d’origine ouïgoure, qui sont à l’initiative de l’établissement. Les deux hommes d’affaires sont non seulement des partenaires commerciaux, mais aussi de bons amis. Leurs contacts amicaux remontent à l’année 2016.

 

La création du Yijiaqin

 

En décembre 2016, grâce à un programme mené conjointement par le quartier de Hongqiao et une équipe du Bureau des affaires civiles d’Aksu, 54 commerçants des rues Wangsan et Xinglong ont été jumelés.

 

Ces deux rues piétonnes commerciales sont célèbres dans le Xinjiang du Sud. Dans la rue Wangsan, 99 % des commerçants sont des Ouïgours ou sont issus d’autres minorités ethniques, alors que dans la rue Xinglong, 99 % des commerçants sont des Han. Avant le jumelage, la rue Xinglong attirait une grande affluence, tandis que les affaires dans la rue Wangsan stagnaient. Pourtant, après le jumelage, les commerçants des deux rues ont mis en place une interaction bénéfique. Ils se rassemblent régulièrement pour favoriser un développement commun. Grâce à leurs efforts, des établissements commerciaux symbolisant la solidarité interethnique ont été ouverts. Par exemple, le centre commercial Yijiaqin, le magasin de légumes Yijiaqin et le restaurant Yijiaqin. En chinois, « yijiaqin » signifie que les gens s’entendent comme s’ils étaient membres d’une même famille.

 

D’après Lou Jianbo, les commerçants jumelés ont besoin non seulement de se parler, mais aussi de se rendre visite. Comme la gastronomie peut les rapprocher, lui et Muhtar Abudurousuli ont décidé de créer un restaurant pouvant servir de lieu d’échanges.

 

Les deux camarades voulaient créer l’établissement grâce à un financement participatif, parce qu’ils souhaitaient encourager plus de commerçants jumelés à participer, afin de promouvoir les échanges entre les commerçants d’ethnies différentes. « Au début, dit Muhtar Abudurousuli, seulement une personne avait envie de nous rejoindre. »

 

Mis au courant de ce projet, le quartier de Hongqiao et l’équipe du Bureau des affaires civiles d’Aksu ont apporté leur soutien énergique. « Cela nous a rassurés, indique Muhtar Abudurousuli. Nous avons activement mobilisé les commerçants en leur expliquant le mode de fonctionnement et de co-opération du restaurant et ce que nous souhaiterions faire pour stimuler la solidarité interethnique et la réduction de la pauvreté. » Finalement, 88 commerçants jumelés ont décidé de devenir actionnaires du restaurant Yijiaqin. Celui-ci a ouvert ses portes en janvier 2018.
 

 

L’histoire de la rue Wangsan

 

La rue Wangsan est la seule rue portant le nom d’une personne à Aksu. L’histoire de Wang San est connue de tous dans cette ville.

 

Lors du règne Guangxu (1875-1908) de la dynastie des Qing (1644-1911), un marchand de Tianjin nommé Wang Fucai arriva dans le Xinjiang avec sa caravane. À Aksu, il tomba de son cheval et se cassa la jambe droite. Il reçut l’aide d’un habitant local ouïgour, qui l’accueillit dans sa famille. Wang Fucai mit plus d’une année pour se rétablir. Son hôte et lui devinrent ainsi des frères jurés. Pour approfondir leur fraternité, l’Ouïgour confia l’un de ses fils jumeaux à Wang Fucai. Ce garçon devint donc le fils adoptif de Wang Fucai et fut rebaptisé d’un nom han : Wang San. Plus tard, Wang San s’en alla à Tianjin avec Wang Fucai et découvrit la MTC et le commerce. À l’âge de 14 ans, il retourna à Aksu avec son père adoptif afin de revoir ses proches, mais malheureusement, il ne les retrouva pas. De ce fait, Wang Fucai acheta une grande étendue de terre à l’emplacement de l’ancienne maison des parents de Wang San pour établir un bazar, aujourd’hui devenu la rue Wangsan.

 

Aujourd’hui, le petit-fils de Wang San, Maihemaiti Tohti, est déjà dans la force de l’âge et travaille à la Radio Télévision Aksu. Durant son enfance, il écoutait souvent les histoires de son grand-père, racontées par son père. Depuis des décennies, ces deux descendants contribuent eux aussi à la solidarité interethnique.

 

« Pour nous permettre de garder en mémoire les relations intimes entre les Ouïgours et les Han, mon grand-père avait spécialement donné un nom han à mon père : Wang Shiying. Mon père m’a également donné un nom han, Wang Weihan, et mon fils est nommé Wang Hanqing. Nous souhaitons transmettre les relations amicales et harmonieuses entre les Ouïgours et les Han de génération en génération », confie Maihemaiti Tohti.

 

Maihemaiti Tohti et son partenaire jumelé, Zhao Qing, sont actionnaires du restaurant Yijiaqin. Leurs deux familles communiquent souvent et leurs enfants sont aussi devenus de bons amis.

 

La nouvelle histoire de la rue Wangsan

 

Muhtar Abudurousuli a également écouté les histoires de Wang San dans son enfance. Aujourd’hui, il veut à son tour agir pour la solidarité interethnique, en le prenant pour modèle.

 

En 1984, Muhtar a été admis à l’Université de médecine traditionnelle chinoise de Nanjing pour étudier la MTC. Après avoir obtenu son diplôme, il est retourné à Aksu en 1992 pour pratiquer la MTC. Selon lui, Wang San a guéri de nombreux malades ouïgours grâce à elle. Muhtar souhaitait suivre ses pas, c’est pourquoi il a décidé d’étudier cette médecine.

 

Ces dernières années, avec l’avancement continu du travail de jumelage entre Ouïgours et Han, les binômes de commerçants d’Aksu ne se limitent plus aux rues Wangsan et Xinglong. Aujourd’hui, la ville compte 398 commerçants jumelés qui continuent de transmettre la « nouvelle histoire » de la rue Wangsan à différentes ethnies, à travers leurs actions concrètes. Des associations de promotion de la solidarité interethnique ont même été créées au-delà d’Aksu.

 

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