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La poterie noire de Baima reprend vie

2020-03-06 11:13:00 Source:La Chine au présent Auteur:GUO QING
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Des employés de l’atelier de She Getai exhibent fièrement leurs poteries.

 

Le visage du potier est tout entier concentré, alors que ses mains façonnent avec dextérité un bol en argile noire sur un tour électrique dans un atelier du Parc industriel culturel de Baima, dans le département autonome tibétain Golog (province du Qinghai).

 

La fabrication de poterie noire, dont l’histoire remonte à des milliers d’années, est localisée spécifiquement dans la préfecture de Ngari (région autonome du Tibet), Yushu et Golog (province du Qinghai), ainsi que Dechen (province du Yunnan) sur le plateau Qinghai-Tibet et sert généralement pour un usage quotidien. Dans le district de Baima, situé à Golog, les techniques de fabrication de poteries noires transmises et développées depuis près de six siècles sont entrées sur la liste du patrimoine culturel immatériel national.

 

La poterie noire de Baima est utilisée pour fabriquer des récipients, des lampes, des jarres, des encens et des pots. Si elle est présente dans les foyers tibétains, c’est également un élément essentiel pour les activités religieuses et culturelles. Aujourd’hui, la poterie noire est à la fois un élément de la culture tibétaine et un gagne-pain pour les artisans locaux.

 

Les héritiers de la poterie noire de Baima

 

She Getai, 40 ans, est né dans une famille d’artisans de la poterie noire à Baima. À 12 ans, il a commencé à apprendre la poterie, la sculpture sur argile et la fabrication de masques auprès de son père. La fabrication d’un pot en poterie noire doit passer par de longues phases, qui incluent la recherche de la terre appropriée, le séchage, le broyage, la composition de la barbotine, la cuisson au four, le noircissement, le polissage, etc. D’un petit tas de terre à une œuvre d’art, cela implique 13 procédés de fabrication, ce qui nécessite non seulement des compétences élevées et une certaine force physique, mais également une grande patience.

 

« Quand j’étais enfant, mon père se fâchait quand j’étais distrait en tant qu’apprenti. Mais il ne m’a jamais puni. » Il se couchait souvent à 2 h ou 3 h, car il devait apprendre à la fois la poterie noire et la sculpture sur argile. Même si son père ne s’attendait pas à ce que son fils devienne un maître artisan, She Getai savait en son for intérieur qu’il devait donner le maximum de lui-même. « Mon père ne m’a jamais félicité, mais s’il n’émettait pas de critique, c’était le signe qu’il était satisfait », explique-t-il.

 

Il est actuellement l’un des rares artisans tibétains de la poterie noire à Baima. À l’âge de 16 ans, son père est décédé. Il a perdu tout intérêt pour la poterie et s’est tourné vers la peinture thangka, parcourant les provinces du Sichuan et du Qinghai pour y apprendre le métier et remporter de nombreux prix lors d’expositions culturelles durant cette période.

 

La concurrence est cependant forte à Golog dans le secteur du thangka, mais peu de gens connaissent l’art de la poterie noire. She Getai a donc fini par renouer avec sa passion pour la poterie et loué un atelier à Baima en 2007. Au premier étage, il ouvrit un magasin de matériaux de construction et de décoration d’intérieur et, au deuxième étage, un atelier. Il se consacra à l’amélioration des techniques de fabrication de la poterie noire et, six ans plus tard, il était prêt à exposer ses produits, suscitant un vif intérêt au niveau local. Certaines personnes manifestèrent également un intérêt pour l’apprentissage de ses compétences.

 

« En tant qu’héritier de la quatrième génération de la poterie noire, il est de mon devoir et de ma responsabilité de transmettre ces compétences », confie-t-il.
 

 

Une lignée ancienne

 

La particularité de la poterie noire de Baima réside dans deux facteurs. D’abord, son processus de production s’est raffiné au fil des siècles, et ensuite, elle se fabrique uniquement avec de la terre des monts Dengta, du district de Baima. « La terre est riche en minéraux et convient à la fabrication de la poterie noire », explique She Getai. Un pot fait avec de la terre locale a une surface légèrement rugueuse, mais il est solide et résistant aux températures élevées.

 

Afin de promouvoir la culture de la poterie noire et d’aider les communautés locales à en bénéficier, avec le soutien du gouvernement local, She Getai a créé en 2014 sa propre entreprise dans le Parc industriel de Baima, bénéficiant de loyers gratuits et de subventions gouvernementales. Son entreprise applique la modalité « employé plus apprenti » et recrute des jeunes issus de familles pauvres locales pour leur apprendre les techniques de la poterie noire. Il y a actuellement 19 apprentis, dont beaucoup viennent de foyers pauvres. Depuis la création de l’entreprise il y a cinq ans, 12 d’entre eux ont terminé leur apprentissage et peuvent fabriquer de la poterie noire de manière indépendante. Ils reçoivent une subvention d’environ 3 000 yuans par mois, ce qui allège considérablement la pression financière sur leur famille.

 

« Mon espoir initial était d’aider 19 familles pauvres à sortir de la pauvreté. Maintenant, j’espère que la technique de fabrication de la poterie noire de Baima se transmettra et que plus de gens pourront accroître leurs revenus en la maîtrisant », se réjouit She Getai.

 

Baima Norwo, un Tibétain de 19 ans, est l’un des apprentis de She Getai. Il a commencé son cycle chez She Getai à l’âge de 12 ans et est maintenant un potier qualifié. « Au début, je voulais juste gagner plus d’argent en apprenant ce métier, mais maintenant je ne peux plus m’en passer, explique-t-il. J’espère pouvoir continuer à travailler dans l’entreprise après avoir terminé mon apprentissage. La technique de fabrication de la poterie noire est complexe. Je n’ai fait qu’en effleurer la surface. »

 

La société dispose d’un petit local avec des étagères remplies de poteries défectueuses. Pour She Getai, il s’agit d’un témoignage précieux de la progression technique de ses apprentis. Il a recruté en septembre dernier deux nouveaux apprentis de l’ethnie han. « J’enseignerai gratuitement tant que des personnes, quel que soit leur groupe ethnique, voudront apprendre de moi. » Il souhaite valoriser ce savoir-faire traditionnel et aider davantage de gens à sortir de la pauvreté grâce à lui.
 

 

En route vers le marché mondial
 
Avec le développement du tourisme dans la région de Baima, la poterie noire est devenue un artisanat local prisé des touristes. Avec ses matériaux naturels, son caractère artisanal traditionnel et son style épuré, elle attire de plus en plus de gens.

 

« Il n’y a pas longtemps, un producteur de vin a personnalisé ses propres tasses avec la poterie noire, ce qui lui a valu de nombreuses commandes. La poterie noire est devenue non seulement un vecteur de la culture tibétaine à Baima, mais également un “secret” pour l’amélioration des revenus », remarque She Getai.

 

Afin de transmettre son art plus efficacement, et avec le soutien du gouvernement local, She Getai emmène souvent ses apprentis dans d’autres provinces pour y apprendre. Ils sont allés à Jingdezhen et à Shanghai pour étudier la fabrication de la céramique. Ils explorent des moyens d’innover en combinant tradition et modernité. « Une année, deux de mes apprentis sont allés étudier à Shanghai et sont revenus avec beaucoup de nouvelles idées, qui se sont avérées utiles pour notre nouvelle production », raconte-il.
 

 

Aujourd’hui, on peut voir la poterie noire de Baima dans de nombreuses grandes expositions d’art et d’artisanat à travers la Chine. She Getai note que son expérience la plus impressionnante avait été à l’Expo 2010 Shanghai, où plus de 20 articles qu’il avait apportés avait été écoulés dès le premier jour, à sa grande surprise. « Je ne m’attendais pas à ce que la poterie noire tibétaine soit si populaire dans les grandes villes côtières, et il y avait beaucoup plus de marchands disposés à les commander, ce qui m’a rendu optimiste quant à l’avenir de la poterie noire. »

 

Mais She Getai a certaines craintes. Comme tous les produits sont fabriqués à la main, l’insuffisance de la production reste un problème. « J’espère pouvoir avoir une cinquantaine d’apprentis d’ici cinq ans. Je vais enseigner gratuitement aux apprentis des ménages pauvres, comme je l’ai toujours fait. Ce métier leur permettra de bien gagner leur vie et d’accroître ma production. »

 

Évoquant l’avenir, She Getai est confiant. « À l’heure actuelle, nous avons établi des points de vente à Golog et à Xining. Ensuite, nous étendrons les canaux de vente de nos produits ailleurs que dans le Qinghai. Dans le même temps, une promotion en ligne est également nécessaire pour que davantage de personnes connaissent l’histoire et la culture de l’art de la poterie noire, précise-t-il. J’espère que la poterie noire de Baima pourra être transmise pour s’étendre au reste du monde. »

 

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