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La cité antique de Liangzhu : preuve tangible des 5 000 ans d’histoire de la civilisation chinoise

2019-09-02 18:13:00 Source:La Chine au présent Auteur:SHERRY QIN
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A Beijing, le 16 juillet 2019, suite à leur inscription sur la liste du patrimoine culturel de l’UNESCO, les ruines archéologiques de la cité de Liangzhu font l’objet d’une exposition au Musée du Palais impérial.

 

Shan Yujia, une fillette de douze ans, ne passait pas inaperçue parmi la foule de visiteurs au Musée du Palais impérial à Beijing. En effet, elle était vêtue d’une longue robe traditionnelle brodée de motifs floraux, assortie au délicat éventail en soie qu’elle tenait dans sa main.

 

Sa mère qui l’accompagnait et elle-même étaient venues découvrir l’exposition Liangzhu et la Chine ancienne : une civilisation de 5 000 ans illustrée par les jades, qui a ouvert ses portes au public le 16 juillet dernier.

 

« Dans ce costume, je me sens plus proche de la culture traditionnelle chinoise et de ces objets d’art en jade datant d’il y a 5 000 ans, a-t-elle déclaré. Quand j’ai appris que Liangzhu avait été désigné site du patrimoine mondial, j’ai tout de suite voulu venir voir cette exposition. »

 

Liangzhu, cité antique qui exista à l’époque du néolithique il y a 5 000 ans, était située non loin de l’actuelle Hangzhou (capitale de la province du Zhejiang), dans l’est de la Chine. Dix jours après l’annonce de son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO, des articles en jade des plus raffinés, notamment des ornements, des objets funéraires et des outils, ont été envoyés au Musée du Palais impérial pour y être présentés dans le cadre d’une exposition, d’une durée de trois mois.

 

Ces articles provenant d’une cité naguère florissante, capitale d’un royaume au centre de la vie politique et culturelle de la Chine, représentent un héritage inestimable. Ils lèvent le voile sur un pan de civilisation jusque-là inconnu des historiens et fournissent la preuve irréfutable du passé cinq fois millénaire de la civilisation chinoise.

 

 

Les jades de Liangzhu

 

Au fil des siècles, la Chine a toujours voué un culte au jade. Au-delà de leur fonction ornementale, les objets en jade sont le reflet des rituels, de la stratification sociale et de l’art de leur époque. Les jades de Liangzhu, eux, se caractérisent par leurs lignes fines et leurs motifs décoratifs qui dépeignent les croyances des habitants de cette cité. Ils pensaient alors que les amulettes et les breloques taillées en jade leur conféraient une protection et même un pouvoir magique, permettant aux humains d’entrer en dialogue avec les dieux.

 

À l’exposition, l’objet en jade le plus éblouissant est un cong, un article funéraire ayant appartenu à un roi de Liangzhu. Cet objet de forme carré, avec un trou rond en son centre, est gravé de lignes et de visages de monstres. Ce motif n’était autre que l’emblème du roi, homme alors considéré comme l’incarnation de dieu, servant d’intermédiaire entre le ciel et la terre.

 

« J’ai été fort impressionné par ce cong, nous a confié un touriste brésilien. J’ai aussi apprécié le sens philosophique de cet objet, car j’ai appris que le carré et le rond représentent respectivement la terre et le ciel. »

 

« Liangzhu avait instauré une société rituelle autour d’une certaine hiérarchie et le jade était l’incarnation de ce système social », a indiqué Jiang Weidong, directeur adjoint du comité de gestion du quartier où se trouve le site archéologique de Liangzhu à Hangzhou. Alors que les personnes de noble extraction étaient enterrées avec des jades finement sculptés, les gens du peuple emportaient dans leur tombe des céramiques tout au plus.

 

D’après la datation par le radiocarbone des pièces en jade exposées, cette culture aurait existé entre 3300 et 2300 av. J.-C. Auparavant, les archéologues avaient très peu d’informations sur cette période de l’histoire chinoise. Les nouvelles preuves découvertes sur les 135 sites du patrimoine culturel de Liangzhu corroborent ainsi l’affirmation, autrefois controversée, selon laquelle les Chinois sont les héritiers d’une longue tradition culturelle, ininterrompue depuis 5 000 ans.
 

 

Le site archéologique de Liangzhu

 

Un jour après son classement au patrimoine mondial, le site archéologique a ouvert ses portes au public sous le nom de Parc du site archéologique de Liangzhu. Les visiteurs peuvent désormais venir contempler ses gigantesques vestiges historiques, tels que les fondations des remparts autour de la cité et les tombeaux de la famille royale. « Contrairement à d’autres sites du patrimoine mondial, tels que le complexe pyramidal de Gizeh en Égypte, de nombreuses structures à Liangzhu sont trop fragiles pour être ouvertes au public », a fait savoir M. Jiang.

 

Le parc propose donc de nombreux programmes interactifs pour permettre aux visiteurs de s’immerger dans la vie quotidienne telle qu’elle était il y a 5 000 ans. Dans cet espace équipé des dernières technologies, notamment la 5G et la réalité mixte qui fusionne réel et virtuel, les visiteurs peuvent « voir » les structures souterraines et « toucher » les objets de jade finement sculptés. Ils peuvent même « déterrer » des répliques d’anciens outils de pierre et de jade dénichés sur le site, une activité donnant un avant-goût des fouilles archéologiques.

 

Tout comme l’Égypte se développa autour du delta du Nil et comme l’ancienne Mésopotamie vit le jour entre les fleuves Tigre et Euphrate, c’est dans le delta du Yangtsé que la population de Liangzhu pava la voie à la civilisation chinoise en concevant un système d’irrigation qui relève du génie. Entre 5300 et 4300 av. J.-C., elle aménagea un immense système hydraulique, comprenant des canaux artificiels, des fossés et des écluses, lequel permettait de réguler les eaux dans le delta du Yangtsé.

 

Par la suite, la population de Liangzhu comprit comment domestiquer les animaux et cultiver la terre, et fonda alors une société stable. « Les ruines archéologiques de Liangzhu constituent des ressources d’une valeur sans précédent pour l’étude de la planification urbaine chinoise », a fait remarquer M. Jiang.

 

Reconnaissance du patrimoine mondial
 
Le 6 juillet dernier, le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO a inscrit le site archéologique de Liangzhu au patrimoine mondial lors de sa 43e session, à Bakou en Azerbaïdjan. Outre Liangzhu, les sanctuaires d’oiseaux migrateurs le long du littoral de la mer Jaune et du golfe de Bohai à Yancheng, dans la province du Jiangsu à l’est de la Chine, ont été ajoutés sur la liste du patrimoine naturel mondial.

 

Le comité a reconnu la « valeur universelle exceptionnelle » de Liangzhu, qu’il décrit comme « un exemple exceptionnel de civilisation urbaine ancienne ». Une consécration pour ce site qui intervient plus de 80 ans après qu’il fut découvert par un archéologue local en 1936.

 

D’après M. Jiang, le président chinois Xi Jinping a joué un rôle dans cette nomination. Entre 2002 et 2007, alors que Xi Jinping était secrétaire du Comité du Parti communiste chinois pour la province du Zhejiang, il avait visité à plusieurs reprises le site archéologique et le musée de Liangzhu.

 

En 2003, afin de protéger la structure souterraine de la cité antique, tous les sites miniers autour de Liangzhu avaient été fermés. Mais un petit nombre d’entre eux étaient encore exploités dans la ville voisine de Huzhou. Xi Jinping s’était alors rendu à Huzhou et avait ordonné, en collaboration avec le gouvernement local, l’arrêt des activités minières. Grâce à ses efforts, la structure globale de la cité antique a été parfaitement préservée, a précisé M. Jiang.

 

L’exposition au Musée du Palais impérial finit par des objets en jade datant de périodes plus récentes, qui reflètent l’influence qu’ont exercée les jades de Liangzhu. Les Chinois chérissent cette gemme, estimant même qu’elle serait source de puissance et de prestige. Une croyance qui s’est transmise de génération en génération. Aujourd’hui, le jade est toujours un cadeau précieux, symbole de vertu, paix et pouvoir.

 

La découverte et la reconnaissance de Liangzhu ont apporté de nouvelles connaissances sur une période de l’histoire de la Chine, tout en incitant davantage de jeunes Chinois, comme Shan Yujia en habits traditionnels, à venir découvrir les trésors de cette civilisation cinq fois millénaire.

 

*SHERRY QIN a été journaliste stagiaire à Beijing Information.

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