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Bruno Barbey : mémoire en couleurs sur la Chine

2019-09-02 17:57:00 Source:La Chine au présent Auteur:ZHOU JIN
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En 1973, lors de la visite du président français Georges Pompidou en Chine, le photographe Bruno Barbey, en tant que journaliste accompagnant, a enregistré des scènes de vie chinoise de l’époque, par exemple, devant la place Tian’anmen où passe une équipe de jeunes pionniers portant des foulards rouges et des chemises blanches. On voit ces petites filles qui tournent la tête alors qu’elles marchent, regardant curieusement le photographe qui les prend en photo. 

Le 18 juillet 2019, l’exposition photographique de Bruno Barbey, intitulée Discovering China as it is, a ouvert ses portes au Musée national des beaux-arts de Chine, présentant une cinquantaine de photos prises en Chine entre 1970 et 1980. Les œuvres sont des images en couleurs, rares à cette époque, montrant Beijing, Shanghai, le Sichuan, le Guangxi, le Jiangsu et d’autres lieux. Il s’agit d’une Chine telle qu’elle apparaissait alors aux yeux d’un photographe étranger. Le public a donc eu la chance de voir la vie et l’état d’esprit des Chinois de l’époque. Les villes et les villages, les enfants et les personnes âgées, les événements historiques majeurs et les parcours de vie des citoyens ordinaires sautaient littéralement aux yeux. 

M. Barbey a enregistré non seulement les années passées en Chine, mais aussi les énormes changements qui ont accompagné l’évolution de la civilisation traditionnelle vers la modernisation. 

Images en couleurs de la Chine nouvelle 

Au cours des dernières décennies, de nombreux photographes occidentaux ont photographié la Chine. Mais la plupart d’entre eux prenaient des photos en noir et blanc, alors que Bruno Barbey a révélé une Chine aux couleurs vives. 

Étant l’un des photographes de Magnum Photos (l’une des institutions de photographie les plus influentes au monde) qui a pris l’initiative d’utiliser un film en couleurs dans les années 1960 et 1970, la Chine a provoqué a une profonde émotion chez Bruno Barbey, impressionné en particulier par les vêtements sombres et monotones dans les rues : les uniformes bleu foncé des ouvriers, les tenues militaires vert kaki et les costumes gris à la Sun Yat-sen (au col fermé et quatre poches extérieures) des gens ordinaires. 

Il a déclaré être très honoré de visiter la Chine plusieurs fois, son premier voyage remontant en 1973. De son point de vue, il est très facile de prendre des photos en Chine pour un étranger, car les Chinois sont très polis et modestes. Du fait que je suis un étranger, les gens sont peut-être plus tolérants, a-t-il expliqué. 

Comparés au paysage, M. Barbey accorde plus d’attention aux hommes, femmes, personnes âgées et enfants : une vieille femme travaillant tranquillement dans une sombre maison rurale, un grand-père à la longue barbe blanche de Chengdu exploitant la pompe pour distribuer de l’eau potable aux habitants, un homme solitaire plongé dans ses réflexions assis sur un orteil du Bouddha géant des monts Leshan... 

À l’âge d’or du photojournalisme, Bruno Barbey se tenait en première ligne de l’actualité. Ses yeux ont capturé chaque instant de l’histoire chinoise. 

Des photographies de M. Barbey, nous constatons aujourd’hui que les années 80 sont devenues une part de notre histoire. Comme l’a souligné le professeur Dong Qiang du Département de français de l’université de Beijing : « Les photographies de M. Barbey me permettent de voir ou de revoir les couleurs réelles de la Chine de mon enfance, et même des souvenirs qui se sont estompés pour nous-mêmes. »

 

Des rizières près des monts Leshan en 1980

 

Témoin des grands changements de la Chine 

Né au Maroc en 1941, Bruno Barbey a la double nationalité : française et suisse. À l’âge de 25 ans, il est devenu membre de Magnum Photos. 

En cinq décennies, il a parcouru les cinq continents. Ses œuvres ont paru dans les principaux magazines du monde entier et il a publié une trentaine d’albums. Il a également reçu de nombreux prix, dont la Décoration de chevalier de l’ordre du mérite en 1982. En 2016, il a été élu membre de l’Académie des beaux-arts. Ses œuvres ont été exposées dans le monde entier et font partie de la collection de nombreux musées. 

Bruno Barbey a affirmé qu’il avait eu le privilège de découvrir la Chine il y a bien longtemps et que les changements de ce pays étaient impressionnants. En 2019, il a publié un album de photos présentant l’évolution de la Chine de 1973 à 2018. 

Quand il a évoqué sa première visite de Shanghai à Pudong pour prendre des photos, il a fait remarquer qu’il y avait de grandes exploitations agricoles, des cultures et quelques chantiers navals. Mais aujourd’hui, les gratte-ciel y sont omniprésents. 

Il est revenu en Chine sept ans plus tard, en 1980, au Sichuan, dans le sud-ouest du pays. Il s’est rappelé, quand il prenait des photos, qu’il était possible d’être suivi par des foules de gens, très curieux de lui. Aujourd’hui, a-t-il ajouté, la Chine est devenue un pays que de nombreux touristes étrangers viennent visiter chaque année et où tout le monde photographie avec son téléphone portable. Lui et son appareil photo ne font donc plus l’objet de toutes les curiosités. 

Chaque fois qu’il vient en Chine, il prend de nouvelles photos, dans l’intention de faire connaître aux gens comment la Chine a complètement changé. Il a dévoilé que c’était aussi le bon moment pour accumuler des images et des documents sur la Chine. 

Il a cité les cas de Shanghai, Beijing ou Chengdu, qui ont beaucoup changé dans son esprit. Beaucoup de vieux quartiers ont disparu et à leur place, de nouvelles communautés ou de grands bâtiments ont été construits. Mais c’est très intéressant selon lui, car cela illustre l’essor de la Chine et ses grandes réalisations au cours des décennies.

 

 

Le photographe documentaire Elliott Erwitt a dit que la photographie était l’art de l’observation. Quant à Bruno Barbey, il est toujours capable de découvrir le plaisir dans l’ordinaire du quotidien. Des années d’expérience en matière de prise de vues lui ont permis de développer une superbe technique : pour ne pas déranger le sujet, il est capable de tenir l’appareil photo avec sa main au niveau de la taille et d’appuyer sans arrêt sur le déclencheur sans même regarder le cadre. 

Partout où il est présent, son plus grand intérêt porte sur les gens. Il prête attention à la vie dans les rues, où il photographie des gens qui s’arrêtent et les bâtiments en arrière-plan. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a toujours choisi de vivre dans un quartier d’affaires central et animé. 

Bruno Barbey aime aussi faire des portraits. Même s’il photographie des bâtiments, il se plaît à inclure des gens, car, à son avis, cela permet de voir un ratio dans l’image, la relation entre les personnages et les bâtiments, ainsi que la scène d’antan. Il se fait aussi un plaisir d’aborder des questions sociales à travers sa photographie et ne se considère pas comme un photographe qui prend simplement des paysages. 

Depuis 1973, il photographie inlassablement la Chine. La persistance d’une si longue période découle de son espoir de saisir les changements chez les jeunes d’aujourd’hui. En fait, ce n’est pas seulement la Chine qui l’intéresse, il est attiré par tous les pays modernes, qui, à ses yeux, connaissent non seulement un développement et un renouvellement sans précédent, mais renferment aussi une histoire ancienne. 

La Chine a une histoire de plus de 5 000 ans et Bruno Barbey n’est donc pas seulement préoccupé par la civilisation urbaine, mais aussi par les changements rapides dans les campagnes. Pour lui, la Chine a un niveau de modernisation très élevé et il pense que, lorsque la ville se développe, elle devrait conserver son côté ancien pour atteindre un bon équilibre entre tradition et modernité.

 

*ZHOU JIN est journaliste de China pictorial.

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