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La plénitude par le mouvement

2021-03-02 17:52:00 Source:La Chine au présent Auteur:XIA YUANYUAN
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Au matin du 4 décembre 2019, à Chengdu (Sichuan), un habitant fait du taijiquan dans une ruelle.
 
Vêtu d’une tenue de taijiquan en soie blanche, Halvin Pierre Junior Bessayi, 23 ans, exécute les séquences fluides de cet art martial traditionnel. « Je me sens en harmonie avec la nature et mon entourage », confie-t-il. Étudiant gabonais en master en diplomatie à l’Université des affaires étrangères de Chine, M. Bessayi s’est familiarisé avec divers aspects de la culture chinoise depuis qu’il vit en Chine, dont le taijiquan. « Enfant, j’adorais regarder les films d’action et de gongfu avec Bruce Lee, Jackie Chan et Jet Li. J’ai toujours voulu en savoir plus sur ces arts martiaux étonnants. »

 

Le taijiquan est pratiqué dans le monde entier. Le 17 décembre 2020, il a été ajouté à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO, qui le décrit comme étant « une pratique physique traditionnelle caractérisée par des mouvements détendus et circulaires associés à un contrôle de la respiration et à l’entretien d’un esprit neutre et droit ».

 

« J’ai ressenti beaucoup de fierté quand j’ai entendu la nouvelle. Cet ajout est d’une grande importance pour la promotion du wushu (art martial), et en particulier du taijiquan, au niveau mondial », souligne-t-il.

 

Origine du taijiquan

 

Le taijiquan est composé des caractères chinois qui signifient « suprême » (太tai), « ultime » (极ji) et « poing » (拳quan). Il existe différentes théories sur l’origine de cet art martial. La légende veut que le sage Zhang Sanfeng, de la dynastie des Song (960-1279), ait développé le taijiquan après avoir été témoin d’un combat entre un moineau et un serpent. Une autre théorie remonte au milieu du XVIIe siècle, à Chenjiagou, village du district de Wenxian (Henan). Chen Wangting, général à la retraite et chef de village, aurait ajouté des éléments de la philosophie chinoise à son entraînement quotidien de gongfu pour créer le taijiquan de style Chen. La croyance populaire veut que de nombreux styles modernes de taijiquan soient dérivés de ce style.

 

Outre le style Chen (陈), les formes de taijiquan les plus pratiquées aujourd’hui comprennent le style Yang (杨), le style Wu (武), le style Wu (吴) et le style Sun (孙), chacun possédant ses spécificités. À l’heure actuelle, le style Yang est le plus répandu.
 
Photo prise le 8 août 2020, dans le temple des ancêtres du taijiquan à Chenjiagou, à Jiaozuo (Henan)

 

Équilibre entre force et souplesse

 

Pour M. Bessayi, le taijiquan est très différent de ce qu’il imaginait. Dans son esprit, le gongfu chinois était puissant, rapide et agressif, à l’image du tigre, tout en conservant une certaine grâce dans les mouvements. Après son arrivée en Chine, il a cependant pu voir des personnes âgées pratiquer cette chorégraphie lente et synchronisée.

 

« Je me suis arrêté pour observer leurs mouvements de plus près. Cela m’a fasciné, et le lendemain, au moment de l’inscription, je suis allé au secrétariat de l’université pour sélectionner cette activité facultative », se remémore-t-il. Pour lui, contrairement à l’approche puissante du gongfu de Shaolin, le taijiquan se caractérise par une alternance entre des mouvements souples et forts, lents et rapides, et met l’accent sur la détente et le calme. Les mouvements de base du taijiquan reposent sur les wubu (cinq pas) et les bafa (huit techniques) suivis par une série d’enchaînements et d’exercices, et par les tuishou (poussées de mains avec un partenaire).

 

Influencé par le taoïsme, la pensée confucéenne et les théories de la médecine traditionnelle chinoise, le taijiquan est un art martial interne, utilisant l’énergie interne, et suivant le principe simple d’« équilibre entre la force et la souplesse ». Il met l’accent sur le cycle yin et yang, exprimant le flux continu d’énergie dans un mouvement circulaire qui génère deux forces opposées censées interagir et s’équilibrer l’une l’autre pour donner vie au monde physique et métaphysique.

 

Une bonne santé mentale et physique

 

Le taijiquan connaît une grande popularité. Menant une vie de plus en plus effrénés, nous recherchons une autre voie visant la longévité, la réduction du stress et l’amélioration de la santé par des pratiques physiques mais également spirituelles.

 

« Dans les grandes villes plus particulièrement, les gens sont constamment sollicités et stressés. Ils ont besoin de calme et de détente, et c’est ce que leur apporte la pratique du taijiquan. Ces exercices lents sont bénéfiques pour la santé mentale et physique », explique Chen Sitan, fondateur et président de la TCQAA (Tai Chi Qigong Association of America), dans une interview.

 

Le taijiquan présente de nombreux avantages aux niveaux physique et émotionnel, notamment la diminution de l’anxiété et de la dépression et l’amélioration des capacités cognitives. Il peut également aider à gérer les symptômes de certaines maladies chroniques, telles que la bronchopneumopathie chronique obstructive, selon la TCQAA.

 

En Afrique du Sud, le taijiquan fait de nombreux adeptes. Abdul Kader Baynes, président de la South Africa taijiquan Authority, a noté que la population souffrait de plus en plus de maladies chroniques, ainsi que de douleurs articulaires, en particulier les jeunes. « Il est essentiel d’apprendre à s’occuper de son bien-être. [Le taijiquan] convient vraiment à tout le monde », explique-t-il.

 

Pour Moussa Paul Korongo, étudiant malien de 28 ans, la pratique du taijiquan est une façon d’unir le corps et l’esprit. « En poursuivant la plénitude du moi à travers le taijiquan, je m’améliore en termes de persévérance, de patience et de concentration. »

 

Une porte ouverte sur la culture chinoise

 

Pour Derrick Okuku, 18 ans, et des dizaines d’autres jeunes de la Children’s Garden Home and School, à Nairobi (Kenya), le taijiquan est l’occasion de découvrir la culture chinoise.

 

Il connaissait peu la Chine avant sa rencontre avec son professeur de gongfu, Li Hao, 22 ans. En 2018, M. Li s’est porté volontaire au sein du groupe TUNZA Africa International Volunteer (TAIV), une plateforme de volontariat et de stage en Afrique à l’attention des jeunes Chinois. Dès son arrivée à la Children’s Garden Home and School, il a préparé un cours. « Le taijiquan est un moyen pour ces jeunes de mieux comprendre la culture chinoise. Il ne s’agit pas seulement d’un sport, c’est aussi une culture et une philosophie incluant l’art de vivre chinois. »

 

En Tunisie, cet art martial permet aussi de découvrir la culture chinoise. À Tunis, Bedis Zouiten est connu pour être l’un des plus talentueux professeurs de taijiquan en Afrique. Il a acquis ses compétences auprès de disciples de grands maîtres chinois et, depuis plus de 20 ans, il forme des pratiquants dans tout le pays. « Le taijiquan est un art martial interne. C’est un état d’esprit et une source puissante d’inspiration. Il reflète la beauté de la culture chinoise, tout simplement », indique-t-il.

 

Les amateurs sont issus de nombreuses régions et de nombreux milieux sociaux. M. Zouiten est ainsi convaincu de diffuser un message de paix par le biais de cet art martial.

 

Un mode de transmission innovant

 

Par le passé, le taijiquan se transmettait uniquement de maître à disciple. De nos jours, le gouvernement chinois a pris des mesures pour le diffuser. À l’Université Jiaotong de Xi’an, le taijiquan est ainsi un cours obligatoire depuis 1998.

 

Le taijiquan est aussi largement diffusé sur Internet. Ye Yongxiang, sixième génération d’héritiers du taijiquan de style Yang, a commencé à l’enseigner en ligne pour toucher un maximum de personnes dans le monde.

 

Née au milieu des années 1980 à Shanghai, elle a appris le taijiquan avec sa mère, qui pratiquait les arts martiaux au niveau professionnel. Elle a commencé à s’entraîner à l’âge de huit ans sans discontinuer. Suivant sa vocation, elle a créé sa propre école de taijiquan à Shanghai en 2017. Puisant dans les ressources de la communauté chinoise en pleine expansion sur les réseaux sociaux, elle utilise désormais la diffusion en ligne pour toucher un plus grand nombre de personnes.

 

Grâce à son langage précis et accessible et à ses démonstrations sous différents angles, Mme Ye est désormais appelée la « Déesse du taijiquan » en Chine. Son compte Weibo dénombre aujourd’hui plus de 70 000 abonnés et ses interventions dans des conférences universitaires en ligne attirent des milliers de jeunes vers cet art martial ancien.

 

Au cours de ses deux décennies, Mme Ye a observé un changement de mentalité envers le taijiquan, qui était auparavant valorisé pour son aspect physique uniquement. « Le taijiquan est tout sauf figé et il continuera à s’adapter au fil du temps. Nous vivons dans un monde où les tentations et les distractions sont nombreuses. Nous devons nous construire une grande force intérieure. Certains peuvent parfois se sentir incapables de faire face à la vie en général. Le taijiquan permet de s’épanouir de manière harmonieuse », déclare-t-elle.

 

Selon Zhang Shan, ancien vice-président de l’Association chinoise de wushu, on comptait plus de 50 millions de pratiquants en Chine en mars 2019, et plus de 150 pays et régions proposent des programmes de taijiquan. Cet art martial est pratiqué régulièrement par plus de 150 millions de personnes dans le monde.

 

*XIA YUANYUAN est journaliste à CHINAFRIQUE.
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