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Des chefs de rivière garants de la propreté des eaux

2018-01-31 16:59:00 Source:La Chine au présent Auteur:LUO YUANJUN, membre de la rédaction
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Le mois d’août tire à sa fin et malgré l’arrivée imminente de l’automne, la température est encore estivale lorsque nous nous rendons à Jing’an, à 37 km de la ville de Nanchang, capitale du Jiangxi. Dans la vallée, la chaleur est moins étouffante ; sous nos yeux s’étendent des montagnes verdoyantes sillonnées de cours d’eau clairs.

Nous avons décidé de visiter un village traversé par l’une de ces rivières afin de percer le mystère qui se cache derrière des eaux si limpides.

 

Les journalistes font l’expérience du ramassage de déchets à
bord d’un radeau en bois, sur la rivière Beiliao.

 

 

Le système des « chefs de rivière »

 

En janvier 2015, le district de Jing’an a été nommé pour faire partie des districts pilotes du pays à la recherche d’un système innovant de contrôle et de protection des rivières et des lacs. Un essai qui doit s’étaler sur trois ans.

Nous arrivons au bord de la rivière Beiliao, une rivière qui coule tout près de Jing’an. Nous apercevons des habitants qui sont en train de laver leurs légumes dans la rivière et des pêcheurs à la ligne. Au milieu de la rivière, un radeau flotte, sur lequel un homme est en train de chanter. Nous ne comprenons pas son dialecte, mais nous constatons que cet homme est occupé à ramasser les ordures qui polluent la rivière.

 

Il s’appelle Wang Qiming ; il est à la fois directeur du comité des villageois du village de Hebei qui dépend du bourg de Shuangxi, et chef de rivière. Lorsque nous le rejoignons, il est en train de vider dans un panier de rotin les ordures qu’il a récupérées à l’aide d’une perche équipée d’un filet. « Même au moment des crues, l’eau de cette rivière reste jaune clair, alors qu’autrefois, elle devenait rouge, raconte Wang Qiming. Avant, quand la rivière était en crue, des ordures blanches flottaient à la surface ; maintenant on ne voit plus ça. »

 

 

Un bon environnement autour de la rivière Beiliao, grâce à
l’assainissement entrepris par les « chefs de rivière »

 

Une fois nommé parmi les districts pilotes du pays pour l’innovation en matière de contrôle et de protection des rivières et des lacs, Jing’an a très vite élaboré son plan d’action. Lorsque celui-ci a été ratifié, le district a organisé le 17 août 2015 une réunion pour mettre en place, à chaque niveau de division administrative (village, bourg et district), le système des chefs de rivière. Zeng Jianping, chef adjoint du district de Jing’an qui est également chef de rivière au niveau du district, a indiqué : « Il y a au total 63 cours d’eau de plus de deux kilomètres de long dans tout le district. Autrefois, certaines entreprises de notre district jetaient leurs déchets dans les rivières et les habitants y déversaient aussi leurs ordures. Ici aussi, nous avions des problèmes de pollution. »

 

« L’aménagement des rivières concerne tout le monde. Le plus important, c’est de désigner des responsables pour s’occuper du contrôle et de la protection des rivières. Le comité du Parti et le gouvernement local partagent les mêmes responsabilités. Ce sont les divisions administratives auxquelles les rivières appartiennent qui doivent endosser les responsabilités, souligne Zeng Jianping. Pour un meilleur aménagement de notre rivière mère, nous avons décidé d’agir sur trois fronts. D’abord, il fallait arrêter de déverser les eaux usées dans les rivières. Tous les bourgs ont établi un système de traitement des eaux usées et se sont mis à développer l’agriculture biologique ; des pesticides bio et des engrais bio sont distribués dans tout le district. Pour ce qui est de l’industrie, Jing’an est le district modèle en termes de bas carbone. Deuxièmement, au cours de ces deux dernières années, nous n’avons ratifié aucune ouverture de mine et nous en avons fermé quatre qui avaient provoqué l’érosion du sol. Troisièmement, nous avons établi un système de tri et de réutilisation des déchets. Jing’an est un district modèle dans ce domaine. »

 

Les 24 et 25 octobre 2016, la première table ronde nationale sur le système des chefs de rivière s’est tenue à Jing’an, ce qui semble indiquer que les pratiques du district sont approuvées, observe Wang Shiqin, directeur du bureau des affaires générales de la Commission du contrôle et de la protection des rivières et des lacs et directeur du Bureau des eaux du district de Jing’an. Depuis deux ans, plus de 200 groupes de spécialistes sont venus à Jing’an pour tirer un enseignement des expériences menées par le district pilote. « Nous ne sommes pas les premiers à avoir lancé le système des chefs de rivière, mais nos pratiques ont été approuvées par le ministère des Ressources en Eau. D’abord, nous avons élaboré un très bon plan d’action ; ensuite nous avons pris des mesures efficaces qui nous ont permis d’obtenir des résultats remarquables ; nous avons ainsi élaboré un système qui peut maintenant être mis en place dans d’autres régions. Le niveau de pollution des rivières de notre région est moins alarmant que celui des rivières des régions économiquement plus développées, et nous avons pu établir un mécanisme à long terme qui met l’accent sur la protection », confie Wang Shiqin.

 

 

Wang Qiming, chef de rivière

 

Le développement du volontariat

 

Lorsque nous avons visité le Centre de contrôle et de surveillance des rivières et des lacs du bourg de Shuangxi, nous avons vu un panneau d’affichage qui précisait qu’en dehors des chefs de rivière employés à chacun des trois niveaux administratifs, des volontaires pouvaient également être nommés chefs de rivière, ce qui leur donnerait droit à des avantages, comme prendre le bus ou aller au cinéma gratuitement, ou passer un examen médical gratuit. Selon Wang Shiqin, ce système de volontariat mis en place en juin 2017 dans le district de Jing’an est considéré comme une version améliorée du système des chefs de rivière. Les volontaires s’occupent principalement des sections de rivière proches de chez eux. Le recrutement se fait indépendamment du gouvernement. Grâce à ce système soutenu par les politiques, n’importe quel villageois peut devenir chef de rivière volontaire.

 

L’amélioration de la qualité de l’eau a permis d’attirer plus de touristes dans le district de Jing’an. En 2016, le district a accueilli huit millions de touristes, un chiffre qui s’élevait déjà à cinq millions à la fin du premier semestre 2017. Les villageois en ont également profité et se sentent désormais concernés par la protection des rivières et des lacs. « Lorsque j’ai été nommé chef de rivière, des tas d’ordures flottaient sur la rivière ; même le long des rives, c’était vraiment sale. J’ai réussi à convaincre les villageois de ramasser les ordures. Je leur ai dit que maintenant qu’ils m’avaient élu chef de rivière, ils devaient me soutenir. J’ai dû revenir à la charge et au bout d’un moment, la situation a fini par changer. Pour le moment, il y a 38 chefs volontaires dans tout le district, dont 4 dans notre village », explique Wang Qiming.

 

Un nettoyeur ne reçoit pas plus de quelques centaines de yuans (moins de 100 euros) par mois alors qu’il effectue pourtant le ramassage des ordures au moins deux fois par jour sur des portions de rivières de plusieurs kilomètres. Avant, peu de personnes demandaient cet emploi, mais à l’heure actuelle, il y a de la concurrence. « D’une part, parce que les rivières sont plus propres, il y a donc moins de travail ; d’autre part, parce que tous les villageois ont pris conscience de l’importance de la protection de l’environnement. Ce progrès est attribué à la campagne de sensibilisation lancée par le gouvernement », explique Wang Shiqin.

 

 

La contribution scientifique et technique au système des chefs de rivière

 

Lorsque Wang Qiming effectue sa tournée d’inspection sur la rivière, il prend des photos qu’il poste ensuite sur le groupe Easychat qui a été créé par la Commission de contrôle et de protection des rivières et des lacs du district de Jing’an qui sert de plate-forme connectant toutes les personnes liées au contrôle et à la protection des rivières et des lacs. Si l’on découvre que des entreprises rejettent des déchets clandestinement et que les rivières sont polluées, on doit poster au plus vite des photos sur Easychat afin que les chefs de rivière des trois niveaux puissent réagir en conséquence.

 

« Chaque jour, je commence ma tournée d’inspection à 7 h du matin, et j’arrive au bureau du village à 8 h. Je quitte le bureau à 18 h et je refais une tournée d’inspection avant de rentrer chez moi. Entre-temps, si je constate des problèmes, soit je les résous moi-même, soit je contacte les nettoyeurs ; le groupe Easychat est le moyen de communication que nous utilisons le plus, explique Wang Qiming. Les personnes qui s’occupent du contrôle et de la protection des rivières et des lacs dans les différents villages postent régulièrement des photos, pas seulement pour montrer qu’il y a des déchets dans les rivières ou sur les rives, mais plutôt pour que les supérieurs puissent voir à tout moment l’état des rivières. »

 

Le bourg de Shuangxi a par ailleurs installé des caméras de surveillance dans neuf villages et mis en place un réseau de vidéosurveillance pour la prévention des crues. Le chef de rivière au niveau du bourg peut ainsi surveiller, de son bureau, toutes les rivières et tous les lacs.

 

« Des experts de la Banque mondiale ont entendu parler du système de chefs de rivière établi dans notre district et sont venus sur place pour observer notre travail. Impressionnés, ils ont négocié avec les dirigeants du district pour lancer un projet de centre de surveillance et de régulation des eaux, projet pour lequel le total des investissements devrait s’élever à 50 millions de yuans. À l’heure actuelle, le projet en est à la phase d’élaboration d’un plan de travaux. Grâce à cela, nos moyens et notre rôle de surveillance seront considérablement renforcés », précise Wang Shiqin.

 

« Le soutien technique apporté par le projet permettra d’améliorer considérablement le système des chefs de rivière. À l’avenir, le traditionnel compte-rendu du chef de rivière sera remplacé par un système de surveillance high-tech grâce auquel nous pourrons contrôler la quantité et la qualité des eaux, et analyser au mieux les changements environnementaux qui surviennent sur le réseau fluvial et les berges. Grâce à ces analyses synthétiques, nous obtiendrons des résultats plus pertinents. », observe Zeng Jianping.

 

Actuellement, la qualité des eaux qui proviennent du district de Jing’an est garantie au niveau II selon les normes nationales. Cela signifie que si elles passent par un cycle de purification obéissant à des règles précises (floculation, précipitation, filtrage et stérilisation), ces eaux deviennent potables. Lors des crues, la qualité des eaux se dégrade dans une certaine mesure et atteint le niveau III, une qualité qui demeure cependant conforme aux zones de protection des sources d’eau de niveau II, ainsi qu’aux zones de protection des poissons et de natation.

 

En outre, le district de Jing’an et le groupe Jiangxi Shuili Touzi ont mis en place un projet de coopération dans lequel ils ont prévu d’investir 10 milliards de yuans en vue de promouvoir la protection écologique du bassin de la rivière Beiliao ainsi que son aménagement global. Grâce aux sciences et aux techniques modernes, les eaux du district de Jing’an vont continuer de s’éclaircir, transformant la région en une oasis de verdure.

 

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