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Christophe Lauras : « Très peu d’entreprises envisagent leur futur sans la Chine, qui reste une partie centrale de leur stratégie »

2022-06-27 16:25:00 Source:Nouvelles d’Europe Auteur:
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Depuis longtemps, la Chine est considérée comme un « Eldorado » pour des entreprises étrangères. Selon la Chambre de Commerce et d'Industrie Française en Chine (CCI France Chine), avec plus de 2 100 filiales employant près de 445 000 personnes, la France est le premier investisseur européen en Chine en termes de nombre d’entreprises.    

Créée en 1992, la CCI France Chine a réalisé une enquête auprès de ses 1 600 adhérents, entre le 1er avril et le 9 mai 2022. 200 entreprises ont répondu à l’enquête portée sur les entreprises en Chine au printemps 2022, en se focalisant sur les mesures sanitaires et la situation en Ukraine qui pèsent sur l’activité des entreprises françaises en Chine. Selon le rapport de l’enquête publié récemment par la CCI France Chine, ces crises impactent fortement le fonctionnement des entreprises françaises en Chine. Néanmoins, 37 % des filiales envisagent encore d’étendre leurs investissements. D’après Christophe Lauras, président de la CCI France Chine, « très peu d’entreprises envisagent leur futur sans la Chine, qui reste une partie centrale de leur stratégie. » 

Nouvelles d’Europe a eu l’occasion de réaliser une interview exclusive de M. Lauras et l’a invité à nous livrer ses interprétations de l’enquête mais aussi sa perspective d’avenir sur l’échange et la coopération commerciaux entre la Chine et la France. 

 

Nouvelles d’Europe : Quel est l’objectif de cette enquête ? Comment la COVID-19 et la situation en Ukraine pèsent-elles sur l’activité des entreprises françaises en Chine ? Et comment les entreprises y font face ? 

Christophe Lauras Après les mois très difficiles que nous avons vécu avec les confinements multiples et la fermeture des entreprises et des chaînes de distribution, il était important de mesurer l’impact de ces mesures sur les entreprises françaises en Chine et d’entendre le ressenti des entrepreneurs. Cette enquête démontre que les mesures sanitaires ont des conséquences sur la stratégie d’investissement de la plupart des filiales d’entreprises françaises en Chine (80 %) ; 16 % envisagent une réduction de leur présence dans le pays ce qui est un chiffre que nous n’avions jamais vu. L’image de la Chine se dégrade aux yeux de leurs sièges pour 76 %, ce qui pèse évidement sur les velléités d’investir et sur la continuité des activités de R&D. 

Et la situation en Ukraine pèse surtout sur certaines d’entre elles pour des raisons de logistique ou de coûts. 

Les entreprises ajustent leurs fonctionnements à la situation. 

Nouvelles d’Europe : Malgré des difficultés, 37 % des filiales envisagent encore d’étendre leurs investissements. Pour quelle(s) raison(s) ? 

Christophe Lauras Sans les confinements, ce chiffre serait plus haut. Heureusement, très peu d’entreprises envisagent leur futur sans la Chine, qui reste une partie centrale de leur stratégie. Je dirai que la situation actuelle crée une légère crise de confiance mais je suis certain que le pragmatisme de la Chine va chercher à récupérer cette confiance à mesure que nous avançons dans cette crise. 

Nouvelles d’Europe : Selon l’enquête, la Chine reste un pays propice à l’innovation aux yeux des entreprises françaises. Comment  l’expliquez vous ? 

Christophe Lauras :La capacité d’innovation de la Chine n’est plus à démontrer. Pour se rendre compte de la montée en gamme technologique du pays, il suffit de voir comment la Chine a pu, au cours de ces dernières années, s’installer progressivement à des positions phares au niveau mondial dans de nombreux domaines de haute technologie (drones, ordinateurs, véhicules électriques, robots, applis de smartphones, satellites etc.). Cet écosystème de créativité et ses politiques d’accompagnement ne peuvent que bénéficier aux entreprises. 

Nouvelles d’Europe : D’autres chiffres nous interpellent particulièrement, notamment qu'avec plus de 2 100 filiales employant près de 445 000 personnes, la France est le premier investisseur européen en Chine en termes de nombre d’entreprises. Comment interprétez-vous une telle performance française ? Et pourquoi la Chine est-elle capable de les attirer ? 

Christophe Lauras La France fut un des premiers pays à reconnaître la République Populaire de Chine il y a 58 ans, cela crée des liens ! Nos échanges et partenariats commerciaux sont très productifs et ce depuis longtemps. 

Nouvelles d’Europe : Comment la CCI France Chine témoigne-t-elle, depuis 1992, de la contribution des entreprises françaises à l’essor de la Chine, surtout depuis une dizaine d’années ? Et comment les entreprises ont-t-elles pu bénéficier de cet essor ? 

Christophe Lauras La CCI France Chine est le catalyseur central des entreprises françaises en Chine. À ce titre nous accompagnons le développement de ces sociétés depuis longtemps et vous avez raison de parler de leur contribution à l’essor de la Chine. Si vous regardez les profils des entreprises françaises, toutes participent activement au développement de la société chinoise et de ses nombreux besoins en apportant leur savoir-faire, leur technologie et leur avance dans les pratiques de décarbonations, de technologies vertes, de nouveaux services et de bien d'autres secteurs encore. 

Nouvelles d’Europe : Et quelle est l’évolution en termes de climat des affaires en Chine ? 

Christophe Lauras Il pourrait être meilleur. Les entreprises françaises ont des plans à long terme en Chine et avant le confinement de Shanghai, beaucoup d'entre elles prévoyaient de continuer à investir massivement. Cela a été mis en pause pour certaines d’entre elles à cause du climat incertain actuel et des restrictions répétitives. 

Nous espérons qu'une visibilité et une prévisibilité accrues dans la gestion de sortie de l'épidémie contribueront à retrouver cet élan et rétablir le climat de confiance des entreprises. 

Nouvelles d’Europe : À part les impacts liés à la COVID-19 et à la situation en Ukraine, quelles sont les difficultés que les entreprises françaises doivent surmonter pour réussir en Chine ? 

Christophe Lauras Notre enquête démontre clairement les effets du découplage entre la Chine et le reste du monde sur les questions de gestion des données et de normes. Il est impératif pour nos entreprises de s’adapter entièrement à l’environnement chinois et à ses spécificités. La montée en gamme des compétiteurs locaux est également à prendre en compte, d’où l’importance de la R&D sur place pour adapter son offre sans cesse et offrir une vraie valeur ajoutée. 

Nouvelles d’Europe : Depuis des années, de plus en plus d’entreprises chinoises s’installent en Europe. Il y a surtout un engouement pour l’Hexagone. Comment allez-vous expliquer ce phénomène ? Et quels conseils allez-vous leur donner afin que vos confrères chinois puissent réussir en France ? 

Christophe Lauras La France se classe régulièrement sur tous les podiums en termes d’attractivité pour les entreprises étrangères. Son environnement légal et technologique, ses infrastructures de qualité, ses écosystèmes innovants sont plébiscités par les entreprises chinoises et nous nous en félicitons. 

Nouvelles d’Europe : D’après vous, comment se développent les échanges économiques et commerciaux sino-français depuis une dizaine d’années ? 

Christophe Lauras Les volumes commerciaux entre nos deux pays n’ont cessé de croître et le nombre de partenariats est en augmentation constante. Nos deux pays sont ancrés dans un partenariat fort et pérenne. Le sujet de la décarbonation s’est également installé durablement dans nos relations économiques car les entreprises françaises sont particulièrement à la pointe de ces sujets et proposent des solutions innovantes pour un développement durable. 

Nouvelles d’Europe : Il y a un adage qui dit qu’après la pluie vient toujours le beau temps. Selon vous, quelle sera la perspective de ces échanges après les crises ? 

Christophe Lauras Les potentiels de développement de tous les partenariats économiques, culturels ou universitaires entre la France et la Chine sont immenses. Nul doute que nos deux pays continueront leur coopération amicale dans tous ces domaines.  

 

Propos recueillis par Sun Siwen 

 

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