Les plus grandes économies émergentes du monde affichent un front uni contre l'unilatéralisme et le protectionnisme commercial cette semaine à l'occasion d'un sommet entre les dirigeants des pays du groupe des BRICS au Brésil, alors que l'incertitude règne concernant l'économie mondiale et les économies en développement, ont déclaré des responsables et des analystes chinois.

Lors du sommet qui se tient mercredi et jeudi à Brasilia, capitale du Brésil, les pays des BRICS - Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud - ont également mis de côté leurs différences politiques et économiques et se sont concentrés sur le renforcement de la coopération dans des domaines tels que les investissements, le commerce et les technologies, offrant un exemple rare de collaboration internationale dans un monde autrement instable, en proie aux guerres économiques et à l’instabilité politique.

Le sommet des dirigeants des BRICS donnera aux chefs d’Etat de ces cinq économies émergentes l'occasion de discuter d'un large éventail de sujets allant de la coopération intra-bloc à la gouvernance mondiale.

Le président chinois Xi Jinping participera au sommet et tiendra des entretiens bilatéraux avec les dirigeants des pays BRICS, dont le président brésilien Jair Bolsonaro, selon l'agence de presse Xinhua. Cette visite marque également le cinquième voyage de M. Xi en Amérique latine depuis 2013, soulignant l'engagement croissant de la Chine dans la région.

Bien que la coopération au sein du bloc reste une priorité, les cinq économies émergentes devraient probablement se prononcer contre le protectionnisme et discuter de moyens de promouvoir la mondialisation économique et les intérêts des pays en développement dans la gouvernance mondiale, selon des analystes.

Parler d’une même voix 

« Les cinq économies étant toutes directement impactées par la montée du protectionnisme, la sauvegarde du multilatéralisme est devenue non seulement une tâche cruciale pour la protection de leurs propres intérêts, mais également une responsabilité afin de parler au nom de tous les pays en développement », a déclaré mercredi Wang Lei, directeur du Centre pour la coopération entre les membres des BRICS à l’Université normale de Beijing.

Suite à la mise en place des politiques commerciales unilatérales et protectionnistes des États-Unis, les cinq économies émergentes ont toutes été touchées dans une certaine mesure. Par exemple, la croissance en Chine a ralenti pour s'établir à 6% en glissement annuel – soit son rythme le plus lent depuis des décennies –, tandis que la croissance de l'Inde s'est également ralentie à 5% au dernier trimestre et devrait encore ralentir.

Ces temps difficiles appellent à une coopération renforcée à la fois au sein du bloc des BRICS et au niveau mondial pour stimuler le commerce et les investissements, a indiqué M. Wang, soulignant que le potentiel de coopération au sein des BRICS reste immense, en particulier si d'autres économies en développement viennent unir leurs efforts.

Selon les données officielles, les pays des BRICS représentent 42% de la population mondiale, 23% du PIB mondial et 18% du commerce mondial. Les cinq pays figurent également parmi les marchés émergents à la croissance la plus rapide au monde, et c’est ce qui a incité la banque d'investissement américaine Goldman Sachs à forger l'acronyme BRICS.

« Cela ne donne pas seulement à ces pays un potentiel de coopération énorme, mais également une voix influente dans la gouvernance mondiale qui a été dominée par les économies développées », a déclaré mercredi Su Xiaohui, directrice adjointe du département des études internationales et stratégiques de l'Institut chinois des études internationales à Beijing.

Le sommet des BRICS a attiré davantage d’attention depuis que le sommet de l’APEC (forum de Coopération économique pour l'Asie-Pacifique) des autres dirigeants mondiaux, qui devait avoir lieu après le sommet des BRICS, a été annulé par le pays hôte, le Chili, en raison de troubles dans sa capitale, Santiago.

La coopération l’emportera 

En plus de présenter un front uni contre le protectionnisme, le sommet des BRICS de cette année, placé sous la présidence brésilienne, se concentrera également sur la promotion de la coopération dans les domaines de la science, de la technologie, de l'innovation et de l'économie numérique, selon un communiqué officiel brésilien.

Les pays ont déjà décidé de renforcer leur coopération dans le développement de domaines clés tels que la 5G, l'intelligence artificielle et la sécurité informatique, alors qu’ils ont créé en août l'Institut BRICS des réseaux du futur à Shenzhen, dans la province chinoise du Guangdong (sud).

En particulier, les pays sont en train de renforcer leur coopération dans le domaine de la technologie 5G, et ce malgré les tentatives mal intentionnées de responsables américains visant à discréditer les technologies et les entreprises chinoises. Faisant taire les spéculations antérieures, l’Inde et le Brésil ont récemment autorisé le géant chinois des télécommunications Huawei à participer au déploiement de leurs réseaux 5G.

Le sommet des BRICS offrira également une occasion importante aux dirigeants des cinq pays d’examiner les questions liées à leurs relations bilatérales afin de renforcer la confiance mutuelle, ont noté des analystes.

Les rencontres prévues entre MM. Xi et Bolsonaro avant et en marge du sommet des BRICS contribueront à renforcer davantage les relations sino-brésiliennes, s'appuyant sur les réunions tenues à Beijing lors de la visite du président brésilien il y a moins d'un mois.

M. Xi rencontrera également le Premier ministre indien Narendra Modi pour la première fois depuis que l'Inde a décidé de se retirer du Partenariat économique global régional (RCEP) plus tôt ce mois-ci. Les deux dirigeants discuteront probablement des préoccupations de l'Inde concernant ce pacte commercial, considéré comme le plus grand du monde.

« Ce sera l’opportunité de créer un climat de confiance et d'éliminer les doutes [pesant sur l’un et sur l’autre] », a affirmé Mme Su. « En fin de compte, la coopération occultera les différences entre les pays membres », a-t-elle ajouté.