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Les mesures tarifaires entravent sérieusement la reprise économique mondiale

2019-06-10 11:39:00 Source:La Chine au présent Auteur:ZHOU MI
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ZHOU MI* 

En 2017, l’économie mondiale a renoué avec une croissance tous azimuts pour la première fois depuis dix ans. Cette croissance généralisée, aussi bien dans les économies développées (aux États-Unis et en Europe) que dans les économies en développement (en Russie et en Amérique latine) a redonné confiance aux marchés.

Mais cela n’a pas duré longtemps. Dès 2018, l’administration Trump s’est mise à dresser toujours plus haut les barrières tarifaires, et ce à maintes reprises, pour tenter de protéger le marché intérieur des États-Unis. Les États-Unis ont mis en vigueur des taxes au titre de l’article 201 et 232 du US Trade Act sous la justification abusive du principe de sécurité nationale ; puis, ils ont augmenté les droits de douane en imposant des droits antidumping, compensateurs et spéciaux ; et enfin, ils ont décidé unilatéralement d’appliquer des taxes au titre de l’article 301 du US Trade Act en violation des règles multilatérales de l’OMC et en faisant fi de leurs engagements. Ainsi, les droits de douane semblent être devenus une « baguette magique » que brandit à loisir l’administration Trump à dessein de changer les règles et l’ordre économique internationaux. 

Cependant, comme l’indique le Livre blanc Position de la Chine sur les consultations économiques et commerciales sino-américaines publié le 2 juin dernier par la Chine, les droits de douane ont non seulement entraîné la baisse des exportations chinoises vers les États-Unis pendant cinq mois consécutifs, mais aussi réduit les exportations américaines vers la Chine huit mois d’affilée. L’incertitude quant aux mesures tarifaires a également amené les entreprises des deux pays à adopter une attitude attentiste vis-à-vis de la coopération en matière d’investissement. En conséquence, l’OMC a revu sa prévision de croissance pour le commerce mondial, l’abaissant de 3,7 % à 2,6 %. 

La réduction des droits de douane est conforme aux lois du développement économique mondial 

Comme nous le savons tous, le commerce international a émergé en se nourrissant des différences qui existent entre les diverses économies en matière de dotation en ressources, de structure industrielle, de stade de développement économique et de demande du marché. De plus, il évolue en fonction des règles économiques et commerciales internationales qui le régissent et suivant les progrès technologiques. Longtemps avant la naissance du GATT, prédécesseur de l’OMC, le commerce international peinait à décoller, en raison des barrières tarifaires dressées. Les entreprises et les consommateurs de chacun des pays ne pouvaient affecter des ressources  que dans une faible proportion. Le GATT a eu le mérite d’inviter les diverses parties à réduire considérablement les droits de douane sur les importations de marchandises en provenance des autres pays membres, ce qui a grandement encouragé les activités commerciales. La baisse des droits de douane a non seulement permis aux économies développées, telles que les États-Unis et l’Europe, à exporter massivement des produits manufacturés industriels présentant des avantages compétitifs dans les années 1950 et 1960, mais elle a aussi favorisé la nouvelle vague d’implantation des multinationales dans les années 1970. 

Depuis le début du XXIe siècle, la réduction des droits de douane a un impact plus évident à l’heure où les pays membres de l’OMC sont bien plus nombreux. La chaîne industrielle internationale est constamment ajustée et optimisée, ce qui crée des emplois et alimente les recettes publiques pour chaque participant, tout en promouvant la croissance continue de l’économie. Le resserrement des liens économiques et commerciaux entre les pays favorisent à son tour la réduction permanente des droits de douane. Il faut dire que la baisse des droits de douane est essentiellement un processus d’intégration transnationale des marchés, qui exigent des mesures importantes afin de réduire l’intervention de la « main visible de l’État », conformément à la théorie économique occidentale sur le marché. Il incite les acteurs du marché à affecter des ressources plus efficacement, tout en réduisant les coûts de production et de transaction, ce qui peut profiter aux consommateurs. 

De nombreuses mesures tarifaires, qui n’ont pas permis d’atteindre l’objectif visé 

À vrai dire, dans leur histoire, les États-Unis ont introduit de nombreuses politiques dans le but de pouvoir imposer des droits de douane, mais sans jamais atteindre les résultats escomptés. Afin de limiter la concurrence qu’opposent les produits importés aux produits nationaux, la loi Hawley-Smoot, adoptée par l’administration américaine en 1930, a considérablement fait augmenter à l’époque les taxes à l’importation, ce qui, en retour, a provoqué des représailles généralisées de la part des principaux partenaires commerciaux des États-Unis. Non seulement ce texte n’a pas permis à l’économie américaine de se relever après la Grande Dépression, mais a en plus accentué les conflits internationaux.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, les États-Unis ont menacé les économies de l’Asie de l’Est, telles que le Japon et la Corée du Sud, d’imposer des droits antidumping et compensateurs. Le Japon et la Corée du Sud ont procédé à de nombreux ajustements sous la pression des États-Unis, mais pour autant les industries manufacturières traditionnelles telles que les textiles et l’acier n’ont pas retrouvé leur place dans les échanges avec les États-Unis. Résultat : le Japon, la Corée du Sud et d’autres pays ont été profondément pénalisés par les droits de douane, tandis que les États-Unis n’ont pas atteint leur objectif initial, ce qui a gravement nui au développement économique mondial et au progrès de l’innovation.

Les économies occidentales estiment que la concurrence est une condition nécessaire au développement, et qu’un marché sans concurrence perd progressivement son efficacité.  Par exemple, les aciéries américaines, se sentant protégées par des droits de douane, ne prennent pas la peine d’innover, ne se souciant pas d’optimiser leurs technologies, d’accroître leur efficacité et de renforcer leur compétitivité par la recherche et le développement. Néanmoins, ce faisant, les entreprises sidérurgiques américaines prendront progressivement du retard sur leurs pairs indiens, brésiliens et chinois. Et les droits de douane, aussi élevés soient-ils, ne pourront rien contre ce processus.

L’OMC a créé la plus grande plateforme de réduction des droits de douane au monde. Chaque membre traite les exportations de produits en provenance des autres États membres conformément à la clause de la nation la plus favorisée. Il faut reconnaître que la plupart des pays, y compris les États-Unis, ont fixé des barrières tarifaires plus élevées pour se protéger des importations de certains produits jugés sensibles (tels que les produits agricoles) ; mais dans le domaine des produits industriels génériques, les droits de douane des grandes économies largement impliquées dans les échanges commerciaux sont très bas. Avec le développement rapide de la mondialisation économique et la généralisation de la division internationale du travail dans les diverses industries (notamment la fabrication), il est possible, grâce aux droits de douane bas, d’importer et d’exporter à plusieurs reprises des produits, pour qu’ils passent de la production à l’assemblage, sans coûts supplémentaires excessifs. Des entreprises automobiles aux États-Unis, au Canada et au Mexique, ainsi qu’Airbus dans l’Union européenne, ont également choisi un modèle de collaboration transnationale. Les États-Unis, en dérogeant à la clause de la nation la plus favorisée à l’encontre des membres de l’OMC tels que la Chine, l’Union européenne ou le Mexique, ne respectent pas leurs engagements envers le système multilatéral et bousculent les règles fondamentales de l’OMC, occasionnant un impact négatif qui durera à long terme.

Le coût des services de surveillance douanière est également une des raisons majeures pour lesquelles toutes les parties devraient réduire leurs droits de douane. Dans l’Accord Canada–États-Unis–Mexique parachevé  par ces trois pays, la valeur des produits importés et exportés aux droits de douane les plus bas a été déterminée. Le coût que représentent la classification et l’inspection nécessaires au processus de prélèvement des droits de douane est relativement élevé. En bref, si la valeur des marchandises est faible, il n’est plus rentable d’imposer des droits de douane. Pour dire vrai, l’Accord de l’OMC sur la facilitation des échanges a été ratifié tout simplement parce que les membres ont un besoin commun de mettre en œuvre des mesures de facilitation afin de réduire les coûts du commerce international. Il prouve bien que la réduction des obstacles tarifaires et non tarifaires sert l’intérêt général. 

L’Europe devrait accueillir des opportunités d’exportation vers la Chine 

Comme prédit simultanément par les organisations internationales telles que l’OMC, le FMI et l’OCDE, la reprise économique mondiale n’avance pas encore d’un pas assuré. Le développement économique de la Chine et des États-Unis ainsi que leurs activités commerciales bilatérales jouent un rôle de taille dans la pérennité de l’économie mondiale. Le Livre blanc intitulé Position de la Chine sur les consultations économiques et commerciales sino-américaines souligne en avant-propos que « la relation commerciale sino-américaine sert à la fois de ballast et d’hélice aux relations bilatérales globales. Les intérêts fondamentaux des deux peuples ainsi que la prospérité et la stabilité du monde sont en jeu. »

Ces dernières années, la Chine a intensifié son processus d’ouverture sur le monde. La baisse des taxes à l’importation des marchandises, y compris les véhicules assemblés et les pièces détachées, ont profité à tous les membres de l’OMC. En outre, elle s’efforce de réduire considérablement les taxes applicables aux marchandises importées depuis les pays signataires d’accords de libre-échange. Le développement et la modernisation du marché de consommation chinois devraient générer une demande en produits importés encore plus importante et durable, ce qui est susceptible d’offrir de belles opportunités de commerce et d’investissement pour des entreprises du monde entier, y compris les sociétés américaines. La demande de consommation est en grande partie déterminée par les habitudes de consommation. Si les produits américains sont moins présents sur le marché chinois en raison des obstacles tarifaires, les consommateurs devraient s’orienter vers d’autres fournisseurs similaires. En ce sens, si les États-Unis maintiennent des droits de douane élevés à l’encontre de la Chine, plus de possibilités d’exportation pourraient s’ouvrir aux autres pays, notamment les pays européens.

 

*ZHOU MI, directeur adjoint de l’Institut pour les Amériques et l’Océanie de l’Académie chinoise de coopération économique et commerciale internationale, relevant du ministère chinois du Commerce.

 

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