Le 25 février 2020, une monitrice du Centre de danse Yun’er, à Lianyungang (Jiangsu), enregistre une vidéo pédagogique.
En raison de l’épidémie de COVID-19, les classes ont cessé, mais les cours ont continué et des centaines de millions d’enseignants et d’élèves chinois ont pris part à une expérience grandeur nature dans l’enseignement en ligne, qui est très rapidement apparu comme un marché au potentiel énorme.
L’enseignement en ligne, un impératif
À 8 h du matin le week-end, Zihan, en CM1, ouvre son Ipad et se prépare pour son cours. Très bonne élève depuis toujours, elle ne relâche pas ses efforts. Ses parents l’ont inscrite dans des cours parascolaires de chinois, de mathématiques et d’anglais. Pendant l’’épidémie, tous les cours sont en ligne.
« Ma fille aime vraiment les cours en ligne, car vous pouvez voir les enseignants et les camarades de classe sur l’écran et interagir avec eux », s’est réjouie sa mère. « En plus des cours de mathématiques avec Gaosi, d’anglais avec Xue’ersi, elle est inscrite dans une classe avec ses camarades pour apprendre le chinois avec son professeur préféré. » L’enseignement en ligne nécessite beaucoup d’autonomie de la part des élèves du primaire, mais avec l’épidémie, la quasi-totalité des camarades de Zihan ont opté pour cette modalité. Ce ne sont pas les établissements scolaires qui se sont tournés vers Internet, mais les entreprises de formation parascolaire qui proposent une offre en ligne.
Par rapport aux élèves du primaire relativement moins stressés, la demande de cours parascolaires des élèves du collège et du lycée a doublé. Après le dîner, Li Yi s’assied devant son ordinateur, se connecte sur ClassIn et apprend l’anglais en ligne. Comme il va passer en dernière année du collège, il doit non seulement terminer son programme scolaire, mais aussi prendre des cours parascolaires en mathématiques, chinois, anglais et physique.
« Depuis les vacances d’hiver, en raison de l’épidémie, les cours parascolaires ont tous été convertis en cours en ligne », a expliqué la mère de Li Yi. « Il y a deux ans, mon fils s’est inscrit dans un cours particulier avec un professeur étranger, et l’apprentissage de la langue parlée en ligne a donné de bons résultats. Cette fois-ci, avec les cours en ligne à grande échelle, il n’est pas nécessaire d’aller en classe, mais le fait de rester longtemps devant un écran lui fait perdre sa concentration. » Et d’expliquer qu’en raison de l’épidémie, plus de 90 % des élèves de la classe ont choisi les cours en ligne. « Bien que l’efficacité des cours en ligne ne soit pas aussi bonne qu’en classe, dans une période spéciale, c’est la meilleure option », a-t-elle noté.
À l’approche des vacances d’été, le sujet qui intéresse le plus les parents d’élèves, quel que soit l’âge de l’élève, est essentiellement de savoir quelle est la plateforme qui propose les meilleurs cours. De nombreux parents ont indiqué qu’ils préféraient choisir une entreprise stable, de bonne réputation et très crédible ou un enseignant ayant une bonne réputation. Le potentiel de la demande pour l’enseignement en ligne a été stimulé par l’épidémie.
Une concurrence féroce
Ding Peng est le professeur de physique que Li Yi a choisi. « J’enseigne durant la journée, donc mes cours parascolaires se concentrent sur les soirées et les week-ends », a-t-il souligné, parfois jusqu’à 21 h. Au cours de l’épidémie, le nombre d’élèves inscrits a fait un bond d’environ 15 %, la plupart étant des lycéens ou des collégiens qui vont passer des concours.
« L’enseignement en ligne est meilleur pour les élèves ayant de bons résultats scolaires et une forte capacité d’autodiscipline, mais pour les élèves ayant une faible autodiscipline, ce n’est pas bon », a-t-il affirmé, remarquant que pour plus d’efficacité, il suscite l’attention des usagers avec l’aide de photos et vidéos pour visualiser les expériences de physique tout en posant des questions.
Comme Ding Peng, Zhao Xi, qui enseigne l’anglais, a dû se tourner vers les cours en ligne pendant l’épidémie. « Au début, j’étais hostile à cette méthode d’enseignement. Après avoir essayé, cela m’a semblé approprié. L’image est nette et l’expérience est positive. » En même temps, elle estime que la soumission des travaux en ligne est pratique et rapide, que l’on peut rapidement revoir les commentaires et que cela facilite les corrections. Elle a travaillé dans un établissement de formation pendant de nombreuses années avant d’opter pour les cours parascolaires. Pendant l’épidémie, les inscriptions ont augmenté de 25 à 30 %.
Avec l’épidémie, l’enseignement en ligne a explosé. Selon les statistiques, avec cette « vague d’apprentissage en ligne » sans précédent, environ un tiers des 700 000 établissements d’enseignement et de formation du pays se sont tournés vers les cours en ligne pour survivre. « Les établissements de formation en ligne sont florissants, mais quant à savoir s’ils pourront survivre à la concurrence féroce, c’est surtout une question d’hommes et de femmes, c’est-à-dire que nous devons compter sur des enseignants réputés et des équipes pour l’éducation en ligne afin d’attirer un grand nombre d’usagers », a estimé Ding Peng.
« Qu’il s’agisse d’enseignement en ligne ou hors ligne, les enseignants de haute qualité sont ce qui est le plus important. Nos enseignants pratiquent depuis plus de dix ans, et qu’il s’agisse du rythme d’enseignement ou de la compréhension de la psychologie des élèves, les jeunes enseignants ne peuvent les égaler », a expliqué Zhao Xi, qui estime que dans son milieu, tout le monde était d’accord pour dire qu’à l’avenir, les cours parascolaires se développeront de manière synchrone en ligne et hors ligne, et que les élèves pourront librement choisir la modalité qui leur convient.
En plus des cours parascolaires à format réduit, la rivalité bat son plein entre les principaux établissements d’enseignement. Les organismes de formation traditionnels comme New Oriental et Xue’ersi avaient déjà effectué une transition en passant progressivement du seul hors ligne au modèle en ligne / hors ligne, mais la génération montante des nouveaux établissements uniquement en ligne comme VIPKID et Xuebajun a pris une part de marché croissante. « Les cours estivaux en ligne sont disponibles pendant les deux mois, et presque toutes les inscriptions sont terminées », a noté Zhang Yulong, un enseignant de Xue’ersi. Tant que l’épidémie ne sera pas complètement maîtrisée, l’enseignement en ligne restera l’option privilégiée.
Une pénétration en profondeur du marché
L’enseignement en ligne remonte en fait aux années 1990.
Les trois principaux établissements en ligne à Beijing, le collège 101 en ligne, le collège No 4 en ligne et le collège rattaché à l’université de Beijing en ligne, s’appuyant sur leurs excellentes ressources pédagogiques, ont ouvert des cours en ligne sous forme d’enregistrements et de diffusion de vidéos. À partir de 2013, Beijing et d’autres grandes villes ont proposé une variété de différents modèles en ligne avec des cours particuliers et des cours à format réduit ou large. L’épidémie de COVID-19 a braqué les projecteurs sur ce secteur. Dans les grandes villes en particulier, le temps gagné sur les déplacements est apprécié et contribue à sa notoriété accrue.
En 2019, Xue’ersi avait plus de 1,4 million d’élèves inscrits aux cours d’été à long terme, soit une augmentation de 134 % en glissement annuel, et Zuoyebang compte plus de deux millions d’usagers, soit une hausse d’environ 400 % en glissement annuel. D’autres comme Yuanfudao et Genshuixue comptent plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de milliers d’inscrits.
« Les élèves de Beijing ont beaucoup de choix. Après l’épidémie, il n’est pas nécessaire de continuer à opter des cours en ligne. Les élèves de la banlieue de Beijing et des villes de troisième et quatrième niveaux choisiront l’enseignement en ligne afin d’obtenir de meilleures ressources éducatives. Par conséquent, le développement de l’enseignement en ligne s’oriente vers une pénétration plus en profondeur dans les villes de troisième et quatrième niveaux », a expliqué Zhao Xi, qui a travaillé à Xue’ersi pendant de nombreuses années, ajoutant qu’une fois le modèle d’enseignement en ligne généralisé, cela remédiera considérablement à la répartition déséquilibrée des ressources éducatives.
Avec l’épidémie, l’enseignement en ligne qui était peu généralisé dans les villes petites et moyennes a vu ses possibilités s’élargir en raison de sa commodité et de son efficacité.
Selon les données du Rapport d’étude de marché et d’analyse des opportunités d’investissement du secteur chinois des cours parascolaires du primaire et du secondaire en 2020-2026 publié par le cabinet Zhiyan, le marché de l’enseignement en ligne atteindra 543,35 milliards de yuans en 2022. Sa popularité croissante, la prise de conscience qu’il s’agit d’un service payant et la diversité de l’offre seront les principaux éléments de son succès croissant.
